Prière et méditation sur l’attente continuelle de la mort (Charles Drelincourt)

Dieu en la puissance duquel sont tous les temps et toutes les saisons, je sais qu’il est ordonné à tous les hommes du monde de mourir une fois et que le sépulcre est la maison que tu as assignée à tous les vivants. L’expérience de tous les siècles nous apprend qu’il n’y en a pas un seul qui puisse dire, je vivrai et je ne verrai point la mort. Toi-même, grand Dieu vivant, qui est le Souverain Juge de l’univers a prononcé un décret irrévocable à ce sujet dans le paradis terrestre.

De sorte que je serais le plus insensé de tous les mortels, si je n’avais pas cette ferme persuasion que je mourrai comme les autres et que je suivrai à mon tour le chemin de toute la Terre. Mais Seigneur, tu as voulu nous cacher le sacré fonctionnement de ton adorable Providence ; et n’as pas voulu exposer à nos yeux, le cadran qui marque les dernières heures de nôtre vie. II n’y a point d’ombre par laquelle nous puissions reconnaître avec certitude, le coucher de nôtre soleil. Nous ne savons à quelle heure du jour ou de la nuit, tu nous appelleras à comparaître devant ton tribunal.

Donne-moi donc, ô Dieu des bontés d’être toujours prêt à répondre à ta voix et à obéir à tes commandements. Que je sois comme un navire à l’ancre qui n’attend que le vent pour faire voile ; et comme le soldat, qui n’attend que le son de la trompette pour se présenter au combat. Mon Seigneur et mon Dieu, donne-moi d’imiter le fidèle serviteur, qui attend son maître, et qui l’entend dès qu’il frappe à la porte ; et d’être comme les sages vierges, toutes préparées à aller au-devant de l’Époux, et à le suivre en la salle du festin, puisque je ne sais en quel temps ni en quel lieu, la Mort se présentera à moi, que je l’attende en tout temps, et en tout lieu.

Que je vive toujours comme si j’étais tout prêt à mourir. Que mon âme soit sur le bord de mes lèvres. Que je sois prêt à tout moment à la remettre en tes mains, ô mon Dieu qui en est le fidèle Créateur ! Ainsi à quelque heure que la mort puisse venir : je la suivrai avec allégresse, étant assuré qu’elle me conduira à la lumière de vie et qu’elle m’introduira dans le glorieux Palais de l’immortalité.

Amen.


Extrait du livre Consolation de l’âme fidèle contre les frayeurs de la mort