Pourquoi terminer un culte d’adoration avec une bénédiction

Dans la tradition protestante et réformée, le culte d’adoration s’amorce d’habitude par un appel à l’adoration et se termine par une bénédiction. Cet appel et cette bénédiction viennent tout droit de la Bible, accordant ainsi à notre Dieu et Père céleste le premier et le dernier mot dans le culte d’adoration.

Le terme « bénédiction » provient du mot latin benedicere, qui signifie « grâce accordée par Dieu ». La bénédiction constitue essentiellement le prononcé de la bénédiction divine, faisant autorité, sur le peuple de Dieu. Nous en voyons des exemples partout dans la Bible. Il se peut que la mieux connue de tout l’Ancien Testament, en partie grâce à l’usage que Luther en a fait dans le protestantisme naissant, soit la suivante : « Que l’Éternel te bénisse, et qu’il te garde ! Que l’Éternel fasse luire sa face sur toi, et qu’il t’accorde sa grâce ! Que l’Éternel tourne sa face vers toi, et qu’il te donne la paix ! » (No 6.24‑26.) Dieu a commandé à son serviteur Aaron de prononcer cette bénédiction sur les Israélites, c’est‑à‑dire en mettant le nom de Dieu sur eux (voir No 6.27). Aaron l’a accordée à une foule, mais il y a aussi des bénédictions qui ont été obtenues par une seule personne. Par exemple, Abraham a reçu une bénédiction de la part de Melchisédek (voir Ge 14.19) et Jacob en a reçu une de la part d’Isaac (voir Ge 27.27‑29).

On trouve des bénédictions non seulement sous l’ancienne alliance, mais également sous la nouvelle (voir 1 Co 15.58 ; 2 Co 13.13 ; Ga 6.18 ; Ép 6.23,24 ; 1 Th 5.23,24 ; Hé 13.20,21 ; 2 Pi 3.18 ; Jud 24,25 ; Ap 22.21). Nous voyons ainsi la raison pour laquelle les bénédictions en sont venues à constituer une partie importante de notre héritage liturgique protestant.

Telle qu’employée à la fin du culte d’adoration, la bénédiction constitue le prononcé final de la bénédiction divine sur l’assemblée avant qu’elle se disperse. La bénédiction de la Parole constitue une déclaration d’adieu, qui imite souvent les doxologies et qui exalte la gloire de la nature et des œuvres de Dieu. Par ailleurs, il s’agit d’une recommandation à garder l’alliance. En tant que peuple de Dieu, on doit recevoir la bénédiction comme une vérité transformatrice et réconfortante.

Voici l’une des bénédictions du Nouveau Testament parmi les plus aimées : « Que le Dieu de paix, qui a ramené d’entre les morts le grand berger des brebis, par le sang d’une alliance éternelle, notre Seigneur Jésus, vous rende capables de toute bonne œuvre pour l’accomplissement de sa volonté ; qu’il fasse en vous ce qui lui est agréable, par Jésus‑Christ, auquel soit la gloire aux siècles des siècles ! Amen ! » (Hé 13.20,21.) Vous remarquerez la riche vérité qui découle de cette bénédiction divine. On demande à Dieu lui‑même, celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts, d’accomplir au sein de son peuple tout ce qui lui plaît – par l’entremise de la merveilleuse Personne et œuvre rédemptrice de Jésus‑Christ.

Le fait de terminer un culte d’adoration de cette manière, c’est‑à‑dire le fait que Dieu prononce sa bénédiction sur son Église, constitue un élément important de l’adoration chrétienne depuis la fin du Moyen‑Âge. Malheureusement, de nos jours, on remplace très souvent cette belle tradition par des annonces hebdomadaires ou un message d’un pasteur volubile (ou de la personne à la tête de l’équipe de louange).

Dans son livre intitulé The Patristic Roots of Reformed Worship (Les racines patristiques du culte réformé), Hughes Oliphant Old énumère sept significations que prêtaient les réformateurs protestants à la bénédiction finale du culte d’adoration :

  1. Une façon traditionnelle de se quitter à la fin du culte d’adoration ;
  2. Une prière d’intercession que prononce une personne ordonnée par Dieu ;
  3. La bénédiction que Dieu prononce sur son peuple. Il s’agit d’une proclamation de grâce que l’on reçoit par la foi ;
  4. Une bénédiction prononcée par la puissance de l’Esprit de Dieu ;
  5. Une bénédiction que doivent donner ceux que Dieu a appelés à le faire (par ex. : Melchisédek, Aaron, Isaac, Christ et Paul) ;
  6. Une bénédiction particulièrement liée au ministère prophétique, si bien qu’en prononçant la bénédiction sur l’assemblée, le pasteur de l’Église reconnaît qu’il s’agit du corps de Christ, de la descendance d’Abraham, de l’héritière de tous les dons spirituels.
  7. Une bénédiction qui scelle l’Église au nom du Seigneur. En nous donnant son nom, il nous intègre dans sa maisonnée de foi, dont il prend soin. (Hughes Oliphant Old, The Patristic Roots of Reformed Worship, résumé des pages 331‑334.)

Old conclut sa section portant sur la nature et l’emploi des bénédictions en affirmant que, pour les réformateurs, la « bénédiction ne constitue pas qu’un discours d’adieu formel ni simplement une prière de grâce appropriée en fin de liturgie, mais plutôt ‟un engagement du Dieu bienveillant qui est à la source de notre salut” » (Ibid., p. 334).

Chaque jour du Seigneur, quand on demande à votre assemblée de recevoir la bénédiction à la fin du culte d’adoration, recevez‑la avec allégresse, une foi sincère et une bonne compréhension de ce qui se passe. Soyez assurés que Dieu lui‑même prononce sa bénédiction sur son peuple, racheté par le sang de l’alliance éternelle en Jésus‑Christ notre Seigneur, et soyez‑en consolés. À lui soit la gloire maintenant et à jamais !


Cet article est extrait du livre : «La splendeur de la sainteté» de Jon D. Payne