Qu’est-ce que le ciel ?
Cet article est tiré du livre : La gloire du ciel de John MacArthur
Les mots « ciel » et « cieux » apparaissent 753 fois dans la version Nouvelle Édition de Genève (1979) de la Bible, dans 706 versets différents. Le mot hébreu shamayim, que l’on traduit habituellement par « ciel », est un nom pluriel qui signifie littéralement « les hauteurs ». Quant au mot grec ouranos (que l’on a utilisé pour désigner la planète Uranus), il fait référence à ce qui est haut ou élevé. Aussi bien shamayim que ouranos sont utilisés dans l’Écriture pour décrire trois lieux différents. Cela explique d’ailleurs pourquoi Paul dit avoir été ravi au « troisième ciel » (2 Co 12.2, italiques pour souligner).
Le ciel atmosphérique
Il y a tout d’abord le ciel atmosphérique, que nous appelons encore la troposphère : la couche d’air qui enveloppe la terre et nous permet de respirer. En rapport avec le déluge du temps de Noé, le livre de la Genèse dit que « les écluses des cieux s’ouvrirent. La pluie tomba sur la terre quarante jours et quarante nuits » (Ge 7.11,12). Dans ce passage, le mot « cieux » fait référence à cette couche atmosphérique qui enveloppe la terre, et qui est le lieu où les cycles hydrologiques se forment. Le psalmiste nous dit également que Dieu « couvre les cieux de nuages, il prépare la pluie pour la terre » (Ps 147.8). C’est le premier ciel.
Le deuxième ciel, le ciel planétaire
Le deuxième ciel, le ciel planétaire, est le lieu où se trouvent les étoiles, la lune et les planètes. L’Écriture utilise le mot « ciel » pour décrire cette partie de l’univers. Ainsi, toujours dans le livre de la Genèse, nous pouvons lire :
Dieu dit : Qu’il y ait des luminaires dans l’étendue du ciel, pour séparer le jour d’avec la nuit ; que ce soient des signes pour marquer les époques, les jours et les années ; et qu’ils servent de luminaires dans l’étendue du ciel, pour éclairer la terre. Et cela fut ainsi. Dieu fit les deux grands luminaires, le plus grand luminaire pour présider au jour, et le plus petit luminaire pour présider à la nuit ; il fit aussi les étoiles. Dieu les plaça dans l’étendue du ciel, pour éclairer la terre (Ge 1.14‑17).
Le troisième ciel
Le troisième ciel, celui dont parle Paul dans 2 Corinthiens 12, est le ciel où Dieu réside avec ses saints anges et les croyants qui sont morts. Les deux autres cieux passeront (2 Pi 3.10), mais ce troisième ciel est éternel. Il s’agit du royaume où Dieu a habité avant le commencement des temps : une dimension extérieure à notre univers. Dans le Deutéronome, le Seigneur lui-même enjoint aux Israélites de s’adresser à lui dans la prière en ces termes : « Regarde de ta demeure sainte, des cieux » (26.15). Ce ciel est donc exclusivement le royaume de Dieu.
Quelqu’un se posera inévitablement la question suivante : si Dieu est omniprésent, comment l’Écriture peut-elle nous dire que le ciel est sa demeure ? Après tout, comment un être omniprésent peut-il demeurer quelque part ? Alors qu’il dédicaçait le Temple de Jérusalem, Salomon a fait cette prière : « Voici, les cieux et les cieux des cieux ne peuvent te contenir : combien moins cette maison que je t’ai bâtie ! » (1 R 8.27.)
Il est tout à fait vrai que « les cieux et les cieux des cieux » ne peuvent pas contenir Dieu. Il est omniprésent. Il n’existe aucun endroit où sa présence n’est pas, aucun lieu où il est absent. Exaltant l’omniprésence de Dieu, le psalmiste s’est écrié : « Si je monte aux cieux, tu es là ; si je me couche au séjour des morts [l’enfer], te voilà » (Ps 139.8).
Toutefois, dire que Dieu demeure au ciel ne signifie pas qu’il ne demeure que là. C’est là sa demeure, son poste de commandement, en quelque sorte. Le ciel est le lieu où se trouve son trône. C’est aussi le lieu où l’on peut trouver une adoration parfaite. C’est dans ce sens que nous pouvons dire que le ciel est sa demeure.
Le concept de ciel en tant que demeure de Dieu revient souvent dans l’Écriture. Nous pouvons lire, par exemple, dans l’Ancien Testament : « Car ainsi parle le Très-Haut, dont la demeure est éternelle et dont le nom est saint : J’habite dans les lieux élevés et dans la sainteté » (És 57.15, italiques pour souligner). Dieu déclare ainsi solennellement lui-même qu’il possède un lieu de résidence. Ésaïe dit encore : « Regarde du ciel, et vois, de ta demeure sainte et glorieuse » (És 63.15). Le psalmiste nous parle également de la demeure de Dieu : « L’Éternel regarde du haut des cieux, il voit tous les fils de l’homme ; du lieu de sa demeure il observe tous les habitants de la terre » (Ps 33.13,14).
Le Nouveau Testament mentionne en de nombreux endroits le ciel en tant que demeure de Dieu. C’est en réalité un thème qui transparaît en filigrane dans le sermon sur la montagne. Jésus a dit : « Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Mt 5.16). Il a mis en garde ceux qui ont tendance à jurer : « Mais moi, je vous dis de ne jurer aucunement, ni par le ciel, parce que c’est le trône de Dieu » (v. 34). Il a appelé ses disciples à aimer leurs ennemis : « afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux » (v. 45). Puis, Jésus a dit : « Gardez-vous de pratiquer votre justice devant les hommes, pour en être vus ; autrement, vous n’aurez point de récompense auprès de votre Père qui est dans les cieux » (Mt 6.1). Il a enseigné cette prière à ses disciples : « Notre Père qui es aux cieux ! Que ton nom soit sanctifié » (v. 9). Vers la fin du sermon, il a dit encore : « Si donc, méchants comme vous l’êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison votre Père qui est dans les cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent » (7.11, italiques pour souligner). De plus, « ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur ! n’entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais seulement celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux » (v. 21).
Cette expression revient sans cesse, dans la prédication publique de Jésus, aussi bien que dans son ministère auprès des individus. Ainsi, nous pouvons lire dans Matthieu 10.32,33 : « C’est pourquoi, quiconque se déclarera publiquement pour moi, je me déclarerai moi aussi pour lui devant mon Père qui est dans les cieux ; mais quiconque me reniera devant les hommes, je le renierai aussi devant mon Père qui est dans les cieux. » Plus loin nous lisons : « Car, quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, et ma sœur, et ma mère » (12.50). Jésus a dit à Pierre : « Tu es heureux, Simon, fils de Jonas ; car ce ne sont pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais c’est mon Père qui est dans les cieux » (Mt 16.17). Il a également comparé les croyants aux petits enfants, et a mis en garde ceux qui pourraient les offenser : « Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits ; car je vous dis que leurs anges dans les cieux voient continuellement la face de mon Père qui est dans les cieux » (Mt 18.10). Puis il a ajouté : « ce n’est pas la volonté de votre Père qui est dans les cieux qu’il se perde un seul de ces petits » (v. 14). Et, « Je vous dis encore que, si deux d’entre vous s’accordent sur la terre pour demander une chose quelconque, elle leur sera accordée par mon Père qui est dans les cieux » (v. 19). Jésus fait constamment référence à Dieu comme son « Père qui est dans les cieux ».
Le concept du ciel, en tant que demeure de Dieu, est également implicite dans l’enseignement du Nouveau Testament concernant la divinité de Christ. Il est ainsi décrit comme « le pain de Dieu […] qui descend du ciel » (Jn 6.33). La divinité de Christ est aussi implicite dans le passage suivant : « Je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé » (v. 38). Voici ce qu’il dit de lui-même : « Je suis le pain qui est descendu du ciel » (v. 41). Jésus fait cette affirmation à plusieurs reprises dans Jean 6 (v. 50,51,58). Ses auditeurs ont bien compris ses paroles, et ils savaient que Jésus leur disait qu’il était Dieu.
En réalité, le ciel est identifié de manière tellement étroite avec Dieu dans la conception juive, qu’il est devenu un euphémisme qui remplaçait le nom de Dieu lui-même. Le mot ciel a ainsi été substitué au nom de Dieu par ceux qui craignaient d’utiliser son nom en vain. Cela est particulièrement vrai durant la période intertestamentaire (la période de 400 ans qui sépare les événements de l’Ancien et du Nouveau Testament), où le peuple juif a développé une crainte presque superstitieuse du nom de Dieu. Il croyait que le nom que Dieu avait utilisé pour sceller son alliance (Yahvé) était trop saint pour être prononcé. Ils ont donc commencé à substituer d’autres noms au nom de Dieu, et c’est ainsi que le mot « ciel » est passé dans le langage courant comme signifiant « Dieu ». À l’époque du Nouveau Testament, cette façon de procéder était tellement ancrée dans les coutumes que la plupart des références concernant le ciel ont été comprises comme des références à Dieu lui-même.
C’est ainsi que, plutôt que de jurer par le nom de Dieu, le peuple avait pris l’habitude de jurer par le ciel. Et, puisque le « ciel » était devenu un simple substitut pour Dieu lui-même, Jésus a prévenu que le fait de jurer par le ciel constituait de facto une violation du commandement de Dieu de ne pas prononcer son nom en vain. C’est dans ce contexte que Jésus a dit : « celui qui jure par le ciel jure par le trône de Dieu et par celui qui y est assis » (Mt 23.22). Le mot ciel n’était ici qu’un substitut pour Dieu lui-même.
Un tel usage est fréquent dans le Nouveau Testament. Ainsi, Luc fait référence au « royaume de Dieu », mais Matthieu, qui s’adresse à un public majoritairement juif, l’appelle « le royaume des cieux » (voir Lu 8.10 ; Mt 13.11). Nous trouvons un autre exemple de l’utilisation de cet euphémisme pour remplacer le nom de Dieu dans Luc 15.18, où le fils prodigue, se répétant à lui-même les paroles qu’il allait dire à son père, a dit : « Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre toi. » Il voulait bien entendu dire qu’il avait péché contre Dieu.
Bien que le mot ciel soit ainsi fréquemment utilisé pour remplacer le nom de Dieu, nous ne devons pas en conclure que, dans l’Écriture, le mot ciel est tout simplement un synonyme pour le nom de Dieu. Ces termes ne sont pas synonymes. En réalité, Dieu transcende le ciel. Le ciel n’est finalement qu’un lieu : le lieu où Dieu réside, où les élus passeront l’éternité avec lui, les cieux des cieux, le troisième ciel.