Pourquoi l’espoir repose-t-il sur une personne? (Paul Tripp)
Si vous désirez aider quelqu’un, la première étape consiste à diagnostiquer son problème et à trouver la solution. Vous vous rendez chez votre mécanicien parce qu’il trouvera la cause des ennuis mécaniques de votre voiture et la remettra en bon état de marche. Il en va de même pour toute position digne de confiance visant le changement personnel. Une telle perspective doit poser le bon diagnostic concernant les difficultés en cause et appliquer le remède nécessaire au changement.
Nous touchons au point où la culture commet une grave erreur. En rejetant une vision biblique de l’humanité, le monde écarte tout espoir de répondre avec justesse à la question : « Qu’est-ce qui ne va pas? » En énonçant une réponse erronée, comment pourra-t-on apporter une solution adéquate au problème ?
Qu’est-ce qui pousse les gens à agir comme ils le font? Mon problème se règlera-t-il par l’accès à une information pertinente ? Une meilleure compréhension basée sur des recherches scientifiques m’aidera-t-elle à trouver une solution ? Mes expériences antérieures m’empêchent-elles d’avancer ? Si je réussis à régler certains éléments de mon passé, serai-je libéré ? Ou encore, mon dérèglement est-il essentiellement biologique ? Pourrai-je rétablir l’harmonie en retrouvant l’équilibre chimique de mon corps ? Enfin, existe-t-il une réalité plus profonde qui identifie le problème à un autre niveau ? La réponse des Écritures à cette dernière question est claire et retentissante : « Tout à fait ! »
Les Écritures admettent que je manque d’informations puisque je ne connais pas ce que je devrais connaître. Elles ne minimisent pas l’impact des expériences, mais affirment que le cœur du problème précède toute expérience et est enfoui encore plus profondément en nous. La Bible reconnaît également qu’il existe une interaction complexe entre nos natures spirituelles et physiques, mais le fondement de nos difficultés ne se trouve pas dans la biologie. De ce fait, la Bible se démarque complètement de notre culture.
La Bible déclare que le cœur du problème, la principale raison pour laquelle nous agissons comme nous le faisons, est le péché. Soyons plus précis. L’Écriture définit le péché comme un état entraînant des comportements. Nous sommes tous pécheurs et ainsi, nous commettons de mauvaises actions. C’est pourquoi j’ai affirmé précédemment que notre problème fondamental précède toute expérience. David l’a magnifiquement exprimé dans le Psaume 51 : « Voici : je suis né dans la faute, et ma mère m’a conçu dans le péché » (verset 7). Il affirme en réalité : « Je me heurte à un obstacle de taille depuis ma naissance. Il me hantait longtemps même avant mes premières expériences. Quelque chose ne tourne pas rond chez moi et influe profondément sur ma manière d’agir en tant qu’être humain. » Les conséquences de cette affirmation ont l’effet d’une bombe. Je ne peux échapper au péché parce qu’il fait partie de ma nature. Il imprègne tout ce que je pense, dis ou fais. Il oriente mes désirs, influence ma réaction envers l’autorité et mon processus décisionnel. Il remet en cause mes valeurs, alimente mes rêves et mes espoirs et façonne toutes mes interprétations.
Si vous désirez résoudre vos difficultés personnelles ou aider d’autres à surmonter les leurs, il vous faut corriger les façons de penser erronées. Sans négliger les souffrances du passé et les déficiences physiques, vous devez faire davantage, c’est-à-dire vaincre le péché qui déforme toutes ces expériences. Considérons deux exemples.
Patricia a subi de graves sévices dans son enfance. Elle redoutait particulièrement le moment où son père rentrait du travail, le soir. Elle s’efforçait de ne pas se trouver à la maison à ce moment-là ou se cachait dans sa chambre, à l’abri du danger. Ces épreuves l’ont profondément marquée. Nous pleurons avec Patricia et ressentons de la colère à cause du mal commis contre elle, mais nous devons aller plus loin.
En examinant les obstacles actuels dans la vie de Patricia, vous constatez que son expérience passée ne constitue pas son seul problème. Sa manière de réagir à ce qu’elle a vécu l’influence énormément. Patricia est très dominatrice, il devient donc difficile de travailler avec elle et elle possède peu d’amies. Elle conteste sans cesse et a constamment besoin qu’on lui donne raison. Elle est obsédée par ce que les autres pensent d’elle et ce trait de caractère entache toutes ses relations. Sa devise personnelle se résume en ces mots : « Quel avantage personnel vais-je en retirer ? » Elle critique, juge et accorde rarement le bénéfice du doute.
Pourtant, lorsque vous discutez avec Patricia, elle se décrit comme une personne qui souffre terriblement. Elle se sent rejetée et seule. Elle ne comprend pas pourquoi les gens la trouvent intimidante. Elle a l’impression que personne ne respecte son opinion.
Qu’arrive-t-il à Patricia? Ses difficultés présentes découlent-elles uniquement de ses expériences douloureuses? Il apparaît clairement que ce n’est pas le cas. Patricia ne combat pas seulement les démons de son passé, mais également sa façon de les aborder. L’Écriture nous mène toujours vers une telle conclusion. Puisque le péché fait partie intégrante de notre nature, nous devons faire face aux événements de notre histoire, ainsi qu’à notre manière d’y réagir, elle-même déformée par le péché. Nous n’obtiendrons une aide véritable qu’en réglant les problèmes du passé et de notre péché. Nous ne pouvons y échapper puisqu’un pécheur a tendance à se rendre lui-même coupable en réagissant au mal commis contre lui.
C’est pourquoi le Rédempteur représente le seul espoir pour Patricia (et pour nous). Nous ne pouvons nous soustraire à notre nature pécheresse. L’amour, l’encouragement, l’information et les beaux principes ne suffisent pas. Le salut s’avère essentiel. Rien d’autre n’apportera de solution durable à notre véritable tragédie personnelle.
Observons maintenant l’exemple de Jacques. Son père œuvrait activement comme ancien de leur Église et sa mère était engagée dans le ministère. Il a été élevé dans un foyer chrétien stable où les membres lisaient quotidiennement la Bible ensemble. Le père de Jacques travaillait dur et jouissait d’une véritable réussite. Ses parents vivaient une vie de couple exemplaire et entretenaient d’assez bonnes relations avec leurs enfants. Jacques a fréquenté une école chrétienne et le budget familial lui a permis d’étudier dans une université renommée. Pourtant, la vie de Jacques connaît des hauts et des bas.
Au moment où vous rencontrez Jacques, vous constatez qu’il a déjà été marié deux fois et a changé de travail à plusieurs reprises. Sa colère est palpable. Jacques se plaint : il vit dans un monde peuplé d’idiots qui ne prennent pas le temps d’écouter quelqu’un qui sait ce qu’il fait. Il explique avoir perdu ses emplois parce qu’il savait mieux que ses patrons comment diriger leur entreprise, ce qui les intimidait beaucoup. Selon lui, ses ex-femmes étaient faibles sur le plan émotionnel et incapables de vivre avec un homme sûr de lui et parfaitement « équilibré ».
Jacques subit-il les contrecoups de l’influence exercée par sa famille d’origine ? Bien entendu ! Néanmoins, je le répète, cette analyse n’est pas complète. Jacques lutte essentiellement contre Jacques. Non seulement le péché m’amène-t-il à mal réagir à la souffrance, mais il m’empêche de répondre adéquatement aux situations favorables. L’enfant doué ridiculise celui qui est désavantagé. L’étudiant athlétique se moque de son compagnon maladroit. Quelque chose à l’intérieur de nous fonctionne si mal que nous sommes incapables de réagir correctement à la bénédiction.
De beaux principes ne suffiront pas à aider Jacques. Il a besoin d’être délivré de lui-même et seul le Rédempteur accomplira en lui cette œuvre. Par conséquent, il est inutile de proposer aux gens une simple marche à suivre ou de leur donner des conseils sur la manière de se réconcilier avec leur passé. Nous devons leur présenter un Rédempteur puissant et présent. Il est notre seul espoir. Il a vaincu le péché à notre place ! Il nous offre gratuitement sa grâce, celle qui transforme les cœurs et change les vies !
Dès lors, les propos de Paul s’éclairent : « Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par une vaine tromperie selon la tradition des hommes, selon les principes élémentaires du monde, non selon Christ » (Colossiens 2.8). La philosophie du monde est trompeuse parce qu’elle ne tient pas ses promesses. Elle peut paraître logique et bien documentée, mais elle ne se centre pas sur Christ. Le seul espoir et l’aide véritable ne viennent que de Jésus-Christ, puisque le péché a imprégné notre nature même. Toute autre solution ne peut produire les résultats escomptés.
Cet article est tiré du livre Instruments entre les mains du rédempteur par Paul Tripp.