Les types de relations entre chrétiens (Mark Dever & Jamie Dunlop)
Les auteurs du Nouveau Testament décrivent à maintes reprises deux types de relations entre chrétiens.
Les 2 types de relations
Le premier type est le mentorat, que j’appellerai, ici, les relations de discipulat, dont le but est de faire du bien à une autre personne sur le plan spirituel ; l’attention que Paul portait à Timothée ou encore la responsabilité bienveillante de Jésus envers ses disciples en sont de parfaits exemples. Le deuxième type de relation que le Nouveau Testament mentionne est l’hospitalité ; une multitude de passages incite les croyants à faire preuve d’hospitalité les uns envers les autres, tant pour fortifier l’Église locale (Ro 12.13) que pour soutenir tous ceux qui œuvrent pour l’Évangile (3 Jn 8). Ces deux modèles relationnels sont simples à comprendre, simples à communiquer, et simples à transmettre ; ils permettent de rendre plus concret le concept du « chrétien relationnel ». Regardons de plus près comment ces modèles aident à renforcer une culture plus large de relations spirituellement intentionnelles.
Le discipulat
Le discipulat. Incitez les membres de l’Église à se retrouver régulièrement pour lire un livre chrétien ensemble, étudier un livre de la Bible, ou simplement s’encourager mutuellement dans leur vie spirituelle. L’un des merveilleux avantages d’un tel objectif, c’est que les éléments d’une bonne relation de discipulat (l’intentionnalité et la volonté de faire du bien à l’autre sur le plan spirituel) sont aussi les éléments que l’on retrouve dans une bonne culture d’Église. Bien que les relations de discipulat puissent sembler artificielles au début, au fil du temps, l’intentionnalité et la focalisation sur le bien spirituel de l’autre deviendront naturelles. Et plus ces vertus s’épanouiront, plus elles s’étendront à toutes les autres amitiés ou, si le discipulat devient une seconde nature pour toute l’Église, la culture de l’Église gagnera en profondeur dans ses relations.
L’hospitalité.
Dans ce deuxième modèle de relation que décrit le Nouveau Testament, les habitudes que développent les chrétiens en exerçant l’hospitalité se répercuteront également sur d’autres relations. Si notre culture adopte une définition étroite de l’hospitalité – « inviter des amis à dîner » – le Nouveau Testament, au contraire, lui donne un sens bien plus large. Le mot d’origine, xénophile, signifie littéralement « celui qui aime les étrangers » ; voilà qui devrait nous pousser à élargir notre compréhension de ce qu’est l’hospitalité. Inviter quelqu’un à manger, accoster un inconnu dans l’Église pour se présenter, assister au mariage d’un membre de l’Église qu’on ne connaît pas – tous ces exemples relèvent de l’hospitalité.
Dans mon Église, le désir de grandir dans ce domaine s’est soudainement concrétisé lorsque des étudiants universitaires décidèrent d’inviter des familles entières dans leur petite chambre pour des dîners de pâtes au beurre. Il n’est pas meilleure occasion de parler de l’Évangile dans une résidence universitaire que lorsqu’une famille avec de jeunes enfants se retrouve serrée sur un futon à manger dans de la vaisselle en plastique. Voilà qui suscitera certainement quelques commentaires : « Mais comment est-ce que toi tu les connais eux ? » Lorsque les chrétiens grandissent dans le domaine de l’hospitalité, ils sont plus enclins à inviter les autres à partager leur vie et à aller vers ceux avec qui ils n’ont pas nécessaire d’affinité naturelle. Ce modèle de relation, bien que simple, participe à façonner une culture d’Église – dans le cas présent, en donnant à cette dernière une plus grande amplitude relationnelle.
Des relations informelles
Je me souviens d’une conversation avec un pasteur qui avait saisi toute l’importance du discipulat ; désireux de voir son Église adopter cette même vision, il avait créé une feuille de calcul sur laquelle étaient formées des paires de chrétiens de son Église qui se rencontreraient chaque semaine. Je lui ai suggéré d’abandonner cette idée. Oui, un tel processus donnerait certainement naissance à plusieurs bonnes relations de discipulat, mais il ferait du discipulat un programme d’Église plutôt qu’un élément de la culture de celle-ci.
Le discipulat devrait être un état d’esprit marqué par une intentionnalité spirituelle qui s’étend à toutes nos amitiés, et non un programme pour lequel on « s’inscrit » et que l’on exécute d’une manière précise. Mon ami pasteur décida de mettre de côté sa feuille de calcul et de préconiser une approche moins program- matique, et son Église a porté du bon fruit dans ce domaine. Il en va de même pour l’hospitalité : si vous programmez l’hospitalité dans la vie de votre Église en planifiant des dîners réguliers, vous verrez sans doute du bon fruit. Néanmoins, en forçant un concept biblique à rentrer dans une case étroite et programmatique, vous sacrifiez des occasions de voir ces habitudes prendre racine dans toutes les relations de vos membres.
Cet article est tiré du livre : Une communauté irrésistible de Mark Dever et Jamie Dunlop