Soupirer après notre avenir glorieux (Marc Rochette)
Depuis bientôt deux ans, on comprend ce que veut dire soupirer après des jours meilleurs.
En raison de la COVID-19 et ses variants, notre monde a changé en apportant son lot de privations et de restrictions. Tantôt c’était le confinement, tantôt c’était le couvre-feu. On ne pouvait même plus visiter nos familles – du moins au Québec – et nos églises locales n’ont pas été épargnées par toutes ces mesures gouvernementales.
Même en ce début d’année 2022, on doit encore continuer à faire attention, malgré la vaccination. On parle maintenant de quatrième dose dans une cinquième vague. Tout ça pour dire que cette pandémie, qui semble interminable, nous a appris à soupirer après des jours meilleurs.
Or, le texte de Romains 8, 19-27 nous parle justement de trois soupirs : la création soupire, les chrétiens soupirent et le Saint-Esprit soupire.
Maintenant, le terme grec correspond davantage au mot gémissement. La version TOB utilise d’ailleurs ce mot. Le dictionnaire Robert définit le verbe gémir comme suit : exprimer sa souffrance d’une voix plaintive et inarticulée. D’ailleurs, le contexte du passage est celui de la souffrance, quand on lit le début du verset 18 : Car j’estime que les souffrances du temps présent…
La création soupire
Maintenant, des versets 19 à 22, on lit que la création soupire ou gémit, comme si elle était une personne. C’est une figure de style. Évidemment, quand on dit la création, ça comprend tout ce qui a été créé, sauf l’être humain, que l’on retrouve plutôt au verset 23.
Au début du verset 19, on lit que la création attend vivement, dans le sens de constamment et impatiemment, la révélation des fils de Dieu qui se fera lors du retour de Christ dans sa gloire. Cela marquera le renouvellement de toutes choses, d’abord pendant 1000 ans, et ensuite, éternellement. La création soupire donc après le règne de Christ et la liberté de la gloire des enfants de Dieu, pour reprendre l’expression de la fin du verset 21.
Maintenant, pourquoi la création soupire-t-elle après des jours meilleurs? Le verset 20 nous donne la réponse. Dieu l’a assujetti à la vanité, la futilité, lors de la chute de l’homme et de la femme dans le jardin d’Éden.
Au fond, la terre n’avait pas été créée pour voir son sol être maudit par Dieu, subir le jugement du déluge, ni pour faire l’objet un jour de tous les bouleversements annoncés dans l’Apocalypse.
Et au jour du Seigneur, nous dit 2 Pierre 3, 10, les cieux passeront avec un bruit sifflant, et les éléments embrasés seront dissous, et la terre et les œuvres qui sont en elles seront brûlées entièrement. Ça, c’est du réchauffement climatique! D’ailleurs, les gens, au lieu de se préoccuper de la chaleur de la terre, devrait se préoccuper de la chaleur de l’enfer.
Fait intéressant à noter, alors que l’homme et la femme devaient assujettir la terre, dans Genèse 1, 28, voilà que la création est assujettie à la vanité, la futilité. D’où ce soupir, au verset 22, ce travail comme celui d’une femme en train d’accoucher. Et les douleurs de l’enfantement ne feront que croître alors qu’on s’approchera du retour du Seigneur.
Évoquant la fin des temps, dans son discours sur le mont des Oliviers, le Seigneur annonce qu’il y aura des famines, des pestes (ça nous dit quelque chose depuis deux ans…) et des tremblements de terre en divers lieux, dans Matthieu 24, 7. Et il ajoute : mais toutes ces choses seront un commencement de douleurs. Déjà, c’est un fait que la terre gémit de plus en plus fort, avec des catastrophes naturelles qui ne cessent de prendre de l’ampleur. Mais le pire est à venir durant la période des tribulations.
C’est pour ça que la création soupire, elle espère être affranchie de la servitude de la corruption, pour reprendre l’expression du verset 21. Vanité et corruption, voilà d’ailleurs ce qui décrit bien notre monde de 2022.
Les chrétiens soupirent
Or, non seulement la création soupire, mais les chrétiens aussi soupirent, gémissent, comme le mentionne le verset 23.
Maintenant, la création, animée, et inanimée, soupire parce qu’elle subit les effets du péché, mais l’enfant de Dieu soupire parce qu’il voit et qu’il vit les effets du péché.
D’ailleurs, ce qui différencie l’être humain du reste de la création, c’est la conscience. La création animée, et évidemment, inanimée, n’est pas consciente des effets du péché qu’elle subit. Mais l’être humain en est conscient et davantage l’enfant de Dieu qui a le Saint-Esprit en lui.
Et la conscience du péché, c’est ce qui fait soupirer le chrétien. Chaque jour qui passe, nous sommes confrontés au péché dans le monde. Tous les bulletins de nouvelles devraient commencer comme suit : voici ce que le péché a fait dans notre monde aujourd’hui : virus, agressions sexuelles, coup d’État, meurtres, corruption, injustice, etc. Vivre dans un tel monde rempli de mal nous fait soupirer après le ciel.
Non seulement le péché autour de nous nous fait soupirer, mais aussi, le péché en nous. On a beau avoir une nouvelle nature, on a encore notre ancienne qui, comme le dit Paul, nous fait faire le mal qu’on ne veut pas faire et nous amène à ne pas faire le bien qu’on veut faire. Ce combat est si intense que Paul va déclarer dans Romains 7, 24 : Misérable homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort?
On gémit donc à cause de ce corps de mort. D’où la fin du verset 23 du chapitre 8 qui nous dit qu’on soupire, en attendant la délivrance ou la rédemption de notre corps.
Quand Christ va venir chercher les siens, nous aurons un corps semblable à celui du Seigneur Jésus-Christ lorsqu’il est sorti du tombeau. Un jour, nos corps vieillissants et fragiles à la maladie vont être transformés.
Non seulement on gémit en attendant la rédemption de notre corps, mais le même verset 23 nous dit aussi qu’on soupire dans l’attente de notre adoption.
Oui, on a été adopté avant la fondation du monde. Dieu nous a élus avant la fondation du monde, dira Éphésiens 1.4. L’adoption implique un choix. Quand des parents décident d’adopter, ils font un choix. Ensuite, ils officialisent l’adoption par leur signature. C’est ce qui est arrivé quand on s’est converti. On est devenu enfant de Dieu.
Mais l’adoption finale, c’est quand les parents ramènent l’enfant à la maison. Et c’est cette dernière étape que nous attendons. Notre adoption sera finale lorsque nous serons en sa présence, avec un corps glorifié. C’est pour ça qu’on retrouve les deux vérités dans le même verset – adoption et rédemption.
Le Saint-Esprit soupire.
Autre raison de soupirer, c’est qu’on a déjà en nous le Saint-Esprit. Nous avons les prémices de l’Esprit, selon Romains 8, 23, les premiers fruits de l’Esprit, ce qui est justement le garant de notre gloire à venir comme enfants de Dieu adoptés.
Et dans l’attente de notre adoption et de la délivrance de notre corps, le Saint-Esprit nous aide justement dans notre vie de prière, d’où les versets 26 et 27. Le Saint-Esprit, ce consolateur que Jésus nous a laissé et qui habite en nous, intercède pour nous, les saints.
Comment? Par des soupirs inexprimables afin que nos prières soient selon Dieu. Et on a besoin de son intercession et de ses soupirs inexprimables car dans notre faiblesse, notre infirmité, on ne sait pas comment prier. Je ne comprends pas la mécanique d’une telle intercession de la part du Saint-Esprit, mais j’en suis reconnaissant.
Avec l’aide du Saint-Esprit, nous attendons donc notre adoption et la rédemption de notre corps avec espérance et avec patience, nous dit le verset 25. Pourquoi avec espérance?
Nous avons la réponse au verset 24 – car ce que quelqu’un voit, pourquoi aussi l’espère-t-il?
Notre passeport salutaire
Au verset 18, il nous est rappelé que les souffrances du temps présent ne sont pas dignes d’être comparées avec la gloire à venir qui doit nous être révélée.
Frères et sœurs, le meilleur est à venir. Nous, c’est vrai que ça va bien aller. Et ce que Dieu permet dans nos vies et dans ce monde contribue justement à nous faire soupirer après notre avenir glorieux.
Tout en gémissant après notre futur glorieux, vivons toutefois notre présent dans le contentement, comme Paul a appris à vivre dans Philippiens 4, 11. « J’ai appris à être content en moi-même dans les circonstances où je me trouve ».
Ne laissons pas la pandémie nous abattre, ni nous distraire dans notre course de la vie chrétienne. Alors que chacun a son opinion sur le masque, le vaccin ou encore le passeport sanitaire, ne laissons pas l’ennemi de nos âmes nous amener à mépriser ou à juger nos frères et sœurs sur des opinions personnelles qui n’ont rien à voir avec la doctrine.
Dans l’unité et dans l’amour, restons concentrés sur notre passeport salutaire accordé à fort prix par notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. Et gémissons, mais avec espérance, dans le contentement.