Soyez sobres (Charles Spurgeon)
Je voudrais expliquer ce texte en rapport avec les temps présents. Il me semble que nous n’avons pas de passage mieux approprié à nos jours que celui-ci même.
Nos jours sont des temps durant lesquels il nous est nécessaire d’être sobres. Nous avons toujours de nouvelles lubies pour influencer les instables. Et de braves, mais faibles gens, sont toujours prêts à faire des découvertes merveilleuses, s’écriant comme s’ils avaient trouvé l’Amérique; j’ai maintes fois entendu : « Voici, ici… » et j’ai écouté; et « Voici, là… » et j’ai aussi écouté. Puis un troisième, un quatrième, un cinquième appel… Après tout, il n’y avait rien qui soit digne d’être entendu.
Le monde entier doit être illuminé par une lumière, dit-on, que ni Pierre ni Paul n’ont jamais connue, quelque chose de bien supérieur à tout ce que les sages et les saints de l’Eglise ont vu. Mais cette grande illumination ne s’est pas encore montrée.
SOYEZ SOBRES : veillez sur vos pas, maintenez vos coeurs, ne vous laissez pas emporter à tout vent de doctrines, ne soyez pas des bébés pour croire tout ce qu’on vous dit, que ce soit une histoire de fantômes ou un conte enchanteur.
SOYEZ SOBRES : conduisez-vous en hommes intelligents. Voici une bonne parole, nécessaire en nos temps d’excitation générale, où certains sont tellement désorientés qu’ils ne reconnaissent plus leur gauche d’avec leur droite.
Les foules sont prêtes à suivre n’importe quelles folies, quelles qu’elles soient, du moment qu’elles soient présentées par un homme adroit, et que cela soit fait pour leur plaire. Criez bien fort, et beaucoup répondront. Ouvrez les portes, et une multitude entrera, quel que soit l’amusement proposé.
Frères, « Soyez sobres », et jugez par vous-mêmes.
SOYEZ SOBRES : Maintenez-vous sur le chemin, tenez ferme pour les bons préceptes. Cette exhortation est nécessaire à beaucoup. N’y a-t-il pas des gens qui, aujourd’hui, sont chauffés à blanc, et demain sont froids comme glace ? Leur chaleur est torride, et leur froid arctique ? Vous penseriez, en les entendant parler, qu’ils sont des anges; mais vous les prendrez pour des anges d’un autre royaume, quand vous les verrez agir. Ils sont si hauts ou bien si bas que, dans les deux cas, ils sont toujours aux extrêmes. Aujourd’hui ils s’envolent ici, demain ils s’envolent là-bas.
INSTABILITÉ
Je connaissais un chrétien, que je saluais toujours de la même façon. C’était un brave homme, mais changeant. Je lui disais : « Bonjour, mon ami. Qu’êtes-vous maintenant ? » Une fois, c’était un zélé Arminianiste, démontrant les erreurs de mon enseignement calviniste. Quelque temps après, il était profondément convaincu de Calvinisme, et se voulait plus avancé que moi dans la doctrine. Puis, un jour, il devint Baptiste, et il se trouva d’accord avec moi en tous points. Ce n’était pas assez; il alla chez les Frères Larges, pour enfin retourner dans sa première église.
Quand je l’ai rencontré après tout cela, je lui ai dit : « Bonjour, mon ami, qu’êtes-vous maintenant ? Pourriez-vous toujours donner la même réponse ? » Non ! Il ne pouvait pas. J’exhorte tout frère semblable : soyez sobre, soyez sobre ! Vous ne pouvez pas être sage, en empruntant tous les chemins, et en hésitant sur chacun ! Soyez sûr de vos pas lorsque vous marchez; soyez sûr doublement quand vous changez.
UNE BONNE ATTITUDE
Etre sobre signifie :
- être calme
- avoir la tête froide
- juger toutes choses selon les droits et non selon la multitude.
Ne vous laissez pas influencer par ceux qui hurlent dans les rues, ou par ceux qui battent le plus fort du tambour. Jugez vous-mêmes comme des hommes intelligents. Jugez comme devant Dieu après un sage débat.
SOYEZ SOBRES : c’est-à-dire ayez la pensée claire. L’homme qui boit, et ainsi détruit la sobriété de son corps, est embrumé, obscurci, et a perdu sa voie. Cessant d’être sobre, il devient fou. Ne commettez pas ce péché spirituellement. Ayez une pensée claire, une tête froide, spécialement pour les choses de Dieu.Priez que la paix règne dans vos coeurs, afin de rester paisibles et sereins. Ne soyez plus troublés par de vaines craintes et de folles espérances.
Soyez sobres, dit l’apôtre. Le mot ici, traduit par « soyez sobres », veut dire parfois « soyez vigilants. » En fait, il y a d’étroites liaisons entre les deux termes.
VIVEZ LES YEUX OUVERTS, NE MARCHEZ PAS À MOITIÉ ENDORMIS.
Bien des chrétiens dorment. Des auditoires dorment. Les pasteurs se bercent de théologie, et les gens dans leurs rangs ronflent en choeur. Beaucoup de travail est accompli en sommeil. Vous pouvez avoir une école du dimanche, où moniteurs et enfants dorment. Vous pouvez avoir un groupe de distribution de prospectus, qui marche et qui dort. Mais, vous dit l’Apôtre, soyez vigilants, soyez vivants. Frères, éveillez-vous; que cette parole, avec laquelle nous plaidons, vous embrase; et mettez toutes vos forces dans le service de notre Seigneur et Maître.
LES ATTAQUES RATIONNALISTES
Aujourd’hui, on veut nous dire que les doctrines de la grâce sont vétustes, surannées, et même injurieuses. Nous n’avons pas de difficultés pour répondre à une telle charge. Nous pouvons attendre, et nous ne nous doutons pas que l’opinion publique va changer de ton.
J’entends la parole moqueuse : « Vous, évangéliques, êtes fous, car vous affirmez des notions discréditées ! » Très bien, monsieur, nous acceptons que vous les teniez pour discréditées. Mais il sera prouvé que nous avons eu raison, quand votre nouveau système sera passé, comme une vapeur, qui paraît pour un peu de temps, et qui ensuite disparaît. Il vient, Celui qui justifiera tous ceux qui ont cru en Lui, donnant gloire honneur, louange à leur foi.
Si notre évangile est un mensonge, il sera découvert au jour de sa venue; mais il est bien vrai que nous ne craignons pas la venue du jugement dernier. Les mystères qui nous plongent dans la perplexité seront résolus, quand les ombres s’effaceront.
ETRE PRÊT
Je vous ai ramené au retour de Christ. Je vous ai dit que c’était une doctrine pratique. Je veux produire sur vous cette impression, afin que vous puissiez retourner avec courage à vos travaux et luttes quotidiennes. « Ceignez les reins de votre entendement, soyez sobres, et ayez une entière persévérance. » Parce qu’il vous sera bientôt révélé une grâce merveilleuse. Je voudrais agir comme un américain, le colonel Davanport, en une certaine occasion.
Un jour, il y a bien des années, d’épaisses ténèbres couvrirent les Etats-Unis. De temps à autre, à Londres, nous avons des jours particulièrement sombres, et nous ne nous en soucions pas. Mais pour ces Américains, c’était un événement nouveau qui provoquait une sensation terrible. Il faisait si noir que les volailles des basses-cours montèrent dormir sur leur perchoir au milieu de la journée. Les ténèbres s’épaissirent bien plus encore, et les gens commencèrent à avoir peur. Ils croyaient que la fin du monde était arrivée. Ils étaient alarmés et surexcités. L’une des chambres du Parlement ajourna sa séance, croyant que le jour du jugement était venu. L’autre chambre siégeait dans de telles ténèbres que tout le monde était terrifié. Une motion fut demandée pour ajourner, parce que la fin du monde était là. Le Colonel Davanport objecta, disant : « Le jugement vient ou il ne vient pas. S’il ne vient pas, nous n’avons aucune raison d’ajourner. S’il vient, alors je choisis de rester, afin d’être trouvé à l’oeuvre par mon Dieu. Je demande donc qu’on allume les bougies. »
Frères, les ténèbres nous environnent, il est tard. Mais, quoi qu’il nous arrive ou ne nous arrive pas, qu’on nous trouve ceints, sobres et espérant ! Dans ces temps politiques sombres, dans cette nuit religieuse et spirituelle, je demande des bougies ! Car nous voulons continuer le travail ! Amen !