Suis-je essentiellement le produit de mes origines ? (John Piper)

Chacune de nos vies est façonnée par de multiples forces — les amis que nous choisissons, les parents que nous n’avons pas choisis, et le milieu socio-économique sur lequel nous n’avions que peu ou pas de contrôle. Pouvons-nous donc dire que nous sommes principalement le produit de nos origines ? C’est une question qui nous vient d’un jeune homme anonyme, étudiant à l’université.

« Bonjour, pasteur John ! Je suis étudiant en psychologie en ce moment. L’un de mes professeurs est un “béhavioriste radical” et j’ai récemment suivi un cours sur l’apprentissage et le comportement. Dans ce cours, mon instructeur enseigne que, selon les idées de B.F. Skinner, l’homme est essentiellement le produit de son environnement et de ses renforcements. En d’autres termes, Skinner soutient que nous sommes de nature mécanique et que nous n’avons pas de libre arbitre, car nous n’agissons qu’en fonction des renforcements qui nous influencent. Y a-t-il des informations objectives qui réfutent les idées de Skinner d’un point de vue biblique ? Et y a-t-il des preuves en dehors de la Bible qui suggèrent que nous avons effectivement le libre arbitre ? »

Nous devons commencer par la définition du libre arbitre du point de vue des béhavioristes comme Skinner, car ce sont les béhavioristes, dit-il, qui nient que nous l’ayons. Nous devons donc nous demander : « Que nient-ils ? » Nous ne pouvons pas nous contenter de jeter notre définition ici et nous attendre à ce que leur position ait un quelconque sens. Nous devons savoir ce qu’ils veulent dire.

Enfermé dans le monde naturel

Alors, qu’est-ce qu’ils veulent dire ? Que veulent dire Skinner ou les béhavioristes lorsqu’ils nient que nous ayons le libre arbitre ? Eh bien, ils veulent dire que les êtres humains sont incapables, dans leurs capacités naturelles, de faire un choix allant à l’encontre des influences naturelles les plus fortes pesant sur eux. C’est ce qu’ils veulent dire, à savoir l’environnement auquel Skinner a fait référence et les types particuliers de renforcements que l’environnement place dans le monde naturel.

Il est très important de le comprendre : puisque les béhavioristes sont des naturalistes — c’est-à-dire qu’ils ne croient pas au surnaturel — ils définissent le libre arbitre sans référence au surnaturel, sans aucune référence à Dieu, ni à l’âme humaine, ni à l’œuvre du Saint-Esprit, ni aux effets aveuglants du péché et de Satan. Ainsi, ils opèrent totalement dans une boîte appelée le monde naturel. Et lorsqu’ils nient l’existence du libre arbitre à l’intérieur de cette boîte, ils doivent le définir en ces termes naturels. Ainsi, le libre arbitre qu’ils définissent n’a rien à voir, dans leur esprit, avec le surnaturel ; il est simplement naturaliste, mécanique.

Et ce que le terme libre arbitre signifie dans ce monde naturaliste, c’est que les choix humains ont toujours des causes naturelles — et non surnaturelles. Et la cause naturelle la plus forte dans l’environnement contrôlera de manière décisive nos choix. Ainsi, les êtres humains n’ont pas ce genre de libre arbitre, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas capables, dans leurs capacités naturelles, de faire un choix allant à l’encontre de leur plus forte influence naturelle.

Esclavage naturel

Maintenant, si la personne qui nous a écrit cette question me demande de donner des preuves internes ou externes à la Bible qu’un tel libre arbitre existe bien, je ne peux pas le faire, parce que ce n’est pas le cas. Je suis d’accord avec le béhavioriste pour dire que les êtres humains ne sont pas capables, dans leurs capacités naturelles, de faire un choix allant à l’encontre de leurs plus fortes influences naturelles.

Bien sûr, le béhavioriste et moi sommes d’accord sur l’inexistence de ce type de libre arbitre naturaliste — ou nous croyons à ce type d’esclavage naturaliste — pour des raisons très différentes. Il y croit parce qu’il rejette le surnaturel. J’y crois parce que le surnaturel me dit qu’il existe, c’est-à-dire que les êtres humains, en dehors du surnaturel, sont en fait liés à leurs plus fortes impulsions naturelles.

Esclave du péché

La Bible enseigne que les êtres humains ne sont pas capables, dans leurs capacités naturelles, de faire un choix allant à l’encontre de leurs plus fortes influences naturelles — non pas parce qu’il n’y a pas de surnaturel, mais parce que le péché et Satan œuvrent ensemble dans le but d’emprisonner l’homme dans son amour pour ce monde en termes très naturalistes. C’est pourquoi Paul appelle le non-croyant un homme « naturel » (1 Corinthiens 2.14). Il est mort aux perceptions spirituelles qui pourraient le libérer pour qu’il soit influencé par la vérité et la beauté de Dieu.

Ainsi, s’il n’y a pas de réalité surnaturelle — pas de Dieu, pas de vérité divine, pas de beauté divine, pas d’action salvatrice divine dans ce monde — alors les béhavioristes ont raison. L’homme est l’esclave de la plus forte influence naturelle dans son environnement. C’est ce que la Bible enseigne à propos de ce à quoi l’homme naturel est esclave. Pour montrer au béhavioriste qu’il a tort, il faut lui montrer qu’il a tort non seulement sur la volonté humaine, mais aussi sur Dieu et sur la réalité plus profonde de la nature humaine lorsque cette nature est née de nouveau par l’Esprit de Dieu.

Tous les êtres humains connaissent Dieu 

J’oriente maintenant la question dans cette direction : existe-t-il des preuves en dehors de la Bible que Dieu existe et que les êtres humains ont un résidu dans leur âme même de l’empreinte de Dieu sur eux ?

Et la réponse est oui. Et la réponse est donnée dans Romains 1.18-21 et 32. Paul dit :

« Car ce qu’on peut connaître de Dieu est manifeste pour eux [tous les êtres humains], Dieu le leur ayant fait connaître » (Romains 1.19).

Et voici ce qu’il veut dire : il ne dit pas « dans la Bible », mais « dans la nature ». 

En effet, les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient depuis la création du monde, elles se comprennent par ce qu’il a fait. Ils sont donc inexcusables, puisque tout en connaissant Dieu… (Romains 1.20-21)

Quelle déclaration puissante. Tous les êtres humains connaissent Dieu.

. . . puisque tout en connaissant Dieu, ils ne lui ont pas donné la gloire qu’il méritait en tant que Dieu et ne lui ont pas montré de reconnaissance ; au contraire, ils se sont égarés dans leurs raisonnements et leur cœur sans intelligence a été plongé dans les ténèbres. (Romains 1.21)

La responsabilité de chacun

Ainsi, Paul croit que Dieu ne dépend pas de la Bible pour montrer qu’il existe ou qu’il est puissant ou qu’il est digne de reconnaissance et d’honneur. Les béhavioristes ont la responsabilité de savoir ces choses. S’ils les excluent, c’est parce qu’ils étouffent la vérité, comme le dit Paul dans Romains 1.18. Ils sont coupables de cela. Puis, au verset 32, Paul complète une longue liste de péchés et dit ceci :

Et bien qu’ils [l’humanité entière] connaissent le verdict de Dieu déclarant dignes de mort les auteurs de tels actes, non seulement ils les commettent, mais encore ils approuvent ceux qui agissent de même. (Romains 1.32)

Tout le monde connaît Dieu. En d’autres termes, non seulement la vérité et la beauté de Dieu sont écrites dans le monde naturel pour que tous puissent les voir et en être responsables, mais la vérité et la beauté de la volonté de Dieu — sa volonté morale — sont écrites sur le cœur humain. Et les gens savent vraiment que de nombreux actes immoraux sont mauvais, mais ils étouffent cette connaissance afin de justifier leur propre comportement.

Plus que ce que l’on peut voir

Ainsi, la réponse à la question est que s’il n’y a qu’un monde naturel, les béhavioristes ont raison sur l’inexistence du libre arbitre, compris comme la capacité naturelle de faire un choix allant à l’encontre de la plus forte influence naturelle. Pour leur prouver qu’ils ont tort, il faut leur montrer qu’ils ont déjà tort à propos de Dieu et de l’homme : il y a plus que le monde naturel.

Il faudrait alors qu’ils posent la question du libre arbitre d’une manière différente. Ils devraient se demander ce que signifie la liberté humaine si, en fin de compte, c’est Dieu qui gouverne toutes choses, y compris la volonté humaine. Mais cela devra attendre un autre épisode de « Pasteur John vous répond ». Je ne laisserai qu’un indice alléchant.

Ma définition de la liberté humaine la plus élevée et la plus durable — à savoir la liberté chrétienne — est la capacité de la volonté humaine à être influencée par la vérité afin que des choix soient faits qui glorifient Dieu et ne laissent aucun regret dans mille ans. Et cette capacité n’est accordée que lorsque nous sommes libérés par le Saint-Esprit par une nouvelle naissance.


Pasteur John Piper vous répond présente les réponses que le pasteur John Piper donne à des questions théologiques et pastorales difficiles. Ce podcast, créé en partenariat avec Desiring God, vous est offert par Revenir à l’Évangile, un blog et un ministère de Publications Chrétiennes. Pasteur John répondra à deux questions chaque semaine. Vous pourrez entendre ses réponses sur notre blog, Facebook, Youtube, Apple Itunes Store et sur l’appareil que vous utilisez pour écouter des podcasts