Qu’est-ce que la discipline d’Église ?
Cet article est tiré du livre : Comprendre la discipline d’Église de Jonathan Leeman
Qu’est-ce que la discipline d’Église ? De manière générale, elle désigne le fait de corriger le péché dans l’Église. Notons comment le livre des Proverbes met en parallèle discipline (au sens large) et correction :
Celui qui aime la correction aime la science ; celui qui hait la réprimande est stupide (Pr 12.1).
La discipline consiste à corriger, à réprimander, à avertir. Ce genre de correction peut avoir lieu en privé et de manière informelle, comme lorsqu’un ami à l’Église m’a fait remarquer à quel point je pouvais être égoïste. C’était un petit geste de discipline. J’espère en avoir tiré des leçons. De temps en temps, cependant, la correction devient formelle et publique. Elle implique d’en informer l’Église et, faute de repentance de la personne concernée malgré l’implication de l’Église, elle aboutit à la révocation de son statut de membre. Cette dernière étape de radiation est parfois appelée « excommunication ».
Le catholicisme romain utilise le terme excommunication pour décrire le processus d’exclusion d’un membre de l’Église et du salut, comme si l’Église pouvait refuser le salut. Chez les protestants, l’excommunication désigne simplement le retrait d’un membre de l’Église locale et de la sainte cène (cette personne est excommuniée, autrement dit privée de communion). Cela ne veut pas dire que la personne n’est assurément pas chrétienne. Après tout, nous n’avons pas les yeux du Saint-Esprit et nous ne pouvons pas sonder les âmes. C’est plutôt une façon pour l’Église de dire : « Nous ne pouvons plus associer le nom et la crédibilité de notre royaume à cette personne et la reconnaître comme chrétienne. Nous la traiterons désormais comme si elle ne l’était pas. »
On accepte sans aucun problème l’idée de discipline dans d’autres domaines de la vie. Les entraîneurs sportifs poussent par exemple les athlètes à discipliner leurs corps pour les préparer à une compétition.
Les enseignants motivent leurs élèves à discipliner leurs esprits pour les préparer aux examens. Puis ils les corrigent en notant ces épreuves.
Dans ces autres secteurs, nous savons que la correction est vectrice de croissance. Pour qu’un rosier pousse, on doit le tailler.
Je me souviens de la première fois que j’ai pris un sécateur pour tailler un rosier dans mon jardin. Je n’étais pas à l’aise. J’étais nerveux. Je me suis demandé si je devais vraiment couper ces branches. « Cela ne va-t-il pas blesser la plante ? » J’ai continué ma taille en ayant foi dans le fait que c’était la bonne chose à faire. Un an plus tard, le buisson était couvert de fleurs.
La notion de discipline est également communément admise dans d’autres organisations. Il n’y a pas eu de tollé quand l’Agence antidopage des États-Unis a déchu Lance Armstrong de ses sept titres du Tour de France après avoir enquêté et réalisé qu’il les avait gagnés grâce à un dopage illégal. De même, on approuve le fait que les avocats qui trafiquent les preuves soient radiés du barreau, que les médecins qui prescrivent des médicaments illégaux perdent leur droit d’exercer et que tout entrepreneur en bâtiment, électricien ou plombier qui viole les codes de la construction pour économiser de l’argent encoure une amende, voire une peine d’emprisonnement.
Pourtant, lorsqu’il est question de discipline d’Église, nous sommes mal à l’aise.