Qui sont les petits prophètes ? (John Blanchard)
Dans la bible, les petits prophètes sont les auteurs des douze derniers livres de l’Ancien Testament : Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habakuk, Sophonie, Aggée, Zacharie et Malachie.
Ces livres n’ont pas toujours suivi l’ordre qu’ils occupent dans notre bible actuelle. Par exemple, dans la version des Septante (la première traduction de l’Ancien Testament en grec), Osée, Joël, Amos et Abdias sont classés selon leur longueur, suivis immédiatement par les sept derniers ouvrages dans l’ordre habituel, avec Jonas accroché à la fin (on pensait que son style était différent).
La Bible est surprenante dans sa variété et son unité
Quel que soit l’ordre choisi, il est important de garder en mémoire qu’ils ont toujours été considérés comme une seule unité plutôt que douze documents sans rapport les uns avec les autres. Ceci est l’exemple frappant d’une vérité plus vaste : la Bible est surprenante à la fois dans sa variété et dans son unité. Ce n’est pas tant un livre unique qu’une « bibliothèque » de soixante-six livres écrits par quelque quarante auteurs, en trois langues (hébreu, grec et araméen), sur trois continents (Afrique, Asie et Europe) et sur une période d’environ un millénaire et demi. Elle contient de l’Histoire, des lois, des archives publiques, des biographies, de la poésie, des prophéties, des sermons, des cantiques, de la correspondance personnelle, des lettres ouvertes et diverses autres sortes de documents.
Les rédacteurs ne sont pas des professionnels, mais des soldats, des sacrificateurs, des pêcheurs, des bergers, un rabbin juif et un médecin d’origine païenne. Si on les avait questionnés sur des problèmes courants de la vie de tous les jours, leurs points de vue auraient grandement divergé, teintés par la diversité de leurs arrière-plans et de leurs cultures. En revanche, quand ils traitent des points les plus importants qui aient jamais préoccupé l’esprit humain, leurs contributions individuelles à la Bible se combinent (sans aucune collaboration ni artifice). Il en résulte une unité et une cohérence uniques dans toute la littérature accessible à l’homme.
L’unité des Écritures
Quand on étudie la Bible, il importe de prendre conscience qu’elle parle d’une seule voix, malgré l’utilisation de divers « accents » (reflétant la vie et l’époque des auteurs concernés). Si un critique déclare que le Dieu de l’Ancien Testament est différent de celui du Nouveau Testament, et que les deux parties de l’ouvrage se contredisent, c’est qu’il les a tous deux mal interprétés.
La Bible est inspirée de Dieu
L’origine de cette unité impressionnante est extrêmement simple : chaque mot de l’écriture originale « est inspiré de Dieu » (2 Timothée 3:16). Les auteurs humains n’écrivaient pas leurs opinions personnelles, ni n’exprimaient leurs seules convictions profondes.
Plutôt, « c’est poussés par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu » (2 Pierre 1:21). Il est facile de démontrer que cette phrase écrite au sujet de l’Ancien Testament concerne également le Nouveau Testament. Par exemple, l’apôtre Paul décrit l’Ancien Testament comme « les oracles de Dieu » et ajoute sans aucune hésitation que ses propres écrits sont « la parole de Dieu » (Romains 3:2 ; 1 Thessaloniciens 2:13). Jean, apôtre lui aussi, commence le dernier livre de la Bible en disant qu’il va écrire une prophétie « que Dieu lui a donnée » (Apocalypse 1:1). Il termine en assurant ses lecteurs que ces paroles sont « certaines et véritables », car reçues du « Seigneur, le Dieu des esprits des prophètes » (Apocalypse 22:6).
Le pasteur Brian Edwards résume si bien cela que je ne peux pas faire mieux que le citer :
« Le Saint-Esprit a poussé des hommes à écrire. Il leur a permis d’utiliser leurs propres style, culture, dons et personnalité, d’utiliser les résultats de leurs études et recherches personnelles, de rapporter leur expérience et d’exprimer leurs pensées. Ceci étant, le Saint-Esprit n’a pas permis à l’erreur de fausser leurs exposés. Il a prévalu dans l’expression de la pensée et dans le choix des mots. C’est ainsi que ces hommes ont rapporté fidèlement tout ce que Dieu voulait qu’ils disent, exactement de la façon dont il voulait que cela soit dit, selon leur personnalité, leur style et leur langue. »
Il n’y a rien d’étonnant à trouver une unité si merveilleuse dans les Écritures ! Pour emprunter une brillante illustration à James Packer :
« La Bible se compare à un orchestre symphonique, dont le Saint-Esprit serait le Toscanini. Bien qu’aucun n’ait jamais pu entendre la musique dans son ensemble, chaque instrumentiste s’est offert volontairement, spontanément, avec un esprit créatif, pour jouer les notes exactement comme le grand chef d’orchestre le désire. »
Disposant de la Bible entière, nous pouvons aujourd’hui « entendre la musique dans son ensemble » et nous ne devrions en négliger aucun détail. L’Ancien et le Nouveau Testaments sont comme les deux parties d’une phrase : l’une et l’autre sont nécessaires pour en comprendre la signification globale.
Pourquoi « petits » prophètes ?
La réponse à cette seconde question est facile également. Dans son livre La Cité de Dieu, publié autour de l’an 425 de notre ère, le théologien africain Augustin d’Hippone fut le premier à leur donner ce nom. Il ne suggérait toutefois pas par là que leur contribution à la Bible était inférieure à celle des autres livres. Il ne voulait pas non plus dire que c’était les volumes les plus courts de l’Ancien Testament. Quatre d’entre eux sont plus longs que Ruth, et deux sont plus longs que Ruth, Esdras et Esther.
En fait, Augustin soulignait seulement que ce sont les plus courts des livres prophétiques (Ruth, Esdras et Esther étant historiques et non prophétiques). Ajoutons une remarque importante. Le fait que pour la plupart, ces livres sont relativement peu volumineux ne veut pas dire que leur message est moins important. Rien de ce que Dieu dit ne peut être considéré comme tel. Même s’il s’intéresse aux moindres détails de la vie, il ne profère jamais de banalités.
L’importance des petits prophètes
En ce qui concerne les petits prophètes, la manière dont le Nouveau Testament les cite est notre meilleure incitation à les prendre au sérieux. Par exemple, Jésus cite Osée : « Je prends plaisir à la miséricorde, et non aux sacrifices » (Matthieu 12:7). Il entre à Jérusalem sur un âne en accomplissement des paroles de Zacharie (cf. Matthieu 21:1-5). Quand Paul écrit : « Le juste vivra par la foi » (Romains 1:17), il cite Habakuk, et quand au jour de la Pentecôte, Pierre dit aux foules que ce sont « les derniers jours », il tire ces paroles de Joël (Actes 2:17).
Ces quelques exemples, parmi beaucoup d’autres, devraient suffire à nous convaincre d’aborder les petits prophètes dans un esprit de soumission respectueuse et d’accepter leurs écrits en tant que partie intégrante de « la Parole vivante et permanente de Dieu » (1 Pierre 1:23).
Cet article est tiré du livre : Les grands points des petits prophètes de John Blanchard