Un monde de bien à faire, comment les chrétiens surmontent le mal dans la société
Comment les chrétiens surmontent le mal dans la société
Lorsque je donnais des cours sur le journalisme et la religion à l’université du Texas, je demandais à mes étudiants, le premier jour, de définir le terme « chrétien » en un ou deux mots. La réponse la plus fréquente était : anti-homosexuel.
Il est clair que la répugnance des chrétiens à l’égard de la célébration publique du péché l’emportait, du moins dans l’esprit de ces étudiants, sur les contributions chrétiennes au bien-être des villes où nous vivons en exil, en y construisant des maisons et en y plantant des jardins (Jérémie 29.5, 7). Nous ne devons pas dire que le péché est acceptable, mais une plus grande reconnaissance des bonnes œuvres chrétiennes serait utile alors que nous essayons de pénétrer un monde néo-païen.
Ce n’est pas seulement mon opinion sans importance, mais l’enseignement de 1 Pierre 2.15 : « En effet, c’est la volonté de Dieu qu’en pratiquant le bien vous réduisiez au silence l’ignorance des hommes dépourvus de bon sens. » C’est l’enseignement de l’apôtre Paul dans Romains 13.3 : « Veux-tu ne pas avoir à craindre l’autorité ? Fais le bien et tu auras son approbation. »
Bruce Winter, dans « The Public Honoring of Christian Benefactors » (trad. L’honneur public rendu aux bienfaiteurs chrétiens ; Journal for the Study of the New Testament, 1988 ; trad. Revue pour l’étude du Nouveau Testament), note que Pierre et Paul ont vécu au milieu de rumeurs calomnieuses contre les communautés chrétiennes. Le fait que les bienfaiteurs chrétiens se soient trouvés honorés publiquement montre aux Romains que les chrétiens « prennent part à tout comme des citoyens ».
Le coronavirus et les chrétiens
C’était il y a deux millénaires, mais les impératifs d’évangélisation sont toujours d’actualité à l’heure du coronavirus. Tout au long des mois d’avril et de mai, le magazine WORLD, dont j’ai le privilège d’être le rédacteur en chef, a rendu compte de ministères et d’individus qui suivent l’avertissement suivant de Christ : « Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux. » (Matthieu 5.16)
Les familles de l’Église Crossroads de Bluefield, en Virginie occidentale, qui compte 250 membres, se sont relayées pendant une heure le dimanche de Pâques dans un bâtiment communautaire ouvert aux artistes locaux. Elles ont utilisé les imprimantes 3D et les machines à coudre du bâtiment pour fabriquer des centaines de masques, de blouses et de protections faciales à l’intention d’autres personnes.
« Boxes of Hope » (trad. Les boîtes d’espoir) a commencé dans le New Jersey lorsqu’une église a livré des produits alimentaires au domicile d’un membre dont le test de dépistage du COVID-19 s’est révélé positif. L’église s’est ensuite associée à deux organisations de secours aux sinistrés pour envoyer d’autres boîtes de nourriture – et le ministère s’est étendu à d’autres États. Deux mamans chrétiennes du Texas ont créé un groupe Facebook qui met en relation les véhicules de loisirs disponibles et les travailleurs médicaux. Ces derniers peuvent y dormir tout en gardant leurs distances sociales – et éviter de propager le virus à leurs familles.
Kent Chambers, un enseignant chrétien de l’Alabama, a utilisé une partie de son chèque de relance économique pour payer les factures d’électricité de certains de ses élèves dans le besoin. Chambers a appris la générosité de son père, un pasteur baptiste : « J’ai grandi en le voyant aider ses voisins chaque fois qu’ils étaient dans le besoin, même si mon père n’avait pas beaucoup d’argent lui-même. »
Harvey Mast, propriétaire chrétien d’un supermarché de produits frais de l’Ohio, a distribué des caisses de produits en surplus pour éviter que les familles locales ne souffrent de la faim. Une fois les boîtes épuisées, Mast a encouragé sa communauté à apporter d’autres denrées alimentaires pour les donner aux personnes dans le besoin. Au final, les habitants ont donné plus de 107 000 dollars que Mast a ensuite utilisés pour acheter d’autres produits à distribuer.
Ce sont là cinq exemples : je pourrais en proposer beaucoup d’autres. Mais les sceptiques recherchent des statistiques, et Who Really Cares ? d’Arthur Brooks (2006) en possède. Brooks a constaté que les « personnes religieuses » (en grande majorité chrétiennes) contribuaient beaucoup plus d’argent et de temps que les laïcs. Même lorsque les contributions aux causes religieuses ne sont pas comptabilisées, les personnes qui vont à l’église au moins une fois par semaine donnent plus d’argent, font plus de bénévolat et donnent plus de sang que celles qui ne vont que rarement ou jamais dans un lieu de culte.
Quatre obstacles que les chrétiens franchissent
Certains chrétiens sont réticents à l’égard de ces efforts pour au moins quatre raisons.
L’OBSTACLE DE « L’HOSTILITÉ »
La première est une réaction à ce qui s’est passé lorsque Samaritan’s Purse a installé un hôpital de campagne d’urgence de soixante lits à Central Park pour s’occuper des personnes atteintes du coronavirus. D’abord, le maire de New York, Bill de Blasio, a attaqué le groupe. Puis, après que l’organisation ait effectué un travail salvateur, le président du conseil municipal Corey Johnson a déclaré : « Il est temps pour Samaritan’s Purse de quitter NYC. »
Johnson a ajouté : « Ce groupe, dirigé par Franklin Graham, un fanatique notoire qui prône la haine, est arrivé à un moment où notre ville ne pouvait pas, en toute conscience, refuser une offre d’aide. Ce temps est révolu. » Les autorités new-yorkaises se sont non seulement débarrassées des médecins et des infirmières bénévoles, mais elles ont prévu de les taxer pour tout revenu gagné en dehors de l’État pendant qu’ils sauvaient des vies à Gotham.
La tentation est grande de dire, comme le disait ma mère : « Qui souhaite de telles complications ? » Mais les chrétiens doivent les supporter afin de glorifier Dieu et d’informer les étudiants comme ceux que j’ai eus à l’université du Texas. Nous devons souffrir à travers de telles attaques calomnieuses, « sachant que la détresse produit la persévérance, 4 la persévérance la victoire dans l’épreuve, et la victoire dans l’épreuve l’espérance » (Romains 5.3-4).
L’OBSTACLE DE « L’ÉVANGILE SOCIAL »
Une deuxième raison est la crainte que l’accent mis sur la compassion fasse partie de l’« évangile social » et fasse obstacle à l’évangélisation. Mais j’ai pu constater pendant trente ans comment aider les gens matériellement crée des opportunités pour les aider spirituellement.
L’évangile social devient un gros problème lorsqu’il se transforme en un évangile socialiste, notamment en poussant à l’expansion du gouvernement national. Les efforts chrétiens locaux qui traitent de problèmes autrement laissés au gouvernement ont le potentiel de réduire le gouvernement en montrant que les groupes privés peuvent faire un meilleur travail.
L’OBSTACLE DU « DON EN SECRET »
Troisièmement, certains disent que Matthieu 5.16 contredit Matthieu 6.3-4, les versets concernant le fait de ne pas laisser « ta main gauche savoir ce que fait ta main droite, afin que ton don soit secret ». Je ne vois pas de contradiction, puisque Matthieu 5.16 traite d’actions qui seront publiques à moins que l’auteur ne prenne des mesures énergiques pour ne pas être sous les feux de la rampe, tandis que Matthieu 6.3-4 concerne des actions qui resteront privées à moins que le donateur ne fasse tout son possible pour les rendre publiques.
Les ministères devraient également vivre selon le verset voisin : « lorsque tu fais un don à quelqu’un, ne sonne pas de la trompette devant toi. » (Matthieu 6.2) Ce verset s’oppose spécifiquement à la pratique standard dans le domaine des relations publiques il y a deux millénaires. Bien sûr, si les ministères ne sonnent pas de la trompette, ils ont besoin de journalistes qui rendent compte de leurs activités. C’est ce que WORLD essaie de faire, tout en se rappelant que les journalistes ne sont crédibles pour rapporter les lumières brillantes du christianisme que si nous sommes également prêts à rapporter les actes des ténèbres. Sinon, nous ressemblerons à des agents de relations publiques.
L’OBSTACLE DU « COMMENT »
Quatrièmement, certaines églises et d’autres groupes chrétiens aimeraient apporter leur contribution, mais ne savent pas comment. Pour eux, le conseil donné par Booker T. Washington en 1895 est toujours valable. Il a raconté l’histoire d’un navire immobilisé au large des côtes brésiliennes qui a aperçu un navire-ami et lui a fait signe : « De l’eau. Nous mourons de soif. » Le navire-ami lui a répondu : « Jetez votre seau où vous êtes. » Le capitaine du navire en détresse a été surpris, mais a abaissé le seau. Il est remonté plein d’eau fraîche et gazeuse provenant de la rivière Amazone.
Le slogan de la sécurité intérieure américaine « Si vous voyez quelque chose, dites quelque chose » nous guide sur une partie du chemin à suivre. En tant que chrétiens, nous devrions examiner nos quartiers, voir quelque chose, dire quelque chose, et ensuite faire quelque chose, pour la gloire de Dieu.
Note de l’auteur : Certaines parties de cet article reposent sur un reportage de Leah Hickman.