L’unité de l’œuvre de souverain sacrificateur de Christ (John MacArthur)

L’Écriture parle souvent de Christ comme grand souverain sacrificateur de son peuple (Hé 2.17 ; 3.1 ; 4.14,15 ; 5.1,5,10 ; 6.19,20 ; 8.1-6 ; 9.11,12,25) en s’inspirant du cadre conceptuel du système sacerdotal vétérotestamentaire comme fondement pour comprendre l’œuvre expiatoire de Christ. Par conséquent, à l’exception des passages où le Nouveau Testament oppose explicitement la fonction sacerdotale de Christ à celle des sacrificateurs de l’Ancien Testament (p. ex. Hé 7.27), il existe une continuité fondamentale entre elles. L’œuvre des sacrificateurs lévitiques éclaire donc l’étendue de l’expiation dans l’unité inséparable entre l’œuvre sacrificielle du sacrificateur et son œuvre d’intercession.

Le jour des Expiations, le souverain sacrificateur devait immoler un bouc comme sacrifice pour les péchés d’Israël (Lé 16.9). Toutefois, le travail du sacrificateur ne s’arrêtait pas là. Après avoir égorgé le bouc, il devait porter « le sang au-delà du voile », dans le lieu très saint et faire « l’aspersion sur le propitiatoire et devant le propitiatoire » (Lé 16.15 ; voir aussi 16.18,19). C’est cette œuvre double – l’immolation du bouc et l’aspersion d’intercession de son sang – qui opérait l’expiation des péchés d’Israël. Ce n’était pas seulement le cas le jour des Expiations, mais également de tous les sacrifices qui impliquaient la mort des animaux. Le sacrificateur devait d’abord tuer l’animal et ensuite répandre le sang « tout autour sur l’autel » (Lé 1.5 ; voir aussi 1.11 ; 3.2,8,13 ; 4.6,7,17,18,25,30,34 ; 5.9 ; 7.2 ; 17.6). Ces rites nous amènent à faire une observation : le sacrifice offert par le sacrificateur concernait les mêmes bénéficiaires que son intercession. Le souverain sacrificateur ne sacrifiait pas le bouc au profit de tous les individus du monde païen pour ensuite asperger son sang uniquement en faveur d’Israël. Le sacrifice et l’intercession étaient les deux faces de la même pièce, l’expiation en faveur d’Israël uniquement.

Christ, le sacrificateur et le sacrifice

Ce même principe s’applique à l’unité du double ministère sacerdotal de Christ. L’auteur de la lettre aux Hébreux décrit Christ comme notre grand souverain sacrificateur qui s’est offert en sacrifice parfait et est entré dans le lieu très saint pour intercéder en faveur de son peuple : « Car Christ n’est pas entré dans un sanctuaire fait de main d’homme, en imitation du véritable, mais il est entré dans le ciel même, afin de comparaître maintenant pour nous devant la face de Dieu » (Hé 9.24). En d’autres termes, l’offrande sacrificielle de Christ de sa propre personne est inextricablement liée à son ministère d’intercession devant Dieu, en faveur de son peuple (Hé 4.14,15 ; 7.25 ; 1 Jn 2.1). Cela signifie que Christ intercède pour chacun de ceux pour lesquels il est mort, et qu’il est mort pour chacun de ceux en faveur desquels il intercède.

Cette conclusion est confirmée par Romains 8.29-39 où Paul évoque la rédemption de son commencement à son terme – de l’élection par le Père dans l’éternité passée (Ro 8.29,30), jusqu’à la mort et la résurrection de Christ (8.32-34), et finalement l’application de la rédemption aux pécheurs dans la justification (8.33) et la persévérance jusqu’à la glorification (8.35-39. Le commentaire de Paul dans Romains 8.34, où il associe la mort et la résurrection de Christ à son présent ministère d’intercession, revêt un intérêt particulier : « Christ est mort ; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, et il intercède pour nous ! » La question est de savoir à qui se rapporte ce « nous ». L’antécédent le plus proche se trouve dans Romains 8.32 : « Lui qui n’a point épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il pas aussi toutes choses avec lui ? » Ainsi, ceux pour lesquels Christ intercède présentement sont ceux pour lesquels le Père a livré Christ à la mort.

(Ro 8.29,30), jusqu’à la mort et la résurrection de Christ (8.32-34), et finalement l’application de la rédemption aux pécheurs dans la justification (8.33) et la persévérance jusqu’à la glorification (8.35-39. Le commentaire de Paul dans Romains 8.34, où il associe la mort et la résurrection de Christ à son présent ministère d’intercession, revêt un intérêt particulier : « Christ est mort ; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, et il intercède pour nous ! » La question est de savoir à qui se rapporte ce « nous ». L’antécédent le plus proche se trouve dans Romains 8.32 : « Lui qui n’a point épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il pas aussi toutes choses avec lui ? » Ainsi, ceux pour lesquels Christ intercède présentement sont ceux pour lesquels le Père a livré Christ à la mort.

Christ intercède pour ceux qu’il est mort

Répétons-le : Christ intercède pour chacun de ceux pour lesquels il est mort, et il est mort pour chacun de ceux en faveur desquels il intercède. Voici la question clé : Christ intercède-t-il auprès du Père en faveur de tous les hommes sans exception ou seulement en faveur des élus ? C’est certainement en faveur de ces derniers. Christ prierait-il le Père pour le salut et la bénédiction des non-élus, une requête que le Père refuserait à son Fils, car il n’a pas le dessein de sauver ceux qui ne sont pas élus ? Les personnes de la Trinité seraient-elles divisées à ce point ? Là encore la doctrine de l’expiation illimitée enfoncerait un coin entre la volonté du Père et celle du Fils, ce qui aurait des implications désastreuses pour le trinitarisme biblique. Christ répond lui-même à cette question dans sa prière sacerdotale de Jean 17, où le grand souverain sacrificateur intercède auprès du Père en faveur de ceux pour lesquels il va bientôt s’offrir en sacrifice. Il déclare explicitement : « C’est pour eux que je prie. Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m’as donnés, parce qu’ils sont à toi » (Jn 17.9). Jésus offre sa prière d’intercession sacerdotale en faveur de ceux que le Père lui a donnés (voir Jn 6.37,39,44,65 ; 10.29 ; 17.2,6,20,24), c’est-à-dire les « élus » de Romains 8.33. Comme les œuvres sacerdotales du sacrifice et de l’intercession sont inextricablement liées, et comme il est impensable que Christ refuse d’intercéder pour ceux en faveur desquels il a versé son précieux sang, force est de conclure que l’étendue de l’expiation – comme l’étendue de l’intercession de Christ – se limite aux élus.


Cet article est tiré du livre : Théologie systématique de John MacArthur.