Les soupirs des aidants (Benjamin Mast)
Dieu désire que les aidants se souviennent qu’il est avec eux, même dans cette obscurité, et il les encourage tendrement à venir à lui avec leurs « soupirs de gémissements ». Dans l’Ancien comme dans le Nouveau Testament, il est commun d’exprimer les émotions de la souffrance par des gémissements. On apprend que le peuple d’Israël a gémi sous l’oppression des Égyptiens (Ex 6.5). Nous gémissons en réaction à la détresse, à la fatigue, au manque de repos et à l’affliction physique (voir Ps 6.6 ; 31.10 ; 32.3 et Jé 45.3). Dans l’épître aux Romains, les soupirs, ou gémissements, sont utilisés pour décrire l’attente de la création pour le renouvellement de toutes choses, comme les gémissements d’une femme qui attend d’être délivrée des souffrances de l’accouchement (Ro 8.22). Comme on l’a vu précédemment, le Saint-Esprit exprime par des soupirs ses prières pour nous (Ro 8.26).
Sachez qu’un jour, vous risquez de vous sentir si oppressé et dépassé que vous ne saurez plus pour quoi prier. Les mots vous manqueront peut-être, mais prenez courage en vous rappelant que Dieu a déjà prévu cette éventualité. Les soupirs du peuple de Dieu sont l’expression de leur profond désir pour le Seigneur et sa restauration et son salut. Ces soupirs sont en partie l’anticipation de cette espérance à venir, une vie meilleure où il n’y aura plus de souffrance (2 Co 5). Nous attendons ce jour avec espérance, par la foi et non par la vue (v. 7). Nous vivons cette tension entre la victoire déjà obtenue par l’œuvre de Dieu en Christ, et les promesses qui ne sont pas encore accomplies.
Nombreux sont ceux qui affirment avoir expérimenté la grâce de Dieu là où ils ne s’y attendaient pas, alors qu’ils s’occupaient de leur proche. C’était comme un verre d’eau fraîche au beau milieu d’un désert sec et sauvage, comme l’eau qui ruisselle d’un rocher. Ils se rappellent la bonté de Dieu et sa grâce dans l’épreuve. Peut être avez-vous du mal à voir cette grâce dans votre vie en ce moment, mais en regardant bien, en écoutant attentivement, vous la trouverez. Elle vient bien souvent là où on ne s’y attend pas. La plupart des aidants disent qu’ils peuvent voir la grâce de Dieu dans les aspects simples, mais significatifs des soins qu’ils apportent à leur proche. Ils entendent Dieu leur parler de son amour et de son réconfort pour eux à travers…
- … les mots d’un mari qui murmure son amour à l’oreille de celle qu’il appelle sa « tendre épouse » ;
- … une nouvelle amitié qui se lie dans la maison de retraite ;
- … un vieux cantique entonné avec maman ;
- … la façon dont Dieu pourvoit aux besoins d’une personne qui est trop loin pour qu’on s’en occupe ;
- … la promesse que Dieu sera là pour ce qui reste de ce voyage, d’une façon qui nous dépasse ;
- … un époux qui dit « je ne sais pas ce que je ferais sans toi » ;
- … un rire partagé et un sens de l’humour préservé ;
- … une ou deux heures de répit de l’aide continuelle ;
- … un poème, une prière ou une méditation envoyée par un ami compréhensif ;
- … un coup de fil de quelqu’un qui veut prendre de nos nouvelles ;
- … un temps pour admirer le lever du soleil ;
- … un rapprochement avec notre mère atteinte de démence, dans les dernières années de sa vie, et l’entendre dire « je t’aime » ;
- … l’occasion d’apprendre à apprécier les moments de bonheur, et les petites choses de la vie qui sont si précieuses, comme un sourire.
Vous gémissez peut-être pour une nouvelle réalité, mais prenez courage comme le psalmiste qui se souvient de la fidélité de Dieu dans le passé, même si vous n’arrivez pas à le ressentir en ce moment. Souvenez-vous de ce que Dieu a accompli dans votre vie. Soyez précis. Dans quelles expériences de votre vie vous a-t-il accompagné ? Comment avez-vous expérimenté sa bonté et sa provision ? Souvenez-vous de ce que Christ a fait pour vous, et comment cela vous relie à l’avenir qu’il vous a promis. Les nuits peuvent être longues, mais votre Dieu d’amour promet qu’il renouvelle ses bontés chaque matin. Les eaux tumultueuses de l’assistance à une personne semblent sur le point de déborder, mais le Seigneur sera votre refuge. Il vous entourera de chants de délivrance :
Qu’ainsi tout homme pieux te prie au temps convenable ! Si de grandes eaux débordent, elles ne l’atteindront nullement. Tu es un asile pour moi, tu me garantis de la détresse, tu m’entoures de chants de délivrance (Ps 32.6,7).
Cet article est tiré du livre : Le deuxième oubli de Benjamin Mast