Méditez et murmurez la Parole de Dieu (Kent Hughes)
Écouter
Lire la parole de Dieu est essentiel au développement d’un esprit imprégné par le Christ. Tous les chrétiens devraient lire systématiquement la Bible en entier, une fois par année si possible, afin que leurs esprits soient continuellement programmés par des données qui proviennent des Écritures.
Cela étant dit, il y a encore une autre étape très importante dans nos temps de recueillement: la méditation de la Bible: par elle, on s’approprie et on intériorise la portion de la Parole qui a été lue.
La méditation débute par un exercice qui se fait dans le silence: l’écoute de la Parole. Eugene Peterson fait remarquer que le verset 7 du psaume 40, dans le texte hébreu original, contient une brillante métaphore. Elle y enseigne la nécessité d’écouter. Littéralement, on y lit : « Des oreilles que tu as creusées pour moi1 ». Malheureusement, les traductions ont perdu la beauté de la métaphore, préférant utiliser une paraphrase telle que celle de la version Segond 21: «Tu m’as ouvert les oreilles». Le verbe hébreu créé toutefois une métaphore avec le mot « creuser», qui suggère une tête qui n’a pas d’oreilles sans l’œuvre de Dieu: un imbécile. Des yeux, un nez, une bouche. Mais pas d’oreilles2 .
Cette métaphore saisissante («Des oreilles que tu as creusées pour moi») s’inscrit dans le contexte d’une vie religieuse active caractérisée par la performance, mais qui n’entend pas la voix de Dieu: «Tu ne désires ni sacrifice ni offrande […] Tu ne demandes ni holocauste ni sacrifice pour le péché» (Psaumes 40 : 7). Le problème était que les confrères religieux du psalmiste savaient comment procéder au rituel des sacrifices, sans pour autant comprendre le message. Dieu avait parlé, mais ils n’avaient pas écouté.
Que fait alors Dieu? Il prend une pioche, une pelle, et creuse de chaque côté du granit crânien, créant deux ouvertures par lesquelles sa Parole peut se frayer un passage jusqu’à l’esprit, jusqu’au cœur. Le résultat qui s’ensuit est que l’auditeur entend et répond: «Alors j’ai dit: “Me voici, je viens – dans le rouleau du livre il est écrit à mon sujet – pour faire ta volonté, mon Dieu. C’est ce que je désire, et ta loi est gravée au fond de mon cœur” » (Psaumes 40 :8-9). Les paroles des Écritures ne sont pas faites seulement pour êtres lues, mais pour être entendues. Elles sont destinées à aller droit au cœur!
L’importance d’avoir nos oreilles grandes ouvertes et bien «creusées» nous vient de la bouche de Jésus lui-même: «Que celui qui a des oreilles écoute» (Apocalypse 2 :7, 11, 17, 29 ; 3 :6, 13, 22). Il nous faut lire la parole de Dieu mais aussi prier que Dieu fasse entrer ses paroles dans nos têtes de granit pour que nous les entendions vraiment.
Murmurer
Quand le psalmiste parle de méditer la loi de Dieu jour et nuit (Psaumes 1 :2), il emploie un mot qui signifie «murmurer3 ». Ce même terme apparaît dans le psaume 2, au verset 2 pour décrire le complot des rois, et dans Ésaïe 59: 11 pour parler du murmure des colombes. En fait, Augustin a traduit ainsi le deuxième verset du psaume 1 : «De sa loi il cause jour et nuit4 ». La méditation est essentiellement verbale. Cela signifie donc que le psalmiste mémorisait la parole de Dieu, car il est impossible de murmurer sans arrêt l’Écriture sans l’avoir mémorisée, et vice versa.
Si nous appliquons ce principe à nos vies, il nous enseigne qu’en plus de notre lecture systématique de la Bible, nous devons choisir des passages qui nous touchent de façon particulière et les murmurer avec respect. Il pourra s’agir d’un seul verset, Philippiens 3: 10 (Français courant), par exemple, dont j’aime murmurer les quatre emphases:
Connaître le Christ et la puissance de sa résurrection, avoir part à ses souffrances et être rendu semblable à lui dans sa mort.
Dire et redire ainsi les Écritures, lentement et dans une attitude de prière, éveille nos yeux, nos oreilles et notre bouche, et perce le granit jusqu’à notre cœur, favorisant au maximum l’intériorisation et le recueillement. Certains textes bien connus et plus longs sont faits sur mesure pour la méditation. Les dix commandements, dont les quatre premiers décrivent nos devoirs envers Dieu et les six suivants envers notre prochain, devraient être régulièrement murmurés afin de s’examiner soi-même avec humilité (cf. Exode 20 : 1-17 et Deutéronome 5 : 1-22). Il y a aussi les huit béatitudes qui considèrent tour à tour ceux qui sont pauvres en esprit, pleurent devant le péché, sont doux, ont faim et soif de justice, sont miséricordieux, ont le cœur pur, procurent la paix ou sont persécutés. Le Notre Père débute par cette notion fondamentale: «Notre Père qui est aux cieux !» (Matthieu 6 : 9 – Colombe). Ensuite, il présente trois requêtes dirigées vers le haut, suivies de trois autres horizontales – un modèle parfait de prière et de méditation. Les possibilités sont infinies et comprennent, par exemple, le passage qu’on nomme kenosis, Philippiens 2 : 5-11, qui commence par ces mots: «Que votre attitude soit identique à celle de Jésus-Christ». Les paraboles de Jésus, les Psaumes et les épigrammes de Jacques sont également une nourriture spirituelle parfaite pour méditer. Les passages pratiques, autant que les passages plus mystérieux, peuvent apporter des éléments qui alimenteront l’humble murmure de notre âme.
Nous pouvons être mis au défi, convaincus et exaltés par l’appel à la méditation.
On peut qualifier de surnaturels les effets de la méditation:
• Elle restaure: «La loi de l’Éternel est parfaite, elle restaure l’âme» (Psaumes 19: 8 – Colombe).
• Elle donne la sagesse: «Le témoignage de l’Éternel est vrai, il rend sage celui qui manque d’expérience» (Psaumes 19:8); «Combien j’aime ta loi! Je la médite toute la journée. Tes commandements me rendent plus sage que mes ennemis, car je les ai toujours avec moi» (Psaumes 119 : 97-98).
• Elle fait grandir notre foi: «Ainsi la foi vient de ce qu’on entend et ce qu’on entend vient de la parole de Dieu» (Romains 10:17).
Peut-être que cette invitation à méditer vous a convaincu, vous êtes dans la joie et vous désirez relever le défi. Oui, mais comment vais-je m’y prendre? Les Écritures disent qu’il s’agit d’un exercice continuel, précisant que nous devons méditer «jour et nuit» (Psaumes 1 :2 et 119 :97), même quand nous ne dormons pas la nuit (Psaumes 63:7; 119:148). Idéalement, nous devrions inclure la méditation régulièrement dans notre temps de recueillement avec le Seigneur, murmurant humblement la Parole en secret. Mais même nos nombreuses activités quotidiennes peuvent être ponctuées de méditations bibliques: dans la voiture, à la pause de midi ou en attendant le bus. Choisissez un texte approprié, écrivez-le sur un morceau de papier et glissez-le dans votre poche. Sortez-le quand vous avez une minute. Murmurez-le. Apprenez-le par cœur. Faites-en une prière. Dites-le à voix haute. Partagez-le.
La discipline de la méditation n’est pas une option. Moïse a déclaré à Israël à la fin du Cantique de Moïse: «Prenez à cœur toutes les paroles que je vous supplie aujourd’hui de recommander à vos enfants […] En effet, ce n’est pas une parole sans importance pour vous: c’est votre vie» (Deutéronome 32:46-47).
Notes :
Eugène Peterson, Working the Angles (Grand Rapids, MI : Eerdmans, 1989), 70.
Peterson, Working the Angles, 70.
Edmund P. Clowney, CM* Christian Meditation(Nutley, NJ : Craig Press, 1978), 13.
Cité dans C. H. Spurgeon, The Treasury of David, vol. 1 (Londres : Passmore and Alabaster, 1884), 6.
Cet article est adapté du livre : « Homme de Dieu, exerce-toi à la piété » de Kent Hughes