Qu’est-ce qui prédomine au ciel ?

Cet article est tiré du livre : La gloire du ciel de John MacArthur

Il est tout à fait vrai que le ciel est un lieu de bonheur absolu, dépourvu de toute tristesse et de tout péché, empli d’allégresse et de plaisirs, où la grâce et la paix règnent sans contestation aucune. C’est là que se trouvent tous les véritables trésors et les récompenses éternelles réservés aux rachetés. Quiconque est destiné au ciel connaîtra indéniablement une joie et un honneur qui dépassent toute compréhension humaine et qui surpassent ce que toute créature déchue pourrait mériter. Mais si vous aviez véritablement vu le ciel et que vous viviez pour en témoigner, ce ne sont pas ces choses qui captureraient votre cœur et votre imagination.

Vous seriez plutôt saisis par la majesté et la grâce de celui dont la gloire remplit cet endroit.

Y a-t-il encore quelqu’un qui est émerveillé par la gloire du ciel ? Avons-nous été tellement surexposés aux effets spéciaux hollywoodiens que le spectacle du Dieu tout-puissant, élevé et exalté, semble moins impressionnant qu’à l’époque d’Ésaïe ? Vivons-nous dans une ère tellement sophistiquée et technologique que la gloire du ciel paraît quelque peu pâle en comparaison ?

Je ne pense pas. Pour quiconque croit fermement au récit biblique, il est difficile de ne pas conclure que ces témoignages modernes, obsédés par le « moi » et accordant peu d’attention à la gloire de Dieu, sont tout simplement faux. Ils sont soit le fruit de l’imagination humaine (rêves, hallucinations, faux souvenirs, fabulations et, dans le pire des cas, mensonges délibérés), soit d’une tromperie démoniaque.

Nous sommes absolument certains que ces récits ne sont pas vrais, car l’Écriture affirme clairement que personne ne monte au ciel et n’en revient : « Qui est monté aux cieux, et qui en est descendu ? » (Pr 30.4.) Réponse : « Personne n’est monté au ciel, si ce n’est celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme » (Jn 3.13, italiques pour souligner). Tous les témoignages sur le ciel dans l’Écriture sont des visions, non des voyages effectués par des personnes décédées. De plus, de telles visions sont extrêmement rares dans l’Écriture ; on peut les compter sur les doigts d’une main.

Il est absolument clair que les histoires racontées et lues avec avidité par la communauté évangélique aujourd’hui ne ressemblent en rien aux récits des témoins directs que nous trouvons dans la Bible.

Toutes les fois qu’un prophète de l’Écriture a été béni par une vision céleste, ses yeux étaient uniquement fixés sur Dieu et sur la gloire incommensurable qui entoure son trône. L’Écriture décrit la scène céleste comme si magnifique que rien dans l’univers, pas même la vaste splendeur de l’univers lui-même, ne pourrait détourner l’attention d’un simple être humain de la gloire de Dieu. Les anges magnifiques qui demeurent en sa présence ne détournent jamais leur regard (Mt 18.10).

De plus, dans chaque exemple de la Bible où un simple mortel a une vision céleste, cette personne (quand elle parle d’elle-même) est prise de peur, profondément consciente de sa propre médiocrité, de sa culpabilité et de sa déchéance. Certains des plus grands prophètes de la Bible ont témoigné que lorsqu’ils ont contemplé la gloire du ciel, ils ont immédiatement ressenti un sentiment de honte et d’indignité, et ont eu l’impression de ne pas être à leur place.

Ésaïe s’est exclamé : « Malheur à moi ! je suis perdu, car je suis un homme dont les lèvres sont impures, j’habite au milieu d’un peuple dont les lèvres sont impures » (És 6.5). L’apôtre Jean a raconté : « Quand je le vis, je tombai à ses pieds comme mort » (Ap 1.17). Ézéchiel a eu la même réaction : « Je tombai sur ma face » (Éz 1.28).

Daniel a reçu une leçon d’humilité similaire grâce à une vision de la gloire de Christ avant son incarnation. Il a rapporté : « les forces me manquèrent, mon visage changea de couleur et fut décomposé, et je perdis toute vigueur. […] et comme j’entendais le son de ses paroles, je tombai […] la face contre terre » (Da 10.8,9). Tremblant, Daniel est parvenu à se relever sur ses genoux. Après un moment, il s’est mis debout, toujours tremblant, et a écouté (v. 10,11). Lorsque la voix a eu fini de parler, Daniel a confié : « je dirigeai mes regards vers la terre, et je gardai le silence » (v. 15). Lorsqu’il a enfin recouvré suffisamment de force pour parler, il n’a pu le faire qu’avec une grande douleur : « la vision m’a rempli d’effroi, et j’ai perdu toute vigueur. […] Maintenant les forces me manquent, et je n’ai plus de souffle » (v. 16,17).

Chaque vision céleste rapportée dans l’Écriture souligne ce même sentiment de majesté à couper le souffle et d’éclat intimidant. Pourquoi en serait-on étonné ? La gloire de Dieu lui-même éclaire tout le ciel ; aucune autre lumière n’est nécessaire (És 60.19 ; Ap 21.23 ; 22.5). Cette luminescence rend la lumière de notre soleil terne et insignifiante en comparaison. La gloire du ciel est infiniment plus riche, transcendante, belle, impressionnante, pleine d’émerveillement et d’enchantement. Si vous pouviez l’admirer pour l’éternité, vous ne vous en lasseriez jamais. En tant que croyants, c’est précisément ce qui nous attend.

Or, la gloire du ciel n’est pas un spectacle qui devrait susciter l’excitation ou l’assurance chez le simple mortel. Au contraire, c’est une manifestation si puissante que même un simple aperçu direct de la pleine gloire de Dieu serait littéralement fatal pour la chair humaine non glorifiée. Dieu a dit à Moïse : « Tu ne pourras pas voir ma face, car l’homme ne peut me voir et vivre » (Ex 33.20). L’apôtre Paul a décrit cette gloire comme « une lumière inaccessible, que nul homme n’a vu ni ne peut voir » (1 Ti 6.16).

Néanmoins, le désir ardent de contempler la gloire de Dieu est l’un des signes de la véritable foi en lui. Il s’agit là, bien sûr, de l’attrait le plus puissant et de la récompense la plus prestigieuse du ciel : La gloire de Dieu y brille dans toute sa splendeur et de manière permanente. Nous pourrons la contempler sans craindre d’être anéantis. Les rachetés auront des corps glorifiés, parfaitement adaptés au ciel. Ils pourront admirer la gloire de Dieu, l’étudier et s’en imprégner, être son reflet et en jouir pour l’éternité : « Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu ! » (Mt 5.8.) Leur vision de la gloire ne sera pas obscurcie, elle n’aura pas besoin d’un filtre et ne sera pas entravée par les effets du péché ou de la culpabilité. « Nous le verrons tel qu’il est » (1 Jn 3.2). Cette anticipation est l’un des éléments principaux d’une foi salvatrice authentique (Hé 11.1‑6).

Moïse désirait ardemment voir la gloire de Dieu, même au péril de sa vie. L’Éternel a donc consenti à cacher Moïse dans le creux d’un rocher et lui a permis de l’observer brièvement alors qu’il passait devant lui. Après avoir vu le dos de Dieu, sous la protection de la main divine, le visage de Moïse a lui aussi brillé de gloire, mais cette lumière s’est atténuée rapidement. La simple vision d’une petite partie de la gloire divine a suffi à terrifier les Israélites (Ex 34.30) : Moïse a dû se couvrir le visage d’un voile !

Si la lueur déclinante réfléchie sur le visage de Moïse a pu susciter une telle terreur, il n’est guère surprenant que tous les personnages de la Bible qui ont eu une vision du ciel et en ont témoigné aient affirmé qu’elle avait provoqué en eux une peur paralysante. Bien sûr, c’est précisément ce que décrirait quiconque ayant réellement vu le ciel.

En revanche, les expériences gnostiques de mort imminente contemporaines semblent rehausser l’image que le visiteur céleste se fait de lui-même à travers des illusions de grandeur. Alors que tous les prophètes et apôtres des temps bibliques qui ont vu le ciel ont été profondément troublés et honteux et ont souhaité se cacher en présence de la gloire divine, Colton Burpo affirme que les autres habitants du ciel l’ont accueilli avec beaucoup d’honneur : « On a amené une petite chaise pour moi, a-t-il dit en souriant. Je me suis assis à côté de Dieu le Saint-Esprit[1]. »

Tous les récits de l’au-delà actuellement en vogue contiennent une bonne dose de ce genre d’arrogance et semblent indifférents à la véritable gloire du ciel. Ainsi, Mary Neal raconte que son arrivée au ciel a été célébrée par « un grand comité d’accueil » et prétend que ce groupe comprenait plusieurs de ses défunts amis et voisins, notamment « Mme Sivits, mon ancienne baby-sitter ». Selon elle, ils ont été « envoyés par Dieu et m’ont accueillie avec une joie débordante que je n’avais jamais connue ni même imaginée. De la joie à l’état pur[2]. » Kevin Malarkey, dans son livre The Boy Who Came Back from Heaven (Le garçon qui est revenu du ciel), affirme quant à lui que son fils Alex visite encore régulièrement le ciel (« la plupart du temps dans son sommeil ») :

Il se tient à l’intérieur des portes et s’entretient avec les anges qui montent la garde. […] Ensuite, Alex entrera dans le temple et parlera à Dieu lui-même.

En chemin, il peut parler à d’autres anges, ou non. […] Alex continue sa conversation avec Dieu jusqu’à ce que le Seigneur lui dise que la visite est terminée. Parfois, d’autres anges sont présents lors des rencontres, parfois Alex reste seul avec Dieu[3].

Le récit que fait Malarkey de l’expérience de son fils se distingue des autres sur ce point précis. Bien qu’il évoque la manière dont la Bible décrit la gloire de Dieu, citant même quelques exemples où ceux qui l’ont vue ont été saisis de crainte, la gloire de Dieu semble être un élément plutôt secondaire que central de l’histoire de Kevin Malarkey. En réalité, en abordant ce sujet, il semble chercher à mettre en avant à quel point son jeune fils n’est pas effrayé en présence de la gloire de Dieu[4]. D’après Kevin, les anges rassurent continuellement l’enfant en lui disant de ne pas avoir peur, mais le jeune Alex Malarkey demeure de lui-même courageux et intrépide face à toute la gloire du ciel.

Le profond sentiment d’indignité et l’impression de ne pas être à la hauteur, qui caractérisent tant de récits bibliques de personnes ayant vu le ciel, semblent totalement absents de ces histoires. De même, on n’y trouve aucune description de l’émerveillement ressenti à la vue de la gloire, qui constitue pourtant l’attrait principal du ciel.

Comparez l’un de ces récits avec la description détaillée qu’Ézéchiel donne des roues au milieu d’autres roues (Éz 1.16) ; des « animaux [qui] couraient et revenaient comme la foudre » (v. 14) ; des créatures qui allaient « de leurs quatre côtés, et [qui] ne se tournaient point dans leur marche » (v. 17) ; leurs ailes faisant un bruit « pareil au bruit de grosses eaux, ou à la voix du Tout-Puissant ; c’était un bruit tumultueux, comme celui d’une armée » (v. 24) ; et par-dessus tout, cette gloire indescriptible, « tel l’aspect de l’arc qui est dans la nue en un jour de pluie, ainsi était l’aspect de cette lumière éclatante, qui l’entourait : c’était une image de la gloire de l’Éternel » (v. 28).

Ce n’est pas une scène qui nous invite « à prendre place et à nous installer confortablement ». En fait, c’est à ce moment précis qu’Ézéchiel a déclaré : « À cette vue, je tombai sur ma face » (v. 28).


[1] Todd Burpo et Lynn Vincent, Heaven Is for Real [Le ciel ça existe pour de vrai : L’histoire étonnante de l’aller-retour au ciel d’un petit garçon], trad. libre, Nashville, Nelson, 2010, p. 102.

[2] Mary C. Neal, To Heaven and Back: A Doctor’s Extraordinary Account of Her Death, Heaven, Angels, and Life Again [Aller-retour au ciel : Le récit extraordinaire d’une médecin sur sa mort, le ciel, les anges, et le retour à la vie], trad. libre, Colorado Springs, Waterbrook, 2012, p. 69.

[3] Kevin Malarkey et Alex Malarkey, The Boy Who Came Back from Heaven: A Remarkable Account of Miracles, Angels, and Life beyond This World [Le garçon qui est revenu du ciel : un récit remarquable de miracles, d’anges et de la vie dans l’au-delà], trad. libre, Carol Stream, Ill., Tyndale, 2010, p. 182. Voir l’annexe 2 pour une critique plus approfondie.

Bien que Kevin et Alex Malarkey soient cités comme coauteurs sur la couverture du livre, Alex a publiquement désavoué en ligne l’écriture du livre, le qualifiant de « l’un des livres les plus trompeurs qui soient ». Beth Malarkey, la mère d’Alex et l’épouse de Kevin, a qualifié le livre de « beau témoignage déformé, tordu, présenté et utilisé à des fins commerciales », < http://amomonamission.blogspot.com/2012/11/following-is-post-that-my-son-alex.html > (page inactive).

[4] Ibid.