Qu’est-ce que la sainte cène ?

Cet article est tiré du livre : Comprendre la sainte cène de Bobby Jamieson


La sainte cène est un acte de l’Église consistant à communier avec Christ et les uns avec les autres, et à commémorer la mort de Jésus-Christ en partageant le pain et le vin ; c’est aussi un acte du croyant consistant à recevoir les bienfaits de Christ et à renouveler son engagement envers Christ et son peuple ; elle rassemble l’Église en un seul corps et la distingue du monde.

Décortiquons chaque partie de cette définition.

La sainte cène est un acte de l’Église

Tout d’abord, la sainte cène est un acte de l’Église. C’est un acte accompli par toute l’Église locale, comme un seul corps. Lisons ce que dit Paul dans 1 Corinthiens 11 au sujet des rassemblements des Corinthiens pour célébrer la sainte cène :

  • « Vous vous assemblez, non pour devenir meilleurs, mais pour devenir pires » (v. 17) ;
  • « J’apprends que, lorsque vous vous réunissez en assemblée, il y a parmi vous des divisions » (v. 18) ;
  • « Donc lorsque vous vous réunissez, ce n’est pas pour manger le repas du Seigneur » (v. 20) ;
  • « Lorsque vous vous réunissez pour le repas, attendez-vous les uns les autres […] afin que vous ne vous réunissiez pas pour attirer un jugement sur vous » (v. 33,34).

Manifestement, à Corinthe, la sainte cène était célébrée par l’ensemble de l’Église locale lors d’une seule et même réunion. Ce n’était pas un acte accompli seulement par quelques individus, familles ou petits groupes : c’était un événement auquel toute l’Église prenait part. Il n’existe aucune preuve solide qu’une quelconque Église du Nouveau Testament ait procédé autrement.

La sainte cène est célébrée par l’Église, en tant qu’Église. Ce n’est pas un repas privé entre amis, mais la célébration publique de la communion de l’Église avec Jésus-Christ et les uns avec les autres. On ne peut pas séparer la sainte cène de l’Église. Si l’on supprime le rassemblement de l’Église, on supprime aussi la sainte cène. Cette dernière est un acte de l’Église.

Consistant à communier avec Christ et les uns avec les autres

Comme nous l’avons vu au chapitre 3, lorsque nous célébrons la sainte cène, nous « participons » au corps et au sang de Christ (1 Co 10.16,17). Lorsque nous partageons le pain et le vin par la foi, nous prenons part à ce que le corps brisé et le sang versé de Jésus-Christ ont acquis pour nous, à savoir le pardon, la réconciliation, l’adoption ainsi que toutes les autres bénédictions de la nouvelle alliance.

Aussi la sainte cène est-elle souvent appelée « communion » : nous communions avec Jésus-Christ. Nous sommes en communion avec lui. Nous goûtons et expérimentons à nouveau le salut qu’il a acquis pour nous par son sacrifice. En prenant le pain et le vin par notre bouche, nous nous nourrissons de Christ dans notre cœur par la foi.

Le « nous » est crucial. Comme nous l’avons vu, la sainte cène est un acte de l’Église. Il ne s’agit pas d’être entouré de quelques dizaines ou centaines de personnes pour vivre un grand moment privé de dévotion, chacun dans son coin. Souvenez-vous des paroles de Paul dans 1 Corinthiens 10.17 : « Puisqu’il y a un seul pain, nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps ; car nous participons tous à un même pain. » Dans la sainte cène, en raison de notre communion avec Jésus-Christ, nous sommes aussi en communion les uns avec les autres. La sainte cène exprime notre union avec Jésus et donc notre unité en Christ. Dans la sainte cène, nous communions ensemble avec Christ et, par conséquent, nous communions les uns avec les autres.

Et à commémorer la mort de Jésus-Christ

Dans la sainte cène, nous commémorons également la mort de Jésus : « Ensuite il prit du pain ; et, après avoir rendu grâces, il le rompit, et le leur donna, en disant : “Ceci est mon corps, qui est donné pour vous ; faites ceci en mémoire de moi” » (Lu 22.19). Cet acte de commémoration implique évidemment le rappel de la mort de Jésus et sa signification. Le fait de rompre et de manger le pain, de verser et de boire le vin présente de manière tangible les événements de l’Évangile à nos sens que sont la vue et le goût.

Toutefois, le repas du Seigneur ne se limite pas à un simple rappel : en un sens, il transpose le passé dans le présent. Rappelez-vous ce que Dieu a ordonné lors de la Pâque : « Tu diras alors à ton fils : “C’est en mémoire de ce que l’Éternel a fait pour moi, lorsque je suis sorti d’Égypte” » (Ex 13.8). Chaque génération devait dire : « Je célèbre ce repas en raison de la façon dont le Seigneur m’a fait sortir d’Égypte. » Les générations suivantes appartenaient à la même alliance que Dieu avait conclue avec son peuple, c’est pourquoi elles étaient incluses, en vertu de cette alliance, dans l’événement salvateur à l’origine de l’alliance.

Telle la Pâque qu’elle reprend et transforme, la sainte cène est aussi un repas de commémoration de l’alliance. Elle transpose le passé dans le présent en inscrivant nos vies dans l’histoire rédemptrice de Christ. Au cours de la sainte cène, chacun de nous déclare : « Je mange ce pain et je bois cette coupe en raison de ce que le Seigneur a fait pour moi sur la croix lorsqu’il m’a libéré de mon péché. »

Comme nous l’avons vu au chapitre 5, la sainte cène inscrit aussi le futur dans le présent. Nous contemplons l’œuvre accomplie par Christ à la croix dans le passé, mais nos yeux se portent également sur le royaume à venir. Nous commémorons sa mort et anticipons son retour. Comme le dit Paul, « car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne » (1 Co 11.26). Dans la sainte cène, nous commémorons et proclamons la signification rédemptrice de la mort de Christ sur la croix.

En partageant le pain et le vin

Lors de la Cène, Jésus a pris deux éléments du repas de la Pâque, le pain et le vin, et les a désignés comme symbolisant son corps donné pour nous et son sang versé pour nous (Mt 26.26-28 ; Mc 14.22-24 ; Lu 22.17-20). Lors de la sainte cène, toute l’Église prend part au pain et au vin, annonçant et s’appropriant ainsi les bienfaits de la mort de Christ.

Il semble que, dans le Nouveau Testament, la sainte cène était célébrée dans le contexte d’un repas (1 Co 11.20-22 ; peut-être Ac 2.42 ; 20.7 ; Jud 12). J’aimerais que davantage d’Églises réinstaurent cette pratique, mais je ne pense pas qu’elle soit essentielle à l’ordonnance de la sainte cène. Ce que Jésus nous a ordonné, c’est de manger le pain et de boire le vin.

Soulignons que Jésus nous a ordonné de faire cela. La sainte cène n’est pas une invention de l’Église, mais quelque chose que Jésus a institué. Ainsi, chaque chrétien devrait participer régulièrement à la sainte cène, par obéissance à Christ et dans l’attente d’une communion renouvelée avec lui.

C’est aussi un acte du croyant

La sainte cène est tout autant un acte de l’Église (collectif) qu’un acte du croyant (individuel). Lors de la sainte cène, on mange le pain. On boit le vin. On déclare la mort du Seigneur, jusqu’à son retour.

La sainte cène est un acte auquel seul un croyant en Christ doit participer. En effet, seuls ceux qui croient que le sacrifice expiatoire de Jésus-Christ les sauve devraient commémorer sa mort avec l’Église. Seuls ceux dont l’espérance est dans la mort de Jésus-Christ devraient proclamer sa mort. N’oublions pas l’avertissement de Paul selon lequel participer à la sainte cène « indignement » revient à se rendre « coupable envers le corps et le sang du Seigneur » (1 Co 11.27). Bien que la manière « indigne » à laquelle Paul fait référence ici soit le péché contre d’autres croyants, dont certains Corinthiens étaient coupables, le principe s’applique à toute personne qui y prend part sans placer sa confiance en Christ. La sainte cène devrait apporter la bénédiction, mais, dans certains cas, elle apporte le jugement (1 Co 11.29).

En n’invitant pas les personnes non chrétiennes présentes dans l’église à participer à la sainte cène, nous saisissons l’occasion de leur rappeler qu’elles doivent placer leur confiance en Christ. Elles doivent passer leur tour. La sainte cène est une ordonnance évangélique, non pas dans le sens où elle contribue à la conversion des gens, mais dans le sens où elle souligne leur besoin d’être convertis.

Consistant à recevoir les bienfaits de Christ

Lors de la sainte cène, le croyant reçoit les bienfaits de Christ. C’est l’aspect individuel de la « communion » au corps et au sang de Christ (1 Co 10.16). Cela signifie-t-il que vous ne possédez pas ces bienfaits avant et en dehors de la sainte cène ? Pas du tout.

Considérez ce qui se passe lors de la prédication. Quand vous arrivez le dimanche matin, vous croyez déjà en Christ. Pourtant, lorsque le pasteur proclame les bienfaits de Christ à partir de l’Écriture, l’Évangile ravive quelque chose en vous. À ce moment-là, vous expérimentez une nouvelle étreinte de la personne de Christ. Votre confiance est affermie. Votre vous soumettez à lui avec plus d’ardeur. Vous faites plus intensément l’expérience du pardon et de la paix avec Dieu.

Il se passe quelque chose d’analogue dans la sainte cène. Christ est déjà votre possession par la foi, mais en recevant le pain et le vin, vous le recevez à nouveau. Les signes tangibles du pain et du vin soutiennent et affermissent votre foi. Lors de la sainte cène, le croyant reçoit à nouveau les bienfaits de Christ.

Et à renouveler son engagement envers Christ et son peuple

La sainte cène est donc, en premier lieu, une réception. Jésus-Christ est mort pour inaugurer la nouvelle alliance et nous obtenir le pardon. Dans la sainte cène, nous recevons à nouveau tout ce que Jésus a accompli pour nous. Ce repas spécial est avant tout une célébration de l’œuvre accomplie par Christ.

Cela étant dit, elle est aussi une réaffirmation de notre réponse à l’Évangile. En prenant le repas du Seigneur, nous déclarons en réalité : « Le corps de Jésus a été donné pour moi. Le sang de Jésus a été versé pour le pardon de mes péchés. » En prenant part aux éléments, nous confessons : « C’est vrai, et c’est vrai pour moi. Ce Jésus est mon Sauveur. »

Recevoir Jésus comme Sauveur implique immanquablement de se soumettre à lui comme Seigneur. Jésus sauve du péché et de tous ses effets ; on ne peut pas prétendre que Jésus est notre sauveur tout en refusant d’être sauvé. Recevoir les bienfaits de Christ dans la sainte cène, c’est aussi renouveler notre engagement envers lui et notre soumission à sa personne.

Rappelons-nous que la sainte cène est un signe de la nouvelle alliance. Une alliance est une relation librement choisie et confirmée par un serment. Chaque fois que Dieu prête serment à son peuple tout au long de l’Ancien Testament, il rattache un signe à ce serment. L’un de ces signes, l’arc-en-ciel, confirme simplement la promesse de Dieu à Noé de ne plus jamais inonder le monde (Ge 9.13-15). En revanche, le signe de la circoncision que Dieu donne à Abraham est un signe qui oblige son destinataire à respecter l’alliance (Ge 17.10-14).

Toutefois, on trouve un parallèle plus étroit avec la sainte cène dans le repas de l’ancienne alliance dans Exode 24. Dans Marc 14.24, lorsque Jésus décrit la coupe comme « lesang de l’alliance » (le sien), il reprend les mots prononcés par Moïse quand Dieu a conclu l’alliance avec Israël au mont Sinaï : « Voici le sang de l’alliance que l’Éternel a faite avec vous » (Ex 24.8). Vous souvenez-vous de ce qui s’est passé juste après ? Moïse, Aaron et les anciens d’Israël sont montés en présence de Dieu sur le Sinaï, où « ils virent Dieu, et ils mangèrent et burent » (v. 9-11). L’ancienne alliance a été ratifiée non seulement par du sang sacrificiel, mais aussi par un repas organisé par Dieu en personne.

De façon similaire, la nouvelle alliance a été inaugurée par le sang du sacrifice de Christ, et elle est régulièrement ratifiée, à chaque fois que nous prenons ce repas instauré par Jésus. Lors de la sainte cène, les deux parties prenantes de la nouvelle alliance, à savoir Dieu et son peuple, attestent de leur engagement dans l’alliance. Dieu atteste l’alliance en nous présentant les signes du corps et du sang de Christ. Dans les éléments, Dieu nous fait visiblement la promesse que si nous mettons notre confiance en Christ, nous sommes sauvés. En recevant les éléments, nous attestons solennellement que nous recevons Christ comme notre Sauveur et nous nous abandonnons entièrement à lui. Dans la sainte cène, nous professons notre foi en Christ en communiant avec les symboles de son corps et de son sang. Nous exprimons ainsi notre engagement dans sa nouvelle alliance aussi sûrement que si nous prêtions serment verbalement.

De même qu’un sceau ratifie un document juridique, la sainte cène ratifie continuellement la nouvelle alliance. Pour utiliser un gros raccourci, on pourrait qualifier la sainte cène d’engagement signé répété de la nouvelle alliance. Il s’agit d’un acte (un « signe ») qui exprime un engagement (un « serment ») envers Christ, son alliance et son peuple. Nous verrons bientôt que le baptême est le serment initiateur de la nouvelle alliance, l’acte formel et public par lequel nous nous engageons dans la nouvelle alliance de Christ. Dans la sainte cène, nous ratifions et réaffirmons cet engagement initial.

Cependant, la sainte cène renouvelle aussi notre engagement envers le peuple de Christ. Souvenez-vous du parallèle que Paul fait entre l’annonce de la mort du Seigneur et l’amour du peuple du Seigneur (1 Co 11.17-34). Dans la sainte cène, en raison de la communion que nous avons avec Jésus-Christ, nous sommes aussi en communion les uns avec les autres. La sainte cène implique une responsabilité vis-à-vis de l’Église. Si vous prenez part au pain et à la coupe, vous vous engagez à prendre soin du corps de Christ. Si, en prenant part à la sainte cène, vous revendiquez que Jésus-Christ est votre Sauveur, vous reconnaissez nécessairement que son peuple représente vos frères et sœurs. Le raisonnement de Paul trouve ici un écho dans 1 Jean 4.20 : « Si quelqu’un dit : “J’aime Dieu”, et qu’il haïsse son frère, c’est un menteur ; car celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, comment peut-il aimer Dieu qu’il ne voit pas ? »

Être lié à Christ revient à se lier les uns aux autres. Il est impossible de s’engager dans l’alliance sans s’engager également envers la communauté de l’alliance. Ainsi, dans le même acte par lequel nous nous engageons envers Jésus-Christ, nous nous engageons les uns envers les autres. Recevoir Christ à sa table, c’est recevoir tous ceux qui sont assis à nos côtés comme des frères et des sœurs. Dans la sainte cène, nous renouvelons notre engagement envers Christ et son peuple.

Elle rassemble l’Église en un seul corps et la distingue du monde

Cette dernière phrase de la définition de la sainte cène indique ce qui se produit à la suite de l’acte de l’Église et de l’acte du croyant. Lorsque l’Église communie et commémore, et que le croyant reçoit les éléments et renouvelle son engagement, l’Église devient un seul corps. Paul dit ceci dans 1 Corinthiens 10.17 : « Puisqu’il y a un seul pain, nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps ; car nous participons tous à un même pain. »

C’est d’ailleurs parce que la sainte cène réunit plusieurs personnes en une seule qu’elle distingue ce corps unifié de l’Église du reste du monde. Quand une Église célèbre la sainte cène, le peuple de Christ sur terre devient visible.