Que faire lorsque les gens ne compatissent pas à votre souffrance ?
Quand les choses restent sous silence
Souvent, lorsqu’on perd quelqu’un qu’on aime, les gens viennent vers nous. Cela nous fait tellement de bien de nous apercevoir que, dans les jours les plus sombres de notre vie, on est entouré de personnes qui se soucient vraiment de nous. Généralement, les gens réussissent à être très présents pour nous dans les premiers jours, ces jours entre le décès et les funérailles ou le service commémoratif, ainsi que pendant les semaines qui suivent, et même le mois suivant.
Ensuite, on sent que tout le monde est passé à autre chose et qu’il n’y a peut-être plus que quelques personnes qui semblent se souvenir de ce qui s’est passé. Après la perte d’un être cher, les gens semblent s’attendre à ce que nous soyons sur une sorte de chemin stable vers la guérison.
Ce que les personnes qui n’ont pas connu le deuil ne comprennent pas, c’est que, très souvent, au cœur de cette perte, nous nous sentons si bien soutenus par les autres que cela peut nous donner un regain de force pour traverser les premiers jours. Mais ensuite, les choses deviennent vraiment calmes et l’entourage semble disparaître lentement, une personne à la fois. Peut-être que seules quelques personnes se souviennent de notre deuil.
Les gens poursuivent leur vie et cessent de poser des questions. Cela peut faire vraiment mal, car, pendant un certain temps, pour la personne endeuillée, la situation s’aggrave du fait que la réalité s’impose. Il y a toutes ces premières fois qu’on ne pourra plus vivre avec la personne que nous avons perdue, et tous les rappels semblent incessants. Pour beaucoup de personnes, la situation empire avant de s’améliorer, et c’est juste avant qu’on ne soit au plus bas que les gens commencent vraiment à oublier.
Faites preuve d’un peu de grâce
Plusieurs options se présentent lorsque cela se produit. L’une d’entre elles consiste à devenir très amer et à éprouver du ressentiment à l’égard des personnes qui ne parlent plus de ce sujet. On a le sentiment d’avoir droit à l’attention et à la sympathie de tout le monde et nous comptons les points des gens. On ne prend peut-être pas de notes, mais on le sait.
Il est si facile d’éprouver du ressentiment lors d’un deuil, car nous avons l’impression que les gens nous oublient. Choisir de s’offenser et de devenir amer perturbe les relations et éloigne les gens. Nous nous sentons seuls au milieu du chagrin, alors que cette solitude ne fait que croître.
L’autre option consiste à être réaliste quant aux personnes et à leur capacité à partager votre souffrance, à rester auprès de vous et à se souvenir avec vous. Si vous êtes une personne en deuil, j’espère que Dieu vous a donné au moins quelques personnes qui se souviennent encore de ce que vous vivez et qui ont encore le courage de vous interroger sur votre deuil. Mais il est peut-être irréaliste de s’attendre à ce que tout le monde continue à s’y intéresser.
Vous ne pouvez pas vous empêcher de penser à la personne que vous avez perdue ; c’est comme un programme informatique qui tourne en arrière-plan dans votre esprit. Elle est toujours présente, tel un voile à travers lequel vous voyez tout. Cependant, beaucoup de gens poursuivent leur vie et oublient, puisque, sans être passés par là, ils ne comprennent pas que la situation peut devenir plus difficile pour vous, au lieu de devenir plus facile.
Je vous encourage à reconnaître qu’il n’est peut-être pas approprié d’attendre que quelqu’un qui n’est pas passé par là comprenne votre situation. On suppose que les gens devraient être capables de comprendre et de faire quelque chose. Eh bien, s’ils ne sont pas passés par là, ils en sont incapables.
Aidez les autres à vous aider
L’autre chose que je dirais, c’est qu’il ne faut pas s’attendre à ce que les gens lisent dans vos pensées. Peut-être qu’ils pensent vraiment que vous ne voulez pas qu’ils abordent le sujet. Il peut donc être très utile de simplement le dire aux gens. Il peut être utile d’écrire une lettre à tous vos proches dans les six ou douze mois suivant le départ de votre être cher pour leur dire : Je veux juste vous dire où j’en suis dans mon deuil. Je le ressens encore énormément. Honnêtement, c’est vraiment difficile pour moi que personne ne m’en parle plus. Cela peut être très gênant et je le reconnais, mais je veux que vous sachiez que je veux parler de cette personne qui est morte, et je veux aussi parler de l’impact que cela a sur moi. J’ai encore vraiment besoin de votre présence auprès de moi.
Il ne faut pas s’attendre à ce que les gens lisent dans vos pensées. Dites-leur que vous voulez en parler. Il ne faut pas avoir peur d’en parler. Toutefois, et c’est probablement le plus important, il ne faut pas garder de ressentiment envers les personnes qui ne pensent plus à votre deuil. Demandez plutôt à Dieu d’accomplir une œuvre de grâce dans votre cœur et de vous donner la force de commencer à tendre la main à d’autres personnes blessées. Demandez à Dieu d’ouvrir vos yeux sur les personnes qui souffrent autour de vous, afin que vous puissiez commencer à offrir aux autres le genre d’attention, de considération et de compassion que vous souhaitez tant que les autres vous témoignent.
Cet article est adapté du livre : « Ce que vous devez savoir sur le deuil » de Nancy Guthrie