Un continuum ininterrompu : le plan divin de la rédemption (John MacArthur)
Aux fins de la théologie systématique et afin de rendre l’œuvre rédemptrice de Dieu plus facile à comprendre pour l’esprit humain fini, nous disons souvent que la sanctification suit la justification. En réalité, cela est vrai dans un certain sens, du fait que la justification implique ce qu’on appelle souvent une déclaration juridique de la justice qui est immédiate, complète et éternelle. Mais la justification et la sanctification ne sont pas des étapes différentes du salut ; ce sont, en fait, des aspects différents du continuum de l’œuvre divine de la rédemption que Dieu accomplit dans la vie du croyant et par laquelle il ne fait pas que déclarer la personne juste, mais encore il la recrée de manière à ce qu’elle soit juste.
La sainteté s’inscrit autant dans le cadre de l’œuvre que Dieu accomplit dans la vie du croyant que tout autre élément de la Rédemption. En rachetant une personne, Dieu ne fait pas que la déclarer juste, mais encore il commence dès lors à faire croître la justice de Christ en elle. Ainsi, le salut ne se résume pas à une transaction légale, mais il donne aussi inexorablement lieu à un miracle de transformation.
La croissance chrétienne constitue toujours un processus, qui ne sera rendu parfait qu’au « jour de Jésus‑Christ » (Ph 1.6).
Mais il ne saurait y avoir aucun véritable converti à Christ chez qui la justification serait accomplie sans que la sanctification, au sens légal et pratique, ne soit déjà entamée. Autrement dit, il n’y a jamais de division entre la justification et la sanctification. Cependant, il existe toujours et inévitablement une division complète et permanente entre l’ancien moi et le nouveau moi. En Christ, l’ancien moi n’est plus qu’un cadavre ; et le cadavre, par définition, est totalement dépourvu de la moindre parcelle de vie.
Le vieil homme, l’ancien moi, c’est la personne non régénérée. Il n’est pas en partie juste et en partie pécheur, mais entièrement pécheur et totalement incapable de se rendre lui‑même juste devant Dieu et agréable à ses yeux. Par contre, l’homme nouveau, c’est la personne régénérée. Il est rendu agréable à Dieu par Jésus‑Christ, et sa nouvelle nature est entièrement sainte et juste. Il n’est pas encore parfait ni glorifié, mais il est déjà spirituellement vivant, et la sainteté est déjà à l’œuvre en lui. L’homme nouveau continuera de croître dans cette sainteté, aussi lente et mal assurée que cette croissance puisse être, du fait que, par sa nature même, la vie a pour propriété de croître. À ce sujet, Donald Grey Barnhouse a écrit :
« La sainteté commence là où la justification se termine, et si la sainteté ne commence pas, nous sommes en droit de présumer que la justification n’a jamais commencé non plus »
(Romans, vol. 3 [Grand Rapids : Eerdmans, 1961], 2 :12).
Par conséquent, il n’existe tout simplement pas de justification sans sanctification, pas de vie divine sans mode de vie divin. Celui qui est véritablement sauvé mène forcément une vie nouvelle et sainte dans une sphère nouvelle et sainte. Il vit maintenant et à jamais dans la sphère divine de la grâce et de la justice, et ne saurait jamais plus vivre dans la sphère satanique du moi et du péché. De même que l’homme naturel, pécheur et non régénéré ne peut s’empêcher de manifester ce qu’il est réellement, l’homme régénéré ne le peut pas non plus.
Ainsi, le salut constitue non seulement une transaction, mais encore une transformation, non seulement quelque chose de légal, mais encore quelque chose de réel. Christ n’est pas mort uniquement à cause de ce que nous avons fait, mais aussi à cause de ce que nous sommes, comme l’indiquent les paroles que Paul adressera à des croyants : « Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec Christ en Dieu » (Col 3.3). Voici d’ailleurs ce qu’il a déclaré de manière encore plus explicite : « Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle création. Les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles » (2 Co 5.17).
Ainsi, l’expression morts au péché exprime le principe fondamental de tout le chapitre à l’étude, dont le reste constitue essentiellement une élaboration de cette réalité cruciale. Il est impossible d’être vivant en Christ et d’être aussi encore vivant au péché. Ce n’est pas qu’un croyant puisse, à un moment quelconque avant d’aller rejoindre Christ, être entièrement affranchi de tout péché, mais que dès l’instant où il naît de nouveau il est entièrement séparé du pouvoir dominateur du péché, soit la vie de péché dont Christ l’a délivré par sa propre mort. Or, Paul expose la véracité de ce fait primordial dans le texte qui suit.
Cet article est tiré du livre : Marcher avec Christ de John MacArthur.