Quand les paroles de chants sont à côté de la plaque (Pasteur John Piper vous répond)
On est dimanche soir, après une journée de louange avec le peuple de Dieu. La louange par la musique est une partie si importante de notre vie ensemble. Mais je ne pense pas que nous n’ayons jamais examiné les paroles d’un chant de louange contemporaine en réponse à une question. Aujourd’hui, oui
« Bonjour, Pasteur John ! Je m’appelle Samuel, un jeune servant Dieu par le biais de la musique. L’équipe de louange de mon église éprouve des difficultés avec un nouveau chant de louange – «Ce Nom si merveilleux» – un chant largement encensé pour sa qualité musicale et sa méditation de la gloire de Dieu et de la royauté de Christ. Cependant, mon équipe de louange trouve les paroles du second couplet discutables : «Tu n’as pas voulu les Cieux sans nous. Alors Jésus tu es venu.» Notre question est la suivante : est-ce que le fait de dire «Tu n’as pas voulu les Cieux sans nous» implique un Évangile centré sur l’homme ? L’affirmation n’est pas nécessairement fausse, mais les implications pourraient être erronées. Telle est notre crainte. De plus, le mot «alors» est utilisé par la suite, ce qui implique que la phrase suivante «tu es venu» dépend de la première phrase de ne pas vouloir les cieux sans nous. Tout comme le mot «donc», «alors» implique que Jésus est venu parce qu’il ne voulait pas les cieux sans nous. Pensez-vous que ces paroles soient bibliquement correctes ? »
Permettez-moi de commencer par une approche générale, puis de préciser mon propos parce que j’aime beaucoup cette question. Je suis très content de lire cette préoccupation.
La première chose que je veux faire est de louer Dieu pour une équipe de louange qui discute des paroles de chants ensemble pour savoir si elles reflètent la vérité ou pas. C’est une très bonne nouvelle. C’est bon signe, et j’espère que tous les conducteurs de louange qui entendent cela seront encouragés à faire de même. Une des raisons pour lesquelles c’est vraiment une bonne nouvelle, c’est qu’une assemblée apprend sa théologie, et la fait descendre dans les crevasses de son âme, par les chants qu’elle chante, pas seulement par la prédication qu’elle entend.
Les paroles de chants ont de l’importance
Historiquement, c’est les cantiques de l’Église qui, avec la prédication, a été l’un des moyens les plus puissants par lequel une Église est enseignée. Je dirais que dans certaines Églises, les chants peuvent être encore plus décisifs en ce qui concerne la façon dont la vérité est comprise, car la prédication peut être si superficielle au niveau de l’enseignement doctrinal. Bien sûr, les chants peuvent aussi être très superficiels.
Vous pouvez chanter des chants très superficiels qui ne font que répéter de grandes phrases comme « son nom est grand ». C’est vrai, mais est-ce que ces paroles nous disent jamais pourquoi il est grand ou comment la croix est la base de sa grandeur ? Je dis amen à ces questions, et je recommande à toutes les équipes de louange d’être vigilantes au sujet des paroles que leur assemblée chante.
Cargaisons de chants
La deuxième chose que je voudrais dire, c’est que les trente, peut-être quarante, dernières années ont été une période incroyablement féconde en ce qui concerne la rédaction de nouvelles paroles de chants et la composition de nouvelles musiques pour l’Église. C’est une bonne chose. C’est un grand signe de vitalité. Le psalmiste dit cinq fois : « Chantez au Seigneur un cantique nouveau » (Psaume 33.3 ; 96.1 ; 98.1 ; 144.9 ; 149.1).
Jésus a dit, pour équilibrer les choses, que « Tout scribe » – on pourrait dire tout conducteur de louange – « instruit de ce qui regarde le royaume des cieux est semblable à un maître de maison qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes » (Matthieu 13.52). Cela veut dire qu’étant donné le grand nombre de chants dignes, substantiels, riches, profonds et anciens qui proclament une vérité doctrinale qui nourrit, et vu les nombreux, très nombreux nouveaux chants des trente dernières années qui sont solides et exaltant Christ et riches de l’Évangile et centrés sur Dieu, l’Église n’a aucune raison de chanter des chants dont les paroles induisent en erreur ou sont même carrément discutables.
Ce n’est pas comme si une équipe de louange qui a accès à Internet était coincée dans un coin, ne sachant pas quoi chanter ou ayant à chanter quelque chose de discutable. Parce qu’il y a des centaines de chants glorieux, riches, beaux, contemporains et anciens. Ma principale réponse à Samuel est la suivante : trouve des chants, anciens et nouveaux, qui sont fiables et beaux et utilise-les.
Vous êtes docteurs, enseignants dans l’église. Réfléchissez-y. Et Jacques dit : « qu’il n’y ait pas parmi vous un grand nombre de personnes qui se mettent à enseigner » (Jacques 3.1). Ainsi, ne laissez pas beaucoup d’entre vous devenir des conducteurs de louange parce que, en tant que docteurs, vous serez jugés plus sévèrement. Juste après le pasteur viennent les conducteurs de louange qui décident de l’enseignement qui sera transmis par le biais des chants que les gens chanteront de tout leur cœur, absorbant toute cette vérité (ou non-vérité) qui leur sera proposée.
Toiles de fond insuffisantes
Passons maintenant aux paroles qui préoccupent Samuel. Il y a un fil conducteur dans l’enseignement se trouvant dans certaines chansons d’aujourd’hui qui me semble ne pas refléter le sérieux de la passion de Dieu pour la gloire de Dieu par-dessus tout. Permettez-moi de répéter cela. Il y a un fil conducteur dans l’enseignement se trouvant dans certaines chansons d’aujourd’hui qui me semble ne pas refléter le sérieux de la passion de Dieu pour la gloire de Dieu par-dessus tout.
J’ai le sentiment que – tant qu’une assemblée ne sera pas ravagée par l’indignation et l’horreur de notre péché comme humiliant et abject face à la gloire de Dieu, et ce accompagné d’une vision majestueuse de la gloire et de la justice ainsi que de la sainteté et de la colère de Dieu, tant que ces deux réalités ne seront pas enseignées et profondément vécues – la réalité de la grâce et de la miséricorde de Dieu ne sera pas connue et chérie comme il se doit par une assemblée. Ce qui m’importe vraiment, par conséquent, c’est la façon dont nous chantons au sujet de la grâce.
Il me semble qu’il y a un certain type de chansons qui a tendance à supposer que les tristesses, la honte et les difficultés de la vie des gens composent une toile de fond suffisante (une mauvaise toile de fond) pour leur faire connaître les mystères de la gloire de l’Évangile. Je ne crois pas que cela soit le cas.
Je ne pense pas que les tristesses et la honte que les gens éprouvent, sans qu’on leur enseigne leur condition véritable, suffisent à les aider à comprendre la grâce. En réalité, les gens vont déformer la grâce si elle n’est pas enseignée avec en toile de fond les mauvaises nouvelles bibliques plutôt que les mauvaises nouvelles que les gens apportent – dont ils croient comprendre qu’elles sont les mauvaises nouvelles en toile de fond de la grâce. Elles ne constituent pas les mauvaises nouvelles en question.
Le Nouveau Testament présume que les gens ont besoin qu’on leur enseigne quelle est leur véritable terrible condition sous le pouvoir du péché avant que la grâce puisse vraiment être la réalité exaltant Dieu qu’elle est. Je vois cela dans Éphésiens 2.1-10 et Éphésiens 1.4-6, par exemple.
Samuel a donc raison de penser que la question n’est pas de savoir si une phrase d’une chanson est littéralement vraie en soi, mais quel effet elle a sur les gens. C’est-à-dire, comment s’inscrit-elle dans leur vision de Dieu ? Il se peut que la même vérité soit chantée une fois dans un contexte, mais pas dans un autre contexte, parce que la tendance et le ton général du contexte induiront l’assemblée en erreur. Elle renforcera des erreurs dans le cœur des gens.
Je n’aime pas les paroles qu’il cite. Elles s’inscrivent trop facilement dans le cadre d’une théologie d’un Dieu qui a créé parce qu’il était seul, et qui a ensuite sauvé des gens pour la même raison. Un Dieu qui ne peut tout simplement pas être heureux sans nous.
La joie de Dieu en nous
Il est certain que nous devrions chanter au sujet de la merveilleuse joie de Dieu en nous, ses enfants. Dans la parabole du fils prodigue, vous remarquerez que le père organise une fête quand son fils rentre à la maison (Luc 15.11-32). Vous remarquerez aussi qu’en Sophonie 3.17, Dieu chante à propos de son peuple. Ce qui est si étonnant dans tout cela, c’est que Dieu n’est pas malheureux et seul sans nous. Il ne désire pas chanter à notre sujet parce que nous venons de compenser les pauvres carences de Dieu – et maintenant, enfin, sa déité fragilisée est renforcée par notre présence, et il peut enfin être heureux. Ce n’est pas l’image que nous donne la Bible !
La joie de Dieu en nous consiste dans le débordement de sa plénitude, et non dans la compensation de son vide. Est-ce que le chant aide les gens à ressentir cette vérité merveilleuse ? Telle est la question.
Voici un autre chant populaire que nous avons chanté en Asie récemment. Je souhaiterais qu’ils ne chantent pas ça. C’est très populaire : « Telle une rose foulée sous nos pieds. Tu m’as sauvé, tu m’as aimé, par-dessus tout. » Ce n’est pas vrai. Ce n’est pas utile. Franchement, je ne suis même pas sûr de ce que ça veut dire. Par-dessus quoi exactement ?
Par-dessus toutes les autres personnes qu’il a sauvées ? Non, ça ne peut pas être ça. Par-dessus sa propre gloire ? Non, ça ne peut pas être par-dessus sa propre gloire. Par-dessus quoi ? C’était un beau chant avant cette phrase. Il nous a sauvés précisément pour que nous puissions voir et savourer par-dessus tout sa gloire comme le trésor suprême de l’univers. Je ne suis pas sûr de ce que les paroles essayent de communiquer, mais ça ne communique pas ça à la plupart des gens.
Ma conclusion est que Dieu a été à l’œuvre dans l’histoire, et il a été merveilleusement à l’œuvre au cours des trente dernières années dans la production de centaines et de centaines de chansons solides, riches de l’Évangile, fidèles dans leurs doctrines, exaltant Christ et magnifiant Dieu. Il y en a tellement que nous n’avons pas besoin d’utiliser celles qui semblent théologiquement erronées et qui peuvent induire notre assemblée en erreur.
Pasteur John Piper vous répond présente les réponses que le pasteur John Piper donne à des questions théologiques et pastorales difficiles. Ce podcast, créé en partenariat avec Desiring God, vous est offert par Revenir à l’Évangile, un blog et un ministère de Publications Chrétiennes. Pasteur John répondra à deux questions chaque semaine. Vous pourrez entendre ses réponses sur notre blog, Facebook, Youtube, Apple Itunes Store et sur l’appareil que vous utilisez pour écouter des podcasts.