Pourquoi devrions‑nous étudier les dix commandements ? (Kevin DeYoung)
Autrefois, la réponse à cette première question était évidente. Tout le monde savait, chrétiens ou non, que les dix commandements étaient importants. Aujourd’hui toutefois, même dans les églises, il y a parfois un profond désintérêt, voire un malaise à l’idée de passer du temps à étudier le code moral de la Bible. Nous avons besoin d’être à nouveau convaincus que les dix commandements ont de l’importance et méritent notre plus grande attention. Voici cinq raisons à cela.
Cinq raisons pour lesquelles nous devrions étudier les dix commandements
Raison no 1 : L’ignorance générale
Pour commencer, la plupart des gens ne connaissent tout simplement pas les dix commandements. De moins en moins d’Églises les lisent durant les cultes et les enfants ne les apprennent plus par cœur. Il serait probablement très embarrassant, autant pour les enfants que pour les adultes, de se retrouver devant tout le monde un dimanche matin et de devoir réciter le décalogue.
Dans l’Église, il y a un risque que l’ignorance s’installe, mais en dehors, c’est déjà presque le cas. Une étude récente a révélé que la plupart des gens sont incapables de citer les dix commandements. En fait, nous sommes plus nombreux à savoir qu’un Big Mac contient deux galettes de bœuf haché que de savoir que « tu ne tueras point » est l’un des dix commandements.
Le code de droit le plus influent de l’histoire de l’humanité
Je n’exagère pas en disant que ces dix paroles transmises sur le mont Sinaï constituent le code de droit le plus influent de l’histoire de l’humanité. C’est pour cette raison que vous trouverez Moïse ou les dix commandements (certes parmi d’autres symboles et d’autres législateurs) dans au moins trois ornements architecturaux différents du bâtiment de la Cour suprême des États-Unis.
« Vous les observerez et vous les mettrez en pratique, car ce sera là votre sagesse et votre intelligence aux yeux des peuples, qui entendront parler de toutes ces lois et qui diront : cette grande nation est un peuple absolument sage et intelligent ! » (De 4.6.)
Cela s’est avéré exact. Les commandements donnés à la nation d’Israël, tels qu’ils sont consignés dans les Écritures, ont été diffusés dans le monde entier. Que nous pensions qu’ils sont justes ou non, nous devrions les connaître ne serait-ce que par intérêt pour l’Histoire du monde, et en particulier celle de l’Occident.
Raison no 2 : Une instruction historique
Au cours de l’Histoire, l’Église a placé les dix commandements au cœur même de son ministère d’enseignement, en particulier celui dispensé aux enfants et aux nouveaux croyants. Durant des siècles, la formation catéchétique était fondée sur trois choses : le symbole des Apôtres, le Notre Père et les dix commandements. En d’autres termes, lorsque les gens posaient des questions telles que : « Comment devient-on un disciple ? Comment enseigner la Bible à nos enfants ? Que doivent connaître les nouveaux convertis au sujet du christianisme ? », leurs réponses incluaient systématiquement les dix commandements.
Dans le Catéchisme de Heidelberg par exemple, sur les cinquante-deux jours du Seigneur, onze sont dédiés aux dix commandements. Il en va de même pour quarante-deux des cent sept questions du Petit Catéchisme de Westminster, pour plus de la moitié du Grand Catéchisme de Martin Luther, et pour cent vingt pages sur sept cent cinquante du Catéchisme de l’Église Catholique. Dans diverses traditions, on a historiquement mis l’accent sur les dix commandements.
Raison no 3 : Une place centrale dans l’éthique mosaïque
Les dix commandements sont au cœur de l’éthique de l’alliance mosaïque. Nous voyons cela dès le prologue. Un changement important se produit dans Exode, au début du chapitre 20. Dieu ne dit plus à Moïse de descendre et de transmettre un message au peuple. C’est pourtant de cette façon qu’il avait opéré au chapitre 19. Au chapitre 20, en revanche, Dieu prononce « toutes ces paroles » (v. 1) directement aux Israélites. Voilà pourquoi à la fin des dix commandements, le peuple crie à Moïse : « parle-nous toi-même, et nous écouterons, mais que Dieu ne nous parle point, de peur que nous ne mourions » (Ex 20.19). Ils étaient trop terrifiés à l’idée que Dieu leur parle sans utiliser de médiateur. Cela en dit long sur la manifestation spectaculaire de la puissance de Dieu dans les chapitres 19 et 20, en plus de souligner l’importance du décalogue.
Par ailleurs, le langage utilisé au verset 2 est un écho volontaire de l’appel de Dieu pour Abraham. Regardez les similitudes :
Je suis l’Éternel, qui t’ai fait sortir d’Ur en Chaldée (Ge 15.7).
Je suis l’Éternel, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte (Ex 20.2).
Lors de ces grands moments de l’histoire de la rédemption, d’abord avec Abraham, et maintenant avec Moïse et le peuple d’Israël au pied du mont Sinaï, Dieu dit en fait : « Je suis l’Éternel qui t’ai fait sortir de cet étrange pays, pour être ton Dieu et pour te donner cette parole spéciale. »
Certaines personnes, incluant des spécialistes de l’Ancien Testament, diront : « Eh bien, regardez, il y a toutes sortes de commandements. Les dix commandements sont concis, et ils ont joué un rôle important dans l’histoire de l’Église, mais ils ne sont qu’une introduction à la loi donnée à Moïse. Il en existe des centaines dans le Pentateuque, et la Bible ne dit jamais que ces dix-là constituent à eux seuls une catégorie à part. »
Nous ne devrions pas sous-estimer l’envergure particulière des dix commandements dans l’Israël antique
Bien qu’il soit vrai que la Bible ne dise pas de mettre les dix commandements en caractères gras, nous ne devrions pas sous-estimer leur envergure particulière dans l’Israël antique. Ils ont été énoncés de la bouche même de Dieu, tandis qu’il parlait face à face avec le peuple (De 5.1-5). Puis, ils leur sont parvenus à haute voix, depuis le mont Sinaï, du milieu du feu, des nuées et d’une intense obscurité (De 5.22-27). Exode 20 représente un point culminant dans la vie d’Israël, sur le plan textuel, mais aussi spirituel. Il n’est pas étonnant que les tables de l’alliance, avec la manne et le bâton d’Aaron, aient été placés à l’intérieur de l’arche de l’alliance (Hé 9.4).
Plusieurs autres lois s’ajouteront par la suite à l’Ancien Testament. Cependant, ces dix premières sont fondamentales pour le reste des lois. Les dix commandements sont en quelque sorte la constitution d’Israël, et ce qui suit représente les ordonnances juridiques. Le don de la loi change brusquement du chapitre 20 aux chapitres 21 et 22. Les dix commandements sont des normes claires, certaines et absolues au sujet du bien et du mal. C’est au chapitre 21 que l’on passe à l’application. Dans les chapitres 21 et 22, on peut voir qu’il y a un langage distinctif au début de chaque paragraphe : des mots comme « quand », « quiconque » et « si ».
Il s’agit de la jurisprudence destinée à appliquer les dispositions constitutionnelles qui avaient été gravées dans la pierre sur le mont Sinaï. Dès le début de l’existence d’Israël en tant que nation, les dix commandements avaient une place particulière dans l’établissement des lois qui régissaient leur vie communautaire.
Raison no 4 : Une place centrale dans l’éthique du Nouveau Testament
Les dix commandements sont également au cœur de l’éthique du Nouveau Testament. Prenez Marc 10.17 par exemple. Il s’agit du passage où le jeune homme riche accourt vers Jésus et lui demande :
« Que dois-je faire pour hériter la vie éternelle ? » Jésus lui répond : « Tu connais les commandements. » Puis, il énumère la seconde table de la loi, les commandements qui se rapportent à notre prochain : « Tu ne commettras point d’adultère, tu ne tueras point, tu ne déroberas point, tu ne diras point de faux témoignage, tu ne feras tort à personne, honore ton père et ta mère » (v. 19).
À vrai dire, Jésus ne lui présente pas le chemin pour mériter la vie éternelle. Lorsqu’on connaît la suite de l’histoire, on sait qu’il prépare en réalité le jeune homme à la chute, car le seul commandement auquel ce dernier n’obéit pas est en effet le seul que Jésus omet de citer, c’est-à-dire « tu ne convoiteras point » (v. 20-22). Or, il est intéressant de noter que lorsque Jésus doit faire un résumé pratique de nos devoirs envers notre prochain, il va directement au décalogue.
On constate un phénomène similaire dans Romains 13. Lorsque l’apôtre Paul veut résumer ce que signifie être un chrétien qui vit dans l’obéissance à Dieu, il cite les dix commandements.
Ne devez rien à personne, si ce n’est de vous aimer les uns les autres, car celui qui aime les autres a accompli la loi. En effet, les commandements « tu ne commettras point d’adultère, tu ne tueras point, tu ne déroberas point, tu ne convoiteras point », et ceux qu’il peut encore y avoir, se résument dans cette unique parole : « tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Ro 13.8,9).
Respecter les dix commandements équivaut à aimer son prochain
Paul explique, tout comme Jésus l’avait fait avant lui, que respecter les dix commandements équivaut à aimer son prochain. Lorsque nous aimons, nous honorons les commandements, et lorsque nous obéissons aux commandements, nous accomplissons la loi de l’amour.
Paul fait une chose semblable dans 1 Timothée 1. Il explique que la loi est bonne si on en fait un usage légitime (v. 8). Aux versets 9 et 10, Paul procède au défilement de la seconde table de la loi, et fait allusion aux « parricides » (violation du cinquième commandement), aux « meurtriers » (violation du sixième commandement), aux débauchés et aux homosexuels (violation du septième commandement), aux « voleurs d’hommes » (violation du huitième commandement) et enfin, aux menteurs et parjures (violation du neuvième commandement). Cette fois encore, lorsque Paul a besoin d’une manière identifiable pour résumer les instructions éthiques données au peuple de Dieu, il se tourne vers les dix commandements.
Selon la tradition juive, il y a 613 lois dans le Pentateuque. Elles sont toutes importantes, car elles nous enseignent des notions sur l’amour pour Dieu et notre prochain. Toutefois, ces 613 lois peuvent être synthétisées par les dix commandements, qui peuvent eux-mêmes être résumés par ceux-ci : tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée, et tu aimeras ton prochain comme toi-même (Mt 22.37-40). De toute évidence, Jésus a métamorphosé les dix commandements, comme nous le verrons plus tard, mais il n’a jamais été question de les abolir (Mt 5.17).
La loi nous fait tomber à genoux, nous révèle notre péché et nous conduit à la croix. Nous avons besoin de pardon. Aucun de nous ne respecte parfaitement ces ordres. En même temps, pour ceux qui ont été pardonnés et qui connaissent Christ, nous voyons dans l’Ancien Testament comme dans le Nouveau Testament que les dix commandements sont fondamentaux pour mener une vie d’obéissance qui plaît à Dieu.
Raison no 5 : La loi est bonne
Enfin, nous devons étudier le décalogue, car les commandements sont bons. Nous trouvons étrange que le psalmiste dise qu’il trouve son plaisir dans la loi de l’Éternel (Ps 1.2). Nous pouvons concevoir qu’on puisse trouver du plaisir dans l’amour de Dieu, sa grâce ou ses promesses, mais comment peut-on dire cela de sa loi ? Qui aime les commandements ? Eh bien, c’est le cas du psalmiste. Il comprend que Dieu établit ses lois pour notre bien, et non pas pour notre mécontentement. La bonne nouvelle de la loi, comme C. S. Lewis l’a un jour fait remarquer, est comme le plaisir de marcher sur un sol solide après avoir emprunté un raccourci dans la vase, le fumier et la boue. Après avoir titubé dans un marécage visqueux et nauséabond, on est soulagé d’être enfin sur la terre ferme, un sol auquel on peut se fier et sur lequel on peut compter.
Avez-vous déjà réfléchi au fait que la vie serait tellement meilleure si tout le monde observait les dix commandements ? Nous pouvons nous plaindre au sujet des lois et des règlements, mais pensez à quel point le monde serait un endroit merveilleux si tout le monde obéissait à ces dix règles. Si chacun les respectait, nous n’aurions pas besoin de formuler de lois sur les droits d’auteur, les brevets ou les droits de propriété intellectuelle. Nous n’aurions pas besoin de fermer nos portes à clé ou de nous protéger contre la fraude. Nous n’aurions pas besoin de dépenser de l’argent pour des armes ou des systèmes de défense. Nous n’aurions pas besoin de tribunaux, de contrats ou de prisons. Pouvez-vous imaginer à quoi ressemblerait la vie si les gens observaient les dix commandements ? La loi n’est pas une mauvaise chose : elle est bonne, juste et sainte (Ro 7.12).
Cet article est tiré du livre : Les dix commandements de Kevin DeYoung