Pourquoi honorer vos parents vous aide à aimer votre prochain (Kevin DeYoung)

Rendez l’honneur à qui vous devez l’honneur

Honore ton père et ta mère, afin que tes jours se prolongent dans le pays que l’Éternel, ton Dieu, te donne.

– Exode 20.12

Le chapitre 31 d’Exode rapporte que Moïse est descendu du mont Sinaï avec deux tables de pierre. Bien que nous disions « les deux tables de la loi », elles n’étaient certainement pas divisées en deux. Il s’agissait plutôt de deux exemplaires de la même loi. Cette pratique était assez courante lorsque des alliances étaient formées au Proche‑Orient ancien. Chaque partie engagée en recevait un exemplaire. Puisqu’on ne pouvait pas simplement employer un photocopieur, il fallait les graver sur deux pierres différentes. Un exemplaire de la loi a été déposé dans l’arche de l’alliance pour le Seigneur, et le peuple a conservé l’autre pour s’en souvenir.

En théorie, les deux tables de la loi étaient les mêmes. Or, sur le plan historique, les chrétiens ont fait une distinction entre les deux : la première table décrivait nos obligations verticales, soit celles à exercer envers Dieu, et l’autre nos obligations horizontales, celles envers notre prochain. Certaines preuves soutiennent que la pensée des juifs et celle des chrétiens allaient dans le même sens. Le Nouveau Testament compte plusieurs passages dans lesquels seuls les commandements de la seconde table sont listés, comme celui de l’entretien de Jésus avec le jeune homme riche dans les Évangiles. De même, dans Romains 13 et 1 Timothée 1, l’énumération des commandements de la « seconde table de la loi » progresse par étape. Jésus semble opérer de cette façon lorsqu’il dit : 

Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. C’est le premier et le plus grand commandement. Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi‑même. De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes (Mt 22.37‑40).

« Honore ton père et ta mère » est la fondation sur laquelle est construit l’amour du prochain

Ce cinquième commandement est par conséquent une transition entre la première et la deuxième table. Si le fondement de la première table est le premier commandement, le cinquième est celui de la deuxième table. Nous ne voyons peut‑être pas les choses de cette façon, mais c’est certainement le cas. « Honore ton père et ta mère » est la fondation sur laquelle est construit l’amour du prochain.

La relation que nous entretenons avec nos parents façonne toutes nos autres relations

En effet, la relation que nous entretenons avec nos parents est la première et la plus importante. Elle façonne toutes les autres relations. Lorsque vous croisez un étudiant gentil, attentionné et compétent dans un de vos cours (que vous soyez enseignant au collège ou étudiant à l’université) ou que vous rencontrez un individu dans votre milieu de travail qui semble assidu, consciencieux, responsable et attentif, c’est souvent à ses parents que vous devez être reconnaissants. Bien sûr, il y a toutes sortes d’exceptions : de bons parents avec de mauvais enfants, et de mauvais parents avec de bons enfants. Mais en général, c’est ainsi que le monde fonctionne, et c’est ainsi que Dieu a établi et conçu les choses.

Cette relation avec nos parents nous enseigne ce que signifie être sous l’autorité de quelqu’un, écouter les autres, les honorer et accomplir des choses que nous n’avons pas toujours envie de faire. D’autres personnes ont voix au chapitre en ce qui nous concerne, et nous devons par conséquent croire qu’ils en savent plus que nous. Augustin a dit : 

« Celui qui n’honore pas ses parents, qui l’épargnera ? » 

C’est auprès d’eux que nous apprenons à vivre avec d’autres personnes. C’est au foyer que nous apprenons qu’il existe des structures d’autorité dans le monde. C’est au sein de la famille que nous apprenons le respect et l’obéissance et, il faut l’espérer (si c’est une bonne famille), l’amour et la protection.

Il n’est donc pas surprenant de constater que lorsque les régimes totalitaires ont tenté, au cours de l’histoire, d’exercer un contrôle sur les populations, l’un des principaux mécanismes utilisés consistait à rompre cet attachement à la famille. Ainsi, ils ont fait de l’allégeance à l’État la pierre angulaire de la société, la substituant à l’honneur dû aux parents. Le pouvoir de l’État et le pouvoir de la famille sont souvent inversement liés : l’un s’accroît au fur et à mesure que l’autre diminue.

L’amour du prochain commence par le fait d’écouter ses parents

Je ne veux pas m’attarder sur ce point par ailleurs très vaste, mais j’aimerais que vous compreniez que le cinquième commandement implique beaucoup plus que le fait de dire à ses enfants : « Allez prendre un bain quand papa et maman vous disent de vous laver. » Les civilisations, les sociétés, les cultures et les pays ne peuvent pas s’épanouir en dehors de l’ordre social, de la confiance et du respect mutuel. Tout cela doit être enseigné et acquis au sein du nid familial. Je n’exagère pas quand je dis que l’amour du prochain commence par le fait d’écouter ses parents.

Le poids de l’honneur

« Honore ton père et ta mère » est un commandement sérieux. Regardez ce que Moïse ajoute plus loin dans le Pentateuque : 

Si un homme a un fils indocile et rebelle, n’écoutant ni la voix de son père, ni la voix de sa mère, et ne leur obéissant pas même après qu’ils l’ont châtié, le père et la mère le prendront, et le mèneront vers les anciens de sa ville et à la porte du lieu qu’il habite. Ils diront aux anciens de sa ville :

Voici notre fils qui est indocile et rebelle, qui n’écoute pas notre voix, et qui se livre à des excès et à l’ivrognerie. Et tous les hommes de sa ville le lapideront, et il mourra. Tu ôteras ainsi le mal du milieu de toi, afin que tout Israël entende et craigne (De 21.18‑21).

Il y a fort à parier qu’ils obéissaient et éprouvaient de la crainte ! Certes, nous vivons aujourd’hui selon le système du salut du Nouveau Testament. Toutes ces infractions civiles ont maintenant été transposées dans l’organisation de l’Église, par la structure, l’adhésion des membres et la discipline. Nous comprenons néanmoins à quel point cette infraction était grave.

L’histoire du fils prodigue

D’ailleurs, ce passage du Deutéronome nous donne une compréhension plus profonde de l’histoire du fils prodigue et à quel point elle était choquante et remarquable. Ce dernier s’est enfui. Il s’est livré à des excès de boire et de manger. Et pourtant, alors que son père aurait dû l’amener devant les anciens pour qu’il soit lapidé, il a plutôt couru vers lui quand il était encore loin, en lui disant : 

« Mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé » (Lu 15.24). 

C’est une bonne nouvelle pour les enfants rebelles.

Dans Exode 21, Lévitique 20 et Proverbes 20 et 30, nous lisons également que le fait de maudire ses parents était punissable de mort. Calvin a écrit : 

« Tous ceux qui s’en prennent à l’autorité paternelle, pour la mépriser ou se rebeller contre elle, sont des monstres, pas des hommes ! »

Vos enfants veulent‑ils se déguiser en monstres pour l’Halloween ? C’est simple : ils n’ont qu’à ne pas écouter leurs parents. Cela les transforme en véritables monstres. Selon Calvin, s’ils ne reconnaissent pas ceux-là mêmes qui, par leurs efforts, ont permis qu’ils voient le jour, ils ne méritent pas les bienfaits de la vie. C’était une époque différente, et nous avons aujourd’hui une attitude différente à l’égard de la parentalité. Toutefois, nous avons parfois besoin d’une voix vieille de cinq cents ans pour nous rappeler l’aspect solennel de ce commandement.


Cet article est tiré du livre : Les dix commandements de Kevin DeYoung