Les mauvaises façons de répondre au problème du mal (John MacArthur)

« Si Dieu existe, pourquoi tant de mal dans le monde ? »

En réalité, ce raisonnement démontre que l’on n’a pas compris l’enseignement des Écritures au sujet du mal. Il prouve seulement que celui qui tient ce genre d’argument n’a pas beaucoup lu la Bible ou ne reconnaît tout simplement pas l’autorité de la Parole de Dieu.

Il n’empêche qu’une telle argumentation accule de nombreux chrétiens évangéliques au pied du mur. Ils voient le problème du mal comme « un quatrième essai et 40 verges à franchir » (pour employer des termes de football nord‑américain). Ils croient que leur seule option de jeu consiste à faire un botté de dégagement : d’envoyer l’argument le plus loin possible.. Ils chercheront peut-être à s’en sortir en citant Deutéronome 29.29 qui dit : « Les choses cachées sont à l’Éternel, notre Dieu. »

Pourtant, fournit‑on au problème du mal une réponse fondée sur la Bible en faisant appel au mystère ? Pas du tout. En réalité, donner une telle réponse nous prive d’une merveilleuse opportunité d’expliquer l’Évangile. L’existence du mal n’est pas un sujet qui devrait déconcerter les chrétiens. La raison pour laquelle Dieu permet le mal dans le monde se trouve dans la Bible. On peut la connaître, on peut entièrement l’adopter et on peut en profiter. De plus, ce n’est pas une réponse succincte et insatisfaisante. Elle tient entièrement compte de la bienveillance, de l’omnipotence, de la sainteté et de la sagesse de Dieu, et elle exalte sa gloire. À vrai dire, la réponse au problème du mal commence et se termine avec Dieu et sa gloire.

Cette branche de la théologie se nomme la « théodicée ». Ce terme dérive de deux mots grecs : theos qui veut dire « Dieu » et dikaioo, qui signifie « justifier » ou « déclarer juste ». La théodicée est la justification de la bonté de Dieu en dépit du mal qui existe dans le monde qu’il a créé.

Cependant, au sein même de la théodicée, il existe maintes interprétations erronées du problème du mal. Les théologiens libéraux essaient de détacher Dieu de ce qu’ils pensent être une caricature de ce dernier dans la Bible. Essentiellement, ils nient ce que la Bible affirme au sujet de Dieu et cherchent à présenter leur propre version d’une divinité plus vraie et bienveillante. Ce nouveau dieu ressemble à une poupée de carton maintenue au moyen d’attaches parisiennes, faite de matériaux récupérés traduisant la personnalité et les préférences de ses artisans, puis colorée pour refléter leurs valeurs et leur moralité. En d’autres mots, ces théologiens se fabriquent un dieu à leur image.

Certains théologiens, parmi ceux qui défendent la théologie du processus, insistent pour dire que la présence du mal prouve que Dieu lui-même est imparfait. Ils prétendent que son savoir et sa sagesse sont en quelque sorte limités. Ils supposent que Dieu évolue constamment, et qu’il devient meilleur à mesure qu’il acquiert de nouvelles informations.

De la même manière, le « théisme ouvert », aussi appelé « théologie ouverte », limite la connaissance de Dieu. Le théisme ouvert suppose que Dieu ne doit pas connaître l’avenir, étant donné que l’avenir recèle d’innombrables possibilités qui demeurent inconnues tant qu’elles ne se sont pas matérialisées. Dans le meilleur des cas, un tel dieu pourrait prédire les différentes issues, attendre de voir si elles se produiront, pour ensuite y répondre en conséquence. Ces théologiens ont essentiellement créé un dieu sans omniscience, dont l’excuse pour tolérer l’existence du mal est sa propre ignorance.

Le point que toutes ces théologies aberrantes ont en commun, c’est qu’elles se centrent sur l’homme ; elles sont déterminées à montrer que la nature de Dieu ne peut pas et ne devrait pas offenser les sensibilités humaines. Leur Dieu doit cadrer avec leurs propres présuppositions et leurs préférences. Elles veulent déterminer qui est Dieu et à quoi il ressemble, au lieu de croire en ce qu’il a révélé de lui-même. En fait, elles se sont placées au-dessus de Dieu.

La théodicée métaphysique constitue une autre réponse erronée au problème du mal, car elle affirme que si le bien existe, alors le mal doit exister, parce qu’une réalité doit avoir son opposé. Le mal est donc inévitable simplement parce que le bien est une réalité, et que chaque yin doit avoir son yang. Ceci n’est qu’une version moderne du zoroastrisme ou du manichéisme, deux hérésies dualistes anciennes qui enseignent que le bien et le mal, deux réalités indépendantes qui coexistent depuis toujours, sont toujours présents. Autrement dit, on croit que le bien et le mal sont également définitifs. Selon les Écritures, le mal n’est toutefois pas une réalité éternelle. Il n’existait pas avant que les créatures de Dieu ne se rebellent contre leur Créateur. De plus, le mal sera renversé et éliminé à la fin, de sorte que l’éternité à venir en sera libre. On ne peut pas affirmer cet aspect de la théologie biblique et en même temps adopter la théodicée métaphysique.

La prochaine catégorie des théodicées, celle de l’autonomie, est la plus populaire parmi les chrétiens évangéliques d’aujourd’hui. La théodicée de l’autonomie enseigne que la cause du mal est l’abus du libre arbitre de la créature. Cette démarche est sentimentale à souhait. Elle repose sur l’hypothèse que Dieu ne décréterait jamais le mal et qu’il n’imposerait pas à sa création un plan qui déclencherait autant de misère dans le monde. Ses tenants s’imaginent, de toute évidence, que le libre arbitre humain l’emporte sur tout ce qui se trouve sur l’échelle de valeurs de Dieu. Ils prétendent donc que Dieu n’avait d’autre choix que celui de permettre le mal afin de respecter l’autonomie tant prisée de ses créatures. Cette idée est parfois exprimée de cette façon : « Dieu souhaite que nous l’aimions de nous-mêmes et non parce qu’il nous y pousse. » Certaines personnes, qui ne peuvent pas vivre avec l’idée d’un Dieu qui permet volontairement le mal ou qui choisit souverainement qui il veut sauver, le réinventent pour qu’il reflète leurs priorités. Cela signifie qu’elles insistent sur le mérite et la valeur de leur libre arbitre, un concept qui, bien franchement, ne se trouve nulle part dans la Bible.

La difficulté la plus flagrante de l’argument de l’autonomie humaine est probablement le fait qu’elle ne règle aucun des problèmes que la théodicée est censée résoudre. Même si elle existait dans ce sens, l’autonomie humaine ne donnerait pas raison à Dieu vu le point de départ de son raisonnement. De même, l’autonomie humaine ne répond pas aux objections que soulèvent les gens qui s’opposent à la doctrine de la souveraineté, car si Dieu savait d’avance que ses créatures pécheraient, il a mis le plan en action de toute manière. Le mal, le jugement divin et la détermination de la punition éternelle ont donc été ordonnés par son choix, parce qu’il a mis en mouvement tous ces événements, tout en étant pleinement conscient des conséquences.

Par conséquent, toutes ces différentes théodicées sont vouées à l’échec et n’offrent que des réponses étriquées. Si Dieu ne possède qu’une connaissance et un pouvoir limités, il n’est donc pas aux commandes de l’univers à son heure la plus cruciale. De plus, si Dieu n’est pas vraiment omniscient, comment être certain qu’il possède les connaissances nécessaires pour lutter contre le mal et en triompher une fois pour toutes ? Pourquoi préférer un Dieu qui essaie de vaincre le mal à un Dieu qui le maîtrise parfaitement ? C’est une hérésie que de parler d’un monde rempli de méchanceté en ne prenant pas en compte le dessein prédéterminé de Dieu.

Le même raisonnement s’applique à toutes les réponses énoncées pour expliquer la présence du mal dans le monde : elles échouent parce qu’elles cherchent à concilier l’existence de Dieu et du mal de manière à satisfaire les incrédules. Ces réponses cherchent à atténuer certaines vérités bibliques (afin d’accommoder les philosophies et les conceptions du monde ouvertement hostiles à Dieu et à sa Parole) et circonscrire la bonté et le pouvoir de Dieu aux limites des esprits non éclairés (voir 1 Co 1.18 ; 2.14).

Cet article est tiré du livre Aucun Autre de John MacArthur.