Satan est lié (Frederick Leahy)
Dans l’Écriture, il paraît d’abord comme une créature déchue et, du fait du péché, étroitement liée aux démons et à notre race. L’expression utilisée à son endroit par Jésus : « Le prince de ce monde » (Jean 12:31 ; 14:30 ; 16:11), indique l’étendue de son influence parmi les hommes. Les épîtres reprennent des termes semblables : « le dieu de ce siècle » (2 Corinthiens 4:4) et « le prince de la puissance de l’air » (Éphésiens 2:2). Il s’avère indispensable d’attribuer une signification exacte à chacun de ces termes afin d’acquérir une compréhension satisfaisante de la démonologie.
Satan a-t-il reçu une autorité pour régner sur les hommes ? Dieu lui a-t-il attribué le royaume de ce monde lors de la chute de l’homme ? Satan avait-il par conséquent le droit de promettre tous les royaumes du monde à Christ ?
On trouve fréquemment des réponses affirmatives à ces questions dans la littérature chrétienne actuelle, et des affirmations renversantes se font même entendre concernant la prétendue domination et puissance de Satan. Certains le présentent comme le souverain de ce monde, sujet à une sentence divine encore non exécutée. Pour d’autres, Satan réussit à arracher un sceptre d’autorité des mains d’Adam lors de la chute, et obtint le droit de gouverner la race humaine. Certes, la Bible ne minimise pas le sinistre pouvoir du malin, prince des démons et chef d’un ordre cosmique impie. La soumission plus ou moins consciente des hommes pécheurs et la corruption du cœur humain soutiennent et facilitent même ce pouvoir.
Mais la question demeure…
Satan est-il le monarque de quelque domaine attribué par Dieu, ou s’agit-il plutôt d’un ennemi vaincu, d’un imposteur, d’un menteur et d’un séducteur ?
Par sa révolte contre Dieu, l’homme s’est rangé aux côtés de Satan
L’Écriture ne laisse planer aucun doute concernant la réponse à cette question importante. Même si Adam avait pour mission de gérer la création de Dieu, il ne fut jamais son propre maître. Par conséquent, Satan ne possède pas l’autorité de gouverner les hommes car aucun sceptre ne pouvait être transféré de l’homme à Satan après la chute. Dieu ne lui a jamais donné une quelconque autorité sur l’homme. Ce dernier se trouve sous « la puissance de Satan » uniquement à cause de son péché (Actes 26:18). Par sa révolte contre Dieu, l’homme s’est rangé aux côtés de Satan. Il devient dans ce sens captif de « la puissance des ténèbres » (Colossiens 1:13) et reçoit Satan pour « dieu » et « prince ».
L’erreur dont nous parlons se manifeste davantage encore quand nous examinons la relation entre Satan et les hommes à la lumière de la seigneurie de Christ. Satan n’est pas du tout le chef actuel de ce monde, tandis que Christ le deviendrait seulement par la suite. L’enchaînement de Satan n’appartient aucunement au « pas encore » de l’eschatologie. Au contraire ! Le Nouveau Testament affirme que la sentence prononcée contre Satan dans le jardin d’Éden a déjà été exécutée !
À la croix, Christ vainquit Satan
Non seulement il est un dignitaire déposé et exclu de la cour céleste, mais Christ l’écrasa et le mit en déroute sur la terre à la croix ! À Golgotha, Jésus remporta une victoire totale sur Satan et sur ses armées maléfiques. L’Écriture déclare clairement cette vérité. Christ a « dépouillé les dominations et les autorités, et les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d’elles par la croix » (Colossiens 2:14,15). Il vainquit totalement les puissances du mal. Il lutta contre elles et les maîtrisa, les dépouillant de l’armure en laquelle elles se confiaient. Il les chassa de sa main puissante, en exposant à l’univers leur impuissance et sa propre force invaincue. Les puissances du mal furent totalement mises hors de combat à la croix, où Christ se révéla devant l’univers moral comme Emmanuel, le vainqueur. Nous ne pouvions être délivrés de la puissance des ténèbres d’aucune autre manière.
La veille de sa crucifixion, Jésus affirme :
« Maintenant a lieu le jugement de ce monde ; maintenant le prince de ce monde sera jeté dehors » (Jean 12:31).
Celui que le monde sert et auquel il s’allie va être jeté dehors, non pas dans un avenir lointain, mais « maintenant » – mot très appuyé dans le texte grec en raison de sa place dans la phrase. La déclaration du Seigneur s’avère extrêmement claire : grâce à sa mort, le bannissement de notre ennemi suprême deviendra un fait accompli.
La bonne nouvelle de l’Évangile est une mauvaise nouvelle pour Satan
Les rapports entre Satan et les hommes consistent uniquement en une culpabilité et un péché communs ; quand le sacrifice propitiatoire de Jésus efface la culpabilité des rachetés, leur lien avec le domaine de Satan cesse aussitôt. Dès la première annonce de l’Évangile en Genèse 3:15, cette bonne nouvelle en constitua une mauvaise pour le malin : « Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité : celle-ci t’écrasera la tête, et tu lui blesseras le talon. » N’oublions jamais l’efficacité de cet Évangile à l’époque de l’Ancien Testament, car la puissance de la croix agit rétrospectivement (Romains 3:25). Toutefois, la victoire totale fut annoncée lors de la consommation des souffrances de Christ.
Aussitôt après avoir parlé de l’expulsion du prince de ce monde, Jésus poursuivit en ces termes :
« Quand j’aurai été élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi » (Jean 12:32).
« L’expulsion » de Satan est ainsi associée à la venue vers Christ d’hommes de toutes les nations du monde. Par la croix de Christ, Dieu chasse Satan et lui ôte son emprise sur le cœur des hommes au fur et à mesure qu’il amène ces derniers « dans le royaume de son Fils bien-aimé ».
Les paroles de Jésus en Jean 12:32 s’accordent avec sa déclaration selon laquelle Satan devait être « lié » avant qu’il ne puisse délivrer ses sujets :
« Personne ne peut entrer dans la maison d’un homme fort et piller ses biens, sans avoir auparavant lié cet homme fort ; alors il pillera sa maison » (Marc 3:27).
L’établissement du royaume de Christ exigeait la défaite préalable de Satan
Les évangiles annoncent cette bonne nouvelle. Nous voyons Satan lié quand le Seigneur triompha de lui lors de la tentation dans le désert et quand il chassait les démons : « Si c’est par le doigt de Dieu que je chasse les démons, le royaume de Dieu est donc venu vers vous » (Luc 11:20). Lorsque les soixante-dix missionnaires lui rapportèrent : « Seigneur, les démons mêmes nous sont soumis en ton nom », Jésus leur fit observer : « Je voyais Satan tomber du ciel comme un éclair » (Luc 10:17,18). Le thème de « l’enchaînement » de Satan par Christ revient sans cesse dans le Nouveau Testament. Satan est « jugé », « dépouillé » et « anéanti » (Hébreux 2:14). Le mot employé en Matthieu 12:29, où Christ parle de lier l’homme fort, réapparaît en Apocalypse 20:3, appliqué cette fois à Satan. Nous considérons la période de mille ans mentionnée dans ce chapitre comme se référant à l’ensemble de la dispensation du Nouveau Testament dans laquelle nous vivons. L’enchaînement de Satan dont parle ce passage prit place lors de la première venue du Seigneur Jésus-Christ.
Dieu réprima la puissance de Satan, de sorte que celui-ci ne peut plus séduire les nations avec autant de succès qu’auparavant. Il ne peut plus entraver la diffusion de l’Évangile dans le monde entier désormais. Certes, Dieu le laisse encore « gêner » ses serviteurs à diverses époques de l’histoire de l’Église. Néanmoins, comme l’affirme clairement l’Écriture, le diable ne peut ni empêcher l’expansion de l’Évangile ici-bas ni contrecarrer le dessein souverain de Dieu pour son Église et pour le monde.
Cet article est tiré du livre : Satan, vaincu et chassé de Frederick Leahy