Qu’est-ce que la repentance ? (Paul Helm)
Comment comprendre la repentance ? Ce n’est clairement pas la même chose que la conviction de péché. Sinon, au jour de la Pentecôte, Pierre n’aurait pas appelé ses auditeurs à se repentir : ils étaient déjà convaincus de leur péché.
Veillons à ne pas sentimentaliser la repentance
En cherchant à saisir ce que les Écritures appellent « repentance », il faut éviter deux écueils. Veillons à ne pas sentimentaliser la repentance, à la concevoir exclusivement en termes émotionnels, en termes de tristesse, de regret ou de remords. Tout sentiment de tristesse ou de regret n’est pas une repentance. Un homme peut regretter de vieillir ou déplorer que ses circonstances l’empêchent d’agir comme il le veut. Il est clair qu’un tel sentiment n’a rien à voir avec la repentance. On n’amène pas les gens à la repentance en se contentant d’éveiller en eux un sentiment de tristesse, par exemple en exerçant sur eux une pression religieuse ou dans le cadre de l’évangélisation.
La repentance suppose un « changement de mentalité »
La repentance n’est pas un vague sentiment de tristesse, une sorte d’humeur ou de disposition générale. C’est une tristesse spécifique, la tristesse d’avoir péché. Elle suppose donc un changement dans la perception qu’on a de soi-même, un « changement de mentalité ». On pourrait aussi utiliser l’expression « changement d’avis », mais elle est devenue banale et creuse. On parle de changement d’avis lorsque quelqu’un décide de peindre sa maison en vert au lieu de la peindre en blanc, ou de passer ses vacances d’été en Écosse plutôt qu’en Espagne.
La repentance, quant à elle, est un changement bien plus profond et décisif. Celui qui en fait l’objet ne change pas d’avis à propos d’un sujet relativement mineur mais à propos des questions les plus fondamentales de la vie : ses idéaux et ses critères moraux et spirituels, sa relation avec Dieu. C’est un changement de mentalité, une réévaluation en profondeur.
Le pécheur repentant se détourne des principes qui gouvernaient auparavant sa conduite
Le pécheur repentant, qui auparavant vivait pour son propre plaisir plutôt qu’en cherchant à plaire à Dieu en respectant sa loi, est désormais convaincu de son péché. Il comprend qu’il a transgressé la loi divine et qu’il est incapable de satisfaire aux critères de Dieu, il répudie sa vie passée. Il la juge à la lumière des critères définis par la loi divine. Il est désormais en mesure d’approuver cette loi et de s’y soumettre grâce à la lumière que l’Esprit lui accorde. Avec tristesse et un sentiment accru d’indignité, il se détourne des principes qui gouvernaient auparavant sa conduite.
C’est ce qui se produit pour les auditeurs de Pierre au jour de la Pentecôte. Pierre leur montre la vérité à propos de Jésus et de ce qui lui est arrivé, ainsi que leur cruelle responsabilité dans sa mort. À son écoute, ils sont convaincus qu’il dit la vérité. Plutôt que de chercher à dissimuler leurs actes ou à se justifier, ils reconnaissent la terrible réalité pour ce qu’elle est et la culpabilité de leurs actes dont ils se détachent et s’écartent.
Une vie consacrée à Dieu dans la repentance
Un changement d’une telle profondeur, qu’il se produise en quelques secondes ou dure plusieurs mois ou années, fait naître des émotions profondes. D’anciens liens d’affection et d’allégeance sont rompus. De nouveaux liens se forment. L’homme ne mène plus une vie marquée par l’amour du monde, une indifférence totale à l’égard de Dieu, une religiosité purement formelle ou un moralisme auto-justificateur. Elle se consacre désormais à Dieu dans la repentance. Même si ce changement s’accompagne d’un bouleversement émotionnel, il ne se limite pas à ce bouleversement.
Évitons de croire que la repentance ne porte que sur des péchés spécifiques
Pour bien comprendre ce qu’est la repentance, évitons un deuxième écueil, qui consiste à croire qu’elle ne porte que sur des péchés spécifiques. Lorsqu’ils sont portés à la conscience de l’individu, ces péchés sont souvent l’une des causes de la repentance. Cela se voit, une encore, chez les Juifs au jour de la Pentecôte. Ils sont convaincus que dans la mise à mort de Christ, ils ont agi avec une méchanceté presque inconcevable. Toutefois, bien qu’ils soient convaincus de ce péché particulier et qu’ils s’en repentent en réponse à l’appel à la repentance de Pierre, nous aurions tort de supposer qu’ils rejettent uniquement ce péché, à l’exclusion de tout autre.
Le « changement de mentalité » propre à la repentance ne porte pas seulement sur des actions spécifiques mais il s’étend à toute action ou disposition dont il peut être démontré qu’elle n’est pas conforme aux commandements divins. À mesure qu’à la lumière de la Parole de Dieu, une personne comprend que ces actions constituent une transgression de la loi divine, elle s’en repent et change de mentalité vis-à-vis de ces actions.
La Parole et l’Esprit œuvrent ensemble dans la conversion
Nous voyons ici comment la Parole et l’Esprit œuvrent ensemble dans la conversion. L’Esprit éclaire l’âme sur la loi divine révélée dans la nature et plus spécifiquement dans les Écritures (Romains 2:14 ; 3:2), et il donne à l’individu un cœur nouveau. Dans la mesure où l’Esprit éclaire, l’homme se repent à l’égard de ces choses. Mais si, pour une raison quelconque, une personne qui se repent ne possède qu’une connaissance imparfaite de la loi divine, des vraies exigences de Dieu vis-à-vis de ses créatures par le moyen de l’obéissance, alors sa repentance est incomplète.
Imaginons par exemple qu’un homme sache que le vol est une chose mauvaise, mais qu’il n’ait pas conscience que le non-respect des horaires de travail est une forme de vol. Il n’aura aucune raison de se repentir de ne pas respecter les horaires. Supposons encore qu’il reconnaisse l’idolâtrie comme un péché mais ne conçoive pas la représentation visuelle de « Jésus » comme une violation du deuxième commandement. S’il utilise de telles images, il ne s’en repentira pas. Confronté à ces situations, l’individu vraiment repentant dira : « Je veux savoir lesquelles de mes actions sont des péchés, et une fois que j’en aurai la conviction, je les rejetterai. »
Le caractère intérieur d’une repentance authentique
Alors que nous analysons le « changement de mentalité » qui repose au cœur de la repentance, gardons à l’esprit le caractère intérieur d’une repentance authentique, sans nous limiter à son étendue (réelle ou potentielle, c.-à-d. les actions couvertes par l’ensemble de la loi divine). Celui qui se repent reconnaît que la loi de Dieu ne concerne pas seulement les actions, tout aussi importantes soient-elles, mais qu’elle implique aussi les mobiles ou les intentions, l’objectif visé dans le fait d’accomplir l’action.
Les Écritures enseignent que deux personnes peuvent accomplir la même action avec les mêmes conséquences, mais dans une perspective morale et spirituelle totalement distincte, voire opposée. Par exemple, si ces gens décident tous deux de ne pas commettre de vol, l’un peut simplement avoir pour but de contribuer au bien social ou de voir ses affaires prospérer. L’autre aura pour but de glorifier Dieu, reconnaissant que le vol est une transgression de la loi divine. En effet, la loi ne porte pas uniquement sur le vol mais aussi sur la convoitise, un état d’esprit et de cœur qui peut exister même lorsqu’aucune occasion de voler ne se présente.
La repentance est à la fois « extensive » et « intensive »
La repentance est donc à la fois « extensive » (elle s’étend à toute la loi de Dieu) et « intensive » (elle a trait aux mobiles et aux intentions tout autant qu’aux actions). C’est ce qui explique pourquoi ceux qui se repentent emploient des expressions qui sembleraient autrement excessives. Le pécheur pénitent se condamne, à l’image de Job, et reconnaît que l’Éternel veut que la vérité repose au fond du cœur, à l’image de David (Job 42:6 ; Psaume 51). À l’image d’Ésaïe, il prend conscience de la sainteté de Dieu et de sa propre impureté (Ésaïe 6:5). Il ne se repent pas seulement d’un péché particulier ou du péché en général, mais de soi-même.
Précisons toutefois que dire de Job qu’il se condamne ne signifie pas qu’il exprime un désespoir suicidaire. Il n’impute pas non plus son péché à son corps, souhaitant par conséquent en être libéré. Job reconnaît plutôt que le péché est profondément enraciné en lui et capable de le tromper. En se condamnant, il utilise les mots les plus forts dont il dispose. Il exprime ainsi la profondeur et l’ardeur de son désir d’être libéré de sa nature pécheresse, du « vieil homme » (pour reprendre les termes de Paul), de son ancienne personnalité qu’il hait et condamne sans pouvoir la vaincre ou s’en libérer totalement de son vivant, même avec l’aide de l’Esprit de Dieu (Romains 7).
La repentance révèle un changement moral et spirituel
Ce changement affecte la position, l’attitude ou la perspective morale de l’homme, et s’étend aux moindres recoins de son esprit, de ses pensées, de ses intentions et de ses désirs, à mesure qu’il les voit pour ce qu’ils sont à la lumière de la Parole de Dieu. Seule l’intervention du Saint-Esprit peut produire un tel changement. C’est lui qui accorde la repentance, le don du Christ ressuscité à son peuple (Actes 5:31).
Cet article est tiré du livre : La conversion de Paul Helm