Un Évangile difficile à croire (Paul Washer)
Paul avait dans sa chair toutes les raisons d’avoir honte de l’Évangile qu’il prêchait, car ce dernier contredisait absolument tout ce que ses contemporains tenaient pour vrai et sacré. Il y a pourtant encore une autre raison qui pousse notre chair à avoir honte : l’Évangile est un message absolument incroyable, une parole apparemment absurde pour les sages de ce monde.
En tant que chrétiens, nous ne réalisons pas toujours à quel point il est complètement stupéfiant qu’une personne croie véritablement notre message. Dans un sens, l’Évangile est tellement invraisemblable qu’il ne peut s’être propagé dans tout l’Empire romain que d’une manière surnaturelle. Qu’est-ce qui pourrait pousser un païen, ignorant complètement les Écritures de l’Ancien Testament et enraciné dans la philosophie grecque ou dans les superstitions païennes, à croire un tel message à propos d’un homme nommé Jésus ?
- Il est né dans une famille pauvre, dans des circonstances douteuses, dans l’une des régions les plus méprisées de l’Empire romain, et pourtant l’Évangile affirme qu’il était le Fils éternel de Dieu, conçu par le Saint-Esprit dans le sein d’une Juive vierge.
- Il était charpentier de métier et enseignant religieux itinérant sans formation officielle, et pourtant l’Évangile affirme qu’il a surpassé la sagesse de tous les philosophes grecs et savants romains de l’Antiquité réunis.
- Il était pauvre et n’avait pas de lieu où reposer sa tête, et pourtant l’Évangile affirme que, pendant trois ans, il a, par la parole, nourri des milliers de personnes, guéri toutes les formes de maladies possibles parmi les hommes, allant jusqu’à ressusciter des morts.
- Il a été crucifié hors des murs de Jérusalem en tant que blasphémateur et ennemi de l’État, et pourtant l’Évangile affirme que sa mort a été l’évènement central à toute l’histoire de l’humanité, le seul moyen d’être sauvé du péché et d’être réconcilié avec Dieu.
- Son corps a été placé dans un tombeau emprunté, et pourtant l’Évangile affirme qu’il est ressuscité des morts le troisième jour et s’est présenté à beaucoup de ses disciples. Quarante jours plus tard, il est monté au ciel et s’est assis à la droite de Dieu.
- Ainsi, l’Évangile déclare qu’un pauvre charpentier juif rejeté par son propre peuple qui le considérait comme fou et blasphémateur, celui-là même qui a été crucifié par l’État, est le Sauveur du monde, le Roi des rois et Seigneur des seigneurs. Devant lui, tout genou fléchira, y compris celui de César.
Comment des hommes pourraient croire un tel message, si ce n’est par la puissance de Dieu ? Il n’y a pas d’autre explication. L’Évangile ne se serait jamais répandu au-delà de Jérusalem, encore moins au-delà de l’Empire romain et parmi toutes les nations du monde, si Dieu n’avait pas décidé d’accomplir son œuvre par ce moyen. S’il était dépendant des capacités organisationnelles, de l’éloquence ou de la force apologétique de ses prédicateurs, le message serait mort dès le berceau. Aucune stratégie missionnaire, aucun stratagème de marketing astucieux emprunté à Wall Street n’aurait jamais pu faire progresser ce message insensé, qui est une pierre d’achoppement.
Cette vérité est à la fois un encouragement et un avertissement pour ceux d’entre nous qui s’efforcent de propager la foi qui est la nôtre. Premièrement, c’est un encouragement de savoir que la simple et fidèle proclamation de l’Évangile assurera sa progression continuelle dans le monde. Deuxièmement, c’est un avertissement pour que nous ne soyons pas séduits par le mensonge selon lequel nous pouvons faire avancer l’Évangile grâce à notre intelligence, notre éloquence ou nos stratégies astucieuses. De telles choses n’ont pas le pouvoir de susciter l’« impossible » conversion des hommes[1]. Nous devons, avec un empressement rempli d’espoir, nous tourner vers le seul moyen biblique de faire progresser l’Évangile : l’annonce audacieuse et claire d’un message dont nous n’avons pas honte, car « c’est la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit[2] ».
Notre époque est marquée par l’incrédulité et le scepticisme. La culture ridiculise notre foi, la qualifiant de mythe sans espoir, nous considérant, soit comme des fanatiques à l’esprit étroit, soit comme de faibles victimes d’une ruse religieuse. Une telle attaque nous met souvent sur la défensive, et nous essayons de riposter en prouvant notre opinion et sa pertinence par l’apologétique. Bien que certaines formes de cette discipline soient très utiles et nécessaires, nous devons prendre conscience du fait que la puissance réside toujours dans la proclamation de l’Évangile. Nous n’avons pas plus le pouvoir de convaincre un homme de croire que de ressusciter les morts. Ces choses sont l’œuvre de l’Esprit de Dieu. Les hommes ne sont amenés à la foi que par l’œuvre surnaturelle de Dieu, et il a promis d’œuvrer, non au travers de la sagesse humaine ou l’expertise intellectuelle, mais par la prédication du Christ crucifié et ressuscité d’entre les morts[3].
Nous devons accepter le fait que notre Évangile est un message difficile à croire. En dehors de l’œuvre bienveillante et puissante de l’Esprit de Dieu, nous ne devons pas nous attendre à ce qu’on nous écoute, et encore moins à ce qu’on nous croit. Combien est vaine toute notre prédication dépourvue de la puissance de Dieu ! Combien le prédicateur doit donc être dépendant de Dieu ! Toute notre évangélisation n’est rien de plus qu’une course folle si Dieu ne travaille pas le cœur des hommes. Or, il s’est engagé à faire précisément cela si nous acceptons de prêcher fidèlement cet unique message qui a le pouvoir de sauver : l’Évangile.
Cet article est tiré du livre : La puissance et le message de l’Évangile de Paul Washer
[1] 1 Corinthiens 1.17-25
[2] Romains 1.16
[3] 1 Corinthiens 1.22‑24