Un changement auquel vous pouvez croire : La politique et le Grand Mandat
Le gouvernement a longtemps été considéré comme un outil permettant d’accomplir des changements durables dans la société. À l’approche de chaque élection, beaucoup s’inquiètent de savoir qui sera le prochain président. Cette anxiété est même courante chez les évangéliques qui voient dans l’utilisation du pouvoir gouvernemental un outil pour combattre le sécularisme et rendre leur pays à nouveau chrétien. D’autres considèrent les élections et la politique comme un instrument permettant de créer une société qui reflète leur vision du monde et leur système d’éthique.
Cette vision du gouvernement est logique en dehors d’une vision chrétienne du monde. La vision du monde sur la vie ignore l’éternité et place tout son poids dans le temporel. Les gens ont une seule vie à vivre et le gouvernement joue un rôle majeur dans la création d’une société utopique qui reflète leur éthique. Mais le point de vue du chrétien devrait être radicalement différent, puisque nos vies sont vécues avec l’éternité en tête. Nous sommes des « résidents temporaires et étrangers » qui « n’avons pas de cité permanente, mais [qui] recherchons celle qui est à venir » (1 Pierre 2.11 ; Hébreux 13.14). Nous attendons la restauration – le retour de Jésus, lorsque tout ce qui est mauvais sera rectifié.
Je n’appelle pas à l’apathie politique. Je pense que c’est irresponsable. Les chrétiens ont désespérément besoin d’une vision biblique du gouvernement et d’une société juste. J’appelle plutôt les croyants à rejeter sur Jésus leurs inquiétudes concernant l’immoralité de la société et à être en mission dans leurs quartiers et leurs villes.
Le ministère de la force
Cette utilisation du gouvernement comme levier pour changer la société est la plupart du temps inefficace. Nancy Pearcey apporte cette explication:
Au cours des dernières décennies, de nombreux chrétiens ont répondu au déclin moral et social de la société américaine en embrassant l'activisme politique. Les croyants sont de plus en plus nombreux à se présenter aux élections ; les églises organisent l'inscription des électeurs ; les groupes de politique publique prolifèrent ; de nombreuses publications et émissions de radio chrétiennes commentent les affaires publiques. Cet activisme accru a donné de bons résultats dans de nombreux domaines de la vie publique, mais son impact reste bien inférieur à ce que la plupart avaient espéré. Pourquoi ? Parce que les évangéliques mettent souvent tous leurs œufs dans le même panier : ils se sont lancés dans l'activisme politique comme le moyen le plus rapide et le plus sûr de faire la différence dans l'arène publique - sans se rendre compte que la politique tend à refléter la culture, et non l'inverse. (Total Truth, 18 ; trad. Vérité totale)
Pearcey révèle une vérité perspicace : le climat politique du jour n’est que le reflet de la culture. Le gouvernement n’a pas fait de l’Amérique une machine à célébrer les homosexuels et à tuer les bébés – il s’est adapté pour refléter les désirs de la population.
La politique comme moyen de créer un changement durable n’est pas fiable. Le gouvernement utilise la force comme moyen de réaliser des changements sociaux. Cet usage de la force peut être efficace et est ordonné par la Bible (Romains 13.1-7). Mais son succès est limité et, s’il est poussé trop loin, il crée inévitablement une société de tombes blanchies à la chaux et de péchés souterrains. Dans le passé, cette approche a donné à certains chrétiens américains le faux réconfort de croire que nous vivions dans une nation moralement droite, malgré des années d’injustice habituelle et manifeste envers des groupes ethniques américains qui n’étaient pas « blancs » américains.
Le gouvernement ne repose pas sur un fondement éthique cohérent. Si l’on admet que la politique est le reflet de la société, le pendule éthique de l’État continuera à osciller dans un sens ou dans l’autre en fonction des personnes élues par le peuple. Avant 1962, la sodomie était un crime dans tous les États, mais aujourd’hui elle est légale dans tous les États. Cette réalité met en évidence un changement radical dans l’éthique de l’Amérique. En un peu plus d’une génération, notre gouvernement a appliqué deux lois extrêmement différentes et radicales. Les chrétiens ne peuvent pas dépendre du gouvernement si nous voulons voir un véritable changement dans notre société. L’histoire a prouvé que le même monstre créé pour œuvrer pour nous sera facilement utilisé pour œuvrer contre nous.
Le ministère de la persuasion
Lorsque nous nous engageons dans le discours politique et la politique publique, nous devons nous rappeler que l’activisme politique a ses limites. Notre espoir n’est pas dans le gouvernement pour changer notre nation, mais dans la proclamation de la Bonne Nouvelle à travers les églises et les familles chrétiennes. L’instrument choisi par Dieu pour changer l’Amérique immorale n’est pas le gouvernement ou la politique, mais les chrétiens en mission. Ce n’est pas le gouvernement et ses lois, mais les chrétiens et notre amour. Le gouvernement est un ministère de la force, mais le christianisme est un ministère de la persuasion (2 Corinthiens 5.11 ; Actes 18.4).
Encore une fois, Pearcey écrit :
[Abraham] Kuyper soutient que le sécularisme est une vision globale du monde et que les chrétiens ne seront pas en mesure de le contrer s'ils ne développent pas une vision biblique du monde tout aussi globale. Il fonde l'appel à la réflexion sur la vision du monde sur l'insistance calviniste sur la souveraineté de Dieu, qui implique que la seigneurie de Christ est censée s'étendre à tous les aspects de la société – politique, science, arts, etc. Il ne s'agit pas d'une vision théocratique, car la tâche ne doit pas être accomplie par le contrôle ecclésiastique (ce fut l'erreur du Moyen Âge) mais plutôt par la persuasion. (452)
La seigneurie de Christ sur toutes choses signifie que notre vision du monde ne doit pas être laissée à la porte lorsque nous nous impliquons dans la culture. Nous avons pour mission d’engager et de persuader les autres avec la Bonne Nouvelle – ce qui nous permettra de mieux comprendre le sens de la vie. Le récit de l’Évangile, du début à la fin, peut être divisé en quatre sections : la création, la chute, la rédemption et la restauration. Ce récit répond aux questions fondamentales que toute vision du monde comporte :
Quelle est la réalité ultime ?
D’où vient l’homme ?
Quel est notre but ?
Qu’est-ce qui a mal tourné ?
Comment peut-on y remédier ?
Que devons-nous attendre de l’avenir ?
Les réponses à ces questions, selon les Écritures, façonneront radicalement notre vision de l’art, de la politique, de la science, de la vocation, de l’économie, de la justice, et bien plus encore. Pourquoi ? Ce récit expose le véritable problème et propose une solution authentique. Il expose le péché et Satan, nous rappelant que « ce n’est pas contre l’homme que nous avons à lutter » (Éphésiens 6.12). Seul le plein conseil de Dieu peut apporter un réel changement à une société malade du péché.
Lorsque nous nous réveillons chaque matin, nous devons avoir l’esprit tourné vers la mission. Nous avons trois tâches à accomplir : proclamer la Bonne Nouvelle, considérer toute la vie à travers cette nouvelle, et vivre les implications de notre message. Proclamer l’Évangile est inconfortable. Porter les lentilles de l’Évangile exige une réflexion méticuleuse. Vivre les implications de l’Évangile est exigeant. Mais nous sommes appelés à croire, à voir et à faire des choses difficiles, grâce à l’abondance de la grâce de Dieu.
Nous voulons persuader avec amour nos voisins non-croyants, non pas avec des commentaires sur Facebook ou des tweets, mais avec l’Évangile authentique dit dans l’amour et rendu évident par notre style de vie.
Cet article est une traduction de l’article anglais « Change You Can Believe In » du ministère Desiring God par Timothée Davi.