Qu’est-ce que la grâce ? (John Piper)
Qu’est-ce que la grâce ? La question semble simple, mais la réponse comporte de nombreux aspects. Cette question nous vient d’un courriel récent d’une auditrice du podcast nommée Heather :
Bonjour, Pasteur John ! Je n’ose pas poser cette question, car je suis gênée d’admettre que j’ai du mal à comprendre l’un des mots les plus utilisés dans l’Église aujourd’hui. Ce mot est « grâce ». Je l’entends souvent défini comme une « faveur non méritée » ou « obtenir ce que vous ne méritez pas ». Et je le comprends de cette façon dans le contexte d’Éphésiens 2.8 : « En effet, c’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. »
Mais je ne le comprends pas dans le contexte de textes comme 2 Corinthiens 12.9 : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. » Ou 1 Corinthiens 15.10 : « Mais par la grâce de Dieu je suis ce que je suis, et sa grâce envers moi n’a pas été sans résultat. Au contraire, j’ai travaillé plus qu’eux tous, non pas moi toutefois, mais la grâce de Dieu qui est avec moi. » Je ne comprends pas le mot « grâce » dans ces versets. Pouvez-vous me l’expliquer ?
Eh bien, c’est l’une des raisons pour lesquelles j’aime cette question – et je sais que je le dis souvent parce que j’aime ce que nous faisons ici. J’aime toutes ces questions. En fait, certaines d’entre elles sont trop difficiles à aimer. Mais celle-ci est facile pour moi parce que ces versets qui la troublent sont parmi mes préférés.
Mais voici une des raisons pour lesquelles j’aime cette question : elle me donne l’occasion de dire à Heather et à tout le monde que nous sommes vraiment tous dans le même bateau, et je n’ai pas d’avantage particulier sur vous pour répondre à ces questions, sauf peut-être que j’ai un peu plus de pratique. En d’autres termes, ce que je fais quand j’entends une question comme celle-ci est quelque chose qu’Heather pourrait faire ou que n’importe qui pourrait faire.
Assembler les pièces du puzzle
J’ouvre ma Bible et je trouve ma concordance, et je cherche toutes les occurrences du mot grâce dans la Bible. On compte 131 utilisations de ce dernier dans l’ESV (N.D.T. Une traduction anglaise majeure) – 124 dans le Nouveau Testament, dont 86 de l’apôtre Paul, ce qui signifie que les deux tiers de toutes les utilisations du mot grâce dans la Bible se trouvent chez un seul auteur : Paul. Pas étonnant qu’il soit appelé « l’apôtre de la grâce ».
Je dis cela pour encourager Heather (non pas qu’elle n’aurait pas dû écrire, je suis heureux que la question soit posée) et tous les autres à reconnaître qu’il n’y a rien de magique à exercer un ministère dans l’Église, comme celui de pasteur, et qu’il n’y a rien de magique à obtenir un diplôme et à faire des études académiques. Nous répondons tous aux questions à peu près de la même manière. Examinez tout ce que la Bible a à dire, puis faites de votre mieux pour voir comment tout cela s’assemble, tout en étant humble et en soumettant votre esprit à ce que la Bible enseigne.
On met toujours sur le côté nos idées préconçues et on essaie de construire nos idées à partir de tous les morceaux de la Bible. C’est comme un puzzle, où vous essayez d’assembler l’image avec toutes les pièces. Et vous savez, parce que c’est la Parole de Dieu, que ces pièces vont s’emboîter. Si ce n’est pas le cas dans cette vie, alors ce sera dans la suivante. Mais nous essayons d’y travailler autant que possible.
La grâce comme faveur imméritée
Donc, pour répondre à sa question, limitons-nous à Paul, qu’elle a cité, et aux deux usages de la grâce qu’elle a vus. D’une part, la grâce est appelée – et je pense que c’est une expression absolument merveilleuse – une faveur imméritée.
Romains 3.24 : « Ils sont gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est en Jésus-Christ. » La grâce est ce qui amène Dieu à donner des dons gratuits et qu’on ne mérite pas en tant que pécheurs.
Romains 5.15 : « En effet, si beaucoup sont morts par la faute d’un seul, la grâce de Dieu et le don de la grâce qui vient d’un seul homme, Jésus-Christ, ont bien plus abondamment été déversés sur beaucoup. » Ainsi, la grâce est cette qualité en Dieu qui produit des dons gratuits pour des pécheurs coupables dans le cadre du salut.
Romains 11.5-6 : « Il y a un reste conformément à l’élection de la grâce. Or, si c’est par grâce, ce n’est plus par les œuvres, autrement la grâce n’est plus une grâce. » Donc, on ne peut pas œuvrer en vue de mériter la grâce. Elle est gratuite et imméritée.
C’est ce que la plupart d’entre nous ont à l’esprit quand nous disons que Dieu est un Dieu de grâce. Et c’est vrai. C’est merveilleux. Nos vies éternelles en dépendent. Aucun d’entre nous ne serait sauvé si la grâce n’était pas une faveur imméritée, et n’était pas une qualité dans l’esprit de Dieu, dans le cœur de Dieu, dans la nature de Dieu.
La grâce comme puissance vitale
Mais Heather remarque à juste titre un autre groupe de passages, également dans Paul, où il aborde la grâce de manière un peu différente.
2 Corinthiens 9.8 : « Dieu peut vous combler de toutes ses grâces afin que vous possédiez toujours à tout point de vue de quoi satisfaire à tous vos besoins et que vous ayez encore en abondance pour toute œuvre bonne. » Or, cela semble dépeindre la grâce comme une puissance ou une influence poussant à l’obéissance.
2 Corinthiens 12.9 : Jésus dit à Paul : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. »
1 Corinthiens 15.10 : « Mais par la grâce de Dieu je suis ce que je suis, et sa grâce envers moi n’a pas été sans résultat. Au contraire, j’ai travaillé plus qu’eux tous [c’était l’effet de la grâce], non pas moi toutefois, mais la grâce de Dieu qui est avec moi. »
Dans ces trois textes – et ce ne sont pas les seuls – la grâce n’est pas seulement une disposition, une qualité ou une inclination dans la nature de Dieu, mais c’est une influence, une force, une puissance ou un acte de Dieu qui agit en nous pour changer nos capacités de travail, de souffrance et d’obéissance.
Ajuster nos catégories
Donc, ce que je fais quand je vois des choses comme ça dans la Bible, c’est ajuster mes catégories dans ma tête. Je ne vais pas dire : « Oh, eh bien, c’est impossible, parce que j’ai cette catégorie à l’esprit. » Non, non, non. Vous ajustez les catégories que vous avez à l’esprit.
Si autrefois je ne pensais à la grâce que comme un trait de caractère, une disposition ou une inclination dans la nature de Dieu, qui l’amenait à traiter les pécheurs mieux qu’ils ne le méritaient – si c’était ma seule conception, jadis – aujourd’hui, après avoir vu tous les textes, je serais amené à élargir ma compréhension de la grâce en fonction de la Bible. Je dirais maintenant : « Eh bien, il semble que le mot grâce tel que l’utilise Paul ne se réfère pas seulement à un trait de caractère de Dieu ou à une disposition ou une inclination à traiter les gens mieux qu’ils ne le méritent, mais le mot grâce se réfère aussi à l’action, la puissance, l’influence ou à la force de cette disposition, qui produit des résultats réels et pratiques dans la vie des gens, comme suffire pour accomplir toute œuvre bonne ou supporter une écharde dans le corps ou œuvrer plus que les autres, ce que Paul dit de sa propre œuvre apostolique. »
Cela ne signifie pas que vous deviez renoncer à cette simple définition selon laquelle c’est une faveur imméritée. C’est vrai. C’est une bonne définition. Cela signifie simplement que le mot englobe aussi la vérité encourageante – du moins, j’aime cette vérité ; c’est pourquoi ces versets sont si précieux pour moi – que cette faveur déborde en une aide puissante et pratique de Dieu dans votre vie quotidienne, là où vous en avez le plus besoin. Cette aide est aussi appelée grâce parce qu’elle est gratuite et imméritée.
Approchez-vous avec assurance
Alors, permettez-moi de terminer par un verset précieux qu’on connaît et qu’on aime tous et auquel on n’a peut-être jamais pensé en comprenant la grâce de cette façon. Hébreux 4.16 : « Approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce. » C’est un trône qui a la qualité, le caractère et la tendance à traiter les gens mieux qu’ils ne le méritent. C’est le genre de trône duquel nous nous approchons. Mais il est dit ensuite : « afin d’obtenir compassion et de trouver grâce pour être secourus au moment opportun. »
Il est incroyablement encourageant de constater que la grâce de Dieu comprend à la fois l’inclination du cœur divin à nous traiter mieux que nous le méritons et le prolongement de cette inclination par une aide concrète.
Pasteur John Piper vous répond présente les réponses que le pasteur John Piper donne à des questions théologiques et pastorales difficiles. Ce podcast, créé en partenariat avec Desiring God, vous est offert par Revenir à l’Évangile, un blog et un ministère de Publications Chrétiennes. Pasteur John répondra à deux questions chaque semaine. Vous pourrez entendre ses réponses sur notre blog, Facebook, Youtube, Apple Itunes Store et sur l’appareil que vous utilisez pour écouter des podcasts