Les problèmes graves avec le livre, Le ciel, ça existe pour de vrai
Cet article est tiré du livre : La gloire du ciel de John MacArthur
Le best-seller de Todd Burpo, Le ciel, ça existe pour de vrai[1], vendu à des millions d’exemplaires, illustre parfaitement le succès phénoménal qu’ont connu les auteurs et éditeurs chrétiens avec les livres décrivant des visites présumées au ciel. Il met aussi en lumière le risque de fonder sa conception de la vie après la mort sur des expériences individuelles plutôt que sur l’Écriture seule.
Le récit de Burpo comprend la plupart des éléments typiques des récits du même genre : voyage astral, perception des réalités d’un point de vue éthéré, visions d’êtres angéliques, émotions intenses, lumières éclatantes et couleurs vives, ainsi que de nombreuses anecdotes surprenantes et minutieusement détaillées sur l’apparence et l’ambiance du ciel. Cependant, dans Le ciel, ça existe pour de vrai, on trouve également de nombreuses références bibliques parsemées tout au long de l’ouvrage. Le récit est entièrement tissé de termes et d’images évangéliques bien connus dans le milieu.
Il y a dix ans, Betty Eadie semblait chercher à adopter l’apparence d’une évangélique, mais elle a échoué. De son côté, Todd Burpo a manifestement réussi à vendre son récit d’expérience de mort imminente aux évangéliques comme une source légitime de connaissance sur le ciel. En effet, son livre a été accueilli avec enthousiasme par des milliers de chrétiens.
Burpo est pasteur à temps partiel d’une Église wesleyenne quasi pentecôtiste située dans une communauté agricole isolée du sud-ouest du Nebraska. Il est évangélique d’un point de vue culturel (plus que doctrinal), un pasteur typique d’une petite ville du Midwest des États-Unis. Selon ses propres termes, il est « de ces pasteurs qui font les cent pas durant leurs sermons. Je ne suis en rien du genre de ceux qui prêchent à tue-tête et à coups d’éclat, mais je ne suis pas non plus un prédicateur en ornements sacerdotaux et à la voix douce se prêtant à des lectures liturgiques. Je suis un conteur, et pour raconter des histoires, j’éprouve le besoin de marcher un peu[2]. »
Burpo est donc parfaitement familiarisé avec la culture évangélique et ses attentes. Il affirme croire en l’autorité de l’Écriture et s’efforce d’établir autant de liens que possible entre son récit et l’enseignement biblique sur le ciel, les anges et le monde spirituel. C’est pourquoi tant de détails de l’expérience de son fils sont soigneusement mis en parallèle avec des références bibliques et des passages scripturaires. À cet égard au moins, Le ciel, ça existe pour de vrai contient certainement plus de références bibliques que la plupart des livres du même genre.
Ce qui rend ce livre si unique, c’est qu’il est basé sur l’expérience d’un garçon qui n’avait pas encore tout à fait quatre ans[3]. C’est l’histoire de Colton, le fils aîné du pasteur Todd Burpo, qui a failli mourir d’une appendicite alors qu’il était encore très jeune. Quatre mois après son problème de santé, Sonja, la femme de Todd, a demandé au petit Colton s’il se souvenait de l’hôpital. Il a répondu : « Oui, maman, je me souviens. C’est là que les anges ont chanté pour moi[4]. »
En entendant cela, Todd Burpo a été profondément stupéfait et en a eu le souffle coupé. En réalité, le niveau d’admiration et de stupéfaction qu’il décrit semble tout à fait disproportionné par rapport à l’importance qu’on peut accorder à de tels mots prononcés par un enfant de quatre ans. Il écrit : « Le temps s’est arrêté. Sonja et moi nous sommes regardés, nous passant un message silencieux : Est-ce qu’il vient de dire ce que je crois qu’il a dit[5] ? » Comme le raconte le pasteur Burpo lui-même, il a été tout de suite convaincu que son fils avait effectivement vécu une sorte d’expérience extra-corporelle :
Colton a dit qu’il était « sorti » de son corps, qu’il avait parlé avec des anges et qu’il s’était assis sur les genoux de Jésus. Nous savions qu’il n’inventait rien, car il était capable de nous dire ce que nous faisions dans une autre partie de l’hôpital : « Tu étais seul dans une petite chambre, en train de prier ; et maman était dans une autre chambre, et elle priait et elle parlait au téléphone[6]. »
Cette même crédulité spontanée donne le ton à l’ensemble du livre. Semblant ignorer à quel point l’imagination d’un enfant d’à peine quatre ans peut être fertile, le pasteur Burpo accueille le témoignage de son fils avec une foi sans faille. Il décide du même coup de façonner entièrement sa conception du ciel selon les révélations du jeune Colton. « S’il avait réellement vu Jésus et les anges, je voulais devenir l’élève, et non le professeur[7] ! »
C’était tout simplement incroyable !
Beaucoup de ce que Todd Burpo interprète comme des preuves irréfutables de la révélation spéciale que son fils a reçue semble être simplement des histoires classiques de l’école du dimanche, vues à travers le prisme légèrement déformé d’un enfant d’âge préscolaire. Le pasteur Burpo relate cette conversation survenue peu après que Colton a commencé à parler du ciel :
« Est-ce que d’autres choses se sont produites ? »
Il me l’a confirmé d’un signe de la tête, les yeux brillants. « Tu sais que Jésus a un cousin ? Jésus m’a dit que son cousin l’avait baptisé. »
« Oui, tu as raison, lui ai-je dit. La Bible dit que le cousin de Jésus s’appelait Jean. » Je me suis mentalement réprimandé : N’offre pas d’informations. Laisse-le juste parler […]
« Je ne me rappelle pas son nom, mais il était vraiment gentil », m’a lancé Colton d’un air joyeux.
Jean-Baptiste est « gentil » ?
Alors que je traitais mentalement les implications de l’affirmation de mon fils – le fait qu’il avait rencontré Jean-Baptiste – Colton a repéré un cheval de plastique parmi ses jouets et l’a brandi pour que je le voie. « Hé ! papa, savais-tu que Jésus a un cheval ? »
« Un cheval ? »
« Ouais, un cheval arc-en-ciel. J’ai pu le caresser[8]. »
Sonja Burpo n’a pas tardé à partager l’opinion de son mari quant aux affirmations de Colton : il avait vraiment voyagé au ciel et en était revenu avec une connaissance approfondie de ce qu’est réellement le ciel. Voici comment le pasteur Burpo a raconté à sa femme la rencontre de son fils avec Jean-Baptiste (comme elle assistait à ce moment-là à une conférence de louange et d’adoration, il lui a téléphoné avec enthousiasme pour lui raconter l’événement) :
Je me suis levé, j’ai gravi les marches à la course, j’ai décroché le téléphone et j’ai composé le numéro de Sonja. Elle m’a répondu, et je pouvais entendre de la musique et des chants en arrière-plan. « Sais-tu ce que ton fils vient de me dire ? »
« Quoi ? » m’a-t-elle crié pour enterrer le bruit.
« Il m’a dit qu’il avait rencontré Jean-Baptiste ! »
« Quoi ? »
Je lui ai résumé le reste, discernant l’étonnement dans sa voix à l’autre bout du fil.
Elle me pressait de lui donner plus de détails, mais la salle de conférence était trop bruyante. Nous avons dû finir par renoncer à cette discussion. « Téléphone-moi ce soir après le repas, OK ? m’a demandé Sonja. Je veux tout savoir[9] ! »
Le pasteur Todd Burpo semble persuadé que Colton possède une compréhension profonde de qui était Jean-Baptiste et de ce que représentent les chevaux arc-en-ciel célestes. En réalité, les enfants d’âge préscolaire précoce font souvent des remarques créatives pouvant donner l’impression d’être des affirmations catégoriques. Art Linkletter, célèbre animateur de télévision, a ainsi bâti sa renommée en encourageant les enfants à faire des commentaires involontairement spirituels sur des sujets profonds lors de ses émissions en direct.
Gardez à l’esprit que Colton a passé toute sa vie dans la maison d’un pasteur. Il a été pendant des années exposé à des conversations, à des histoires et à des enseignements centrés sur la Bible. Le pasteur Burpo a lui-même admis qu’il avait lu à son fils d’innombrables histoires bibliques provenant de livres illustrés[10]. Pourtant, lorsque Colton mentionne de façon incidente que « Jésus a des marqueurs » (ce qui signifie, bien sûr, les marques des clous dans ses mains et ses pieds), Todd Burpo répond avec émotion : « Il a vu ça. Il faut qu’il l’ait vu[11]. »
Ainsi se poursuit l’histoire. Chaque fois qu’il raconte quelque chose de farfelu, d’hétérodoxe ou de non biblique, son père trouve néanmoins le moyen de l’accepter comme véridique. À un moment donné, par exemple, Colton raconte qu’il était assis sur une petite chaise à côté de l’Esprit de Dieu. Todd lui demande alors à quoi ressemble le Saint-Esprit :
« Humm, répond Colton. Ça c’est pas facile […] il est comme bleu[12]. »
Il est évident qu’une remarque comme celle-là soulève une question ou nécessite une explication. Bleu ? Colton voit-il le Saint-Esprit sous les traits du Grand Schtroumpf ? Décrit-il un nuage de brume bleuâtre ? « Bleu » ? De quoi parle-t-il exactement ?
Au début, Todd semble se poser les mêmes questions (« Je m’efforçais de me représenter ces choses »). Mais Colton change immédiatement de sujet et ne fournit pas d’autres explications. Le seul indice sur ce qui se passe dans l’esprit de Colton se trouve plus de vingt pages plus loin, lorsqu’il raconte à son père que Jésus « lance de la puissance » sur Todd Burpo pendant qu’il prêche. Cette fois, Todd insiste pour obtenir une explication : « À quoi ressemble la puissance ? »
« C’est le Saint-Esprit[13]. » De toute évidence, Colton conçoit le Saint-Esprit comme la décharge électrique d’une bobine Tesla, et il s’imagine que Jésus lance sur les prédicateurs des éclairs bleus de puissance qui sortent du bout de ses doigts.
Todd Burpo est abasourdi : « S’il y avait eu des bulles de bande dessinée au-dessus de la tête des gens, les miennes se seraient remplies de points d’interrogation et de points d’exclamation sur-le-champ[14]. » Cependant, Todd persiste à croire fermement tous les dires de Colton à propos de sa vision du ciel. Il raconte qu’il a l’habitude de faire une prière pour demander l’aide de Dieu chaque fois qu’il prêche, et il ajoute : « Imaginer que Dieu y répondait en “lançant de la puissance” […] eh bien, c’était tout simplement incroyable[15]. »
L’illumination gnostique entre les mains d’un enfant
Sur la base du témoignage de Colton, le pasteur Burpo croit que tous les habitants du ciel (à l’exception de Jésus) ont des ailes et des auréoles[16] ; que ce qui occupe leur temps, ce sont les « devoirs » [17] ; et que Colton a conversé avec son arrière-grand-père décédé bien avant sa naissance, mais aussi avec sa sœur qui n’est jamais venue au monde parce que la mère de Colton a fait une fausse couche[18].
Colton raconte que sa sœur à naître avait l’apparence d’une « petite fille » et que son arrière-grand-père, décédé à l’âge de 61 ans, avait l’air d’un jeune homme de 29 ans[19]. Colton lui-même n’avait que trois ans (bientôt quatre) pendant son séjour au ciel. Bien qu’il prétend qu’il avait des ailes comme tout le monde, il était visiblement déçu de leur petitesse[20]. Il affirme aussi que tout le monde au ciel avait une épée, mais qu’on lui en a refusé une parce qu’il était trop jeune : « Jésus n’a pas voulu. Il a dit que je serais trop dangereux[21]. »
Les questions que Todd Burpo pose à son fils trahissent une étrange obsession pour l’apparence physique des choses, celle portant sur l’apparence du Saint-Esprit est un seul exemple parmi tant d’autres. Dès que Colton, à l’âge de quatre ans, a commencé à parler des gens qu’il avait vus au ciel, Todd a immédiatement insisté pour obtenir des descriptions visuelles. Il écrit : « Tout ce qui me venait à l’esprit de lui demander, c’était néanmoins : “Alors, à quoi ressemblaient les enfants ? À quoi ressemblent les gens au ciel[22] ?” » Plus tard, lorsque Colton confiera à son père qu’il a vu le diable au ciel, la première question du pasteur Burpo sera : « À quoi ressemblait-il[23] ? »
Et bien sûr, Todd Burpo n’a cessé de questionner son fils à propos de l’apparence physique de Christ :
Quand Colton a vu Jésus au ciel, à quoi ressemblait-il ? Si ce sujet en particulier revenait souvent, c’est parce que, en tant que pasteur, j’étais appelé à passer beaucoup de temps dans les hôpitaux, les librairies chrétiennes et d’autres églises – tous des lieux où se trouvent de nombreux dessins et toiles représentant Christ. Comme Sonja et les enfants étaient souvent en ma compagnie, nous en avons fait un genre de jeu. Lorsque nous trouvions une image de Jésus, nous demandions à Colton : « Et celle-ci ? Est-ce que ça ressemble à Jésus ? »
Après avoir jeté un coup d’œil à l’image, Colton nous répondait invariablement d’un signe négatif de sa petite tête. « Non, ses cheveux ne sont pas comme ça », nous disait-il, ou : « Ses vêtements ne sont pas comme ça. »
Cette scène s’est produite des dizaines de fois au cours des trois années qui ont suivi[24].
À la fin du livre, le pasteur Burpo raconte avoir vu un reportage sur une jeune fille de douze ans possédant des talents de peintre hors du commun. Tout comme son fils, elle prétendait avoir été au ciel. Elle s’est efforcée de représenter en peinture Jésus, et il en est ressorti le portrait d’un homme robuste aux yeux bleus. Colton a examiné le portrait et l’a jugé fidèle à ce qu’il avait lui-même vu. Todd a alors déclaré : « Sonja et moi avons enfin eu le sentiment que, dans le portrait d’Akiane, nous avions vu le visage de Jésus. Ou du moins un visage lui ressemblant de manière saisissante[25]. »
(Il est presque impossible qu’un portrait de Jésus aux yeux bleus reflète la réalité. Les yeux bleus sont un trait récessif non caractéristique des populations sémitiques. Un Juif hellénisé du ier siècle, porteur d’un patrimoine génétique de générations de mariages mixtes, aurait pu éventuellement avoir les yeux bleus. Cependant, la généalogie de Jésus telle que présentée dans le Nouveau Testament semble exclure cette possibilité.)
La plupart des détails que Todd Burpo raconte sur l’expérience de mort imminente de Colton ont été révélés des mois après sa sortie de l’hôpital, et même alors, l’histoire ne s’est pas déversée spontanément sous forme de récit cohérent. D’autres anecdotes et précisions ont surgi ici et là sur une longue période, souvent en réponse à des questions posées de façon insistante par les parents. C’est ainsi que, pendant des années, de nouveaux détails ont émergé régulièrement de sa mémoire. À chaque fois, sans exception, le pasteur Burpo a conclu que la connaissance de Colton sur l’au-delà ne pouvait avoir été acquise que par une expérience directe. Par conséquent, il est devenu facilement convaincu que le récit de son fils sur le ciel est entièrement fiable, précis et authentique.
Dans une critique succincte du livre, Tim Challies a noté ce motif narratif récurrent :
Toutes les expériences de Colton, ou presque, suivent un même schéma. Il confie à son père un petit détail. Ce dernier a le souffle coupé et son cœur s’emballe. « Je pouvais à peine respirer. Mon esprit était en ébullition. J’avais la tête qui tournait. » Il lui vient un verset de l’Écriture à l’esprit qui permet de justifier l’expérience. Ensuite, Colton s’ennuie et s’en va en courant. Et ainsi de suite[26].
Une vision erronée de la foi
L’ajout de références bibliques tout au long du livre Le ciel, ça existe pour de vrai peut persuader les lecteurs superficiels que le pasteur Burpo a soigneusement comparé le récit de Colton à l’Écriture et l’a jugé exact sur ce fondement. Mais pour ceux qui prennent le temps de chercher les citations et de les analyser avec discernement dans leur contexte, il devient évident que la méthode simpliste de Todd Burpo pour prouver la véracité des dires de son fils trahit un sérieux manque de fondement scripturaire. Il n’a pas examiné scrupuleusement toutes choses, comme nous le recommande l’Écriture (1 Th 5.21 ; Ac 17.11).
De manière surprenante, Todd Burpo lui-même admet qu’il a rarement « comparé les souvenirs de Colton à ce que dit la Bible[27] ». Dans l’unique cas où il en fait mention, il affirme, sur la base d’une preuve extrêmement faible, que Colton « a réussi le test sans sourciller ».
Voulez-vous savoir quel était l’enjeu biblique de ce test ? Todd demandait à son fils s’il avait déjà vu le trône de Dieu. Il a d’abord dû lui expliquer ce qu’est un « trône ». (« J’ai ramassé le livre d’histoires bibliques et j’ai désigné du doigt […]. »)
« Ouais ! Je l’ai vu beaucoup de fois », a répondu Colton.
Todd, fidèle au ton qu’il adopte tout au long du livre, était totalement stupéfait : « Mon cœur s’est mis à battre un peu plus vite. Allais-je réellement avoir un aperçu de la salle du trône du ciel ? »
Colton a poursuivi : « Et tu savais que Jésus est assis juste à côté de Dieu ? La chaise de Jésus est juste à côté de la chaise de son Papa[28] ! »
La réponse du pasteur Burpo témoigne une fois de plus de sa grande crédulité (sans parler de sa méconnaissance du type d’images qu’un enfant de quatre ans, qui a entendu des histoires bibliques illustrées depuis tout petit, peut avoir à l’esprit) : « Cette déclaration m’a sidéré. Un enfant de quatre ans n’a aucun moyen de savoir ces choses. C’était un autre de ces moments où je me suis dit : Il faut qu’il l’ait vu[29]. »
L’un des aspects les plus troublants du livre Le ciel, ça existe pour de vrai est la façon dont Todd Burpo insinue constamment que les expériences personnelles, même les souvenirs spectraux d’un garçon de trois ans sous anesthésie, sont en quelque sorte plus convaincantes que l’Écriture seule. « J’étais chrétien depuis l’enfance et pasteur depuis la moitié de ma vie, si bien que je le croyais auparavant, mais maintenant, je le savais[30]. » L’expérience de Colton et son exégèse personnelle sur le ciel ont manifestement eu un impact beaucoup plus profond sur Todd (et ont façonné sa conception de l’au-delà) que tout ce qu’il avait pu apprendre auparavant sur le ciel par sa propre étude de l’Écriture.
Cette manière de penser est en totale contradiction avec ce que la Bible enseigne sur la foi, l’expérience et l’autorité de l’Écriture. En fait, le meilleur moyen pour les chrétiens de se défendre contre l’auto-illusion est d’être convaincus que la Parole écrite de Dieu est plus fiable et plus sûre que l’expérience de quiconque, comme l’enseigne fréquemment et de manière explicite l’Écriture. Par exemple, l’apôtre Pierre écrit à propos de son expérience sur la montagne de la transfiguration, un miracle indéniable auquel d’autres témoins ont assisté : « Ce n’est pas, en effet, en suivant des fables habilement conçues […] nous avons entendu cette voix venant du ciel » (2 Pi 1.16,18). Le spectacle stupéfiant et sans précédent permettait littéralement de contempler la gloire céleste de près. Cependant, Pierre poursuit en affirmant que la Parole écrite de Dieu est encore plus fiable qu’une expérience de cette envergure ! « Et nous tenons pour d’autant plus certaine la parole prophétique, à laquelle vous faites bien de prêter attention » (v. 19).
La foi authentique « vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole de Christ » (Ro 10.17). La foi ne vient pas des expériences mystiques ; et encore moins d’une confiance aveugle en une expérience mystique racontée par un enfant. Ce genre de conviction naïve ne correspond en rien à la vraie foi ; elle ressemble plutôt à une dangereuse confiance aveugle.
Néanmoins, le pasteur Burpo est convaincu que l’expérience du petit Colton a renforcé la foi de sa famille d’une manière plus profonde que ce que l’Écriture aurait pu accomplir. « J’aime beaucoup la façon dont ma mère résume le tout », écrit Todd, avant de citer les paroles de sa mère, qui constituent (à l’exception d’un bref épilogue) la dernière phrase du livre : « J’avais accepté l’idée du ciel auparavant, mais maintenant, je le visualise. Avant, j’en avais entendu parler, mais je sais maintenant qu’un jour je le verrai[31]. »
Là où se situe le principal danger
J’ai entrepris cette critique approfondie du livre Le ciel, ça existe pour de vrai non pas parce qu’il est le pire de sa catégorie, mais parce que parmi tous les livres de ce genre, c’est celui qui est le plus susceptible d’être lu et jugé inoffensif par l’évangéliste moyen. Pourtant, il n’est pas inoffensif. Il dénigre l’autorité et la suffisance de l’Écriture ; il confond foi et superstition ; il place subtilement l’expérience humaine au-dessus de la Parole de Dieu ; il prétend révéler des choses sur Dieu et le royaume céleste qui ne sont pas enseignées dans l’Écriture ; et à plusieurs reprises, il laisse entendre que le témoignage de ceux qui ont reçu une illumination mystique peut être un stimulant de la foi plus efficace que l’Écriture seule.
[1] Todd Burpo et Lynn Vincent, Heaven Is for Real [Le ciel ça existe pour de vrai : L’histoire étonnante de l’aller-retour au ciel d’un petit garçon], Nashville, Nelson, 2010.
[2] Ibid., p. 10, trad. libre.
[3] La plupart des annonces promotionnelles du livre soulignent que Colton Burpo avait quatre ans lorsqu’il affirme avoir visité le ciel. Cependant, selon la chronologie donnée dans le livre, il est né le 19 mai 1999 et le problème médical qui a failli lui coûter la vie s’est produit le 5 mars 2003 (ibid.). Il n’avait donc que trois ans et neuf mois à l’époque, ce qui rend d’autant plus étonnant le fait que le récit de son expérience soit si détaillé et précis des années plus tard.
[4] Ibid., p. xiii, trad. libre.
[5] Ibid., p. xiv, trad. libre.
[6] Ibid., p. 61, trad. libre.
[7] Ibid., p. 62, trad. libre.
[8] Ibid., p. 63, trad. libre.
[9] Ibid., p. 64, trad. libre.
[10] Ibid., p. 66, trad. libre.
[11] Ibid., p. 65‑67, trad. libre.
[12] Ibid., p. 103, trad. libre.
[13] Ibid., p. 126, trad. libre.
[14] Ibid.
[15] Ibid., p. 126, trad. libre.
[16] Ibid., p. 72-73, trad. libre. Colton affirme que tout le monde au ciel volait : « Heu, tout le monde sauf Jésus. C’est le seul au ciel qui n’avait pas d’ailes. Jésus montait et descendait comme un ascenseur. »
[17] Ibid., p. 71, trad. libre.
[18] Ibid., p. 85‑88, 94-95 , trad. libre.
[19] Ibid., p. 96, 122-123 , trad. libre.
[20] Ibid., p. 72, trad. libre.
[21] Ibid., p. 133, trad. libre.
[22] Ibid., p. 72, trad. libre.
[23] Ibid., p. 134, trad. libre.
[24] Ibid.
[25] Ibid., p. 145, trad. libre.
[26] Tim Challies, Heaven Is For Real [Le ciel, ça existe pour de vrai], trad. libre, article de blogue du 28 mars 2011, < http://www.challies.com/book-reviews/heaven-is-for-real > (page consultée le 30 avril 2024).
[27] Todd Burpo et Lynn Vincent, Le ciel, ça existe pour de vrai, op. cit., p. 101, trad. libre.
[28] Ibid., p. 100, trad. libre.
[29] Ibid., p. 100-101, trad. libre.
[30] Ibid., p. 84, trad. libre.
[31] Ibid., p. 150, trad. libre.