L’œuvre de substitution dans la réconciliation (John MacArthur)

Tout ce qui précède nous amène cette inévitable question : comment Dieu peut-il être juste et justifier les pécheurs (Ro 3.26) ? Comment peut-il réconcilier les pécheurs avec lui-même sans compromettre sa justice et sa sainteté ?

Imaginez-vous à la place d’un juge. Votre travail consiste à faire respecter et à mettre en œuvre la loi. Elle est le seul standard auquel vous devez adhérer et vous devez vous montrer inflexible. Un homme se tient devant vous, un meurtrier infâme et méchant. Les preuves contre lui sont de béton. Aucun doute possible : il est coupable. Il l’admet ouvertement. Il confesse ses actes et affirme qu’il est vraiment désolé. Ensuite, il vous demande de lui pardonner. Et sans tenir compte de la loi ou de votre responsabilité à faire régner la justice, vous lui accordez un pardon complet et vous le libérez. Nous serions certainement horrifiés si un juge humain agissait de la sorte.

Pourtant, c’est exactement ce que notre juge a fait pour nous. Malgré le standard établi par sa loi, et malgré les preuves abondantes de notre péché et de notre corruption, il met nos crimes de côté, essuie notre culpabilité et nous libère des conséquences que nous méritons pour notre péché. Comment peut-il agir ainsi et faire respecter sa sainte loi ?

Paul nous donne une réponse glorieuse dans 2 Corinthiens 5.21. Quinze mots grecs résument l’Évangile entier et englobent le ministère de réconciliation de Dieu. Paul écrit : « Celui qui n’a point connu le péché, il l’a fait devenir péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu. » C’est la doctrine de la substitution, la façon dont Dieu peut être à la fois notre juge juste et celui qui nous justifie avec miséricorde.

Dieu a fait devenir « celui qui n’a point connu le péché », qui ne peut être que Jésus Christ, « péché pour nous. » Comme nous l’avons déjà vu, les Écritures attestent à maintes reprises de la perfection sans péché de Christ. L’auteur de l’épître aux Hébreux l’appelle « saint, innocent, sans tache » (Hé 7.26). Ponce Pilate, qui avait toutes les motivations de trouver une faille dans le caractère et la réputation de Jésus, a dit : « je ne trouve point de crime en lui » (Jn 19.6). Le Père a même parlé de l’absence totale de péché chez le Fils : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection » (Mt 3.17). Ce même Fils parfait, sans tache et pur a été fait « péché pour nous » (2 Co 5.21).

Ne faites pas la même erreur que certains en ce qui a trait à la façon dont Dieu « l’a fait devenir péché ». Beaucoup de prédicateurs du mouvement Word of Faith, par exemple, enseignent que Paul affirme que Jésus est réellement devenu pécheur sur la croix. Ils disent que son péché l’a contraint à aller en enfer pendant trois jours et qu’après avoir suffisamment souffert, il en a été délivré par la résurrection. Voilà une hérésie blasphématoire et aberrante. Éphésiens 5 nous dit que Christ s’est livré lui-même sans tache ni ride (v. 25-27). Sur la croix, il s’est exclamé : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mt 27.46.) S’il avait été pécheur, il n’aurait pas demandé la raison de son châtiment.

Alors, qu’est-ce que Paul entend par Dieu « l’a fait devenir péché pour nous » ? Il veut dire que Dieu l’a traité comme s’il était un pécheur. Pire encore, Dieu a déversé sur lui toute sa fureur et sa colère contre tous les péchés de tous ceux qui allaient croire comme s’il était celui qui les avait commis. En tant que juge juste, il n’avait pas d’autre option. Le Dieu juste de l’univers devait être juste dans le verdict rendu pour le péché. Il devait déverser le châtiment total sur son Fils pour accorder le pardon à ses élus. Sa justice exige que chaque péché commis, par chaque personne qui a vécu, soit puni dans un tourment éternel en enfer ou sur Christ à la croix.

Dieu a traité Jésus à la croix comme s’il avait vécu ma vie et l’a puni pour chacun des péchés que j’ai commis ou que je commettrai au cours de mon existence afin que sa justice soit pleinement satisfaite : voilà une pensée à la fois humiliante et profonde. C’est aussi vrai pour tous ceux qui sont inclus dans l’expiation offerte par le sacrifice du Fils selon la grâce et la miséricorde glorieuses de Dieu.

La totalité du jugement, du tourment et du châtiment atroce a été déversée sur Christ tandis qu’il mourait à notre place. Cette réalité est à couper le souffle, surtout quand on considère que Christ n’a passé qu’environ trois heures sur la croix. Dans ce bref créneau de temps, Christ a payé pour tous les péchés de tous ceux que Dieu allait un jour réconcilier avec lui-même. En l’espace de quelques heures seulement, il a été « offert une seule fois pour porter les péchés de beaucoup d’hommes » (Hé 9.28). « Il était blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités ; le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris » (És 53.5). La première épître de Pierre le résume simplement, mais puissamment : « lui qui a porté lui-même nos péchés en son corps sur le bois, afin que morts aux péchés nous vivions pour la justice » (2.24). Par ses souffrances, Christ a acheté notre pardon. Par son sacrifice, il a ouvert la voie vers notre réconciliation avec Dieu. Il est notre Roi rédempteur, notre Seigneur et Agneau.

Étonnamment, certains ont l’air de penser que le sacrifice de Christ n’était pas suffisant. Ils tentent de rendre l’expiation payée à la croix accessible à toute l’humanité, comme s’il était mort pour toute la race humaine. De cette façon, ils rendent son sacrifice d’expiation seulement potentiellement efficace. Il doit être concrétisé par le pécheur croyant. Selon cette ligne de pensée, le prix a été payé pour tous les humains et le pécheur n’a plus qu’à l’encaisser. Or, un Dieu juste ne peut pas punir le péché deux fois. Il ne ferait pas tomber la punition des péchés de tous les hommes sur son Fils pour ensuite exercer la même sanction sur ceux qui ne croiraient pas. Dieu n’a pas puni son Fils pour nos péchés pour ensuite punir le pécheur incroyant pour les mêmes péchés.

En outre, une telle notion signifierait qu’en mourant, Jésus-Christ aurait accompli la même œuvre pour ceux qui sont enfer que pour ceux qui sont au ciel. Ce qui revient à dire qu’il n’a pas vraiment expié le péché de qui que ce soit. Il a seulement offert une expiation possible qui doit être rendue réelle par le pécheur qui le désire. Comme Christ lui-même l’explique : « Je suis le bon berger. Le bon berger donne sa vie pour ses brebis… Je suis le bon berger. Je connais mes brebis, et elles me connaissent, comme le Père me connaît et comme je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis » (Jn 10.11,14,15). Il est évident que le châtiment que Christ pouvait subir à la croix était sans limites, mais il n’y aurait aucune logique dans le fait de supporter la colère de Dieu si le résultat n’était pas l’obtention de la rédemption pour ceux qui allaient un jour être réconciliés avec lui. Bref, Christ n’est pas le Rédempteur de ceux qui ne seront pas rachetés.

Qui plus est, Paul garde la meilleure nouvelle pour la fin. La conclusion de 2 Corinthiens 5.21 est celle-ci : Dieu a fait en sorte que Christ devienne péché pour nous « afin que nous devenions en lui justice de Dieu ». Non seulement Dieu a-t-il imputé nos péchés à Christ, mais il nous a imputé la justice de Christ. Dieu a traité Christ comme un pécheur, même s’il n’en était pas un, afin de pouvoir nous traiter comme si nous étions justes, même si nous ne le sommes pas. Si nous appliquons cette vérité personnellement, Dieu a traité Christ sur la croix comme s’il avait vécu ma vie, afin qu’il puisse me traiter comme si j’avais vécu sa vie. Voilà la gloire resplendissante de l’Évangile. Dieu nous voit couverts de la justice de son Fils.

Plusieurs personnes, y compris certains érudits de la Bible, se demandent pourquoi Christ a dû vivre dans l’humilité de l’incarnation pendant trente-trois ans. Pourquoi Dieu ne l’a-t-il pas envoyé simplement pour un weekend pour être crucifié le vendredi et revenir au ciel le dimanche ? Pourquoi n’était-ce pas suffisant ? Pourquoi le Seigneur devait-il supporter toutes les étapes de la vie (pour la plupart vécue totalement dans l’ombre) ?

La réponse se trouve dans la vérité glorieuse que nous connaissons en tant que doctrine de l’imputation. L’auteur de l’épître aux Hébreux écrit : « Car nous n’avons pas un souverain sacrificateur qui ne puisse compatir à nos faiblesses ; au contraire, il a été tenté comme nous en toutes choses, sans commettre de péché » (Hé 4.15). Christ devait vivre une vie complète pour accomplir une justice complète afin qu’elle puisse nous être un jour créditée. L’intégralité de la nature de la réconciliation de Dieu est ahurissante. Lorsque Dieu a regardé la croix, il nous a vus. Lorsqu’il nous regarde, il voit son Fils. Notre Seigneur n’a pas seulement pris le châtiment pour nos péchés, il a vécu une vie sainte et irréprochable qui nous est créditée par la foi. Ainsi, nous nous tenons devant Dieu, pleinement réconciliés avec lui, revêtus de la justice de notre Rédempteur béni.


Cet article est tiré du livre : La Bonne Nouvelle de John MacArthur