Quelques conseils pour les jeunes chrétiens (J. C. Ryle)

1. Cherchez d’abord à acquérir une bonne compréhension du mal et du péché

Jeunes gens, si vous saviez ce que c’est que le péché, vous ne trouveriez pas que je vous presse trop fortement sur ce sujet. Vous ne le voyez pas sous ses véritables couleurs ; vos yeux sont naturellement aveuglés sur sa culpabilité et sur ses dangers. 

Ce que dit la Bible du péché

Pensez d’abord à ce que dit la Bible du péché, comment il habite naturellement dans le cœur de tout homme et de toute femme qui vit (Ec 7.20 ; Ro 3.23) ; comment il souille nos pensées, nos paroles et nos actions, et cela continuellement (Ge 6.5 ; Mt 15.19) ; comment il nous rend tous coupables et condamnables aux yeux d’un Dieu très saint (És 64.6 ; Ha 1.13) ; comment il nous laisse entièrement sans espérance de salut, si nous regardons à nous-mêmes (Ps 143.2 ; Ro 3.20) ; comment son fruit dans ce monde c’est la honte, et son salaire dans le monde à venir c’est la mort (Ro 6.21,23). 

L’épouvantable changement que le péché a opéré dans toutes nos natures

Pensez ensuite à l’épouvantable changement que le péché a opéré dans toutes nos natures. L’homme n’est pas longtemps resté dans l’état où il était, quand Dieu le tira de la poudre de la terre. Il était sorti des mains de son Créateur droit et exempt de péché (Ec 7.29). Aux jours de la création, il était, comme toutes les œuvres de Dieu, très bon (Ge 1.31). Et qu’est-il devenu aujourd’hui ? Une créature déchue, une ruine, un être qui étale par-dessus tout les signes de la corruption. Hélas ! quelle ruine, comparée à ce que l’homme aurait dû être ! 

Ce qu’a coûté l’expiation pour le péché

Pensez aussi à ce qu’a coûté l’expiation pour le péché et pour procurer le pardon aux pécheurs. Le Fils de Dieu lui-même a dû venir dans le monde prendre sur lui notre nature, afin de payer le prix de notre rançon, et de nous délivrer de la malédiction de la loi violée. Celui qui était au commencement avec le Père, et par qui toutes choses ont été faites, a dû souffrir pour le péché, lui juste pour les injustes ; il a dû mourir de la mort des malfaiteurs, afin que le chemin du ciel fût ouvert à nos âmes. Voyez le Seigneur Jésus méprisé et rejeté des hommes, frappé, moqué, insulté ; regardez-le, répandant son sang sur la croix du Calvaire. Écoutez-le, criant dans son agonie : 

« Mon Père ! Mon Père ! Pourquoi m’as-tu abandonné ? » 

Ce que le péché a déjà fait sur la terre

Pensez aussi à ce que le péché a déjà fait sur la terre. Il a expulsé Adam et Ève du paradis. Il a amené le déluge sur l’ancien monde, causé la destruction par le feu de Sodome et Gomorrhe, noyé Pharaon et son armée dans la mer Rouge, détruit les sept méchantes nations du pays de Canaan, dispersé les douze tribus d’Israël sur la surface du globe. Le péché seul est la cause de tout cela. 

Le malheur et l’affliction que le péché a causés

Pensez encore au malheur et à l’affliction que le péché a causés et cause encore chaque jour : la douleur, les maladies et la mort ; les batailles, les guerres et les divisions ; l’envie, la jalousie et la malice ; la tromperie, la fraude et le mensonge ; la violence, l’oppression et le pillage ; l’égoïsme, la dureté et l’ingratitude — toutes ces choses sont les fruits du péché. Le péché est leur père ; c’est lui qui a gâté et souillé la face de la création de Dieu.

Oh ! réveillez-vous, pour sentir la culpabilité et les dangers du péché. Rappelez-vous ces paroles de Salomon : 

« Les insensés (et les insensés seuls) excusent le péché  » (Pr 14.9). 

Écoutez la requête que je vous adresse aujourd’hui ; priez Dieu qu’il vous montre le mal réel du péché, afin que vos âmes soient sauvées.

2. Cherchez à croître dans la connaissance du Seigneur Jésus-Christ

C’est la chose principale en religion ; c’est la pierre angulaire du christianisme. Jusqu’à ce que vous ayez cette connaissance, mes avertissements et mes conseils seront inutiles, et vos efforts, quels qu’ils soient, seront vains. Une religion sans Christ est une montre sans le ressort qui la fait mouvoir.

Mais tâchez de bien me comprendre. Ce que j’entends, ce n’est pas une simple connaissance du nom de Christ, c’est la connaissance de sa miséricorde, de sa grâce, de son pouvoir. Il s’agit de le connaître, non seulement par l’ouïe, mais par l’expérience de vos cœurs. Il faut que vous le connaissiez par la foi. Il faut, comme le dit l’apôtre Paul, connaître « la puissance de sa résurrection […] en devenant conforme à lui dans sa mort » (Ph 3.10). Il faut que vous puissiez dire de lui :« Il est ma paix et ma force, ma vie et ma consolation, mon médecin, mon berger, mon Sauveur et mon Dieu. »

Si j’appuie autant sur ce point, c’est « qu’en Christ seul toute plénitude habite » (Col 1.19) ; parce qu’en lui seul on trouve en abondance tout ce qu’exigent les besoins de nos âmes. De nous-mêmes, nous sommes de pauvres et misérables créatures, dépourvues de justice et de paix, vides de force et de consolation, de courage et de patience, incapables de pouvoir nous soutenir, ou marcher, ou progresser dans ce méchant monde. C’est en Christ seul que toutes ces choses peuvent se trouver : grâce, paix, sagesse, 

Écoutez donc la requête que je vous adresse aujourd’hui. Si vous aimez la vie, cherchez à croître dans la connaissance de Jésus-Christ.

3. Établissez, comme un principe fixe dans votre esprit, qu’il n’y a rien de plus important pour vous que votre âme

Votre âme est éternelle. Elle vivra à jamais. Le monde et tout ce qu’il contient passera, aussi ferme, solide et bien organisé qu’il soit. Le monde aura une fin. 

« La terre et tout ce qu’elle contient sera brûlée » (2 Pi 3.10). 

Les œuvres des hommes d’État, des écrivains, des architectes et des peintres sont de courte durée, mais vos âmes survivront à tout cela. La voix des anges proclamera un jour qu’« il n’y a plus de temps » (Ap 10.6) ; mais cette parole ne sera jamais dite de vos âmes.

Réfléchissez un moment au but pour lequel vous avez été placés dans ce monde. Ce n’est pas simplement pour manger, pour boire et pour satisfaire les désirs de la chair ; ce n’est pas simplement pour parer votre corps et pour suivre ses convoitises partout où elles veulent vous mener ; ce n’est pas pour travailler, rire et causer, pour jouir et ne songer à aucune autre chose qu’au temps présent. Non ; vous êtes destinés à quelque chose de plus élevé et de meilleur que tout cela. Vous êtes placés ici pour vous préparer à l’éternité. Votre corps n’est destiné qu’à servir d’habitation à votre âme immortelle. C’est vous éloigner du but que Dieu s’est proposé en vous créant que de faire (comme beaucoup font) de l’âme une servante du corps, et non du corps un serviteur de l’âme.

Croyez-moi, le jour approche où l’âme sera la seule chose dont on s’occupera, et la seule question importante sera celle-ci : « Mon âme est-elle sauvée ou perdue ? »

4. Adoptez fermement ce principe : les jeunes gens peuvent servir Dieu

Je crains les pièges que Satan peut tendre devant vos pas à ce dernier égard, et qu’il ne réussisse à insinuer dans vos esprits cette fausse idée disant qu’être un véritable chrétien dans la jeunesse, c’est une chose impossible. J’en ai connu plusieurs qui ont été entraînés par cette tromperie ; j’ai entendu dire : « Vous exigez l’impossible en attendant autant de religion des jeunes gens. La jeunesse n’est pas le bon temps pour être sérieux. Nos désirs sont trop vifs, et on n’a jamais pu prétendre que nous réussissions à les comprimer, comme vous l’attendez de nous. Dieu a voulu que nous jouissions de la vie. Il reste dans l’avenir bien assez de temps pour nous occuper de religion. » Ce langage n’est que trop encouragé par le monde, qui est porté à fermer les yeux sur les péchés de la jeunesse.

Jeunes gens, je vous adresserai cette simple question : « Où trouvez-vous cela dans la Parole de Dieu ? » Où est le chapitre ou le verset de la Bible qui vient appuyer ces discours et ces raisonnements du monde ? La Bible ne s’adresse-t-elle pas aux vieux et aux jeunes indifféremment, sans distinction ? Le péché n’est-il pas un péché, qu’il soit commis à vingt ou à cinquante ans ? Au jour du jugement, croyez-vous que cette excuse aura le moindre poids, quand vous direz : « Je le sais, j’ai péché ; mais alors j’étais jeune. » Consultez votre bon sens, et il vous forcera à renoncer à une semblable excuse ! Vous êtes responsables de votre conduite, et vous en rendrez compte à Dieu depuis le moment où vous avez pu discerner le bien du mal.

Je sais qu’il y a de grandes difficultés sur le chemin de la jeunesse, je l’accorde pleinement ; mais il y en a toujours pour suivre la ligne du devoir. Le chemin qui mène au ciel est toujours étroit, aussi bien pour les vieux que pour les jeunes. Il y a des difficultés, mais Dieu vous fera la grâce de les surmonter. Dieu n’est pas un maître dur ; il ne vous ordonnera pas, comme Pharaon, de faire des briques sans vous fournir la paille pour les cuire. Il prendra soin que le chemin du devoir soit toujours praticable. Il ne donne jamais à l’homme un commandement sans lui fournir le pouvoir et le moyen de s’y conformer.

Lorsque Satan vous dit que vous ne pouvez pas être chrétien pendant le temps de votre jeunesse, répondez-lui : « Arrière de moi, Satan ! Avec l’aide de Dieu, je m’efforcerai de l’être. »

5. Acceptez la Bible comme votre guide et votre conseil, et ce, pour toute la durée de votre vie

La Bible est la ressource miséricordieuse pour l’âme de l’homme pécheur, la carte qu’il doit consulter pour le guider dans son voyage vers la vie éternelle ; tout ce que nous devons connaître pour nous donner la paix et nous rendre saints et heureux s’y trouve en abondance. Si un jeune homme veut savoir comment il doit s’y prendre pour bien commencer sa vie, qu’il écoute ce que lui dit David : 

« Par quel moyen un jeune homme rendra-t-il sa voie pure ? C’est en y prenant garde selon ta Parole » (Ps 119.9).

Jeunes gens, habituez-vous à lire la Bible et ne vous en laissez jamais détourner, ni par le rire de compagnons moqueurs, ni par les habitudes contraires de la famille dans laquelle vous vivez. Prenez la résolution de vous réserver le temps de la lire ; ne vous laissez persuader par personne que ce livre n’est bon que pour les écoles du dimanche, pour les enfants et pour les vieilles femmes. C’est le livre dans lequel David puisait sa sagesse et son intelligence ; c’est celui que Timothée connaissait depuis son enfance. Ne rougissez point de le lire, « ne méprisez pas la Parole » (Pr 13.13). 

Lisez la Bible régulièrement

De plus, lisez-la régulièrement. C’est le seul moyen de s’enraciner puissamment dans les Écritures. Un regard jeté à la hâte et de temps en temps sur la Bible fera peu de bien. Par là, vous ne deviendrez jamais familiers avec ses trésors, et ne sentirez pas l’assurance de l’épée de l’Esprit entre vos mains à l’heure du combat !

Tenez votre cœur nourri de l’Écriture en la lisant attentivement, et vous découvrirez bientôt son prix et sa puissance. Les textes se révéleront à vos cœurs au moment de la tentation ; les commandements se reproduiront d’eux-mêmes dans les temps de doute ; les promesses viendront s’associer à vos pensées pendant les heures de découragement ; et ainsi vous ferez l’expérience de ces paroles de David : « J’ai serré ta Parole en mon cœur, afin que je ne pèche point contre toi » (Ps 119.11) ; et de ces paroles de Salomon : « Quand tu marcheras, il te conduira ; quand tu te coucheras, il te gardera ; et quand tu te réveilleras, il te parlera » (Pr 6.22).

Jeunes gens, rendez à la Bible l’honneur qui lui est dû, tous les jours de votre vie ; qu’elle soit, sinon la seule, du moins la première de vos lectures. 

6. Évitez d’avoir des amis proches qui ne sont pas des amis de Dieu

Comprenez-moi bien, je n’entends pas parler ici de simples connaissances, et ne prétends pas que vous ne deviez avoir des rapports qu’avec de vrais chrétiens. Prendre un semblable parti ne serait ni possible ni désirable dans ce monde. Le christianisme n’exige d’aucun homme qu’il soit grossier ou impoli.

Mais ce que je vous demande, c’est que vous soyez très attentifs dans le choix de vos amis. N’ouvrez pas votre cœur à une personne uniquement parce qu’elle a un bon caractère, ou parce qu’elle est aimable, agréable, ou même remarquable par l’élévation de ses sentiments et sa douceur. Ces choses sont excellentes, mais elles ne sont pas tout. Ne vous contentez jamais de l’amitié de quelqu’un qui ne serait pas utile à votre âme.

Nous sommes, par nature, portés à l’imitation

Vous devez vous rappeler que nous sommes, par nature, portés à l’imitation. Les préceptes nous enseignent, mais l’exemple nous entraîne. Nous sommes tous disposés à imiter ceux avec lesquels nous vivons ; et cette disposition s’accroît en proportion de l’amour que nous avons pour eux. Ils influencent nos opinions et nos goûts, sans même que nous en ayons la conscience. Nous abandonnons insensiblement ce qui leur déplaît, et nous faisons ce qu’ils préfèrent, afin de nous unir plus étroitement à eux. Et, ce qu’il y a de pire, c’est que nous nous conformons à eux dans le mal beaucoup plus vite que dans le bien ; car, malheureusement, c’est la maladie qui est contagieuse et non la santé.

« Les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs » (1 Co 15.33). 

Je souhaite que ce texte soit écrit dans vos cœurs aussi souvent qu’on le voit répété dans les livres. 

Des amis qui font du bien à votre âme

Vous me demanderez quelle espèce d’amis vous devez choisir. Choisissez des amis qui font du bien à votre âme, des amis que vous pouvez réellement respecter, des amis que vous aimerez sentir à vos côtés à votre lit de mort, des amis qui aiment la Bible et qui n’ont pas peur de vous en entretenir, des amis dont vous n’aurez pas honte lors de la venue de Christ et au jour du jugement. Suivez l’exemple que David met devant vous, quand il dit : 

« Je suis le compagnon de tous ceux qui te craignent et de tous ceux qui gardent tes commandements » (Ps 119.63). 

Rappelez-vous aussi ces paroles de Salomon : 

« Celui qui fréquente les sages deviendra sage, mais le compagnon des fous sera détruit » (Pr 13.20). 

Mais soyez certains que la mauvaise compagnie dans la vie présente est le moyen le plus sûr pour vous en procurer une pire encore dans le monde à venir.


Cet article est tiré du livre : Exhortations aux jeunes chrétiens de John Charles Ryle