Un commandement à ne pas prendre à la légère (Kevin DeYoung)
Le premier commandement interdit d’adorer de faux dieux. On peut comprendre pourquoi c’est primordial. Après tout, on ne peut pas vivre en adorant le mauvais dieu. D’autre part, le deuxième commandement interdit d’adorer Dieu de la mauvaise manière. Cela se comprend également. Un Dieu invisible a le droit de déterminer comment il veut se rendre visible (ou non). Les deux premiers commandements semblent plutôt fondamentaux.
Or, lorsqu’on arrive au troisième commandement, on se dit que ce n’est pas très grave de baisser un peu la garde. « Veille sur ce que tu dis. Ne jure pas. Fais attention avec tes « Ah ! mon dieu ». Compris. Le troisième commandement se présente plus comme un bon rappel que comme un principe de base.
Violer le troisième commandement n’est pas une légère offense
Cependant, nous nous trompons lourdement si nous pensons que violer le troisième commandement constitue une légère offense. Dans Lévitique 24.16, on peut lire ce qui suit :
« Celui qui blasphémera le nom de l’Éternel sera puni de mort : toute l’assemblée le lapidera. Qu’il soit étranger ou indigène, il mourra, pour avoir blasphémé le nom de Dieu. »
Certes, il s’agissait d’une loi du code civil de la nation d’Israël. Pour nous, il n’est pas question d’exécutions publiques, mais plutôt de discipline d’Église (1 Co 5.9-13).
Néanmoins, les instructions du livre du Lévitique nous montrent expressément la sévérité de ce péché. Même l’étranger était exposé au châtiment. Israélites ou visiteurs, tous devaient comprendre que le nom du Seigneur était saint et qu’il ne fallait le blasphémer sous aucun prétexte.
Le contenu
Alors, qu’est-ce que le troisième commandement interdit au juste ? Le mot « vain » (tel que traduit dans la NEG) peut signifier « vide », « rien », « futile » ou encore « à de mauvaises fins ». Par conséquent, il nous est défendu de prendre le nom de Dieu (ou de l’utiliser, selon la traduction), d’une manière mauvaise, futile ou erronée. Cela ne veut pas dire que nous devons éviter toute mention de Dieu. Dans l’Ancien Testament, le nom YHWH (Yahvé), ou « Éternel » dans la plupart des traductions françaises, apparaît environ sept mille fois. Nous ne devons pas être superstitieux quant à la prononciation de son nom, néanmoins nous ne devons pas en faire un mauvais usage.
L’Ancien Testament établit plusieurs situations d’infraction au troisième commandement. Le plus évident est le blasphème ou la malédiction du nom de Dieu, que nous avons vu dans Lévitique 21.16. Or, ce commandement consiste en beaucoup plus que cela.
Il interdit également de jurer inutilement ou faussement :
« Tu ne jureras point faussement par mon nom, car tu profanerais le nom de ton Dieu. Je suis l’Éternel » (Lé 19.12 ; voir aussi Os 10.4).
Lorsque vous faites une déclaration en jurant par le nom de Dieu, ce ne doit pas être une fausse promesse ou une promesse que vous n’avez pas l’intention de tenir.
Le troisième commandement interdit également les fausses visions et les fausses déclarations pour parler au nom de Dieu, car de tels prophètes « prophétisent en [son] nom le mensonge » (Jé 23.25).
Curieusement, sacrifier ses enfants au faux dieu Moloc était considéré comme une violation du troisième commandement, car une telle pratique profanait le nom de Dieu (Lé 18.21). Les Israélites devaient lapider l’homme qui sacrifierait ses enfants d’une telle manière. Ne pas le faire aurait ouvert la porte du camp à l’impureté, et aurait ainsi entaché le nom du Seigneur qui habite au milieu de son peuple.
De même, toucher illégitimement des choses saintes était considéré comme une violation du troisième commandement. Dans Lévitique 22, nous pouvons lire :
« Parle à Aaron et à ses fils, afin qu’ils s’abstiennent des choses saintes qui me sont consacrées par les enfants d’Israël, et qu’ils ne profanent point mon saint nom. Je suis l’Éternel » (v. 2).
De même, les prêtres qui s’acquittaient de leur tâche à moitié, du temps de Malachie, dépréciaient le nom de Dieu par leurs offrandes souillées et leurs cœurs cyniques (Ma 1.10-14).
La raison de l’observer
Nous avons déjà vu qu’enfreindre le troisième commandement est considéré comme un péché terriblement grave, mais pourquoi donc ? Après tout, il n’y a que dix commandements. Tout ce que Dieu attend de nous en matière d’obéissance est résumé en seulement dix paroles. Comment « surveille ce qui sort de ta bouche » a-t-il pu se retrouver dans le top dix ? En quoi le nom de Dieu est-il si spécial ?
Dieu est celui qui est
Prenons par exemple Exode 3, qui relate que Dieu s’adresse à Moïse depuis le buisson ardent. Moïse dit à Dieu :
« J’irai donc vers les enfants d’Israël, et je leur dirai : Le Dieu de vos pères m’envoie vers vous. Mais, s’ils me demandent quel est son nom, que leur répondrai-je ? » Dieu répond avec ces mots bien connus : « Je suis celui qui suis […] tu parleras ainsi aux enfants d’Israël : Celui qui s’appelle “Je suis” m’a envoyé vers vous » (Ex 3.13,14).
Dieu se nomme lui-même Celui qui existe souverainement en lui-même. En fait, le nom de l’alliance, YHWH, est probablement rattaché au verbe hébreu pour « être ». Dieu est celui qui est. C’est son nom.
Dieu se révèle en disant son nom
Nous voyons la même chose dans Exode 33. Moïse demande à Dieu de lui montrer sa gloire, et en guise de réponse, Dieu lui dit son nom :
« Je ferai passer devant toi toute ma bonté, et je proclamerai devant toi le nom de l’Éternel » (v. 19a).
Pour voir la gloire de Dieu, il faut entendre son nom. Connaître le nom de YHWH, le miséricordieux et compatissant, n’est pas simplement connaître quelque chose à propos de Dieu ; c’est connaître Dieu lui-même (Ex 34.6-8). Dieu se révèle en disant son nom.
Notre nom est lié à notre être
Notre nom nous est propre et nous identifie. Au fil du temps, à mesure que les gens nous connaissent, notre nom incarne qui nous sommes. Pensez à quelqu’un que vous aimez profondément, votre enfant, petit-enfant, parent, ami ou épouse. Le nom de cette personne représente plus qu’une trace d’encre sur une page. Lorsque quelqu’un prononce le prénom Trisha, je suis submergé de bonnes pensées, car j’associe ce prénom à ma femme. Une avalanche d’émotions, d’expériences, de joies et de désirs se déclenche en moi à la vue ou au son des six lettres qui forment ce prénom.
Les noms sont précieux, ce qui explique pourquoi nous n’aimons pas que notre nom soit ridiculisé, déformé ou tourné en dérision. Je porte un prénom dont il est plutôt difficile de se moquer. Avec mon deuxième prénom « Lee », certains m’ont déjà appelé « Heavenly Kevinly » (Divin Kevin), mais ce n’est pas vraiment une insulte. Le pire nom qui m’a été attribué est celui que mes amis m’ont donné au séminaire. Bien que « DeYoung » soit un nom de famille hollandais assez commun, apparemment il n’était pas connu dans le Massachusetts, parce que les gens qui me rencontraient pensaient que mon nom était Dion. Aujourd’hui encore, mes amis du séminaire m’appellent Céline. Tu parles d’amis ! C’est le seul surnom que j’ai eu dans ma vie. Ce n’est pas celui que j’aurais choisi, mais je vais survivre.
La Bible nous demande de ne pas oublier la sainteté du nom divin
Les surnoms amusants que l’on nous donne sont une chose, mais utiliser irrespectueusement le nom de Dieu en est une autre. Partout dans les Écritures, le nom du Seigneur est exalté avec les termes les plus élogieux.
« Éternel, notre Seigneur ! Que ton nom est magnifique sur toute la terre ! » (Ps 8.2.)
« Rendez à l’Éternel gloire pour son nom » (Ps 29.2).
La première demande énoncée dans le Notre Père est « que ton nom soit sanctifié » (Mt 6.9). Les apôtres proclamaient qu’il n’y a « sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés » (Ac 4.12). Paul assurait aux Romains que « quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé » (Ro 10.13). Et l’événement culminant de toute la création sera celui où « tout genou [fléchira] dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue [confessera] que Jésus-Christ est le Seigneur, à la gloire de Dieu le Père » (Ph 2.10,11). La Bible nous demande de ne pas oublier la sainteté du nom divin.
Cet article est tiré du livre : Les dix commandements de Kevin DeYoung