Prière à Dieu pour obtenir de sa grâce le pardon de nos péchés (Charles Drelincourt)
Ô mon Dieu et mon Père! je reconnais devant ta face que je suis un pauvre et misérable pécheur, qui ne suis pas digne de lever les yeux au ciel. Car j’ai été conçu dans l’iniquité. Et depuis le premier jour de ma naissance jusqu’à l’heure présente, je n’ai cessé de transgresser tes saints et divins commandements.
Outre les fautes qui me sont connues, et qui à toute heure se présentent à mes yeux, laides et abominables, hélas! mon Dieu, j’en ai commis par millions qui me sont inconnues. De sorte que si tu veux me traiter à la rigueur de ta justice, je ne pourrai attendre de toi que la mort et la damnation éternelle, je verrai les enfers ouverts et les tourments horribles dont tu punis les pécheurs dans ta colère; car rien d’impur ni de souillé n’entrera dans ta sainte cité.
Que ferai-je, Conservateur des hommes? j’ai péché contre toi, mais j’en ai horreur, et je m’en repens sur la cendre. Je viens me prosterner à tes pieds, comme un pauvre criminel qui demande grâce à son Juge. Et je la demande, mon Dieu, avec assurance d’être exaucé au temps convenable. Car tu es le Dieu de miséricorde, et le Père des compassions. Tu ne demandes point la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive. Tu as tant aimé le monde, que tu as donné ton propre Fils, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. Tu l’as envoyé annoncer aux captifs la liberté, et aux prisonniers l’ouverture de la prison, pour consoler ceux de Sion qui mènent le deuil, et pour signifier l’acquittement de nos iniquités.
Seigneur, bon Dieu, tu as eu pour agréable le coeur froissé de David, les gémissements de Manassé, les larmes de la pauvre pécheresse, la prière de l’humble péager, le pleur amer de Pierre, et la conversion du brigand. Et il n’y a jamais eu de si grand pécheur, qui se convertissant à toi n’ait trouvé tes bras ouverts pour le recevoir à merci. Regarde donc maintenant à ma repentance et à mes larmes. Et selon la grandeur de tes compassions, efface mes transgressions. Que si mon coeur n’est point si vivement touché de douleur, qu’il serait requis, vu la grandeur et l’énormité de mes fautes, encore, Seigneur, ne désespérerai-je point de ta faveur, et de ta grâce. Car c’est toi qui fais fondre les rochers en eau. C’est toi aussi, bon Dieu, qui feras fondre mon coeur endurci, en des larmes de repentance, et qui engendreras en mon âme cette sainte tristesse qui produit une repentance à salut, de laquelle on ne se repent jamais.
Ô grand Dieu! je ne te laisserai point que tu ne m’aies bénit. Je ne me retirerai point que tu ne m’aies scellé au dedans de mon âme la rémission de toutes mes offenses. Je combattrai avec toi jusqu’à ce que j’aie perdu mon nom ancien de pécheur et d’esclave de Satan, pour revêtir ce nouveau nom d’enfant de Dieu et de fidèle, justifié par celui qui justifie le méchant.
Et non seulement, Seigneur, revêts-moi de cette excellente qualité. Mais reforme aussi mon être et ma vie, afin que mes pensées, mes inclinations et mes oeuvres, soient du tout célestes et divines, que je renonce de bon coeur à toute impiété et aux convoitises mondaines, pour vivre en ce présent siècle, sobrement, justement et religieusement, attendant la bienheureuse espérance et l’apparition de la gloire du grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ, auquel, avec toi et le Saint-Esprit, soit honneur et gloire aux siècles des siècles.
Amen.