Prierons-nous au ciel ? (John Piper)

Prierons-nous au ciel ? C’est une excellente question de la part d’un auditeur nommé Grant. « Pasteur John, aujourd’hui, à l’église, nous avons chanté le vieil hymne classique “What a Friend We Have in Jesus”. Dans le quatrième couplet, on peut lire : “Bientôt, dans la gloire, brillante, sans nuages, il n’y aura plus besoin de prier” [N.d.T. la version française de ce chant “Quel ami fidèle et tendre” contient des paroles très différentes de l’original anglais]. Cette phrase fait allusion au jour où nous serons au ciel. Je ne sais pas si j’ai déjà chanté ce quatrième couplet par le passé, mais cette phrase m’a sauté aux yeux. C’est troublant d’entendre les mots “il n’y aura plus besoin de prier”. La prière n’est-elle donc qu’une chose terrestre ? Y aurait-il un rôle pour la prière dans le ciel ? La Bible nous donne-t-elle une indication sur la façon dont nous communierons avec Dieu pour l’éternité ? »

Eh bien d’abord, parlons un peu du chant et ensuite de la question de la prière au ciel dans l’Écriture. Je suis pratiquement certain que ce que Joseph Scriven voulait dire dans cette phrase – que Grant a citée dans « What a Friend We Have in Jesus » – c’est qu’il n’y aura plus besoin de cri douloureux d’appel à l’aide dans nos difficultés au ciel parce qu’il n’y aura plus de difficultés. Nous ne crierons pas à l’aide dans nos problèmes parce que nous n’aurons pas de problèmes.

Plus de larmes

Maintenant, la raison pour laquelle je pense que c’est tout ce qu’il voulait dire, c’est que, quand je relis toute la chanson, c’est la façon dont pratiquement chaque verset définissait la prière. Laissez-moi vous la lire (N.d.T. ce qui suit constitue une traduction originale de la version anglaise du fameux chant).

Quel ami nous avons en Jésus,

Lui qui porte tous nos péchés et nos souffrances !

Quel privilège d’apporter

Tout à Dieu dans la prière !

Oh, quelle paix nous perdons souvent,

Oh, quelle douleur inutile nous supportons,

Tout ça parce que nous n’apportons pas

Tout à Dieu dans la prière !

Sommes-nous dans l’épreuve et la tentation ?

Rencontrons-nous des problèmes ?

Nous ne devrions jamais nous décourager ;

Apportez toute chose au Seigneur dans la prière.

Peut-on trouver un ami si fidèle, 

Qui partagera toutes nos peines ?

Jésus connaît toutes nos faiblesses ;

Apportez toute chose au Seigneur dans la prière.

Sommes-nous faibles et chargés,

Encombrés d’un fardeau de soucis ?

Précieux Sauveur, à jamais notre refuge.

Apportez toute chose au Seigneur dans la prière

Vos amis vous méprisent-ils, vous abandonnent-ils ?

Apportez toute chose au Seigneur dans la prière

Dans ses bras, il vous prendra et vous protégera,

Vous y trouverez le réconfort.

Sauveur béni, tu l’as promis,

Tu porteras tous nos fardeaux.

Puissions-nous toujours, Seigneur, t’apporter

Toute chose dans d’ardentes prières.

Bientôt, dans la gloire, brillante, sans nuages, 

Il n’y aura plus besoin de prier. 

L’extase, la louange et l’adoration sans fin 

Seront notre douce part là-haut.

Maintenant, je considère qu’« Il n’y aura plus besoin de prier » signifie que nous n’avons plus besoin de demander de l’aide à Dieu pour porter nos fardeaux, pour porter nos problèmes, pour porter nos peines, pour porter nos souffrances, pour porter notre douleur, pour porter nos tentations. C’est de ça qu’il parle. La louange et l’adoration sous-entendent clairement une communication avec Dieu. La louange et l’adoration seront notre part, et tout cela constitue un acte de prière. Il croyait donc que la prière aurait lieu au ciel, mais il définissait la prière comme un appel au secours au milieu de nos afflictions, et il n’y aura plus d’afflictions, donc plus rien à ce niveau au ciel. 

Sur la terre comme au ciel

Ok, ça, c’est par rapport à Scriven. Qu’en est-il de l’Écriture ? Premièrement, il y a les visions de l’Apocalypse. En voici seulement deux. Nous retrouvons la prière au ciel dans Apocalypse 5.13 :

« Toutes les créatures qui sont dans le ciel, sur la terre, sous la terre, sur la mer, tous les êtres qui s’y trouvent, je les entendis s’écrier : “A celui qui est assis sur le trône et à l’Agneau soient la louange, l’honneur, la gloire et la domination, aux siècles des siècles !” »

Et Apocalypse 7.9-10 :

« Après cela, je regardai et je vis une foule immense que personne ne pouvait compter. C’étaient des hommes de toute nation, de toute tribu, de tout peuple et de toute langue. Ils se tenaient debout devant le trône et devant l’Agneau, habillés de robes blanches, des feuilles de palmiers à la main, et ils criaient » – priaient – « d’une voix forte : “Le salut est à notre Dieu qui est assis sur le trône et à l’Agneau.” »

Ce sont là des paroles adressées à l’Agneau et au Père.

Et puis considérez Romains 8.26-27. C’est vraiment intéressant. C’est un texte déroutant et provocateur sur le fait que Dieu nous donne maintenant le Saint-Esprit pour nous aider à prier quand nous ne savons pas comment prier, parce que Dieu est si jaloux que, même dans ces moments où tout ce que nous pouvons faire est de soupirer qu’il nous aide à prier comme nous le devrions, il envoie son Saint-Esprit pour prier en nous et pour nous.

« De même l’Esprit aussi nous vient en aide dans notre faiblesse. En effet, nous ne savons pas ce qu’il convient de demander dans nos prières, mais l’Esprit lui-même intercède pour nous par des soupirs que les mots ne peuvent exprimer. » Je pense que ce sont nos soupirs. L’Esprit nous pousse même sans paroles à soupirer. « Et Dieu qui examine les cœurs sait quelle est la pensée de l’Esprit, parce que c’est en accord avec lui qu’il intercède en faveur des saints. » Il me semble que si Dieu fait un effort supplémentaire pour nous maintenir dans la prière quand nous sommes faibles dans ce monde, combien plus se réjouira-t-il de nous entendre quand nous n’aurons plus aucune perplexité à ce sujet.

Le festin avec l’Époux

Et puis notez que l’Eglise est représentée comme l’épouse de Christ dans Ephésiens 5.25-30, étant préparée pour le mariage éternel avec son mari, Christ, dans une beauté immaculée, dans une relation parfaite, le meilleur mariage qui soit. Doit-on penser qu’il n’y a pas de communication dans ce mariage ? Quel genre de mariage serait-ce ?

Pour être plus précis, Jésus revient plusieurs fois sur terre pour partager un festin avec ses disciples.

« Vous, vous êtes ceux qui avez persévéré avec moi dans mes épreuves ; c’est pourquoi je dispose du royaume en votre faveur, comme mon Père en a disposé en ma faveur. Ainsi, vous mangerez et boirez à ma table dans mon royaume et vous serez assis sur des trônes pour juger les douze tribus d’Israël » (Luc 22.28-30).

Ou un autre texte :

« Heureux ceux qui sont invités au festin des noces de l’Agneau ! » (Apocalypse 19.9).

Il est tout simplement impensable d’imaginer que Jésus invite des invités à un festin, les nourrisse bien, leur donne à boire, et que personne ne dise un mot autour de cette table. Ce n’est pas comme ça que les festins fonctionnent.

La louange ne tarira jamais

Et enfin, il y a ce commandement suprême adressé à toute la terre dans le Psaume 66.3. C’est un commandement :

« Dites à Dieu : que tes œuvres sont redoutables ! À cause de la grandeur de ta force, tes ennemis te flattent. »

Il nous est donc commandé de dire ceci à Dieu, et je pense que c’est un commandement pour l’éternité, pas seulement en cours de route ici-bas, et puis nous ne le dirons plus jamais à Dieu.

Alors oui, nous prierons au ciel dans le siècle à venir. Nous partagerons notre cœur avec Dieu pour les siècles des siècles, et nous entendrons son cœur et son amour pour nous. Nous verrons des gloires toujours nouvelles des richesses infinies de sa bonté (Éphésiens 2.7).

Et je pense qu’il dit cela pour que nous voyions que notre réponse, avec des paroles toujours nouvelles de notre part, correspond à une communication qui ne peut jamais être ennuyeuse, parce que les richesses de la gloire de Dieu sont sans fin et infinies. Ainsi, notre capacité à répondre par des mots aux révélations toujours nouvelles de la beauté de Dieu correspond à nos propres communications toujours nouvelles avec lui, si bien que nous ne serons jamais en mesure de penser : « Les mots vont me manquer. » Non, ce ne sera pas le cas. Ici-bas, c’est le cas. C’est vrai, les mots nous manquent ici. Mais là, les mots ne vous manqueront pas. Et comme le dit C.S. Lewis, l’expression même de votre joie dans la louange ne sera pas seulement comme un élément apposé sur votre joie, ce sera une joie en Dieu pleinement réalisée.


Pasteur John Piper vous répond présente les réponses que le pasteur John Piper donne à des questions théologiques et pastorales difficiles. Ce podcast, créé en partenariat avec Desiring God, vous est offert par Revenir à l’Évangile, un blog et un ministère de Publications Chrétiennes. Pasteur John répondra à deux questions chaque semaine. Vous pourrez entendre ses réponses sur notre blog, Facebook, Youtube, Apple Itunes Store et sur l’appareil que vous utilisez pour écouter des podcasts