Septième siècle : Grégoire le Grand et l’essor de l’Islam
Deux hommes ont marqué l’histoire de l’Église du VIIe siècle. Le premier a été Grégoire le Grand. Fils d’une riche et influente famille italienne, Grégoire s’est fait moine au lieu de suivre la tradition familiale en travaillant dans la fonction publique. Il est finalement devenu évêque de Rome. En plus d’être un visionnaire, il était doté d’un sens de l’organisation exceptionnel. Son époque a été marquée par une instabilité constante, puisque le contrôle de Rome tombait souvent aux mains du plus offrant ou de la tribu barbare la plus puissante. Grégoire, quant à lui, voulait mener le monde entier à la foi. Pour ce faire, il a envoyé des troupes de moines et d’évangélistes baptiser les gens et hisser la bannière de Christ sur les nations. Des dirigeants et des rois ont été gagnés à la foi ; des nations entières ont été baptisées et se sont jointes à l’Église. Celle-ci semblait commencer à régner, non seulement spirituellement, mais aussi avec les puissances terrestres, parmi les autres nations. Cependant, la foi chrétienne issue des efforts de Grégoire avait « l’apparence de la piété » sans en avoir la force (2 Ti 3.5). Il en a résulté un christianisme nominal contre lequel l’Église lutte encore aujourd’hui.
Un autre homme a marqué l’histoire de cette époque : le tristement célèbre Mahomet. Né vers la fin du VIe siècle, il souffrait de plusieurs maladies étranges, y compris ce qui semble avoir été l’épilepsie. Il n’a reçu, ni enseignement, ni éducation, et ne savait peut-être même pas lire. Il était encore un jeune homme quand il a épousé une femme de quinze ans son aînée, la veuve d’un riche commerçant. Il est ensuite lui-même devenu commerçant. Au cours de ses voyages, il a rencontré des juifs et des chrétiens et les a écoutés parler de leurs croyances. Les chrétiens qu’il a croisés appartenaient probablement à des groupes non-orthodoxes, voire gnostiques, c’est-à-dire des gens qui prétendaient croire en Christ mais dont la théologie et la pratique s’écartaient substantiellement de ce que professe l’Église historique.
Plus âgé, Mahomet a affirmé avoir reçu plusieurs visions. Selon ses dires, il a vu dans la première d’entre elles l’archange Gabriel qui l’appelait à devenir prophète de Dieu. Il a donc commencé à enseigner ce qui deviendrait plus tard les doctrines fondamentales de l’islam. Au départ, à La Mecque, peu ont répondu à l’appel. Puis, en 622, il a fui à Médine, où il a attiré un grand nombre de disciples. En moins de dix ans, plus de 50 000 personnes sont venues grossir ses rangs. À la fin du siècle, environ quatre-vingts ans après la première vision de Mahomet, l’islam amorçait son expansion fulgurante à travers le Moyen-Orient. Il a eu du succès en Afrique du Nord, quoique souvent obtenu à la pointe de l’épée. La progression de l’islam s’est arrêtée en Espagne. Au bout du compte, ceux qui déclaraient suivre Allah et son prophète Mahomet ont conquis presque la moitié de l’Empire romain. Les communautés chrétiennes historiques du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord ont été, soit détruites, soit réduites à l’état de minorités opprimées et méprisées.
Mahomet niait la divinité de Christ et sa mort sur la croix. Il enseignait un salut fondé sur une soumission volontaire à Allah, et non sur l’œuvre d’un autre en notre faveur. Le salut de l’islam est étranger à la grâce de Dieu en Jésus-Christ et à son sacrifice substitutionnel ; il rejette le fait que Christ a porté les péchés des hommes et qu’il leur offre l’assurance du salut. L’islam est une religion humaine, car il ne peut offrir ce que Dieu nous offre par Jésus-Christ : la miséricorde, la grâce et le salut pour des êtres humains déchus et pécheurs.
Que faisait donc l’Église pendant l’essor de l’islam ?
Un des plus célèbres rassemblements religieux du dernier tiers du viie siècle a été le concile de Whitby, qui s’est déroulé en 684 en Angleterre. À cette occasion, de nombreux évêques se sont assemblés pour discuter des controverses « significatives » de leur temps : le style de la tonsure portée par les prêtres et les moines, ainsi que la date de Pâques. Cet exemple historique montre que, parfois, l’Église peut complètement oublier sa mission. Il y a un temps et une saison pour chaque chose, c’est vrai, mais l’Église doit tenir ferme et ne jamais perdre de vue le Grand Mandat qui consiste, non pas à conquérir des territoires et des nations pour un gain terrestre, mais à proclamer l’Évangile à ceux qui sont perdus.
Cet article est tiré du livre : ABC de l’histoire de l’Église de Sinclair Ferguson, Joel Beeke, et Michael Haykin