Il est assez difficile de surestimer la façon dont l’ordinateur a changé notre vie. Et en écoutant ses vieilles prédications, je suis frappé par la rapidité avec laquelle le pasteur John a su que le microprocesseur allait changer notre vie à tous — en introduisant l’ordinateur dans nos foyers et en finissant par mettre des smartphones dans nos poches. Il a vu les implications de ce monde informatisé il y a des décennies, alors qu’il achetait son premier ordinateur dans les premières années de son pastorat. Il explique certaines de ces implications dans une prédication du printemps 1984. Nos nouveaux pouvoirs numériques seraient envoûtants. Nos gadgets s’empareraient de nos affections. Les ordinateurs apportent d’énormes bienfaits à nos vies, mais ils peuvent aussi corrompre nos espoirs et nos affections. Voici le pasteur John qui nous explique comment cela est le cas, il y a 36 ans.
Jeudi dernier, le jour où je prends habituellement congé, Noël et moi avons pris environ trois heures de notre journée pour aller visiter des magasins d’informatique dans le centre de Minneapolis. J’ai pensé que je pourrais fouiller pour voir s’il n’y aurait pas une sorte de matériel de traitement de texte que je pourrais un jour m’offrir. Et ce fut une expérience incroyable — ma première incursion dans le grand monde de l’informatique. Nous sommes d’abord allés à la bibliothèque et avons lu les derniers rapports de consommateurs sur le traitement de texte, puis nous avons visité quatre magasins et sommes rentrés avec une grosse pile de brochures colorées.
Étrange et merveilleux
Les ordinateurs, c’est comme le sexe, me suis-je dit. Il y a quelque chose en nous auquel ils peuvent s’accrocher et auquel ils peuvent se tenir. Les ordinateurs sont comme une romance, une épopée ou une aventure, qui s’est réalisée sous nos yeux. Ils allient mystère et puissance, précision et beauté. Ils sont passionnants. Ils sont nouveaux. Ils ont des possibilités illimitées. Notre culture va être irréversiblement transformée par la révolution micro-informatique. Chacun d’entre vous en aura un chez lui d’ici 1994, car les prix vont baisser. Les utilisations vont s’étendre. Ce sera aussi courant que le téléphone, je n’en doute pas. Mais pour l’instant, ce sont des choses étranges et merveilleuses.
Et l’un des effets qu’ils peuvent avoir sur les chrétiens est de nous faire sentir que les choses spirituelles ne sont pas très réelles ou stimulantes — que les choses spirituelles ne peuvent pas se comparer à ces merveilles. Vous pouvez toucher un ordinateur. Vous pouvez voir un ordinateur. Il vous répondra. Il résoudra vos problèmes instantanément. Il exerce une puissante fascination.
Mais la Bible parle surtout de choses invisibles. Elles ne s’imposent pas à vos sens. La Bible parle de choses souvent lointaines dans le passé ou lointaines dans l’avenir. Vous en avez tous fait l’expérience, n’est-ce pas, avec un nouveau gadget ou un jouet ou un appareil électroménager ? Soit vous l’apportez à la maison, soit vous rentrez avec un paquet de littérature sur le sujet — une littérature que vous n’avez lue qu’à moitié sur le traitement de texte. Est-il facile de la prendre, de la mettre de côté et, de tout son cœur, d’ouvrir la Bible et d’écouter la voix de Dieu ?
Au-dessus de la brume
Permettez-moi de poser une autre question en plus de cette dernière : si le médecin vous disait cette semaine que vous avez une insuffisance rénale et une insuffisance cardiaque, et qu’il vous disait : « Vous avez trois jours au maximum, à moins que nous n’utilisions des mesures extraordinaires, et nous ne pensons pas que ce serait sage », que préféreriez-vous ? Demanderiez-vous à votre famille de s’asseoir près de votre lit et de lire les derniers développements des programmes d’IBM ou la Bible ?
Que s’est-il passé ? Que se passe-t-il dans les minutes qui suivent la sortie du médecin qui vous laisse avec l’imminence de votre mort ? Qu’arrive-t-il à cette fascination saisissante de la RAM, de la ROM, du CPU, du CP/M, du PC DOS, des moniteurs multicolores et des logiciels ? Que se passe-t-il ?
Ce qui se passe, c’est qu’ici, à la fin de votre voyage dans la vallée de la vie, la brume de l’engouement pour l’informatique s’envole tout simplement. Et tout d’un coup, vous voyez, peut-être pour la première fois de votre vie, la réalité lucide des montagnes de l’éternité qui vient de s’abattre. Vous vous retournez pour voir ce brouillard s’éloigner dans la vallée, et vous vous demandez comment vous avez pu être si envoûté, si captivé, si englouti dans les fonctions mécaniques d’une machine fabriquée par l’homme. Et vous regardez devant vous, et vous voyez les pics spectaculaires et les affreux ravins et les rochers inaccessibles de ces montagnes, et vous vous demandez comment tout cela a pu jouer un rôle aussi insignifiant dans votre vie.
La colombe et le lion
Mais il n’y a pas que les montagnes que l’on voit. Sur la courte distance que vous devez parcourir entre votre lit d’hôpital actuel et ces montagnes, vous regardez sur le côté. Et de ce côté, vous voyez de l’herbe verte et épaisse, des arbres aux fruits succulents, des ruisseaux cristallins et des poissons jouer dans l’eau, et une énorme colombe blanche qui plane dans le ciel au-dessus de tout cela.
Et puis vous regardez de l’autre côté et vous voyez un terrain vague de cadavres à moitié mangés, de lits de rivières fissurés et de cendres sèches. Et au milieu de tout cela, un énorme lion affamé et décharné, avec ses omoplates qui transpercent sa fourrure galeuse et ses grands yeux qui vous regardent droit dans les yeux. Et tout à coup, en un instant incommensurable, vous découvrez ce qu’a été la vie au milieu de toutes les brumelettes des ordinateurs, des bibelots, des jouets, des voitures, des maisons et des affaires. La vraie question de la vie devient vraiment claire — à savoir, une bataille pour votre âme entre la colombe qui donne la vie et le lion qui détruit.
Ce que Satan craint le plus
Ce matin, je suis venu vous proclamer que tout ce qui vous a envoûté, tout ce qui vous a captivé, tout ce qui vous passionne, si cela émousse votre sensibilité aux montagnes de l’éternité, si cela vous enferme d’une manière ou d’une autre dans une brume pour que vous ne sentiez pas ce qui se joue réellement chaque jour dans votre vie entre le lion et la colombe, c’est une illusion de l’enfer. Je veux que nous voyions Christ au combat aujourd’hui, afin que nos vies puissent être débarrassées de ce brouillard qui nous aveugle dans le combat auquel nous sommes confrontés.
Les gens se demandent parfois : « Si Satan est réel, pourquoi ne voyons-nous pas plus de possessions et d’exorcismes de démons en Amérique ? Comment se fait-il que nous venions d’en entendre parler en Indonésie ? » J’ai une idée. Satan tient le christianisme américain si fort dans l’étau du confort et de la richesse, qu’il n’est pas prêt à se laisser aller à trop de foutaises démoniaques. Ce que Satan craint le plus, dans notre église, c’est une effusion du Saint-Esprit qui nous fait dire, à toi et à moi, avec Paul :
« Et je considère même tout comme une perte [afin que] je connai[sse] Christ, la puissance de sa résurrection et la communion à ses souffrances en devenant conforme à lui dans sa mort. » (Philippiens 3.8,10)
Pertinent encore aujourd’hui
C’était un message puissant de la part de pasteur John qui reste tout aussi pertinente pour l’ère du smartphone et pour toutes les technologies envoûtantes de notre époque. Cette prédication a été prêchée il y a 36 ans, le 18 mars 1984, dans une prédication intitulée « Christ au combat : La défense par l’Esprit ».
Pasteur John Piper vous répond présente les réponses que le pasteur John Piper donne à des questions théologiques et pastorales difficiles. Ce podcast, créé en partenariat avec Desiring God, vous est offert par Revenir à l’Évangile, un blog et un ministère de Publications Chrétiennes. Pasteur John répondra à deux questions chaque semaine. Vous pourrez entendre ses réponses sur notre blog, Facebook, Youtube, Apple Itunes Store et sur l’appareil que vous utilisez pour écouter des podcasts
