On a d’autres chats à fouetter : la politique et la priorité de la formation de disciples
La mission de Jésus est plus importante que les élections. Bien plus importante.
L’appel du Grand Mandat à faire des disciples – à la fois évangéliser pour plus de quantité et aller en profondeur pour plus de qualité – relativise l’importance que les disciples de Jésus accordent à tout effort politique. Les chrétiens ne doivent pas s’acharner à gagner des élections, mais à faire des disciples. Nous mettons nos meilleurs œufs dans le panier de la formation de disciples, pas dans l’urne. Nous ne sommes pas surpris par la défaite à court terme (Apocalypse 13.7), mais nous misons sur le triomphe à long terme (Apocalypse 21.4). Perdre les élections, gagner le monde.
La confiance du chrétien n’est pas dans la politique. Notre espoir pour l’avenir n’est pas dans le candidat sortant ou son adversaire, mais dans le Dieu-homme qui promet qu’il bâtira son Église (Matthieu 16.18) et que son Évangile sera proclamé dans le monde entier comme un témoignage à toutes les nations (Matthieu 24.14). Et ses dernières instructions avant son ascension dans les cieux n’incluaient pas un mot sur la nécessité de l’activisme politique, mais se concentraient de manière claire et concise sur la formation de disciples.
Chrétiens, nous avons d’autres chats à fouetter.
Embourbés dans la boue
Il peut être plus facile de garder une vision de la vie et du ministère centrée sur le Grand Mandat lorsque nous ne sommes pas au milieu d’un cycle électoral. Mais alors que les élections approchent lentement, nous sommes frappés semaine après semaine, jour après jour, par des vagues successives de nouvelles, de conversations et de publicités politiques qui nous font subtilement oublier où se trouve notre véritable espoir et quelle est la véritable mission.
Si vous n’avez pas encore été frustré par les proportions épiques de ce genre de manipulations et de dérives, vous vous cachez peut-être dans un trou de hobbit. Si vous avez été dérouté par toute cette rhétorique et cette orientation, vous êtes en bonne compagnie. Vous êtes déçu par toutes les insultes et les jets de boue ? Bienvenue dans le club. Il existe de bonnes raisons chrétiennes d’être désabusé des campagnes politiques. Mais le désespoir total est un piège que l’Évangile chrétien voudrait nous faire éviter.
Attention à la supercherie
Mais ce qui est peut-être plus dangereux que la désillusion, c’est la supercherie, même chez les chrétiens, de croire que la politique peut vraiment nous apporter les solutions dont nous avons besoin. Qu’un gouvernement amélioré, qu’il soit plus grand ou plus petit – choisissez votre préférence – peut guérir ce qui ne va pas du tout avec la race humaine, et récupérer ce qui est allé terriblement mal dans nos cœurs.
Le gouvernement humain ne peut absolument pas fournir les remèdes définitifs, mais il est au mieux la bonté commune de Dieu envers nous pour maintenir quelques bonnes choses en place pendant que nous attendons la conquête du leader parfait par la formation de disciples. L’autorité humaine est « de Dieu, et celles qui existent ont été établies par Dieu » (Romains 13.1). Oui, nous devrions être profondément reconnaissants si nous vivons dans une république constitutionnelle fédérale, massivement reconnaissants pour le sang qui a été versé pour la fonder et la préserver, et profondément reconnaissants que notre lot ne soit pas la tyrannie, ou pire, l’anarchie. Le gouvernement est « serviteur de Dieu pour [notre] bien » (Romains 13.4).
La politique sous son meilleur jour
Paul appelle les chrétiens à « se soumett[r]e aux autorités qui nous gouvernent » (Romains 13.1), ce qui, dans un nombre croissant de systèmes mondiaux, inclut le droit et la responsabilité de voter. Si vous êtes désillusionné, voici un bon conseil de John Piper : « Dites à autant de personnes que vous le pouvez les bonnes raisons pour lesquelles vous êtes mécontent de tout cela ; puis allez aux urnes et prenez un risque proactif, en portant votre fardeau, plutôt que de rester à la maison et de prendre un risque réactif, en laissant tomber votre fardeau. » Être totalement dévoué à Jésus et à sa mission ne signifie pas rester à la maison le jour des élections, mais cela signifie une sorte de « vote comme si on ne votait pas ».
Mais pour beaucoup trop de chrétiens pratiquants, la politique est malheureusement plus proche de la divinité que de la déception. Nous devons entendre encore et encore que la politique ne peut pas guérir le cancer du péché humain, mais qu’au mieux, elle ne fait que ralentir la régression de notre qualité de vie à cette époque, alors que nous travaillons comme des étrangers et des exilés vers celle qui vient.
Un pied dans les cieux
Malheureusement, beaucoup trop de chrétiens pratiquants semblent avoir les deux pieds dans chaque élection – ce qui est un échec tragique en matière d’identité. Nous sommes de véritables citoyens ici, oui, mais ceux qui sont vraiment unis à Jésus ont une appartenance plus profonde et plus durable, dont les bénéfices dépasseront de loin toute autre appartenance. « Quant à nous, nous sommes citoyens des cieux, d’où nous attendons aussi comme Sauveur le Seigneur Jésus-Christ. Il transformera notre corps de misère pour le rendre conforme à son corps glorieux par le pouvoir qu’il a de tout soumettre à son autorité » (Philippiens 3.20-21). Notre palette de couleurs est davantage le cramoisi de l’Évangile que toute couleur nationale liée à un pays donné.
Avec un pied au ciel – où l’homme qui a notre allégeance la plus sincère est assis à la droite de Dieu, exerçant toute autorité dans l’univers et sur toute élection – nous sommes libres de nous engager dans la politique d’une manière qui ne soit pas dévorante. Ici, l’Église est encouragée par ses membres à maintenir une perspective prophétique et à ne pas devenir le laquais d’un candidat politique ou d’une initiative législative particulière. Les chrétiens individuels sont libres de s’engager dans leur vocation politique personnelle, à condition que cela ne devienne pas leur tout, et ils acceptent volontiers de ne pas pousser « l’organisation de l’Église ou ses pasteurs à l’activisme politique », mais d’insister pour que le précieux capital limité de l’Église pour la formation de disciples ne soit pas gaspillé pour d’autres causes.
Faire de l’Évangile la question clef
Mais cela va au-delà de l’identité personnelle, il s’agit d’aimer les autres et de vouloir leur bien éternel, pas seulement leur vote. Cela revient à la réputation de Jésus et à l’avancement de l’Évangile dans une société de plus en plus post-chrétienne. Nous voulons que ce soit notre Évangile qui soit la question clef, et non nos choix politiques.
Lorsque le chrétien se souvient que nous avons d’autres chats à fouetter que de se préoccuper des prochaines élections, nous sommes prêts à nous orienter vers le progrès de l’Évangile à long terme plutôt que vers l’opportunisme politique à court terme. Nous sommes prêts à nous rappeler que toutes ces élections ne sont pas un indicateur de notre fécondité spirituelle au cours des quatre dernières années. Elle se mesure plutôt à notre fidélité à faire des disciples au cours de la dernière génération. Vous voulez changer le paysage ? Investissez, comme Jésus, en profondeur dans quelques personnes et enseignez-leur à faire de même, et le monde sera peut-être différent dans quarante ans. Si cela peut vous aider, considérez que vous vous mettez au travail dès maintenant pour la campagne de 2052. Plus important que les personnes pour lesquelles nous votons aujourd’hui, ce sont les personnes que nous formons dès maintenant.
En nous rappelant que la formation de disciples est notre priorité, nous pourrions y réfléchir à deux fois avant de rebuter nos voisins par nos positions politiques. Nous pourrions reconsidérer le fait de déconcerter nos collègues non-croyants en plaquant le nom d’un candidat sur notre pare-chocs. Nous pourrions nous joindre à l’apôtre et veiller à « ne pas créer d’obstacle à l’Évangile de Christ » (1 Corinthiens 9.12), sachant que nous avons d’autres chats à fouetter que d’être obsédés par les élections politiques. Mieux vaut gagner un voisin à Jésus pour toujours que de tordre quelques bras indécis pour une cause éphémère.
Changer le monde pour de vrai
La saison électorale n’est pas le moment de faire une pause dans le travail de formation de disciples du Grand Mandat, ou de voir si nous pouvons faire des économies sur « l’avancée du royaume » en mettant les bons gars au pouvoir ou en faisant passer des référendums au peuple. En tout cas, pas pour le chrétien.
S’il vous plaît, votez. Oui, impliquez-vous autant que vous pouvez le supporter. Mais, chrétiens, ne vous laissez pas absorber. La politique n’est pas notre vie. Nous avons d’autres chats à fouetter. La politique et la formation de disciples sont toutes deux importantes, mais une seule est la prescription de Jésus pour changer le monde.à
Cet article est une traduction de l’article anglais « Bigger Fish to Fry: Politics and the Priority of Disciplemaking » du ministère Desiring God par Timothée Davi.