Qu’est-ce que le « péché impardonnable » ? (John MacArthur)
Comme toujours, il faut prêter une grande attention aux paroles de Jésus. Il ne dit pas que n’importe quel blasphème où le nom du Saint‑Esprit est invoqué, est impardonnable. Il n’annonce pas l’existence d’une catégorie vaste et mal définie de transgressions impardonnables qui nous feraient vivre dans la crainte constante de les commettre au cas où, par insouciance ou accidentellement, nous prononcerions des paroles qui nous placeraient définitivement hors d’atteinte de la grâce divine. En fait, Jésus précise bien : « Tout péché et tout blasphème sera pardonné aux hommes, mais le blasphème contre l’Esprit ne sera point pardonné » (Mt 12.31). Le Seigneur fait précéder à dessein la mise en garde solennelle contre cet acte extraordinaire unique de blasphème impardonnable d’une déclaration de grande envergure qui inclut dans le domaine pardonnable « tout péché et tout blasphème ».
Mais Jésus ne dit évidemment pas que tout péché est automatiquement pardonné sans que le fautif se repente et croie. Aussi longtemps que le pécheur reste impénitent et incroyant, son péché, quel qu’il soit, est damnable. « Celui qui croit en lui n’est point jugé ; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu » (Jn 3.18).
Même le péché le plus abject est pardonnable – et le plein pardon est accordé à tout pécheur qui renonce à son amour du péché et se tourne vers Christ comme son Sauveur. « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner, et pour nous purifier de toute iniquité » (1 Jn 1.9, italiques pour souligner). Autrement dit, lorsque nous partageons l’avis de Dieu quant à notre culpabilité, le sang de Christ nous purifie de toute sorte de péché et de blasphème, aussi abominables soient-ils. Jésus en a fait la promesse formelle : « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole, et qui croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie » (Jn 5.24).
Mais un péché très particulier est damnable de façon instantanée et permanente. Chaque détail de la déclaration de Jésus concernant le péché impardonnable montre clairement qu’il parle d’un acte blasphématoire particulier, flagrant et délibéré, à savoir « le blasphème contre l’Esprit » (Mt 12.31, italiques pour souligner). L’article défini revêt toute son importance. Il existe un contraste clair et significatif entre « tout péché et tout blasphème » et ce péché particulier qui « ne sera point pardonné… ni dans ce siècle, ni dans le siècle à venir » (v. 32).
Le contexte de Matthieu 12 indique visiblement à quoi Jésus fait référence. Il s’agit du blasphème que cette bande arrogante d’hypocrites religieux vient de commettre.
Les pharisiens ne croyaient pas leur propre affirmation rusée – ils ne le pouvaient pas. Ils se trouvaient en effet en présence même de Christ au moment où il affiche sa puissance et sa gloire. Jamais et nulle part ils ne contestent ses miracles. Dans le cas présent, ils sont les témoins oculaires immédiats d’un autre prodige indiscutable. Ils connaissent la vérité à propos de Jésus, mais non seulement ils le rejettent, de plus ils font tout pour détourner les autres de lui. Pire encore, ils tentent de le discréditer par une déclaration blasphématoire flagrante en affirmant qu’il accomplit ses miracles par le pouvoir de Satan.
La nature intentionnelle profondément ancrée dans le cœur des pharisiens est le facteur principal qui rend ce péché impardonnable. Pourquoi mettre au crédit de Satan ce que Jésus accomplit par la puissance de l’Esprit Saint ? Ils viennent de le voir triompher de démons. Ils ont pleinement saisi l’identité véritable de Jésus, ils ont vu avec quelle autorité il parle et agit (Lu 6.10,11 ; Jn 11.47,48 ; 12.9 ; Ac 4.16), ce qui ne les empêche pas de la haïr d’une haine diabolique. Ils mentent visiblement et consciemment en disant qu’il est le diable en personne.
Jésus s’adresse directement à eux en disant : « Races de vipères ! […] par tes paroles tu seras condamné » (Mt 12.34,37). C’est sa réplique finale époustouflante à ces charlatans religieux menteurs et blasphémateurs. Leur péché est tellement odieux et haïssable que Jésus les condamne sur-le-champ et de façon définitive. Il donne ainsi à toute la multitude autour de lui un aperçu du jugement final de ses accusateurs. Celui à qui tout jugement a été remis (Jn 5.22) les déclare coupables. Il rend son verdict de façon publique, emphatique et définitive. Ces pharisiens sont désormais éternellement scellés dans les ténèbres et la dureté de cœur qu’ils ont eux-mêmes choisies.
Pourquoi leur déclaration est-elle une offense aussi grave contre le Saint‑Esprit ? D’abord parce que la guérison du démoniaque est autant l’œuvre du Saint‑Esprit que celle de Christ. Jésus accomplissait tous ses miracles en accord avec la volonté du Père et par la puissance du Saint‑Esprit (Lu 4.14 ; Jn 5.19,30 ; 8.28 ; Ac 10.38). En conséquence, attribuer les miracles du Seigneur à Satan, c’est associer l’œuvre du Saint‑Esprit à Satan. Comme les pharisiens connaissent bien la vérité, leur outrage abject est un blasphème direct, intentionnel et diabolique contre l’Esprit de Dieu.
Par ailleurs, le Saint‑Esprit est celui qui confirme le témoignage de Christ et qui fait connaître sa vérité (Jn 15.26 ; 16.14,15). « C’est l’Esprit qui rend témoignage, parce que l’Esprit est la vérité » (1 Jn 5.6). Pour ceux qui ont des oreilles pour entendre, le témoignage du Saint‑Esprit est radicalement et précisément aux antipodes de ce que les pharisiens déclarent. Et répétons-le, les pharisiens le savent très bien. Les signes et les prodiges qu’ils ont vus étaient réels et irréfutables. Ils expriment leur blasphème en sachant bien qu’ils s’opposent à Dieu, dénigrent le serviteur qu’il a oint et injurient son Saint‑Esprit.
Leur sort est scellé. Il n’y a plus d’espoir pour eux « ni dans ce siècle, ni dans le siècle à venir » (Mt 12.32). Ils ont depuis trop longtemps délibérément fermé les yeux et bouché leurs oreilles à la vérité. En rejetant le témoignage le plus puissant rendu à la vérité, ils ont préféré le mensonge. À partir de maintenant, Jésus leur cachera la vérité de façon péremptoire en se servant des paraboles dans son enseignement public.
Cet article est tiré du livre Paraboles de John MacArthur.