Pourquoi est‑ce que je désire être pardonné ? (John Piper)

Considérez cette illustration pour mieux comprendre ce que j’essaie d’exprimer. Supposons qu’un matin, à mon lever, en me rendant aux toilettes, je trébuche sur du linge sale que ma femme a laissé par terre, dans le couloir. Plutôt que de simplement le déplacer moi-même et de présumer de la bonne foi de la part de ma bien-aimée, je réagis de manière tout à fait exagérée et je décide de l’apostropher à son réveil. Après s’être levée, ma douce moitié
s’occupe du linge sale et me précède en descendant l’escalier. Son silence et ma conscience me font savoir que notre relation connaît actuellement de graves difficultés.

Comme je descends l’escalier à mon tour, ma conscience me condamne. Il est vrai que ce linge sale n’aurait pas dû se trouver dans le couloir et que j’aurais pu me casser le cou en trébuchant sur ces vêtements. Cependant, ces pensées ne sont que les expressions de ma chair. En réalité, ma réaction a pris des proportions démesurées. Non seulement mes paroles étaient beaucoup trop dures par rapport à la faute, mais la Bible m’enseigne aussi à être rempli de grâce. « Pourquoi ne souffrez‑vous pas plutôt quelque injustice ? Pourquoi ne vous laissez‑vous pas plutôt dépouiller ? » (1 Co 6.7.)

Comme j’entre dans la cuisine, l’atmosphère y est glaciale et ma femme me fait volontairement dos en s’affairant au comptoir. Que doit-il se passer ensuite ? La réponse est claire : il me faut m’excuser à ma femme et lui demander pardon. Ce serait la chose à faire. Cela dit, voici où je souhaite en venir :

  • pourquoi est‑ce que je désire qu’elle me pardonne ?
  • Pour qu’elle me prépare mon petit-déjeuner préféré ?
  • Pour que ma culpabilité disparaisse et que je puisse me concentrer au travail ?
  • Pour que nous puissions jouir de moments intimes ce soir ?
  • Pour que les enfants ne prennent pas conscience de notre conflit ?
  • Pour qu’elle admette enfin qu’elle aurait dû déposer ce fameux linge sale ailleurs ?

Il se pourrait bien que tous ces scénarios se concrétisent, mais chacun d’eux constitue un motif déficient pour ma demande de pardon. La réponse correcte est plutôt la suivante : je veux que ma femme me pardonne afin de continuer à jouir d’une douce communion avec elle. Ma bien-aimée est ainsi elle‑même la raison pour laquelle je désire son pardon. Je veux que notre relation soit restaurée. Le pardon constitue simplement le moyen par lequel nous nous débarrassons des obstacles sur notre route afin de pouvoir nous regarder de nouveau l’un et l’autre avec joie.

Seriez‑vous heureux au ciel si Dieu en était absent ?

Ce que je cherche à démontrer dans le présent ouvrage, c’est que tous les événements et toutes les bénédictions de l’Évangile ne sont que des moyens de franchir les obstacles qui nous séparent d’une connaissance et d’une jouissance profondes de Dieu. La propitiation, la rédemption, le pardon, l’imputation, la sanctification, la
libération, la guérison, le ciel, tous ces éléments ne sont une bonne nouvelle que dans la mesure où ils nous mènent à Dieu, en qui nous trouvons notre plaisir pour l’éternité. Si nous croyons que toutes ces vérités se sont réalisées dans notre vie, mais que nous ne les accueillons pas dans le but de nous approcher de Dieu, elles ne se
sont donc pas réellement produites en nous. Christ n’est pas mort pour pardonner les péchés à des êtres qui continuent de chérir davantage toute autre chose que Dieu, mais pour qu’ils puissent le contempler et le savourer. Les gens qui croient qu’ils peuvent être heureux au ciel sans la présence de Christ ne s’y trouveront pas.
L’Évangile n’est pas le moyen de conduire des humains au ciel, mais de les amener à Dieu. Il est la solution pour nous faire franchir tout obstacle qui nous empêcherait de trouver la joie éternelle en Dieu. Si nous ne désirons pas Dieu par‑dessus tout, nous ne nous sommes pas convertis à l’Évangile.


Cet article est adapté du livre : Dieu est l’Évangile de John Piper