L’obéissance de Christ (John MacArthur)
Il y a dans l’Écriture un principe unificateur qui se retrouve dans les nombreuses facettes de l’œuvre expiatoire de Christ : l’obéissance.
Il y a trois sens dans lesquels l’obéissance résume l’ensemble de l’œuvre substitutive de Christ.
L’obéissance au plan du salut
Premièrement, l’Écriture caractérise l’œuvre de Christ comme une obéissance au plan divin de salut, que nous avons décrit plus haut. Le Père a envoyé son Fils du ciel sur la terre pour accomplir la mission divine de rédemption, et le Fils témoigne qu’il est « descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé » (Jn 6.38 ; voir aussi 12.49). En référence à l’offrande de sa propre personne comme sacrifice final, le Messie déclare au Père : « Voici, je viens […] pour faire, ô Dieu, ta volonté » (Hé 10.7,9), car il a toujours fait ce qui plaisait à son Père (Jn 8.29). Il a librement et volontairement donné sa vie en sacrifice pour le péché, car, dit-il, « tel est l’ordre que j’ai reçu de mon Père » (Jn 10.17,18) et : « j’agis selon l’ordre que le Père m’a donné » (Jn 14.31). Ainsi, dans son hymne de louange pour l’incarnation et l’œuvre expiatoire du Fils de Dieu, Paul décrit l’œuvre de Christ en disant qu’il s’est rendu « obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix » (Ph 2.8). L’œuvre expiatoire du Fils est une œuvre d’obéissance au Père.
Christ devait obéir à la loi
Deuxièmement, il fallait que Christ obéisse à tout ce que le Père lui commandait pour devenir un sacrifice substitutif convenable pour les pécheurs. Dans le système sacrificiel lévitique, il fallait impérativement que tout animal offert au Seigneur soit sans défaut : « Vous n’en offrirez aucune qui ait un défaut, car elle ne serait pas agréée […] la victime sera sans défaut, afin qu’elle soit agréée ; il n’y aura en elle aucun défaut » (Lé 22.20,21 ; voir aussi 1.3,10 ; 3.1,6 ; 22.18-25). Il en était de même pour l’agneau pascal d’Israël ; pour qu’il soit accepté comme substitut valable, Dieu avait stipulé : « Ce sera un agneau sans défaut » (Ex 12.5). Si la faute des pécheurs devait être punie sur un substitut, celui-ci ne devait présenter aucun défaut ni tache. Le même principe s’applique au sacrifice expiatoire de Christ, l’accomplissement ultime des sacrifices lévitiques (Hé 9.23). Christ lui-même est notre agneau pascal (1 Co 5.7 ; voir aussi És 53.7 ; Jn 1.29 ; Ap 5.12) ; en conséquence, c’est par son précieux sang « comme d’un agneau sans défaut et sans tache » que nous sommes rachetés (1 Pi 1.18,19).
Un substitut à à prendre notre place
Pour être un substitut apte à subir la sanction pour le péché à la place des pécheurs, il fallait que lui-même soit sans péché – saint, innocent, sans tache et séparé des pécheurs (Hé 7.26). C’est pourquoi l’Écriture rattache la vie de Christ dans laquelle il a appris « l’obéissance par les choses qu’il a souffertes » (Hé 5.8) à son aptitude à devenir « pour tous ceux qui lui obéissent l’auteur d’un salut éternel » (Hé 5.9). Il va de soi que son apprentissage de l’obéissance ne consistait pas à se dépouiller du péché et à pratiquer de plus en plus la justice, comme c’est le cas pour nous. Avant son incarnation, Jésus ne savait pas ce que signifiait obéir au Père dans l’infirmité de la chair humaine, avec toutes les faiblesses et les tentations auxquelles les hommes et les femmes sont soumis en s’efforçant d’obéir à Dieu. En découvrant la souffrance de vivre dans un monde déchu, il a cependant appris à obéir en homme souffrant, comme nous. Et « du fait qu’il a souffert lui-même et qu’il a été tenté, il peut secourir ceux qui sont tentés » (Hé 2.18 ; voir aussi 4.15). Ayant appris l’obéissance par les souffrances inhérentes à la vie humaine, il était préparé à obéir aussi dans les souffrances inhérentes à la mort.
Obéir à la loi pour procurer la justice
Finalement, il fallait que Christ soit obéissant à la loi de Dieu pour procurer la justice qui est le fondement de la justification. La norme parfaite de la justice de Dieu exprimée dans sa loi comprenait deux aspects clés : les commandements prescriptifs qui requéraient une obéissance totale, et les sanctions pénales pour violation de ces commandements. Non seulement l’homme pécheur n’a pas obéi aux demandes positives de la loi divine, mais de plus il n’avait aucun moyen de s’acquitter de la dette due pour sa désobéissance, puisque le salaire du péché, c’est la mort (Ro 6.23 ; voir aussi Tit 3.5).
Par conséquent, pour être notre Sauveur, Christ devait remplir les deux conditions. En devenant obéissant jusqu’à la mort sur la croix (Ph 2.8), « Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous » (Ga 3.13 ; voir aussi De 21.23) – et ce, en portant tout le poids du courroux divin contre lui-même. Toutefois, si cela avait marqué la fin de l’œuvre de notre substitut, nous n’aurions jamais été sauvés. Dans ce cas, la loi aurait été satisfaite et ses sanctions pénales exercées ; notre culpabilité aurait été supprimée, mais nous serions encore privés de la justice positive que la loi exige de nous. Nous serions dans l’état d’Adam avant la chute – innocents, mais sans la justice positive que Dieu réclame de nous pour nous admettre dans une communion avec lui (voir Mt 5.20,48). C’est pourquoi l’homme a besoin d’un substitut qui non seulement meurt en obéissant à sa place pour pardonner les péchés, mais qui vit aussi en obéissant à sa place pour lui procurer la justice qui lui est imputée par la foi (Ro 4.3-5 ; Ph 3.9). C’est pour cette raison que Paul oppose le premier Adam à Christ, le dernier Adam (1 Co 15.22,45) en disant : « Car, comme par la désobéissance d’un seul homme beaucoup ont été rendus pécheurs, de même par l’obéissance d’un seul beaucoup seront rendus justes » (Ro 5.19 ; voir aussi Ga 4.4,5).
Le péché d’Adam constitue un récit réel, authentique de la désobéissance humaine qui, imputée à chacun d’entre nous par notre union à Adam, devient la raison pour laquelle Dieu considère à juste titre tous les hommes coupables (Ro 5.12). De la même manière, l’obéissance vicariale de Jésus constitue un récit réel, authentique de la justice humaine qui nous est imputée par notre union avec Christ et devient la base sur laquelle Dieu considère à juste titre comme justes des pécheurs coupables. Les pécheurs justifiés ne sont pas justes en eux-mêmes, mais la vie parfaite de Christ est considérée comme étant la leur à cause de leur union avec lui par la foi : « Or, c’est par lui [Dieu] que vous êtes en Jésus-Christ, qui […] a été fait pour nous […] justice » (1 Co 1.30; voir aussi Ro 10.4; 2 Co 5.21).
Christ à fait plus que mourir
Le Seigneur Jésus a fait davantage que seulement mourir pour nos péchés ; il a aussi vécu pour réaliser notre justice. Le dialogue de Jésus avec Jean-Baptiste lors de son baptême évoque cet aspect des choses. Jean était venu dans la région du Jourdain, prêchant « le baptême de repentance, pour le pardon des péchés » (Lu 3.3 ; Mt 3.11). Développé pendant la période intertestamentaire, ce baptême était un rite cérémoniel pour les païens convertis au judaïsme, par lequel ils confessaient leur impureté et leur besoin de purification spirituelle. À l’époque de Jean, l’impiété d’Israël avait pris de telles proportions que les Juifs eux-mêmes – qui ressentaient ce besoin de purification – se soumettaient au baptême des prosélytes pour indiquer leur repentance. Des gens de Jérusalem, de toute la Judée et de toute la contrée du Jourdain venaient confesser leurs péchés et se faire baptiser (Mt 3.5,6). Alors, quand Jésus vint auprès de son cousin pour se faire baptiser, Jean n’en crut pas ses yeux. « Mais Jean s’y opposait, en disant : C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et tu viens à moi ! » (Mt 3.14.) Jean savait que Jésus était le Fils de Dieu et qu’il était sans péché (Jn 1.29 ; voir aussi Lu 1.41) ; pourquoi devait-il passer par le baptême de repentance ? La brève réponse de Jésus est riche de sens : « Laisse faire maintenant, car il est convenable que nous accomplissions ainsi tout ce qui est juste » (Mt 3.15). Jésus n’avait nul besoin de se soumettre au rite des prosélytes en signe de repentance. Il n’avait aucun péché dont il aurait dû se repentir. Sa justice divine intrinsèque l’aurait qualifié pour être un sacrifice juste ; même s’il n’avait pas été baptisé, il n’aurait pas été moins l’Agneau de Dieu sans défaut et sans tache. Il s’est soumis lui-même au baptême pour accomplir « tout ce qui est juste » – pas dans son intérêt personnel, mais au profit de son peuple qui avait besoin que la justice nécessaire lui soit imputée. Depuis le début de sa vie, Jésus continuait d’amasser une parfaite justice humaine qui serait mise au compte des pécheurs plaçant leur confiance en lui pour leur salut (Ro 4.4,5). De cette façon, « par l’obéissance d’un seul beaucoup seront rendus justes » (Ro 5.19).
L’Écriture considère donc que les deux conditions de l’œuvre substitutive de Christ – à savoir le paiement pour le péché et la provision de justice – ont été remplies par son obéissance au Père. Par son obéissance, il a accompli toute justice, est devenu un souverain sacrificateur compatissant, a démontré qu’il remplissait toutes les conditions pour être le sacrifice parfait pour les pécheurs et s’est soumis à cette mort sacrificielle. Comme le dit John Murray en conclusion : « C’est par l’obéissance qu’il a obtenu notre salut, car c’est par obéissance qu’il a accompli l’œuvre qui le garantit1. »
- Murray, Redemption Accomplished and Applied, p. 24.
Cet article est tiré du livre : Théologie systématique de John MacArthur.