Ne savez-vous pas que le coeur naturel n’aime pas prier, que l’esprit charnel est ennemi de Dieu, que le désir du coeur de l’homme est de s’en éloigner et de n’avoir rien à faire avec lui ? Ce qu’il ressent pour Dieu, c’est de la crainte et non de l’amour. Pourquoi donc un homme prierait-il quand il n’éprouve aucun sentiment réel du péché, qu’il ne ressent en lui aucun besoin spirituel, aucune foi dans les choses invisibles, aucune aspiration à la sainteté et aucun désir de posséder les cieux ? La grande majorité des êtres humains ne savent rien de ces choses ni n’en ressentent le besoin. La multitude se précipite vers le chemin large. Je ne peux pas oublier cette réalité. C’est pourquoi j’affirme haut et fort : je crois que peu de gens prient.
La prière, semble-t-il, n’est pas au goût du jour. Certains auraient même honte d’avouer qu’ils prient. Des centaines d’individus préféreraient monter à l’assaut d’une ville ou mener une cause perdue d’avance plutôt que de confesser publiquement qu’ils ont l’habitude de prier. Des milliers, s’ils étaient obligés par quelque circonstance de coucher dans la même chambre qu’un étranger, se mettraient au lit sans prier. Être bien vêtu, aller au spectacle, passer pour un homme intelligent et agréable, tout cela est de bon ton, mais il ne l’est pas de prier. Je ne peux oublier
cette réalité. Je ne peux considérer comme courante une habitude qu’un si grand nombre ont honte de confesser. Oui, je crois que peu de gens prient.
Savez-vous quelle est la vie que mènent tant de gens ? Pouvons-nous réellement supposer que des gens prient nuit et jour pour être préservés du péché quand nous les voyons s’y plonger entièrement ? Supposerons-nous qu’ils prient pour être préservés du monde quand ils sont entièrement absorbés ou subjugués par ses délices ? Croirons-nous qu’ils prient réellement Dieu de leur accorder la grâce de le servir quand ils n’en témoignent pas eux-mêmes
le moindre désir ? Oh ! non, il est aussi clair que le jour que la majorité des hommes, soit ne prient jamais Dieu, soit ne pensent pas à ce qu’ils disent quand ils le prient, ce qui est exactement la même chose. Prier et pécher volontairement sont deux choses qui s’excluent et qui ne coexisteront jamais dans un même coeur. La
prière consumera le péché ou le péché étouffera la prière. C’est ce que je ne peux oublier quand je considère la vie de ces hommes, et je crois que peu de gens prient.
Ne savez-vous pas de quelle mort beaucoup meurent ? Combien en voyons-nous qui, lorsqu’ils sont près de mourir, semblent entièrement étrangers à Dieu ! Non seulement ils ne savent absolument rien de son Évangile, mais ils sont tristement dépourvus de tout pouvoir de s’adresser à lui. Ils font preuve de tant de maladresse et d’embarras que lorsqu’ils cherchent à s’approcher de lui, il est évident qu’il s’agit d’une chose totalement nouvelle pour eux. Ils
semblent avoir besoin qu’on les présente à Dieu, montrant manifestement par là qu’ils ne lui avaient jamais parlé auparavant. Je me souviens d’avoir entendu parler d’une dame en phase terminale de sa maladie qui souhaitait vivement avoir la visite d’un pasteur. Elle lui a demandé de prier avec elle. L’ayant interrogée sur ce qu’il devait mentionner dans sa prière, elle n’a pas su que lui répondre. Elle était tout à fait incapable de désigner une seule chose qu’elle souhaitait qu’il demande à Dieu pour son âme. Tout ce dont elle semblait avoir besoin, c’était qu’un pasteur prie pour elle. Les lits de mort révèlent bien des secrets. Je ne peux oublier ce que j’ai vu chez les malades et les mourants, et tout cela me porte à croire que peu de gens prient.
Lecteur, je ne vois pas ce qui se passe dans votre coeur, je ne sais rien de votre histoire personnelle quant aux choses spirituelles, mais d’après ce que je lis dans la Bible et ce que je vois dans le monde, je vous adresse cette question incontournable : Priez-vous ?
Extrait du livre Un appel à la prière de John Charles Ryle
