Qu’est-ce qui rend les évangéliques différents ? (Andy Naselli)
J’ai été élevé dans une sorte de mormonisme. La plupart de mes ancêtres maternels sont de fidèles membres de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, mais ma famille a quitté ce mouvement lorsque j’avais six ans. J’ai assez bien étudié le mormonisme pour me rendre compte de la doctrine que j’aurais pu adopter, et j’ai compris que ce qui sépare le plus les mormons des chrétiens évangéliques est la notion qu’ils ont de la Bible.
Cette ligne de démarcation ne concerne pas seulement les mormons et les chrétiens évangéliques. Elle divise en fait tous les adeptes des autres religions et les chrétiens évangéliques. La raison est simple : les chrétiens évangéliques partagent des croyances inhabituelles à propos de la Bible.
La Bible est-elle un simple livre humain avec son lot d’erreurs ? Est-elle inadaptée et insuffisante pour répondre aux problèmes les plus urgents de la vie ? Est-elle trop difficile à comprendre pour les gens ordinaires ? Si toutes ces questions appellent une réponse affirmative, alors les chrétiens évangéliques sont des insensés. Cherchez-vous à discréditer les chrétiens évangéliques ? Il vous suffit de discréditer la Bible.
Quel est le problème ?
La Bible est un livre inspiré par Dieu, parfaitement digne de confiance et revêtu d’autorité. Peu de choses revêtent autant d’importance que cette affirmation. En voici les raisons :
- Ce que vous pensez de la Bible influence directement ce que vous croyez et votre façon de vivre. La Bible est-elle un fourre-tout dans lequel vous pouvez choisir ce que vous voulez croire et pratiquer ? Est-elle un autre livre moral, pas plus historique et inspiré que les fables d’Ésope ou de La Fontaine ?
- Certaines personnes qui revendiquent le qualificatif d’évangélique ont une vision nouvelle de l’autorité de la Bible. Selon cette idée récente, des personnes appartenant à la tradition évangélique affirment que la Bible contient des erreurs historiques et scientifiques.
- Selon ce qu’ils pensent de la Bible, des individus et des institutions suivent des trajectoires très différentes. Les institutions qui ont rejeté l’idée d’une Bible fiable et crédible ont souvent fini par adopter des croyances totalement incompatibles avec l’Évangile. Cette question controversée trace une ligne à ne pas dépasser1.
Un livre qui est le souffle de Dieu : l’inspiration
Dieu s’est révélé à ses créatures de deux manières. La révélation générale inclut la nature et la conscience humaine ; sa révélation spéciale inclut la Bible. Dans ce chapitre, nous insisterons sur la Bible. Dieu a curieusement choisi de se révéler en utilisant le langage humain écrit. On appelle ce mécanisme l’inspiration. L’inspiration dit que Dieu a soufflé ses paroles à des auteurs humains2. « Toute Écriture est inspirée de Dieu » (2 Ti 3.16)3.
Néanmoins, cela ne signifie pas que les auteurs humains ont été inactifs dans ce processus. Dieu n’a pas dicté toute la Bible comme un PDG dicte une lettre à sa secrétaire. La personnalité des auteurs humains est intervenue à la manière d’instruments de musique variés. Si je joue la même mélodie sur des instruments à vent distincts, chaque air résonnera différemment même si je respecte scrupuleusement les notes et la clé et si les sons proviennent tous du même souffle, à savoir le mien. Si je joue une mélodie connue comme « À toi la gloire, ô Ressuscité » sur un tuba, un baryton, un trombone, un cor d’harmonie, une trompette, un hautbois, une clarinette ou une flûte, tout ce qui en sort est « soufflé » par Andy et « produit » par Andy, mais tous les sons passeront par les « caractéristiques » de l’instrument. Dans un certain sens, c’est ainsi que Dieu a produit la Bible à travers différents auteurs humains. Qui plus est, Dieu s’est servi du vécu particulier de chacun, de sa formation et de ses dons ainsi que de ses recherches (par ex. Lu 1.1-3).
Alors, qui a écrit la Bible : Dieu ou les hommes ? C’est une question piège à laquelle nous répondons par une pirouette : les deux.
Si 2 Timothée 3.16 présente la nature de l’inspiration, 2 Pierre 1.20,21 en expose la méthode : « […] sachez tout d’abord vous-mêmes qu’aucune prophétie de l’Écriture ne peut être un objet d’interprétation particulière, car ce n’est pas par une volonté d’homme qu’une prophétie a jamais été apportée, mais c’est poussés par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu. » La Bible n’est pas le résultat d’une invention humaine. Les auteurs n’ont pas trouvé eux-mêmes ce qu’ils ont mis par écrit. Ils ont été « poussés par le Saint-Esprit » pour parler « de la part de Dieu ». Dans Actes 27.15, Luc utilise le même verbe traduit par « poussés » pour décrire la manière dont un navire est poussé par le vent et les flots. Dieu a poussé les auteurs humains de la Bible comme le vent et les vagues poussent des navires dans une tempête.
Dieu a donc soufflé les Écritures. Quelle part a-t-il soufflé ? Toute l’Écriture (2 Ti 3.16). Chaque mot.
Ce qui précède explique sommairement la nature, la méthode et l’étendue de l’inspiration, et s’accorde avec ce que la Bible en dit elle-même. Partout, les auteurs humains défendent cette notion de l’inspiration. Ainsi, dans l’Ancien Testament, l’Éternel s’adresse constamment à Moïse dans les livres de l’Exode, du Lévitique et des Nombres ; Ésaïe cite la parole de l’Éternel plus d’une douzaine de fois ; plus d’une centaine de fois, Jérémie et Ézéchiel indiquent que la parole de l’Éternel leur fut « adressée » ; Daniel rapporte les visions qu’il a reçues de Dieu ; les livres d’Osée, de Joël, de Jonas, de Michée, de Sophonie, d’Aggée et de Zacharie commencent tous par : « La parole de l’Éternel fut adressée à… » ; Malachie utilise vingt-cinq fois la formule « dit l’Éternel ».
Mais l’exemple le plus décisif est celui de Jésus4. Jésus cite très fréquemment l’Ancien Testament comme son ultime autorité. Il déclare : « Il est écrit » (Mt 21.13) ; « N’avez-vous jamais lu sans les Écritures… ? » (Mt 21.42 ; voir 21.16) ; « Vous êtes dans l’erreur, parce que vous ne comprenez ni les Écritures, ni la puissance de Dieu » (Mt 22.29) ; « L’Écriture ne peut être anéantie » (Jn 10.35). Il croit fermement que les miracles rapportés dans les Écritures ont bel et bien eu lieu. Il fait par exemple référence à la présence de Jonas dans le ventre d’un grand poisson pendant trois jours et trois nuits, au déluge du temps de Noé, à la femme de Lot, à Moïse devant le buisson ardent, à la manne dans le désert (Mt 12.40,41 ; Lu 17.26-32 ; 20.37 ; Jn 6.49).
Les auteurs du Nouveau Testament considèrent l’Ancien Testament comme parole de Dieu (Ro 3.2). Pour eux, les écrits d’autres auteurs du Nouveau Testament ont autant d’autorité divine que les écrits vétérotestamentaires et les paroles de Christ (1 Ti 5.18 ; 2 Pi 3.2,15,16). Ils reconnaissent que leurs écrits révèlent le plan de Dieu plus pleinement que l’Ancien Testament (Ép 3.2,3 ; Hé 1.1,2 ; 2.2,3).
Si la Bible est vraiment ce livre inspiré par Dieu, elle possède alors deux autres attributs : elle est exempte d’erreur et elle est revêtue d’autorité.
Un livre entièrement véridique : l’inerrance
Dieu est totalement véridique ; il ne commet aucune erreur (fiable) et en est même incapable (infaillible) (No 23.19 ; 1 S 15.29 ; 2 S 7.28 ; Jn 3.33 ; 14.6 ; Ro 3.4 ; Tit 1.2 ; Hé 6.18 ; 1 Jn 5.6). Étant inspirée par Dieu, la Bible est totalement fiable, exempte d’erreur et incapable de se tromper. « L’inerrance signifie que lorsque tous les faits sont connus, l’Écriture dans ses autographes originaux et correctement interprétées se révèle pleinement vraie dans tout ce qu’elle affirme, en matière de doctrine, de morale ou de sciences sociales, physiques et naturelles. »5
Puisque la Bible est inspirée de Dieu, celui-ci serait menteur si elle contenait des erreurs.
Puisque la Bible est inspirée de Dieu, celui-ci serait menteur si elle contenait des erreurs. La Bible affirme elle-même qu’elle est vraie (Ps 12.7 ; Pr 30.5). Elle ne se conforme pas seulement à une norme supérieure de vérité ; elle est elle-même le critère de la vérité, puisque Jésus déclare à Dieu le Père : « Ta parole est la vérité » (Jn 17.17). L’inerrance de la Bible découle de la véracité infaillible de Dieu.
Ajoutons quelques clarifications :
- L’inerrance de la Bible ne s’applique pas seulement au domaine de la théologie. Même si la Bible n’est pas un manuel de sciences sociales, physiques ou naturelles, elle est pleinement fiable dans tout ce qu’elle dit sur n’importe quel sujet. Selon une idée qui s’est de plus en plus répandue au cours des cent dernières années, la Bible est exempte d’erreur quand elle traite de religion, mais qu’elle contient quelques erreurs dans les domaines scientifiques et historiques. Or la théologie et les faits ne constituent pas deux catégories séparables. L’Évangile lui-même est irréductiblement historique (1 Co 15). Le prophète se reconnaît à la fiabilité complète de ses paroles (De 13.1-5 ; 18.20-22) ; il en est de même de la Bible. Si on ne peut se fier à la Bible quand elle parle de sciences ou d’histoire (des sujets secondaires vérifiables), comment lui faire confiance quand elle aborde des sujets concernant Dieu et le salut (des sujets d’importance primordiale non vérifiables de la même façon) ? Si on ne peut accorder sa confiance à la Bible, on ne peut davantage l’accorder à Dieu. Et si on ne fait pas confiance à Dieu, alors on s’érige soi-même comme autorité suprême à la place de Dieu.
- L’inerrance de la Bible ne veut pas dire qu’elle soit toujours précise. Son origine est à la fois pleinement divine et pleinement humaine. Bien qu’elle n’affirme jamais quelque chose de faux, elle porte cependant les marques d’un livre humain. Elle est écrite par des auteurs humains avec leur personnalité humaine, dans des langues humaines et dans le contexte de cultures humaines. On ne met jamais en doute les informations météorologiques, quand bien même elles mentionnent le lever et le coucher du soleil, alors que cet astre ne se lève ni ne se couche. Et vous ne contestez pas l’affirmation d’un ami qui déclare habiter à 8 km de chez vous alors que la distance exacte est de 7,852 km. Vous n’en voulez pas davantage à votre amie qui vous dit avoir vingt-deux ans, même si elle est née il y a 22 ans, 307 jours et quelques heures. Et il n’est pas rare non plus que deux amis aux personnalités et vécus différents rendent compte par écrit, chacun à sa manière, d’un sujet sur lequel ils sont pourtant d’accord, que ce soit dans le domaine politique ou sportif, en utilisant des mots différents et en n’insistant pas nécessairement sur les mêmes choses. Accordons aux auteurs humains de la Bible la même liberté que nous accordons aux autres dans l’emploi du langage ordinaire.
- L’inerrance de la Bible ne signifie pas que les copies et les traductions des écrits originaux sont fiable. Elles le sont dans la mesure où elles reproduisent fidèlement et exactement les originaux. Dieu a inspiré les documents originaux, et les hommes en ont fait des copies et des traductions. En affirmant cela, nous ne bottons pas en touche ; la distinction est juste et nécessaire parce que les erreurs qui se glissent dans les copies et les traductions ne sont pas imputables à Dieu. Elles sont la faute des humains faillibles qui ont fait ces copies et ces traductions6. À quoi bon savoir que Dieu a inspiré les écrits originaux si nous n’en possédons aucun aujourd’hui ? Plusieurs avantages en découlent. Il est exagéré de prétendre que nous ne connaissons pas le contenu des écrits originaux. En effet, la qualité des manuscrits bibliques existants est très bonne, bien meilleure que celle des anciens documents profanes. Il s’ensuit que les manuscrits existants et les traductions contiennent fidèlement plus de 99 pour cent du contenu des écrits originaux. Moins du 1 pour cent qui est sujet à caution touche à des questions mineures concernant l’orthographe, les synonymes ou des lectures manifestement impossibles. Moins de 1 pour cent du 1 pour cent en question a trait, dans une certaine mesure, au sens du texte et ne concerne aucune doctrine fondamentale 7.
- L’inerrance de la Bible ne signifie pas qu’il n’existe pas des difficultés ou des contradictions apparentes. Deux raisons nous empêchent d’interpréter parfaitement la Bible : d’une part, nous ne disposons pas de toutes les données nécessaires à sa compréhension (ainsi, l’archéologie découvre continuellement de nouveaux faits), et d’autre part, nous sommes limités et pécheurs, d’où notre mauvaise interprétation des informations déjà en notre possession. Impossible de démontrer l’inerrance de la Bible à la satisfaction de chacun tant que toutes les données ne sont pas disponibles et que l’interprétation parfaite demeure impossible. Lorsque ces conditions seront réunies, l’inerrance de la Bible éclatera au grand jour. En attendant, la seule attitude correcte est d’accepter comme complètement vrai ce que le Dieu omniscient et parfaitement bon a dit.
Un livre qui est mon supérieur : l’autorité
Jésus lui-même en appelle à la Bible comme autorité finale, affirmant qu’elle ne peut pas être accusée d’erreur : « L’Écriture ne peut être anéantie » (Jn 10.35 ; voir aussi Mt 5.17-20). Dieu détient l’autorité suprême puisqu’il a créé l’univers et qu’il le contrôle. Si la Bible est inspirée de Dieu, elle est revêtue de l’autorité de Dieu. Elle constitue l’autorité finale. Et pas seulement en matière de « foi et de pratique » (comme l’affirment certaines déclarations doctrinales), mais également dans tous les domaines du savoir qu’elle aborde. Elle est l’autorité suprême. Elle ne ressemble à aucun autre livre. Si donc vous ne croyez pas à ce que dit la Bible et ne lui obéissez pas, vous défiez Dieu et vous lui désobéissez. C’est aussi grave que cela.
C’est pourquoi les réformateurs protestants parlaient de la sola Scriptura, l’Écriture seule. Il ne faudrait pas en déduire que l’Écriture est l’unique source de vérité dans le monde ; elle est l’unique autorité fiable et infaillible. Elle est l’autorité finale, ultime, suprême.
Un livre qui est tout ce dont on a besoin : la suffisance
La Bible est suffisante pour le but qu’elle poursuit. Dans la Bible, Dieu nous a donné tout ce dont nous avons besoin pour le connaître, lui faire confiance et lui obéir. « Toute l’Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne œuvre » (2 Ti 3.16,17). Elle ne répond évidemment pas à toutes les questions que les gens peuvent lui poser. Ce n’est d’ailleurs pas son but. Son objectif principal est de révéler le Dieu de l’Évangile pour que nous puissions le connaître et l’honorer.
La Bible se suffit à elle-même. Son autorité suprême est exclusive. Aucun autre livre ne peut revendiquer le titre de Parole de Dieu, pas même les Apocryphes, le Livre de Mormon ou le Coran. Mettre ces autres livres sur un pied d’égalité avec la Bible, c’est la marginaliser et la rabaisser. La présence de ces livres sur le même plan que la Bible la marginalise en n’insistant plus exclusivement sur elle, et la rabaisse en la contredisant. Ainsi, le catholicisme romain confère aux Apocryphes, à une certaine tradition ecclésiastique et à quelques déclarations pontificales un statut égal à celui de la Bible ; l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours confère au Livre de Mormon[NS1] , à Doctrines et Alliances[NS2] , à La Perle de Grand Prix [NS3] et aux déclarations de ses prophètes un statut égal à celui de la Bible ; et l’islam place le Coran [NS4] au-dessus de la Bible. Ces religions n’insistent donc pas suffisamment sur la Bible. Elles ne la jugent pas comme étant toute la révélation spéciale dont l’homme a besoin pour connaître Dieu, croire en lui et lui obéir. Elles pensent que la Bible doit être complétée ou remplacée partiellement par des révélations additionnelles. La révélation qu’elles ajoutent n’est pas inspirée de Dieu ; elle ne possède donc pas l’inerrance et l’autorité de la Bible. Aussi n’est-il pas étonnant que les révélations ajoutées contredisent la Bible sur de nombreux points.
Certains chrétiens évangéliques pensent que Dieu continue de se révéler par des paroles et des directives spéciales. Que l’on accepte ou non cette idée, force est de constater que ce genre de parole ne possède pas l’autorité de l’Écriture. Nous n’avons pas la certitude absolue qu’elles émanent vraiment de Dieu ; nous ne devons donc pas les traiter comme nous traitons ce que Dieu dit dans la Bible. Le faire serait ajouter quelque chose à la Bible ; or, elle est déjà suffisante en l’état.
Un livre vraiment compréhensible : la clarté
On a comparé la Bible à un vaste plan d’eau à la fois assez peu profond pour qu’une brebis puisse le traverser et assez profond pour qu’un éléphant puisse nager dedans. Tout ce que la Bible contient n’a pas la même clarté. Pierre lui-même fait remarquer : « […] dans lesquelles [les lettres de Paul] il y a des points difficiles à comprendre » (2 Pi 3.16). Mais le message central de la Bible concernant l’œuvre rédemptrice de Dieu dans l’Histoire est absolument clair et facilement compréhensible. Son fil directeur – création, chute, rédemption et consommation – est si simple qu’un petit enfant peut le comprendre. Globalement, la communication de Dieu dans la Bible est accessible.
Cela suppose deux présupposés controversés. Tout d’abord, la Bible expose ce que Dieu et les auteurs humains voulaient qu’elle expose. Ensuite, nous sommes capables de comprendre ce qu’elle expose. Cela ne signifie pas que nous pouvons tout comprendre parfaitement. Prenons un exemple. Un jeune enfant peut-il comprendre Genèse 1.1 : « Au commencement Dieu créa les cieux et la terre » ? Certainement, car ce n’est pas difficile à saisir. Mais la compréhension que l’enfant possède de Genèse 1.1 est susceptible de se développer au fur et à mesure que l’enfant approfondit sa connaissance de la Bible et de l’univers de Dieu. Nous ne pouvons rien connaître de façon absolue (exhaustive ou omnisciente) comme Dieu, mais nous pouvons connaître certaines choses de façon vraie (en substance ou en réalité).
Si nous sommes en mesure de vraiment comprendre la Bible, pourquoi les êtres humains ne s’accordent-ils pas tous sur ce que la Bible enseigne ? Le problème n’est pas du côté de la Bible, mais de celui d’humains limités et pécheurs. S’il n’y avait pas les effets du péché sur nos pensées et nos sentiments, tous interpréterions tous la Bible de la même manière. Ce que nous voulons réaffirmer ici, c’est que le message central de la Bible est limpide8.
Un livre essentiel pour connaître Dieu : la nécessité
La Bible est nécessaire pour connaître Dieu, lui faire confiance et lui obéir. Pour devenir chrétien, il vous faut entendre le message de la Bible, soit en le lisant vous-même, soit en écoutant quelqu’un vous le lire ou vous l’expliquer. « […] les saintes lettres […] peuvent te rendre sage à salut par la foi en Jésus-Christ » (2 Ti 3.15). « Ainsi la foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole de Christ » (Ro 10.17).
Il vous faut continuer à entendre le message de la Bible pour vous développer en tant que chrétien. Cela signifie l’entendre lue et prêchée, la lire, l’étudier, la mémoriser, la méditer et la mettre en pratique9. Le chrétien a besoin de la Bible comme un être humain a besoin de nourriture et d’eau. Ce besoin ne disparaît jamais. C’est pourquoi Pierre écrit : « Désirez, comme des enfants nouveau-nés, le lait spirituel et pur, afin que par lui vous croissiez pour le salut » (1 Pi 2.2). Ce « lait spirituel et pur » est la « parole vivante et permanente de Dieu » (1 Pi 1.23-25). Pouvez-vous dire avec Job : « Je n’ai pas abandonné les commandements de ses lèvres ; j’ai fait plier ma volonté aux paroles de sa bouche » (Job 23.12) ?
Mais la Bible n’est pas seulement indispensable pour notre survie ; elle est aussi notre guide infaillible pour nous conduire avec sagesse dans la vie, car elle révèle la volonté de Dieu. Le psalmiste pose la question : « Comment le jeune homme rendra-t-il pur son sentier ? » et il répond :
En se dirigeant d’après ta parole.
Je te cherche de tout mon cœur :
Ne me laisse pas m’égarer loin de tes commandements !
Je serre ta parole dans mon cœur,
Afin de ne pas pécher contre toi. (Ps 119.9-11)
Notes :
1 Pour un résumé de quelques combats récents en faveur de la Bible, voir Stephen J. Nichols et Eric T. Brandt, Ancient Word, Changing Worlds : The Doctrine of Scripture in a Modern Age, Wheaton, Illinois, Crossway, 2009, p. 63-85.
2 La définition classique de B. B. Warfield est plus précise : « L’inspiration est […] une influence surnaturelle exercée par l’Esprit de Dieu sur les auteurs sacrés, en vertu de laquelle leurs écrits bénéficient de la fiabilité divine », The Works of Benjamin B. Warfield, vol. 1, Revelation and Inspiration, New York, Oxford University Press, 1927, p. 77,78.
3 Le préfixe in dans inspiration induit en erreur car 2 Ti 3.16 fait référence à un produit écrit que Dieu a soufflé (litt. « ex-spiré ») et non à un produit existant que Dieu a mis au cœur des auteurs et animé. Le préfixe ex serait plus juste, mais le mot « expirer » a pris un autre sens en français. C’est pourquoi nous sommes tenus d’utiliser le verbe inspirer.
4 Voir John Wenham, Christ and the Bible, 3e édition, Grand Rapids, Baker, 1994.
5 Paul Feinberg, « The Meaning of Inerrancy », dans Inerrancy, éditions Normal L. Geisler, Grand Rapids, Zondervan, 1980, p. 294.
6 Voir James R. White, The King James Only Controversy : Can You Trust Modern Tanslations ?, 2e édition, Minneapolis, Bethany House, 2009.
7 Pour une introduction accessible sur le degré de certitude du texte du Nouveau Testament, voir J. Ed Komoszewski, M. James Sawyer et Daniel B. Wallace, Reinventing Jesus : How Contemporary Skeptics Miss the Real Jesus and Mislead Popular Culture, Grand Rapids, Kriegel, 2006, p. 51-117, 272-295.
8 Voir les sept conditions de Wayne Grudem : « L’Écriture affirme qu’il est possible de la comprendre mais (1) pas tout d’un coup, (2) pas sans efforts, (3) pas sans les moyens ordinaires, (4) pas sans l’engagement du lecteur à lui obéir, (5) pas sans l’aide du Saint-Esprit, (6) pas sans malentendus humains, (7) jamais complètement », « The Perspicuity of Scripture », Themelios 34, n°3, 2009, p. 288-309 (http ://theGospelCoalition.org/publications).
9 Voir les deux chapitres de Donald S. Whitney sur « Bible intake », dans Spiritual Disciplines for the Christian Life, Colorado Springs, CO, NavPress, 1997, p. 23-60.
Cet article est adapté du chapitre 4 du livre : « La foi d’hier pour une ère nouvelle » édité par Kevin DeYoung