Tous les péchés ne sont pas les mêmes, pourquoi l’enfer sera pire pour certains
Parmi les évangéliques d’aujourd’hui, il est devenu pratiquement banal de parler comme si tous les péchés nous rendaient également coupables devant Dieu.
Peut-être avons-nous été hérissés par la tendance de la génération précédente à identifier un ou deux péchés comme méritant particulièrement l’enfer. Peut-être cherchons-nous un moyen d’interpeller gentiment une société allergique à l’idée du péché. À mon avis, beaucoup d’entre nous veulent simplement rendre justice à la condamnation universelle du péché humain par l’Écriture. « Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (Romains 3.23). Devons-nous vraiment insister sur le fait que certains ont péché encore plus et sont tombés encore plus bas ?
Mais ensuite, nous écoutons Jésus et découvrons, comme d’habitude, que comme tant de tables dans les cours du temple, il renverse nos hypothèses. Bien que Jésus nous avertisse de ne pas tirer de conclusions hâtives et simplistes sur les « plus grands pécheurs » (Luc 13.1-5), il nous avertit également que certains pécheurs, s’ils ne se repentent pas, « seront jugés plus sévèrement » (Luc 20.47). Il enseigne que certains recevront une « légère correction » au dernier jour, tandis que d’autres recevront une « correction sévère » (Luc 12.47-48). Il dit que le jugement dernier sera «plus tolérable» pour certains groupes que pour d’autres, bien que tous se dirigent vers l’enfer. En bref, il nous dit que tous les péchés ne sont pas les mêmes, et que l’enfer sera pire pour certains.
Et à qui Jésus pensait-il lorsqu’il a mis en garde contre les plus bas niveaux de l’enfer ? Pas (comme nous pourrions le supposer à nouveau) les Hitler et les Staline du monde du premier siècle, mais plutôt des religieux ordinaires et respectables. Des gens peut-être comme nos parents et nos voisins. Des gens, peut-être, comme nous.
Sodome sera traitée moins sévèrement
Quelque part au milieu de son ministère, Jésus jette un regard en arrière sur les villes de Galilée « dans lesquelles avaient eu lieu la plupart de ses miracles » (Matthieu 11.20) – et il commence à les dénoncer.
Malheur à toi, Chorazin, malheur à toi, Bethsaïda … Et toi, Capernaüm, seras-tu élevée jusqu’au ciel ? Non. Tu seras abaissée jusqu’au séjour des morts. (Matthieu 11.21, 23)
Au jour du jugement, nous dit-il, Tyr, Sidon et Sodome « seront traitées moins sévèrement » que ne le seront les citoyens de ces villes galiléennes (Matthieu 11.22, 24).
Tyr a pillé Jérusalem après que Babylone l’ait dévastée (Ézéchiel 26.1-2), mais mieux vaut être un Tyrien en maraude au jour du jugement que d’être un citoyen de Chorazin. Sidon s’est réjouie avec Tyr de la destruction de la ville choisie par Dieu (Ésaïe 23.4, 12), mais mieux vaut être un fier Sidonien au jour du jugement qu’un membre de Bethsaïda. Les hommes de Sodome ont presque enfoncé la porte de Lot pour violer ses invités (Genèse 19.4-9), mais – est-ce possible ? – mieux vaut être un Sodomite débauché au jour du jugement que de se retrouver avec la ville de Capharnaüm.
Comment pouvons-nous comprendre cela ? Pour autant que nous le sachions, Chorazin, Bethsaïda et Capharnaüm n’étaient pas réputées pour leur méchanceté. Il s’agissait de petites villes galiléennes, voisines de Nazareth. Capharnaüm était même la « ville de Jésus » pendant son ministère (Matthieu 4.13 ; 9.1). Les habitants de ces villes étaient probablement des Juifs qui fréquentaient la synagogue, mémorisaient la Torah et observaient le sabbat. Comment auraient-ils pu surpasser Sodome en matière de péché ?
Pour cette simple raison : lorsqu’ils ont été témoins des œuvres puissantes du Messie, le Fils de Dieu lui-même, « ils ne se sont pas repentis » (Matthieu 11.20).
Le manque de repentance poli
Les auditeurs galiléens de Jésus portaient en eux une plus grande culpabilité, non pas parce que leurs péchés, considérés en eux-mêmes, étaient particulièrement odieux. Certes, l’Écriture n’hésite pas à qualifier certains péchés de particulièrement odieux (voir, par exemple, Lévitique 18.24-30 ; Jérémie 16.18). Mais ce n’est pas ce que Jésus veut dire ici. Il veut dire qu’une plus grande connaissance entraîne une plus grande responsabilité. Plus nous avons de vérité, plus notre préférence pour le mensonge est condamnable.
Les pires pécheurs de ce monde ne sont donc pas nécessairement ceux qui vivent dans la débauche, mais ceux qui continuent à pécher alors qu’ils ont toutes les raisons et les occasions de se repentir. Tyr, Sidon et Sodome, malgré toute leur méchanceté, vivaient et mouraient dans les ténèbres de l’Évangile. Chorazin, Bethsaïda et Capharnaüm ont vu la lumière flamboyante de l’Évangile – et ils ont tranquillement fermé les rideaux.
Les anciennes villes païennes n’avaient pas vu le Fils de Dieu chasser des démons ; Capharnaüm l’avait vu (Matthieu 8.16). Elles ne l’avaient pas vu ouvrir les yeux des aveugles ; Bethsaïda oui (Marc 8.22-26). Ils n’avaient pas vu les paralysés marcher ou les malades être guéris ; Chorazin en avait été témoin (Matthieu 4.23-25). Si Tyr, Sidon et Sodome avaient vu de tels miracles, nous dit Jésus, « il y a longtemps que leurs habitants se seraient repentis » (Matthieu 11.21).
Les habitants de la Galilée ont peut-être regardé avec admiration Jésus accomplir ses miracles, mais ils ont vite repris leur vie normale – planter des cultures, élever des enfants, accomplir des devoirs religieux, oublier le Roi qui ordonnait la repentance. En d’autres termes, ils ont répondu à Jésus par un péché pire que celui de Sodome : un manque flagrant de repentance en toute politesse.
Non pas la proximité, mais la repentance
L’évêque anglais J.C. Ryle (1816-1900) applique ce constat à notre époque : « Il s’avérera plus tolérable d’avoir vécu à Tyr, Sidon et Sodome, que d’avoir entendu l’Évangile en Angleterre et d’être mort inconverti. » (Matthew, 85 ; trad. Matthieu) À l’Angleterre, nous pourrions substituer le pays où nous vivons, ou toute autre nation remplie de la lumière de l’Évangile.
Il importera peu au dernier jour que nous ayons vécu toute notre vie près de Jésus. Les citoyens de Galilée pourraient en dire autant : « Nous avons mangé et bu devant toi, et tu as enseigné dans nos rues. » Mais si nous ne nous sommes pas repentis, nous entendrons la même réponse : « Je vous le dis, je ne sais pas d’où vous êtes ; éloignez-vous de moi, vous tous qui commettez l’injustice. » (Luc 13.26-27) La repentance, et non la proximité, sera la marque des disciples de Jésus au jour du jugement.
Jésus ne s’adresse pas ici aux saints qui ont vraiment cru, qui se sont vraiment repentis, et qui trouvent pourtant que leur foi est faible, leur force faible et leur besoin de miséricorde grand. Il ne brisera pas de tels roseaux meurtris, ni n’éteindra de telles mèches fumantes (Matthieu 12.18-21). Il s’adresse plutôt à ceux qui, bien que connaissant Christ et son Évangile, n’ont toutefois pas suivi Jésus de tout leur cœur, ne se sont pas tournés vers la haine de leur iniquité, n’ont pas abandonné leurs péchés secrets.
Avez-vous entendu l’Évangile de Christ, observé ses œuvres puissantes dans la transformation de la vie de ceux qui vous entourent, répété les credos et les confessions, été lavé dans les eaux du baptême, participé à la Cène et fréquenté l’Église toute votre vie, sans pour autant vous repentir ?
Des réponses tièdes, faites dans la demi-mesure, à Jésus aggraveront, au lieu d’apaiser, la colère de Dieu au dernier jour. Mieux vaut s’être perdu dans les flammes de Sodome que d’avoir entendu, regardé, répété et pris part à des activités chrétiennes toute sa vie, mais sans se repentir.
Cet article est une traduction de l’article anglais « If God Is Sovereign, Why Is His World Full of Suffering? » du ministère Desiring God par Timothée Davi.« Venez à moi »
Peut-être certains d’entre nous ont-ils besoin d’être encouragés à se repentir enfin, sincèrement, tandis que d’autres ont besoin d’aide pour continuer à se repentir chaque jour. Si c’est le cas, nous n’avons qu’à poursuivre notre lecture. Les malheurs de Jésus contre Chorazin, Bethsaïde et Capharnaüm cèdent bientôt la place à l’une des invitations les plus chaleureuses qu’il ait jamais lancées.
Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et courbés sous un fardeau, et je vous donnerai du repos. Acceptez mes exigences et laissez-vous instruire par moi, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. En effet, mes exigences sont bonnes et mon fardeau léger. (Matthieu 11.28-30)
Venez à moi. Peu importe le nombre d’années pendant lesquelles quelqu’un a simplement tâté de l’Évangile, peu importe le nombre d’occasions qu’il a piétinées, peu importe le nombre de prédications et d’exhortations qu’il a méprisées, Jésus dit : « Viens à moi. » Il invite ceux qui rivalisent avec Sodome dans leur méchanceté, et il invite ceux qui rivalisent avec Capharnaüm quant à leur apathie. Il invite ceux qui l’ont détesté ouvertement toute leur vie, et il invite ceux qui l’ont discrètement rejeté.
Jésus est doux et humble de cœur. Il ne prend pas plaisir à la mort des méchants (Ezéchiel 33.11). Au contraire, il se réjouit lorsque les méchants, après de longues années de refus, viennent enfin, prêts à se repentir et à trouver leur repos en lui.
Tous les péchés, et tous les pécheurs, ne sont pas les mêmes. Mais ils ont tous le même remède : le Sauveur qui est venu, qui a vécu et qui est mort pour qu’aucun de ceux qui ressentent le poids de leur culpabilité ne doive finalement aller en enfer.
Cet article est une traduction de l’article anglais « Not All Sins Are the Same » du ministère Desiring God par Timothée Davi.