Obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes – Actes 4.19 (John MacArthur)

Pierre et Jean leur répondirent: Jugez s’il est juste, devant Dieu, de vous obéir plutôt qu’à Dieu; car nous ne pouvons pas ne pas parler de ce que nous avons vu et entendu. (Actes 4.19-20)

L’assurance inattendue de Pierre et de Jean et la présence de l’homme guéri à leurs côtés placent le sanhédrin dans une position impossible. Mais comme ils [voient] là près [des apôtres] l’homme qui [a] été guéri, ils [n’ont] rien à répliquer (pour le moment). La défense convaincante de Pierre à l’effet qu’il conduit les gens à Dieu au lieu de les en éloigner est incontestable. La promesse que Jésus a faite à ses apôtres de leur donner « des paroles et une sagesse telles que [leurs] adversaires ne pourront leur résister ou les contredire » (Lu 21.15) s’est accomplie.

Après avoir ordonné à Pierre et à Jean de sortir du sanhédrin, les membres de ce dernier [délibèrent] entre eux. Pierre a complètement retourné la situation, et la cour est maintenant suspendue tandis que les membres du sanhédrin se demandent : Que ferons-nous à ces hommes ? Il n’est pas facile de répondre à cette question. Pierre et Jean n’ont violé aucune loi et se sont bien défendus en s’appuyant sur les Écritures de l’Ancien Testament. De plus, il est risqué de les punir, car il est manifeste pour tous les habitants de Jérusalem qu’un miracle signalé a été accompli par eux. Toute la ville connaît maintenant la réalité de la puissance du Seigneur ressuscité. Même eux ne peuvent le nier. Malheureusement, même s’ils ne peuvent le nier, ils ne sont pas non plus prêts à l’accepter. Ils sont une illustration vivante de ce que notre Seigneur a dit : « la lumière étant venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises » (Jn 3.19). Tel est l’aveuglement dû au péché : ils connaissent la vérité, mais refusent de l’accepter, tout comme ils ont rejeté la vérité de la résurrection (Mt 28.11-15).

Le sanhédrin étouffe encore la vérité

Les membres du sanhédrin revivent ici leur pire cauchemar. Ils ont exécuté Jésus parce qu’il disait être le Messie. Non effrayés par ce fait, ses disciples vont maintenant partout en affirmant la même chose. Pire encore, ils proclament avec preuves irréfutables qu’il est ressuscité des morts. De plus, ils ont accompli un miracle pour authentifier leur prétention de représenter Dieu. Les membres du sanhédrin se sentent donc obligés de prendre des mesures afin que cet enseignement ne se répande pas davantage parmi le peuple. Ils doivent étouffer la vérité incriminante selon laquelle ils ont exécuté leur Messie. Ils décident donc d’essayer de contraindre les apôtres à se taire en leur défendant avec menaces de parler désormais à qui que ce soit en ce nom-là.

Leur décision prise, ils rappellent Pierre et Jean et leur défendent absolument de parler et d’enseigner au nom de Jésus. Ironiquement, à cette époque, on devait commander aux premiers croyants de se taire, alors qu’aujourd’hui on doit commander à de nombreux croyants de parler. C’était un carrefour important de l’histoire de l’Église. Si les apôtres avaient acquiescé à la demande du sanhédrin, toute la suite de l’histoire de l’Église aurait été radicalement différente. Tout dépendait de leur désir d’obéir à Dieu à tout prix – même au prix de leur vie.

La réponse de Pierre et Jean

Sans vaciller, Pierre et Jean répondent aussitôt qu’ils refusent d’obéir à l’ordre du sanhédrin. Ils font appel à une cour supérieure, en disant : Jugez s’il est juste, devant Dieu, de vous obéir plutôt qu’à Dieu devant la cour suprême d’Israël (voir Ac 5.29). Quelle cour est la plus élevée ? En faisant appel au juge divin, les apôtres contribuent à ce que le sanhédrin soit en proie à un dilemme : il ne veut certainement pas que Pierre et Jean continuent à parler, mais il ne peut tout de même pas leur dire d’obéir à des hommes plutôt qu’à Dieu. Pierre accuse à nouveau le sanhédrin d’être l’ennemi du Dieu qu’il dit représenter.

La limite de l’obéissance au gouvernement

De toute évidence, l’Écriture demande que les croyants obéissent à leur gouvernement. Pierre lui-même enseigne une telle obéissance dans 1 Pierre 2.13-17 (voir aussi Ro 13.1-7). La réaction de Pierre et de Jean marque, cependant, les limites de cette obéissance. Ils auraient volontiers obéi s’ils avaient pu le faire sans désobéir à leur Seigneur souverain. Toutefois, quand les commandements de Dieu s’opposent à ceux du gouvernement, on doit désobéir au gouvernement. Les actions des sages-femmes des Hébreux (Ex 1.15-17) et de Daniel (Da 6.4-10) illustrent aussi cette obligation.

L’attitude de Pierre et Jean

Bien que Pierre et Jean refusent d’obéir au sanhédrin, ils se montrent quand même respectueux. Ils ne plaident pas leur cause et ne prétendent pas se soumettre pour ensuite désobéir. Ils prennent plutôt le temps d’expliquer respectueusement qu’ils ne peuvent pas ne pas parler. Comme Paul, qui s’est exclamé : « malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile ! » (1 Co 9.16b), ils sont obligés de parler. Le contenu de leur message, ce qu’ils ont vu et entendu, souligne le fait qu’ils sont des témoins oculaires de la vie, de la mort et surtout de la résurrection de Jésus (voir 1 Jn 1.1,3). Une des façons évidentes pour le sanhédrin d’échapper à ce dilemme serait de nier que Jésus est ressuscité des morts. Or, le fait qu’il n’ait jamais tenté de le faire fournit une preuve écrasante en faveur de la résurrection de Jésus. Voici un commentaire de F. F. Bruce à ce sujet :

Il est particulièrement frappant que le sanhédrin n’ait pas, ni à cette occasion ni en aucune autre par la suite (pour autant que nous sachions), pris des mesures sérieuses pour désapprouver l’affirmation centrale des apôtres : la résurrection de Jésus. S’il avait semblé possible de les réfuter sur ce point, le sanhédrin se serait empressé de saisir l’occasion ! Et s’il avait réussi, le nouveau mouvement se serait rapidement et complètement effondré ! (The Book of the Acts, Grand Rapids : Eerdmans, 1971, p. 102.)

La réaction du sanhédrin

Les membres du sanhédrin sont acculés au pied du mur ; ils n’ont plus le choix. Ayant fait de nouvelles menaces aux apôtres, ils les [relâchent], ne sachant comment les punir. Ce n’est pas tant au nom de la justice qu’ils libèrent les apôtres que pour des raisons politiques d’ordre pratique. En effet, le sanhédrin craint la réaction du peuple, parce que tous [glorifient] Dieu de ce qui [est] arrivé. Car l’homme qui [a] été l’objet de cette guérison miraculeuse [est] âgé de plus de quarante ans. Pendant toutes ces années, il a eu ce défaut de naissance et tous le connaissent parce qu’il s’assoit chaque jour à la porte du Temple (Ac 3.2). La guérison est indéniable et puissante. Ceux qui, aujourd’hui, revendiquent la puissance de guérison apostolique ne s’avisent pas de l’utiliser dans des cas de défauts de naissance.

Au sein de la persécution, Pierre et Jean ont continué d’obéir à Dieu. Comme pour eux, aucun pot-de-vin et aucune menace ne devraient nous amener à être infidèles à notre Seigneur. Plus loin dans sa première lettre, sous l’inspiration du Saint-Esprit, Pierre décrira sa propre expérience :

Et qui vous maltraitera, si vous êtes zélés pour le bien ? D’ailleurs, même si vous souffriez pour la justice, vous seriez heureux. N’ayez d’eux aucune crainte, et ne soyez pas troublés ; mais sanctifiez dans vos cœurs Christ le Seigneur, étant toujours prêts à vous défendre avec douceur et respect, devant quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous (1 Pi 3.13-15).


Cet article est tiré du livre : Actes, 1-12 – John MacArthur de John MacArthur