Sauvé du péché — Éphésiens 2.1-3 (John MacArthur)

Vous étiez morts par vos offenses et par vos péchés, dans lesquels vous marchiez autrefois, selon le train de ce monde, selon le prince de la puissance de l’air, de l’esprit qui agit maintenant dans les fils de la rébellion. Nous tous aussi, nous étions de leur nombre, et nous vivions autrefois selon les convoitises de notre chair, accomplissant les volontés de la chair et de nos pensées, et nous étions par nature des enfants de colère, comme les autres…

Éphésiens 2.1-3

Premièrement, on est sauvé du péché qui caractérise la vie avant qu’on connaisse Christ. Il n’y a peut-être dans toute l’Écriture aucune affirmation plus claire de l’état pécheur du vieil homme sans Christ que celle qu’on trouve dans ces trois versets.

« Le salaire du péché, c’est la mort » (Ro 6.23), et parce que l’homme est né pécheur, il est né mort. L’homme ne meurt pas spirituellement parce qu’il pèche ; il est spirituellement mort parce qu’il est pécheur par nature. À l’exception de Jésus-Christ, c’est là la condition de tous les êtres humains depuis la Chute, y compris celle des croyants avant leur conversion. C’est là la condition passée des croyants, et la condition présente de tous les autres.

Le problème fondamental de l’homme n’est pas qu’il ne soit pas en harmonie avec son héritage ou avec son environnement, mais qu’il ne le soit pas avec son Créateur. Son problème principal n’est pas qu’il ne puisse pas avoir de bonnes relations avec ses semblables, mais qu’il n’est pas en bonne relation avec Dieu, de qui le péché le sépare (Ép 4.18). Sa condition n’a rien à voir avec sa façon de vivre ; elle est reliée au fait qu’il soit mort bien qu’il vive. Il est spirituellement mort tout en étant physiquement vivant. Parce qu’il est mort à Dieu, il est mort à la vie spirituelle, à la vérité, à la justice, à la paix intérieure et au bonheur, et en fin de compte à tout ce qu’il y a de bon.

Une des premières indications de la mort physique est le fait que le corps ne réponde plus aux stimulus quels qu’ils soient. Un mort ne réagit plus. Il ne réagit plus à la lumière, au bruit, aux odeurs, aux saveurs, à la douleur ou à quoi que ce soit d’autre. Il ne sent absolument plus rien.

Un jour j’ai entendu marteler la porte de mon bureau. Lorsque je l’ai ouverte, j’ai vu un jeune garçon à bout de souffle et qui pleurait. Il m’a dit : « Êtes-vous le pasteur ? Êtes-vous le pasteur ? » Lorsque je lui ai répondu que oui, il a ajouté : « Venez vite, s’il-vous-plaît. Dépêchez-vous ! » Je l’ai suivi en courant à plusieurs rues de distance, et nous sommes entrés dans une maison. Nous y avons trouvé une jeune femme qui pleurait de manière incontrôlable. Elle a dit : « Mon bébé est mort ! Mon bébé est mort ! » Le corps mou de son bébé de trois mois reposait sur le lit. Elle avait essayé de le ranimer, mais rien de ce qu’elle avait fait n’avait réussi. Il ne montrait aucun signe de vie. La mère caressait son bébé, l’embrassait, lui parlait, et répandait ses larmes sur sa petite tête. Mais l’enfant ne réagissait pas. Lorsque les ambulanciers sont arrivés, ils ont essayé de ranimer l’enfant, mais en vain. Il était mort, et il n’y avait rien que qui que se soit pouvait faire pour changer ça et obtenir une réaction. Il n’y avait plus de vie qui pouvait réagir, même pas au grand amour d’une maman.

C’est la même chose avec la mort spirituelle. Celui qui est spirituellement mort n’a pas en lui de vie qui lui permette de réagir aux choses spirituelles, et encore bien moins de vivre spirituellement. Aucun geste d’amour et de sollicitude de Dieu, ni aucun mot d’affection de sa part ne peuvent provoquer une réaction. Celui qui est spirituellement mort est séparé de Dieu, et donc séparé de la vie. Il est incapable de réagir. Comme l’a écrit le grand commentateur écossais John Eadie : « C’est un mort qui marche. » Séparés de Dieu, les humains sont des zombies spirituels, des morts vivants qui ne savent pas qu’ils sont morts. Ils montrent des signes de vie, mais il ne la possèdent pas.

Après que Jésus eut demandé à un homme de le suivre, celui-ci demanda la permission d’aller d’abord enterrer son père — une façon de parler qui signifiait qu’il voulait attendre que son père soit mort et qu’il ait reçu son héritage. Pour bien indiquer ce qu’est la mort spirituelle, Jésus a rapproché les deux sortes de mort, et il a dit : « Suis-moi, et laisse les morts ensevelir leurs morts » (Mt 8.21,22). L’homme ne s’inquiétait pas pour son père, qui n’était probablement pas mort, mais pour les biens de ce monde. Il voulait premièrement s’occuper de ses besoins physiques, et n’avait aucun désir des choses spirituelles. Lorsque Paul donne des instructions à Timothée concernant les veuves de l’Église, il dit de celles qui vivent une vie dissolue : « Celle qui vit dans les plaisirs est morte, quoique vivante » (1 Ti 5.6). Mort bien que vivant, c’est là l’état lamentable de tout être humain non régénéré.

Avant notre conversion, nous étions comme tous les autres qui sont séparés de Dieu — morts par [nos] offenses et par [nos] péchés. Le cas grec du verbe est ici le locatif de sphère, et indique la sphère, ou le domaine, dans lequel quelque chose ou quelqu’un existe. Nous n’étions pas morts parce que nous avions commis des péchés, mais parce que nous étions dans le péché. Dans ce contexte, les mots offenses et […] péchés ne font pas allusion simplement à des actes, mais à la condition totale de quelqu’un qui n’a pas de relations avec Dieu. Il ne devient pas menteur lorsqu’il ment ; il ment parce qu’il est menteur. Il ne devient pas voleur lorsqu’il vole ; il vole parce qu’il est voleur. Et on pourrait dire la même chose du meurtre, de l’adultère, de la convoitise et de tous les autres péchés. Ce n’est pas le fait qu’il pèche qui rende quelqu’un pécheur ; il pèche parce qu’il est pécheur. Jésus a confirmé cette affirmation lorsqu’il a dit : « l’homme méchant tire de mauvaises choses de son mauvais trésor » (Mt 12.35), et : « ce qui sort de la bouche vient du cœur, et c’est ce qui souille l’homme. Car c’est du cœur que viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les débauches, les vols, les faux témoignages, les calomnies » (Mt 15.18,19).

Paraptôma (offenses) désigne le fait de glisser, tomber, trébucher, dévier ou prendre la mauvaise direction. Hamartia (péchés) désignait originellement le fait de manquer une cible, en chassant à l’arc par exemple. Il en est venu à désigner le fait de manquer ou de ne pas atteindre n’importe quel but ou norme. Dans le domaine spirituel, il désigne le fait de ne pas atteindre la norme de sainteté que Dieu demande, et dans le Nouveau Testament, c’est le terme général, et celui qui est le plus souvent utilisé pour le péché (173 fois). Paul n’utilise pas les deux termes ici pour distinguer entre deux sortes de transgressions, mais simplement pour mieux exprimer l’étendue de la nature pécheresse qui résulte de la mort spirituelle.

L’affirmation de Paul à l’effet que « tous ont péché et n’atteignent pas à la gloire de Dieu » (Ro 3.23 — Darby) ne présente pas deux vérités, mais deux aspects de la même vérité. Pécher, c’est ne pas atteindre la gloire de Dieu, et ne pas atteindre la gloire de Dieu, c’est pécher1. Comme Paul l’a expliqué deux chapitres avant dans Romains, le sens fondamental de pécher, c’est ne pas donner à Dieu la gloire qui lui revient : « ayant connu Dieu, ils ne l’ont point glorifié comme Dieu » (1.21). De tous les épitaphes qu’on aurait pu écrire pour Hérode, aucune n’était plus appropriée que ce qui est dit dans Actes 12.23 : « un ange du Seigneur le frappa, parce qu’il n’avait pas donné gloire à Dieu. Et il expira, rongé des vers. »

Que tous les hommes sans Dieu soient pécheurs ne signifie pas que tous soient également corrompus et méchants. Sur un champ de bataille, vingt cadavres peuvent être à divers degrés de décomposition, mais ils sont tous morts. La mort se manifeste de diverses façons et à divers degrés, mais il n’y a pas de degrés dans la mort elle-même. Le péché se manifeste de diverses façons et à divers degrés, mais il n’y a pas de degré dans l’état de pécheur. Les hommes ne sont pas tous aussi mauvais qu’ils pourraient l’être, mais aucun d’eux n’atteint la norme de perfection que Dieu demande.

En tant que condition, façon de vivre, l’état de pécheur a plus à voir avec ce qui devrait être fait et ne l’est pas qu’avec le mal qui est fait. La norme de Dieu pour les hommes est une perfection égale à la sienne (Mt 5.48). Jésus n’a pas édicté une nouvelle norme, il en a réitéré une très ancienne. Le commandement de Dieu : « vous serez saints, car je suis saint » (Lé 11.44 ; voir aussi 1 Pi 1.16) ne créait pas non plus une nouvelle norme pour l’humanité ou pour le peuple élu. Dieu n’a jamais eu pour l’homme d’autre norme que la sainteté parfaite.

C’est à cause de cette norme de sainteté parfaite que les hommes sans Dieu ne peuvent être que pécheurs. Parce qu’ils sont séparés de Dieu, ils ne peuvent faire autrement que ne pas atteindre la norme établie par Dieu. Peu importe le bien qu’ils font ou essaient de faire, ils sont incapables d’atteindre une norme qui requiert de ne jamais pécher, et de n’avoir jamais péché.

On a souvent comparé la condition des hommes dans leur état de péchés à divers groupes de personnes qui sont sur le bord d’une rivière, large de peut-être un kilomètre. Chacun essaie de franchir la rivière d’un bond. Les petits enfants et les vieillards ne peuvent franchir que moins d’un mètre. Les grands enfants et les adultes agiles peuvent sauter plus loin que ça. Quelques athlètes peuvent sauter encore plus loin. Mais le meilleur sauteur n’arrive même pas proche de l’autre rive. On peut, bien sûr, mesurer le degré de réussite de ceux qui sautent en les comparant l’un à l’autre. Mais pour ce qui est d’atteindre le but, aucun ne réussit.

À travers l’histoire, les gens ont été différents les uns des autres dans leur degré de bonté ou de méchanceté humaines. Mais pour ce qui est d’atteindre la sainteté requise par Dieu, ce sont tous des ratés. C’est pourquoi la personne bonne, serviable, aimable, pleine de considération et  se sacrifiant pour les autres a besoin du salut autant que l’assassin à répétition qui attend son exécution. Le bon parent, époux aimant, travailleur honnête, et activiste social a besoin d’être sauvé par Jésus de la damnation éternelle autant que le clochard ivrogne ou le terroriste impitoyable. Ils ne vivent pas de façon également pécheresse, mais ils sont également en état de péché, également séparés de Dieu et de la vie spirituelle.

Jésus a dit : « Si vous faites du bien à ceux qui vous font du bien, quel gré vous en saura-t-on ? Les pécheurs aussi agissent de même » (Lu 6.33). À une autre occasion, il a dit : « méchants comme vous l’êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants » (Lu 11.13). Même sans Dieu, quelqu’un peut faire de bonnes choses, humainement parlant. Mais comme le Seigneur l’a fait remarquer dans ces deux affirmations, il reste néanmoins pécheur et mauvais par nature, et il agit pour des motifs bien inférieurs à celui de glorifier Dieu. Luc rapporte que lorsque Paul et ses compagnons de voyage ont fait naufrage sur l’île de Malte, « les barbares [leur ont témoigné] une bienveillance peu commune » (Ac 28.2). Mais ces insulaires n’en restaient pas moins des païens superstitieux (v. 6). C’est bien pour un pécheur de faire le bien, mais cela ne peut en rien changer sa nature ou son état, ni le réconcilier avec Dieu.

La sollicitude envers les autres est utile à ceux-ci, et Dieu la préfère certainement. C’est un pas dans la bonne direction. Mais des centaines des milliers de tels pas ne rapprochent personne de Dieu. Ces actes de bonté ne peuvent pas réconcilier un pécheur avec Dieu, parce que c’est son état de pécheur, et non ses péchés particuliers, qui le sépare de lui.

Dans son deuxième discours d’adieu à ses disciples, Jésus a dit : « Quand [le Saint-Esprit] sera venu, il convaincra le monde en ce qui concerne le péché » (Jn 16.8). Le péché au sujet duquel le Saint-Esprit devait convaincre les hommes est celui de ne pas croire en Jésus-Christ (v. 9). C’est le péché de séparation, le péché qui, à la fois, cause et démontre la séparation qui existe entre Dieu et l’homme. C’est le péché de ne pas accepter Dieu comme Dieu et Christ comme Sauveur, le péché de refus. Ce n’est pas le fait d’exprimer verbalement un rejet de Dieu, mais l’état dans lequel vit la personne non régénérée qui la sépare de Dieu. C’est ça l’état de mort spirituelle, être mort dans ses fautes et dans ses péchés (Darby).

Celui qui est mort spirituellement ne peut marcher, ou vivre, que d’une seule façon : selon le train de ce monde, selon le prince de la puissance de l’air, de l’esprit qui agit maintenant dans les fils de la rébellion. Ici, le terme kosmos (monde) ne désigne pas simplement la création matérielle, mais l’ordre mondial, le système du monde, avec ses valeurs et ses manières d’agir — le train de ce monde. Et comme Paul l’indique clairement, le train de ce monde se conforme aux directives et aux plans de Satan, le prince de la puissance de l’air.

Ce que nous appelons souvent « l’esprit du siècle » est une manifestation étendue du train de ce monde, un train selon lequel les hommes s’accordent assez bien sur ce qui est bien ou mal, précieux ou sans valeur, important ou sans importance. Les idées et les normes des hommes diffèrent, mais ils sont fondamentalement d’accord que le bon fonctionnement des choses de ce monde est bien plus important que la perspective divine de ces choses. Dans ce principe fondamental des choses du monde, ils sont d’un commun accord. Ils s’efforcent résolument d’atteindre les buts et de respecter les valeurs de leur système bien que ceux-ci s’opposent à Dieu et provoquent toujours l’auto-destruction. Les pécheurs persistent dans leur refus de Dieu et, pire devient leur système, plus ils s’efforcent de le justifier et de condamner ceux qui s’y opposent au nom de Dieu.

Ils sont d’un seul esprit et n’ont qu’un conducteur et seigneur : le prince de la puissance de l’air. Satan est pour le moment « le prince de ce monde », et ce n’est que lorsqu’il « sera jeté dehors » (Jn 12.31) qu’il cessera de le gouverner. L’expression la puissance [ou l’autorité] de l’air désigne probablement les hordes démoniaques de Satan qui habitent la sphère céleste. C’est à cela que Paul pense lorsqu’il met en garde contre « les esprits méchants dans les lieux célestes » (Ép 6.12). Durant le présent âge, Satan et ses démons dominent, contraignent et contrôlent tous les non-régénérés. Satan personnifie la mort spirituelle, parce qu’il personnifie la rébellion contre Dieu — lui, et le système qu’il a conçu.

Les trois éléments les plus caractéristiques du système du monde sont l’humanisme, le matérialisme et les relations sexuelles illicites. L’humanisme place l’homme par-dessus tout. C’est l’homme qui est la mesure de toutes choses. Chacun est son propre maître, sa propre norme de ce qui est bien, sa propre source d’autorité — en un mot, son propre dieu. Le matérialisme met les choses matérielles par-dessus tout, surtout l’argent, parce que l’argent permet d’acquérir tout le reste. La perversion sexuelle domine notre société occidentale actuelle comme aucune autre société depuis les périodes de décadence de la Grèce et de la Rome antiques. Avec l’appel humaniste à l’intérêt personnel et l’appel matérialiste à la réalisation de soi, le vice sexuel, qui fait appel au plaisir personnel, sert de moyen de promotion et de persuasion dans virtuellement tous les domaines du commerce. Ce triumvirat représente l’esprit du siècle, le présent train de ce monde.

Satan est l’archôn, le prince et le souverain de ce système du monde. Les non-régénérés ne sont pas nécessairement possédés en permanence par Satan ou ses démons. Mais, qu’ils le sachent ou non, ils sont sous leur influence. Parce qu’ils ont la même nature pécheresse et font partie de la même sphère de rébellion contre Dieu, ils répondent naturellement à cette influenc démoniaque. Ils sont sur la même longueur d’onde spirituelle.

Tout comme le monde, l’air sur lequel Satan a la puissance est la sphère dans laquelle les démons évoluent. Le terme air pourrait être utilisé métaphoriquement ici, comme nous utilisons le terme atmosphère dans l’expression « une atmosphère d’expectative ». Dans ce cas-là, monde et air seraient quasi-synonymes, représentant tous deux un domaine, ou une sphère, d’influence. Ce serait alors une allusion au domaine des idées, des croyances et des convictions que Satan domine maintenant en tant que prince. Mais ce n’est pas à cela que Paul pense ici, pas plus que dans 6.12. Il pense au fait que Satan gouverne la puissance (les démons) qui habite l’air (la sphère céleste qui entoure la terre). Les humains ne sont ni libres ni indépendants : ils sont dominés par les hordes sataniques.

Marcher selon le train de ce monde, selon le prince de la puissance de l’air, c’est réfléchir et vivre selon les préjugés, les idéologies et les normes que Satan contrôle et domine par l’entremise d’êtres surnaturels méchants. Le but suprême de Satan n’est pas d’amener simplement les hommes à faire le mal (la chair s’occupe très bien de ça par elle-même, comme le montre (Ga 5.19-21), mais aussi à penser mal et à croire en ce qui est mal, surtout au sujet de Dieu (voir 2 Co 11.13-15). Parce que l’humanité déchue et les hordes de Satan habitent le même domaine spirituel, il est tout naturel que l’esprit de celui-ci soit l’esprit qui agit maintenant dans les fils de la rébellion. Le prince de la désobéissance agit dans (le mot grec en renforce l’idée de coopération intime) ceux qui sont prêts à le suivre, ceux qui n’attachent pas d’importance à la Parole et à la volonté de Dieu, qui sont appelés les fils de la rébellion (une expression d’origine sémitique pour désigner quelqu’un qui est caractérisé par la désobéissance), de qui il est le père spirituel (Jn 8.38-44). Paul met en lumière cette désobéissance caractéristique envers Dieu lorsqu’il dit : « vous êtes esclaves de celui à qui vous obéissez, soit du péché qui conduit à la mort, soit de l’obéissance qui conduit à la justice » (Ro 6.16). Il caractérise ensuite celui qui croit comme quelqu’un qui obéit à Dieu : « vous avez obéi de cœur » (v. 17).

Le but premier de Paul, ici, n’est pas de montrer comment vivent les non-régénérés — bien que son enseignement le fasse — mais de rappeler aux croyants comment eux-mêmes marchaient autrefois et vivaient autrefois. Tous nous vivions autrefois selon les convoitises de notre chair, accomplissant les volontés de la chair et de nos pensées, et nous étions par nature des enfants de colère, comme les autres…

Le terme epithumia (convoitises) désigne les fortes inclinations et les désirs de toutes sortes, pas simplement la convoitise sexuelle. Le terme thelêma (volontés) insiste sur la force du désir, le fait de vouloir et de rechercher quelque chose intensément. Tout comme offenses et péchés, les termes convoitises et volontés ne sont pas donnés pour faire une distinction mais plutôt pour montrer le rapport étroit qui existe entre les deux. Ils sont utilisés comme des synonymes pour représenter l’inclination totale de l’homme déchu vers ses propres désirs. Sa nature même le pousse à satisfaire les convoitises et les volontés de sa chair et de [ses] pensées pécheresses. Le terme chair (sarx) souligne le gaspillage de la vie qui se produit lorsqu’on s’abandonne entièrement à ce qui plaît. Le terme pensées (dianoia) souligne le choix délibéré d’aller à l’encontre de la volonté de Dieu.

Tout croyant fut pour un temps complètement perdu dans le système du monde, de la chair et du diable, qui est le prince des démons, qui sont la puissance de l’air. Nous avons là les trois grandes lices où l’homme déchu mène un combat qu’il est en train de perdre contre ses ennemis spirituels — des ennemis avec lesquels il est pourtant maintenant allié de par sa nature (voir 1 Jn 2.16). Plutôt que d’être tous des enfants de Dieu, comme le monde aime généralement à le croire, ceux qui n’ont pas reçu le salut en Jésus-Christ sont par nature des enfants de colère (voir Jn 3.18). Sans la réconciliation par Christ, tous sont, par nature (par la naissance humaine), les objets de la colère de Dieu, de son jugement et de sa condamnation éternels. Tous peuvent être le mieux décrits comme des fils de la rébellion et, en conséquence, comme des enfants de colère — sujets au jugement de condamnation de Dieu.Mais bien que nous étions autrefois comme les autres, nous ne le sommes plus, à cause de notre foi dans le Sauveur. À cause de l’œuvre passée de salut de Christ en nous, nous sommes présentement et pour toujours les objets de son amour, et nous sommes délivrés de notre condition humaine naturelle de mort, de péché, de séparation, de désobéissance, de contrôle démoniaque, de convoitise et de jugement divin.


1[N.D.T. Le verbe grec hustereô peut être traduit de différentes façons. À peu près toutes nos Bibles françaises le traduisent « privés de », ce qui a pour effet que nous prenons les deux parties du v. 23 comme une cause et une conséquence. « Tous ont péché, […], et » en conséquence, comme le dit (par exemple) la Bible du Semeur : « sont privés de la glorieuse présence de Dieu. » Les Bibles anglaises rendent hustereô par come short ou fall short, qui peuvent signifier « manquer de » ou « être privé de », mais aussi « ne pas atteindre », comme Darby, un anglophone, l’a mis dans sa version française. Partant de là, et peut-être sous l’influence du fait que pécher veut dire « ne pas atteindre le but » les commentateurs anglophones, comme MacArthur, prennent les deux parties du verset comme deux façons de dire la même chose. Dans les mots de la Living Bible (une paraphrase) : « tous ont péché ; aucun n’atteint le glorieux idéal de Dieu ».]


Cet article est tiré du livre : Éphésiens de John MacArthur