Notre rébellion contre Dieu est totale (John Piper)

Abstraction faite de la grâce de Dieu, il est impossible de prendre plaisir dans la sainteté de Dieu et d’être soumis dans la joie à son autorité souveraine.

Certes, des hommes totalement corrompus peuvent être très religieux et philanthropes. Il leur est possible de prier, de donner l’aumône et de jeûner, comme Jésus l’affirme dans Matthieu 6.1-18. Mais leur religion est une rébellion contre les droits de leur Créateur si elle n’émane pas d’un cœur semblable à celui d’un enfant qui se confie en la grâce de Dieu. La religion constitue l’un des principaux moyens par lesquels l’homme dissimule sa réticence à abandonner son autosuffisance, pour fonder tous ses espoirs sur la grâce imméritée de Dieu (Luc 18.9-14 ; Colossiens 2.20-23).

La totalité de notre rébellion est exprimée dans Romains 3.9,10,18 :

« … Car nous avons déjà prouvé que tous, Juifs et Grecs, sont sous l’empire du péché… Il n’y a pas de juste, pas même un seul… nul ne cherche Dieu… la crainte de Dieu n’est pas devant leurs yeux. »

L’homme naturel ne recherche pas Dieu

C’est un mythe de croire que l’homme, dans son état naturel, aspire réellement à trouver Dieu. L’homme recherche Dieu, mais non pas pour qui il est. Il cherche Dieu parce qu’il est celui qui peut le préserver de la mort ou accroître ses plaisirs mondains.

Indépendamment de la conversion, personne ne désire venir à la lumière de Dieu. Quelques-uns viennent à la lumière. Mais lisez ce que dit Jean 3.20,21 à leur sujet :

« Car quiconque fait le mal hait la lumière, et ne vient point à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dévoilées ; mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin qu’il soit manifeste que ses œuvres sont faites en Dieu. »

Assurément, ceux dont les œuvres sont conçues et préparées d’avance par Dieu viennent à la lumière. En dehors de cette œuvre de grâce accordée par Dieu, tous les hommes détestent la lumière de Dieu, et ne viendront pas à lui, de peur que leur péché ne leur soit exposé. C’est ce qu’on appelle, la rébellion totale.

« Nul ne cherche Dieu… la crainte de Dieu n’est pas devant leurs yeux. »

Dans sa rébellion totale, tout ce que fait l’homme est péché

Dans Romains 14.23, Paul dit : « Tout ce qui ne résulte pas de la foi est péché. » Par conséquent, si tous les hommes sont en rébellion totale, tout ce qu’ils accomplissent est le produit de la rébellion et ne peut honorer Dieu d’aucune manière, mais démontre au contraire la nature pécheresse de leur rébellion. Si un roi enseigne à ses sujets les rudiments du combat et que ces mêmes sujets se rebellent contre lui en utilisant les compétences acquises pour lui résister, ces dernières deviennent alors mauvaises.

Ainsi l’homme ayant été créé à l’image de Dieu peut faire beaucoup d’actes qui seraient louables s’ils étaient seulement produits au service de Dieu. Mais puisqu’ils sont motivés par le seul but de justifier leur rébellion, ils deviennent pernicieux et impurs.

Dans Romains 7.18, Paul déclare :

« Car je le sais : ce qui est bon n’habite pas en moi, c’est-à-dire dans ma chair. »

Cette confession radicale corrobore que rien de ce que nous pensons ou faisons, dans notre rébellion, ne peut être acceptable. Le fait que Paul qualifie sa dépravation avec les mots « dans ma chair » signifie qu’il consent à reconnaître l’excellence des œuvres que l’Esprit produit en lui (Romains 15.18). La « chair » est une allusion à l’homme dans son état naturel, séparé de l’œuvre de l’Esprit de Dieu. Ce que Paul affirme dans Romains 7.18 est donc que tout ce que nous pensons ou ressentons ne peut être bon sans l’œuvre de l’Esprit de Dieu.

Ce qui compte vraiment

Nous reconnaissons que les mots « bien » et « bon » possèdent un ensemble de connotations très vaste. Nous devrons les utiliser dans un sens plus limité pour parler des actions des hommes déchus, qui ne peuvent en réalité être bonnes. Par exemple, il nous faudra dire qu’il est bien que la plupart des incroyants ne tuent pas et que certains sont capables d’accomplir des gestes bienveillants. Lorsque nous désignons ces actions comme étant « bonnes », nous entendons qu’elles sont plus ou moins conformes au modèle de vie extérieure que Dieu a ordonné dans les Écritures.

Cependant, cette conformité extérieure ne peut être qualifiée de juste en rapport avec Dieu. Ces actions ne sont pas inspirées par la foi en Dieu ou la recherche de sa gloire. Ils ne reconnaissent pas Dieu comme étant la source de tout bien, ni ne lui rendent l’honneur qui lui est dû, bien que ce soit sa volonté en toutes choses (1 Corinthiens 10.31). Ainsi, ces « bonnes œuvres » font partie de notre état de rébellion et ne sont pas considérées comme « bonnes » au sens final, soit celui qui compte vraiment pour Dieu.


Cet article est tiré du livre : Les cinq points du calvinisme de John Piper