Surmonter la peur de ne pas persévérer (John Piper)

Quelle est la bonne façon de surmonter la peur de ne pas persévérer dans la vieillesse ? La clé est de continuer à trouver en Christ notre plus grand trésor. Il ne s’agit pas de s’efforcer de faire des œuvres pour lui, mais bien de faire de lui nos délices. Nous continuons à détourner notre regard de nous-mêmes vers Christ pour trouver la communion qu’il nous a offerte au prix de son sang et son aide. Ainsi, nous continuons à croire. Nous continuons à mener le combat de la foi en regardant vers Christ, en le tenant en haute estime et en le recevant chaque jour.

Chasser la crainte

Charles Spurgeon a dit que Dieu chasse la crainte de vieillir avec ses promesses. Dans Philippiens 1.6, Paul affirme : « Je suis persuadé que celui qui a commencé en vous cette bonne œuvre la rendra parfaite pour le jour de Jésus-Christ. » Dans 1 Corinthiens 1.8,9, il est écrit : « Il vous affermira aussi jusqu’à la fin, pour que vous soyez irréprochables au jour de notre Seigneur Jésus-Christ. Dieu est fidèle, lui qui vous a appelés à la communion de son Fils, Jésus-Christ notre Seigneur. » L’épître de Jude mentionne : « [Il] peut vous préserver de toute chute et vous faire paraître devant sa gloire irréprochables et dans l’allégresse » (Jud 24). Le verset 30 de Romains 8 dit : « Et ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés ; et ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés ; et ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés. » Personne n’est perdu entre la justification et la glorification. Tous ceux qui sont justifiés sont glorifiés. Le but de nous le rappeler est de chasser toute peur. Si Dieu est pour nous, personne ne peut réussir à être contre nous (Ro 8.31).

La clé pour vieillir en glorifiant Dieu

Par conséquent, la persévérance est nécessaire pour le salut final, et la persévérance est certaine pour tous ceux qui sont en Christ. Les œuvres que nous faisons sur le chemin de l’amour ne nous gagnent pas la faveur de Dieu. Elles découlent de la faveur de Dieu. Christ a gagné la faveur de Dieu. Nous le recevons par la foi seulement. Et l’amour est le débordement et la démonstration de cette foi.

C’est la clé pour terminer sa vie à la gloire du Christ. Si nous voulons que le Christ paraisse glorieux dans les dernières années de notre vie, nous devons trouver notre satisfaction en lui. Il doit être notre trésor. La vie que nous vivons doit émaner de ce Christ pleinement satisfaisant. La vie qui découle de l’âme qui vit en Jésus est une vie d’amour et de service. C’est ainsi que Christ paraîtra grand. Lorsque notre cœur trouve son repos en Christ, nous cessons d’utiliser les autres pour combler nos besoins, et nous nous faisons au contraire serviteurs pour répondre à leurs besoins. Cette pensée est tellement contraire au cœur humain non régénéré qu’elle ressemble soit à quelque chose de beau qu’on doit suivre, soit à quelque chose de condamnable qu’on doit crucifier.

Cela fonctionne dans les deux sens. Polycarpe, l’évêque de Smyrne, illustre les deux cas et ce que peut signifier pour nous finir notre vie en glorifiant Christ.

La persévérance de Polycarpe

Polycarpe était l’évêque de Smyrne en Asie Mineure. Il a vécu environ de 70 à 155 apr. J.-C. Il est célèbre pour son martyre, qui est raconté dans Le martyre de Polycarpe[1]. Les tensions s’étaient accentuées entre les chrétiens et ceux qui vénéraient César. Les chrétiens étaient appelés athées parce qu’ils refusaient d’adorer les dieux romains et n’avaient pas d’images ni de sanctuaires. À un moment donné, une foule s’est écriée : « Qu’on en finisse avec les athées, trouvons Polycarpe. »

Dans une chaumière à l’extérieur de la ville, il est resté en prière et n’a pas fui. Il a eu la vision d’un coussin qui brûlait et a dit à son compagnon : « Il faut que je sois brûlé vif. » Les autorités le recherchaient et il leur a été livré, trahi par un de ses serviteurs sous la torture. Il est descendu d’une chambre haute et a parlé avec ses accusateurs. « Tous ceux qui étaient présents s’étonnaient de son âge et de sa constance, et du fait qu’il y avait tant d’agitation autour de l’arrestation d’un homme si âgé. » Il a demandé la permission de prier avant d’être emmené. On le lui a accordé, et il était « tellement rempli de la grâce de Dieu que pendant deux heures il n’a pas pu se taire ».

Dans la ville, le shérif l’a rencontré et l’a emmené dans son char, tentant de le persuader de renier Christ : « Quel mal y a-t-il à dire “Seigneur César”, à offrir de l’encens… et à te sauver ainsi ? » Il a répondu : « Je n’ai pas l’intention de faire ce que vous me conseillez. » Furieux, ils l’ont emmené au stade en toute hâte, où il y avait un grand tumulte.

Le proconsul essaya de nouveau de le persuader de se sauver : « Aie du respect pour ton âge… ! Jure par le génie de César… Repens-toi… Dis : “À bas les athées [c’est-à-dire les chrétiens] !” » Polycarpe se tourna vers « la foule de païens sans foi ni loi qui se trouvait dans le stade, et il leur fit un signe de la main, et levant les yeux au ciel, il gémit et dit : “À bas les athées !” ». Le proconsul dit encore : « Jure, et je te relâcherai ; maudis Christ. » À cela, Polycarpe donna sa réponse la plus célèbre : « J’ai été à son service pendant quatre-vingt-six ans, et il ne m’a fait aucun mal ; comment donc pourrais-je blasphémer mon roi qui m’a sauvé ? »

Le proconsul répéta : « Jure par le génie de César. » Et Polycarpe répondit : « Si vous vous imaginez en vain que je jurerais par le génie de César, comme vous le dites, en prétendant ne pas savoir ce que je suis, sachez bien que je suis chrétien. » Le proconsul rétorqua : « J’ai des bêtes sauvages ; si tu ne te repens pas, je te livrerai à elles. » Ce à quoi Polycarpe répondit : « Fais-les venir. Car se repentir du meilleur au pire n’est pas un changement qui nous est permis ; mais passer de la cruauté à la justice est une chose noble. »

Le proconsul riposta : « Si tu méprises les bêtes sauvages, je ferai en sorte que tu sois consumé par le feu, si tu ne te repens pas. » Polycarpe répondit : « Vous menacez avec le feu qui brûle pendant une heure et s’éteint en peu de temps ; car vous ne connaissez pas le feu du jugement à venir, et le feu du châtiment éternel, réservé aux impies. Mais pourquoi tardez-vous ? Apportez ce qu’il faut. »

Le proconsul envoya l’ordre de proclamer trois fois à haute voix à la foule : « Polycarpe s’est proclamé chrétien. » Après avoir découvert qu’on ne disposait d’aucune bête pour cette tâche, la foule réclama à grands cris qu’il soit brûlé vif. On rassembla le bois et, alors qu’on s’apprêtait à lui clouer les mains sur le bois, il dit : « Laissez-moi être comme je suis. Celui qui m’a accordé d’endurer le feu m’accordera aussi de rester au bûcher sans bouger, sans être attaché par des clous. » Le feu ne l’a pas consumé, mais un bourreau lui a enfoncé un poignard dans le corps. « Et toute la foule s’étonnait de la grande différence entre les non-croyants et les élus. »

Lorsque nous sommes tellement satisfaits en Christ que nous sommes capables de mourir volontairement pour lui, nous sommes libérés pour aimer les perdus comme jamais auparavant, et Christ se révèle être un grand trésor.


[1] Les citations suivantes sont tirées de ce récit tel qu’il a été relaté dans le livre de Henry Bettenson, éd., Documents of the Christian Church [Documents de l’Église chrétienne], trad. libre, Oxford University Press, 1967, p. 9-12.


Cet article est tiré du livre : « Repenser la retraite » de John Piper