Notre opposition face à Dieu (John Piper)
L’origine profond de notre résistance
Ce qui nourrit notre résistance à la glorification divine trouve son origine très profondément. À la surface, on pourrait accuser Dieu, au point de vue moral, d’un égoïsme prétendu pour se justifier. Mais en réalité, il se trame dans notre for intérieur une rébellion qui ne s’oppose pas seulement à l’idée d’un Dieu qui s’exalte, mais à n’importe quel Dieu, qui existe et qui détient l’autorité sur le monde et sur l’humanité. Paul nous dit qu’il s’agit du signe distinctif du cœur humain qui ne bénéficie pas de la mort transformatrice de Christ et de l’œuvre de l’Esprit de Dieu :
L’entendement de la chair est hostile à Dieu, parce qu’elle ne se soumet pas à la loi de Dieu ; en effet, elle ne le peut pas. Ceux qui sont dans la chair ne peuvent pas plaire à Dieu (Ro 8.7,8, traduction personnelle).
La pensée de la chair et la pensée de l’Esprit
Paul oppose ceux qui ont « la pensée de la chair » et ceux qui ont celle de l’Esprit (Ro 8.6). Puis, il décrit ces derniers : « Pour vous, vous ne vivez pas selon la chair, mais selon l’Esprit, si du moins l’Esprit de Dieu habite en vous » (8.9). Quand l’Esprit de Dieu vient habiter en nous par la foi en Christ, nous n’avons plus la pensée de la chair, mais celle de l’Esprit (Ga 3.2). Sans l’Esprit, que l’on reçoit par la foi, nous sommes naturellement insoumis à Dieu et nous résistons à son autorité.
Par conséquent, notre plus grand problème vis-à-vis du concept d’un Dieu qui se glorifie ne réside pas dans le fait que nous n’apprécions pas le genre d’autorité qui recherche sa propre gloire. Notre dilemme provient de notre nature humaine déchue qui ne tolère aucune forme d’autorité divine sur notre vie. L’idée que Dieu ne nous semble pas attrayant parce qu’il agit pour sa gloire cache une résistance plus profonde : il ne nous plaît pas parce qu’il est Dieu.
Et si…
… Dieu n’était pas un tyran ?
Et si vous constatiez que Dieu, agissant constamment pour sa gloire, s’apparente moins à un tyran peu sûr de lui, qui est vaniteux et avide d’attention, et plus à la star d’un sport professionnel qui arrive en Porsche dans un quartier défavorisé parce qu’il aime sincèrement les jeunes des cités et qu’il veut leur offrir l’immense joie de pouvoir jouer avec leur héros ?
Et si l’appel de Dieu à contempler sa gloire ressemblait moins à un charlatan, qui accroche une plaque déclarant qu’il est le meilleur, qu’à un vrai docteur qui en installe une parce qu’il est, de fait, le plus qualifié, et le seul capable de réaliser l’intervention qui sauvera la population d’une maladie qui se propage ?
… Dieu n’était pas un professeur anxieux ?
Et si Dieu, révélant sa supériorité, s’avérait moins un professeur d’art anxieux, vantant les mérites de ses cours pour consolider sa réputation et attirer plus d’étudiants ; s’il était plutôt le meilleur artiste au monde qui se rend à l’université la plus pauvre pour annoncer qu’il va donner un cours absolument gratuit afin de révéler à l’élève le plus modeste les secrets de sa maîtrise exceptionnelle ?
Et si la promotion manifeste que Dieu fait de sa puissance n’était pas tant l’image d’un général militaire narcissique et assoiffé de gloire qui brigue la victoire en sacrifiant des milliers de soldats depuis son QG sécurisé derrière les lignes, mais plutôt celle du plus grand et du plus authentique général de tous les temps, qui triomphe et qui gagne sa renommée en mourant volontairement au front pour les troupes qu’il aime ?
… La beauté de Dieu atteint son paroxysme lorsqu’elle est partagée ?
Et si, en d’autres termes, on découvrait finalement que la beauté de Dieu atteint son paroxysme quand elle est partagée ? Et si l’attitude que l’on prenait pour de la promotion personnelle était, en fait, la volonté de partager le plus grand plaisir qui soit avec tous ceux qui l’acceptent ?
Et si tout finissait plutôt comme Jonathan Edwards le croyait ?
Il est certain que le bonheur des saints au ciel sera si grand que la majesté même de Dieu se verra révélée à l’extrême dans la grandeur, la magnificence et la plénitude de leurs réjouissances et de leur plaisir[1].
[1] Jonathan Edwards, The Miscellanies, miscellanies 833-1152, trad. libre, New Haven, Connecticut, Amy Plantinga Pauw, éd., Yale University Press, 2002, p. 189 (n° 934).
Cet article est tiré du livre : « La providence de Dieu » de John Piper