Qu’est-ce qui vient en premier ? Mon obéissance à Jésus ou ma joie en Jésus ? (John Piper)
Comment mon obéissance est-elle liée à ma joie ? C’est une question posée aujourd’hui par Jonathan. « Bonjour, Pasteur John. Je suis un étudiant en théologie en Afrique du Sud. Ma question porte sur l’hédonisme chrétien. Quelle chose profonde et puissante que le fait de prendre plaisir en Dieu. Dieu s’en est beaucoup servi dans ma conversion !
Après quelques années, cependant, ma joie en Dieu s’est estompée. Non seulement ma joie, mais aussi ma satisfaction en et mon appréciation de Dieu par-dessus tout – un état des plus joyeux – ont disparu. Ceci est particulièrement vrai quand je tombe dans le péché. Je sens que le péché m’aveugle à qui Dieu est et ainsi je ne l’apprécie pas pour qui il est parce que je ne peux pas le voir pour qui il est. Est-ce que c’est vrai ? Et quelle part de notre joie en Christ n’est réalisable et possible que dans un état d’obéissance robuste ? »
Joie et obéissance
Je vais dire les choses un peu différemment que Jonathan, mais permettez-moi d’abord d’affirmer sa lucidité. Quand nous vivons dans la désobéissance à Christ, notre joie en lui sera minimale ou inexistante, selon la profondeur et la durée de la désobéissance. C’est vrai. Vous pourriez dire que notre plus grande jouissance en Christ ne peut être vécue que dans un solide état d’obéissance. Je pense que c’est vrai.
Mais je pense qu’il est important de plonger un peu plus profondément dans la relation entre obéissance et joie. Ne nous contentons pas de dire : « Si vous obéissez à Jésus, votre joie sera plus grande. » Si nous en restons là, nous ne verrons pas vraiment clairement quelle est la nature de l’obéissance et sa relation à la joie et à Christ.
Je demanderais à Jonathan, ou à qui que ce soit : « Pensez-vous que l’obéissance à Jésus est différente du fait de prendre plaisir en Jésus ? » En d’autres termes, est-il juste de penser que lui obéir n’est qu’une chose, et qu’ensuite, en faisant cela, cette autre chose appelée « prendre plaisir en lui » se produira ? Ce n’est vraiment pas comme ça, n’est-ce pas ? Pourquoi pas ?
Eh bien d’abord, il nous est ordonné de prendre plaisir en lui, de faire « de l’Eternel [nos] délices » (Psaume 37.4 et ailleurs). Nous devons nous réjouir dans le Seigneur. L’obéissance équivaut à prendre plaisir en Dieu, et n’est pas seulement une cause de ce plaisir.
Deuxièmement, toute obéissance honorant Christ est enracinée dans le fait que nous chérissons Jésus, que nous prenons plaisir en Jésus, de sorte qu’il ne serait pas juste de dire que prendre plaisir en Jésus est seulement le résultat de l’obéissance. En fait, la joie fait partie de l’obéissance, est la cause de l’obéissance et est la racine de l’obéissance.
Perdre Christ de vue
Ce que dit Jonathan n’est donc pas du tout faux ; ce n’est que la moitié ou peut-être le tiers de la réalité. Il insiste sur la vérité absolument nécessaire que chaque fois que nous marchons dans la désobéissance, notre joie va être limitée, voire annulée. C’est vrai.
Vous pouvez le voir surtout dans Jean 14.21-23, où Jésus dit :
« Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui qui m’aime ; celui qui m’aime sera aimé de mon Père et moi aussi, je l’aimerai et je me ferai connaître à lui » (Jean 14.21).
En d’autres termes, il y a une corrélation entre notre amour de Jésus et le fait de garder ses commandements et la clarté et la douceur de la manifestation que nous avons de Jésus et du Père dans notre cœur. Jésus dit : « Je me ferai connaître à lui. » Il dit cela à ceux qui l’aiment, qui marchent en communion avec lui et qui gardent ses paroles.
Ces manifestations de la préciosité et de la douceur et de la puissance et de la réalité et de la présence et de la beauté et de la valeur de Jésus seront perdues lorsque nous aimons d’autres choses plus que Jésus, et que nous ne gardons pas sa parole. C’est vrai. C’est la vérité que Jonathan voit et souligne.
Il a expérimenté la perte de la joie et des manifestations intimes et douces de Christ à son âme parce qu’il a marché dans le péché. C’est vrai, c’est ce qui se passe.
Le chemin de l’obéissance
Mais, il y a un autre côté à cela. Si on le rate, Jonathan ne pourra pas s’en sortir. Comment va-t-il s’en sortir ? Parce que s’il pense simplement en termes de « Je dois obéir pour que je puisse prendre plaisir en Dieu », il ne s’en sortira jamais.
Parce que voir Jésus comme satisfaisant et l’expérimenter comme précieux est le chemin de l’obéissance, pas seulement le résultat de l’obéissance. Vous ne pouvez pas obéir d’abord afin de prendre plaisir en lui ensuite si le fait de prendre plaisir en lui est le chemin de l’obéissance.
Si nous traitons l’obéissance comme quelque chose que nous faisons d’abord et qu’ensuite toute joie en Jésus suit, nous aurons transformé l’obéissance en une œuvre de la loi, ou une performance extérieure légale qui n’a aucune valeur en mesure d’exalter Christ et qui ne se traduira pas par conséquent en une véritable joie en Jésus.
Toute obéissance qui exalte Christ, enracinée dans l’Évangile, est l’obéissance de la foi (Romains 1.5). L’obéissance vient de la foi, et la foi est une vision et une délectation de la vérité, de la beauté et de la valeur de Jésus dans l’évangile. Par conséquent, la foi, en particulier ce que Paul appelle dans Philippiens 1.25 « la joie dans la foi », est la racine de toute obéissance qui exalte Christ, pas seulement le fruit.
Alors, Jonathan, par tous les moyens, cesse tout péché apparent. Cesse. Mais que la bataille principale de ta vie ne soit pas seulement contre les actions extérieures devant changer, mais surtout contre l’aveuglement intérieur qui doit être surmonté par de nouvelles perspectives de la gloire de Christ. Alors la nouvelle obéissance ne sera pas un hymne à ta volonté, mais un hymne à la beauté de Christ qui a brisé le pouvoir de la séduction du péché.
Là où se déroule la bataille
Jonathan a marché dans la désobéissance à cause de la tromperie du péché (Hébreux 3.13 ; Éphésiens 4.22). Le péché lui ment. Il dit que le chemin de la désobéissance produira plus de plaisir. Ce ne sera pas le cas. C’est un mensonge.
Les plaisirs sont éphémères (Hébreux 11.25). Ils sont peu profonds. Ainsi, la bataille à livrer dans le cœur de Jonathan, dans chacun de nos cœurs, n’est pas seulement comment arrêter de faire de mauvaises choses pour que nous puissions prendre plaisir en Jésus. Non, non, non, non, non. La bataille est de savoir comment cesser de croire à de fausses choses.
Par tous les moyens, abandonnez les mauvais comportements. Mais la bataille consiste surtout à se tourner vers Jésus. Regardez tout ce que Dieu est pour vous en lui, et priez pour que vos yeux voient sa beauté et sa valeur pleinement satisfaisantes, afin que vous vous reposiez en lui et que vous soyez si satisfaits que la source du péché soit coupée, et vous marchiez en obéissance.
Pasteur John Piper vous répond présente les réponses que le pasteur John Piper donne à des questions théologiques et pastorales difficiles. Ce podcast, créé en partenariat avec Desiring God, vous est offert par Revenir à l’Évangile, un blog et un ministère de Publications Chrétiennes. Pasteur John répondra à deux questions chaque semaine. Vous pourrez entendre ses réponses sur notre blog, Facebook, Youtube, Apple Itunes Store et sur l’appareil que vous utilisez pour écouter des podcasts