Quelle est la mesure de nos prières ? (Michel Varton)

Que demandons-nous à Dieu pour le monde ? 

Pouvons-nous nous contenter de prier seulement pour nos besoins personnels ? Même quand ils sont importants ? La première partie de la prière que Jésus a enseignée à ses disciples était « que ton règne vienne, que ta volonté soit faite ». D’abord l’œuvre de Dieu. Une requête qui devrait passer avant notre besoin en nourriture, nos soucis de tous les jours, même le pardon de nos péchés. Une prière pour le monde, pour la venue du règne de Dieu.

J’ai envie de vous proposer une mise en pratique. Chaque jour, lorsque nous prions pour nos besoins personnels, ajoutons-y une seconde liste. Donnons-lui un titre spécial : « Les montagnes ». Sur cette liste, nous allons noter les grands sujets qui semblent nous dépasser. Les grandes questions éthiques et sociales qui nous submergent. La géopolitique. Les milliers de peuples non encore touchés par l’Évangile. Surtout les pays et les puissances qui persécutent les chrétiens autour du globe. En fait, tout ce pour quoi vous avez envie de dire : « Moi, je ne peux rien y changer ». Puis, avec notre foi de la taille d’un « grain de moutarde », demandons à Dieu de déplacer ces montagnes.

Combattre dans l’intercession

Je l’avoue, je ne trouve pas la prière si facile que cela. J’ai besoin d’encouragement. J’ai besoin d’outils. J’ai besoin des autres. L’apôtre Paul, en prison, parle de son ami Épaphras, son compagnon de captivité en Jésus- Christ (Philémon 1 :  23). Dans l’épître aux Colossiens, il met en avant l’action de son ami dans la prière : 

« Épaphras, votre compatriote, vous salue : serviteur du Christ Jésus, il ne cesse de combattre pour vous dans ses prières » (Colossiens 4 : 12). 

Le verbe « combattre » vient du grec agônizomai. C’est un terme qui souligne l’effort dans la lutte, dans une compétition, dans un combat où l’on déploie tous ses efforts pour gagner. Épaphras avait lutté et combattu pour les Colossiens dans la prière. Autrement dit, les Colossiens pouvaient se tenir debout parce qu’Épaphras luttait à genoux !

Nous sommes appelés à intercéder pour l’Église

Cela est vrai pour l’Église persécutée partout dans le monde. Le combat dans l’intercession nous en coûte. C’est un effort et c’est ce à quoi nous sommes appelés. Mais je suis convaincu que si les chrétiens sont debout aujourd’hui dans tant de pays autour du monde, et si l’Église progresse, c’est grâce à ceux et celles, en France et ailleurs, qui luttent à genoux.

Nous étions en pleine campagne « sept ans de prière » et j’étais en tournée avec Frère André en France. Ce soir-là, nous avions prévu une réunion importante pour plusieurs centaines de personnes dans une grande salle à Paris. Je suis allé le chercher dans sa chambre d’hôtel. Il a fini de nouer sa cravate, et puis, assis sur le lit, nous avons prié pour la rencontre. En se levant, juste avant de quitter la chambre, il m’a dit une petite phrase que je n’ai jamais oubliée : « De toute façon Michel, le but, c’est de voir Dieu changer le monde. C’est ça l’important ». 

C’était la dimension de sa prière et son ambition pour le royaume. Et deux ou trois années plus tard, le rideau de fer est tombé. La montagne s’était déplacée dans la mer.


Cet article est tiré du livre : Comme le père m’a envoyé de Michel Varton