Notre identité en Christ : justification, sanctification et glorification (Martha Peace)

Note : Dans cet article, une partie du cas d’Ashley vous sera présenté. Jeune femme universitaire, elle était venue à être obsédée par son poids et fut diagnostiquée avec une anorexie mentale. Après une chute dans la bibliothèque de l’école et un voyage aux urgences, quelques semaines après cet épisode, ses parents et elle vinrent me voir au bureau de counseling.

S’en suivirent alors plusieurs mois de rencontres qui aboutirent en une croissance personnelle et spirituelle impressionnante chez cette jeune femme. Ashley fut l’un de mes cas les plus difficiles avec une double urgence : son corps et son âme étaient menacés par les effets du péché. Mais, la grâce de Dieu s’est révélée supérieure aux péchés les plus asservissants.

En progressant pour voir et confesser ses péchés, et croître de façon pratique, quel était le but ultime d’Ashley ? Ressembler à Christ – être juste aux yeux de Dieu. Comment faire ? Comment cette jeune femme de vingt ans, émaciée, malmenée dans le tourbillon de ses désirs pécheurs pouvait-elle devenir une disciple mature de Jésus, totalement consacrée à sa Parole et à ses projets ? Une vue aérienne rapprochée au moyen du zoom (une perspective céleste) nous indique trois étapes : justification, sanctification et glorification. Dès les premières séances de ma relation d’aide avec Ashley, j’ai veillé à rester concentrée sur ces étapes.

1. La justification

Premièrement, la justification est l’oeuvre unilatérale de Dieu par laquelle il nous déclare justes à ses yeux parce que Christ a subi le châtiment total des péchés et que la vie parfaite de Jésus a été créditée sur notre compte moral.

Car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu ; et ils sont gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est en Jésus-Christ (Romains 3.23-24)

Tout vrai croyant en Jésus est uni à Christ dans sa mort, son ensevelissement et sa résurrection. Par la grâce de Dieu, le croyant participe réellement à la mort de Jésus qui annule la sanction et détruit le pouvoir du péché. Le croyant participe à l’ensevelissement de Jésus, par lequel l’ancienne nature pécheresse reste dans le tombeau. Le croyant devient vivant dans la résurrection de Jésus-Christ qui fait de lui un être nouveau partageant la vie nouvelle de Christ. Parce qu’Ashley était « en Christ », elle était justifiée avec Christ. Sa justification s’est opérée au moment où elle a pleinement placé sa confiance de Jésus. Cette déclaration divine est permanente, irréversible, invincible. Ashley était justifiée – complètement acceptée par Dieu.

2. La sanctification

Deuxièmement, la sanctification est « l’oeuvre continue de Dieu dans la vie du croyant et le rend saint. » Contrairement à l’acte instantané divin de la justification, la sanctification est progressive. La sanctification d’Ashley a commencé au moment où Dieu l’a sauvée, et se poursuivra jusqu’à sa mort ou au retour de Christ. C’est donc un processus à vie qui transforme, peu à peu, à l’image de Jésus.

La sanctification est à la fois l’oeuvre de Dieu et la nôtre : Dieu nous convainc de péché et nous exerce à la justice. Nous sommes tenus de « mettre en oeuvre [notre] salut avec crainte et tremblement » (Philippiens 2.12). Paul exhorte son élève Timothée à s’exercer « à la piété ; car… la piété est utile à tout : elle a la promesse de la vie présente et de celle qui est à venir » (1 Timothée 4.7,8). J’expliquai à Ashley que cet exercice personnel impliquait le renouvellement de son intelligence et, par la grâce de Dieu, de faire sans cesse ce qui est bien jusqu’à ce que cela devienne une bonne habitude. Je lui rappelai cette précieuse promesse de Romains 8.29 :

Car ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés à être semblables à l’image de son Fils.

Le processus de sanctification est aussi une promesse.

3. La glorification

Troisièmement, la glorification est l’étape finale (à la fois du point de vue chronologique et du point de vue conceptuel) de notre justice devant Dieu. La glorification est une autre oeuvre unilatérale de Dieu par laquelle il transforme à la fois l’âme et le corps en un être immortel, juste et sans péché. Ashley sera finalement indemne de péché lorsqu’elle ira au ciel pour être avec le Seigneur.

Les paroles glorieuses de Paul par lesquelles il décrit ce que nos corps seront lorsque nous ressusciterons à la fin des temps avaient de quoi nourrir l’espoir d’Ashley : notre corps ressuscitera « incorruptible », « glorieux », « plein de force », « spirituel ». Alors « nous porterons l’image du céleste [Jésus] » (voir 1 Corinthiens 15.42-49). Ce jour-là, « Jésus-Christ… transformera le corps de notre humiliation en le rendant semblable au corps de sa gloire » (Philippiens 3.21). Un jour, le corps d’Ashley sera parfait, mais pas faussement « parfait », comme elle l’avait envisagé. Sa vision du « parfait » l’avait asservie et menée aux portes de la mort. La version divine du « parfait » sera vraiment idéale, sans défaut et libre.

Un équilibre entre la confiance et l’action

Après mon explication des étapes de la justification, de la sanctification et de la glorification, Ashley eut l’air perplexe. « Mais on m’a toujours appris que si je fais un quelconque effort dans ma chair, je suis “en rupture de communion” avec Dieu. » Elle avait cru les mensonges bien intentionnés qu’elle devait se laisser aller et abandonner les commandes à Dieu, et que sa relation avec Dieu avait un interrupteur fantaisiste « marche-arrêt ». Elle avait besoin d’une rectification théologique sur l’équilibre entre la confiance et l’action, et sur la stabilité de sa relation avec Dieu.

« À vrai dire, nous devons nous efforcer de croître, lui ai-je répondu, et nous devons demander au Seigneur de nous y aider selon sa promesse, mais cette histoire selon laquelle nous sommes “tout à fait ou pas du tout” en communion avec Dieu est fausse. Un vrai croyant est en permanence justifié en Christ, et rien ne peut changer ce fait, pas même le péché qui subsiste chez le croyant. » Certes, le chrétien de nom a parfois besoin d’être averti que sa façon chronique de vivre dans le péché prouve qu’il ne s’est peut-être jamais converti (Matthieu 7.21-23), mais ce n’était pas ce qu’Ashley avait besoin d’entendre en ce moment.

Nos efforts plaisent à Dieu

Je lui donnai un exemple montrant comment son effort spirituel pourrait plaire au Seigneur au lieu de lui déplaire, comme on le lui avait enseigné : « Vous pouvez par exemple vous dire : “Je vais manger cette nourriture parce que j’aime le Seigneur et que c’est mon bonheur de lui être agréable. Il sera glorifié parce qu’il m’aidera à lui obéir.” » D’après la réaction d’Ashley, il était visible qu’elle remettait en question ce qui lui avait été enseigné dans ce domaine. Son espoir grandissait lentement.


Cet article est tiré du livre : Le counseling biblique et les cas difficiles de Stuart Scott & Heath Lambert